VERSION "GWERZIOU BREIZ IZEL" I Selaouet holl hag a klewfet Ur werz a zo newe-zavet, 'Zo gret da Janedik ar Rouz, Braoa plac'h 'vale 'n hi farouz. Braoa merc'hed 'zo 'ndann ann heaul, Eo merc'hed ar Rouz a Bempoul : Janedik 'zo kaer 'vel ur Rozenn, Ann diou-all 'zo diou rouzardenn. Janedik ar Rouz a lare D'hi zad, d'hi mamm, ur zul 'r beure : - Red eo laret na oc'h ket fur, Lakad de ma eured d'ar zul ; Ha c'hui o klewet a bell-zo Ema 'n aotro Tremblai er vro; Ha c'hui o klewet, o welet Ma 'n Ao Tremblai 'klask ma c'havet !- Hi zad hag hi mamm a laraz Da Janet 'r Rouz, 'vel ma komzaz : - C'hui 'vo eureujet 'rok ann de, Vo 'nn aotro Tremblai 'n he wele. - - Bet drouk gant ann nep a garo, Ho eured d'ar zul a vezo; Ho eured vezo d' boennt ann de, N' vo ket Tremblai war ar bale..... - II Kabitenn Tremblai a lare D'he bajik-bihan en noz-ze : - Sav warc'hoas-beure mintinn mad, Ma iefomp d' chaseal d'ar c'hoad ; Da chaseal renkomp monet, Janet 'r Rouz 'vo warc'hoas eureujet..... III Janedik ar Rouz a lare D'ann aotro person ' zul 'r-beure : - Hastet-c'hui, aotro, depechan, C'houeza 'nn tan er mech a glewann ! - C'houeza 'nn tan er poultr 'm euz santet, 'Ma 'nn aotro Tremblai o tonet. - Ann aotro person a lare Da Janedik ar Rouz neuze : - Penamet ifom da dillad, 'M boa da guzet 'n un arched-koad, Da laket er zakristiri, A zo seiz alc'houez war-n-ezhi. - - Ha posubl ve digant Doue, Ve damant d'am dillad ho pe ! M'ho c'harfe holl en un tantad, Me er ger, war oaled ma zad ! - N'oa ket hi gir peurlavaret, Oa leun 'nn iliz hag ar porchet; Oa leun 'nn iliz hag ar porchet Gant Tremblai hag he zoudardet. Ann aotro Tremblai a lare D'ann aotro 'r person, en de-se: : - Aotro 'r person, d'in-me laret, Pelec'h ' ma ar wreg a eured ? - Ann aotro person a laraz D'ann aotro Tremblai, p'hen klewaz : - Aotro Tremblai, ma iskuset, Eureuji d'ar Zul na rann ket ; Eureuji d'ar Zul na rann ket, Ur vadeziant eo am euz gret. - - N'eo ket un eured oc'h euz gret? Pelec'h 'man 'r bugel badezet? - - Gant he vageres ez eo et, 'Wit hen tomma war ann oaled. - - N'eo ket ewit badeziantjou 'Ma 'r bouklou arc'hant war 'r botou; 'Ma 'r bouklou arc'hant war 'r botou, Ann dantelez war ar manchou ; Aotro person, gaou a laret, Janedik 'r Rouz 'c'h euz eureujet ; Janet ar Rouz 'c'h euz eureujet, Honnes a renkann da gavet ! - - Ema bars ar zakristiri, A zo seiz alc'houez war-n-ezhi. - Kabitenn Tremblai a lare Da Janedik ar Rouz neuze : - Ha na teuz-te ket a zonj mad Pa oas er ger, en ti da dad, As boa te d'in-me lavaret N' gouskjes ket ganin noz da eured?.... Rentet Janedik 'r Rouz ama, Pe me ho lazo da genta ; Pe me ho lazo da genta, Gant hi zad, hi mamm 'ma ama. - Janedik ar Rouz a lare D'ann aotro Tremblai eno neuze : - Aotro Tremblai, mar am c'haret, Ma lest mont war vur ar vered ; Ma lest mont war vur ar vered, Da laret adieu d'am fried. -- - War vur ar vered n' iefet ket, Diwar lost ma marc'h kimiadfet ! - Janedik ar Rouz a lare D'ann aotro Tremblai eno neuze : - Ma lest da vont c'hoaz en iliz, Da gimiadi euz ma broïz. - - Wit en iliz na iefet ket, Diwar lost ma marc'h kimiadfet ; Ganin 'teufet war lost ma marc'h Kriet, garmet, goelet ho kwalc'h ! - - Savet pa garfet war ar vur, Laret kenavo d'ez-han sur. - Janedik 'r Rouz a lavare, War vur ar vered pa zave : - Ma fried paour, d'in-me laret, Ma retornann am c'homerfet? - - Mar deuet, c'hui vo deuet-mad, Pa na eo ket gant ho krad-vad. - Janet ar Rouz a c'houlenne Euz kabitenn Tremblai neuze : - Aotro Tremblai, d'in-me laret, Ouspenn d'ac'h a vinn oblijet? - - Ha d'in-me ha d'am faotr ar gambr, Ha d'am zoudarded, p'ho do c'hoant ; Ha d'am zoudarded, p'ho do c'hoant, Bez' a zo 'nn ez-he dek-ha-kant ! - Janedik ar Rouz a lare, D'ann aotro Tremblai eno neuze : - Aotro Tremblai, mar am c'haret, Ur gontel d'in-me a rofet ; Ur gontel d'in-me a rofet, 'Wit troc'ha zeïenn ma eured; 'Wit troc'ha zeïenn ma eured A zo bet war-n-on re-stardet. -- 'Nn aotro Tremblai p'hen euz klewet, Ter gontel d'ez-hi 'n euz diskoet; Unan troad-duz, unau troad-gwenn, Un' all c'houezet en aour-melenn ; - Wit kontellou na zougann ket, Dalet ma fognard alaouret, Da droc'ha zeïenn ho eured, Ha lezit-hi gant ho pried ! -- He bognard d'ez-hi 'n euz roët, En hini troad-du 'z eo kroget, En hi c'halon deuz-hi plantet! Pa zistroas 'nn aotro en dro, Oa Janedik war hi geno! En hi c'halon deuz-han plantet, Hag o koueza a deuz laret : N'iaje ket da varc'h-zoudarded, D'ann aotro Tremblai ken-neubed. Ann aotro Tremblai a lare Da Janet 'r Rouz eno neuze : - Te varw 'n ur gwall-intention, Doue da reï did ar pardon : Penamed daoni ma ine, N'oas ket et gwerc'h dirag Doue! - 18 (3) groeg-eured 'm euz laeret, Janedik 'r Rouz ann naontekvet ; Janedik 'r Rouz, ann diveza, 'Laka ma c'halon da ranna ! - IV Janedik ar Rouz a lare Da dud ann eured, en de-se : - Diotoc'h wit-on vije kavet, Em c'horf-balan (1) 'm euz-han plantet |
VERSION "BARZHAZ BREIZH" La "Filleule de Du Guesclin" et "Janédik" ont quelques points en commun: Une jeune fille d'origine modeste est poursuivie par un grand personnage. Elle remplit très tôt le matin une obligation (ici elle se marie), en espérant que son tortionnaire ne sera pas aussi matinal. Le méchant s'empare de la jeune fille. Elle lui emprunte, sous un prétexte quelconque un couteau et se suicide. Dans le cas présent, un couplet additionnel, dans une des deux versions, nous apprend que ce suicide était simulé. Comme l'indique Luzel, le chant se rapporte à un personnage historique, le capitaine La Tremblaie qui combattit pour le roi de France sous la Ligue et pour la reine d'Angleterre en 1591. ****************************** Remark: Two versions of this song were collected by F.M. Luzel: Version 2 is in italics The verses in bold characters exist in both versions. "Du Guesclin's Godchild" and "Janédik" have a few elements in common: Some important personage forces his attentions on a girl of low birth. Early in the morning she has to perform some chore or to fulfil some promise (in the present case, to get married!) in the hope that her pursuer will not get up so early. The bad man captures the girl. She borrows from him under some pretext a knife with which she stabs herself. In the present case, an additional verse informs us, in one of both versions, that it was in fact the enactment of a suicide. As stated by Luzel, the song refers to a historical character, Captain La Tremblaie who first fought for the king of France, in the time of the League, and then for the Queen of England in 1591. |
TRADUCTION de la version "GUERZIOU" I Ecoutez tous, et vous entendrez Une gwerz nouvellement composée, Qui a été fait à Jeanne Le Roux, La plus jolie fille qui marche dans sa paroisse. Les plus jolies filles qui soient sous le soleil, Sont les filles de Le Roux, de Paimpol : La petite Jeanne est jolie comme une rose, Les deux autres sont rousses. Jeanne Le Roux disait A son père et à sa mère, un dimanche matin : - Il faut dire que vous n'êtes pas sages, De fixer pour le jour de ma noce un dimanche; Pourtant on entend dire depuis longtemps Que le sieur La Tremblaie (2) est dans le pays; Et pourtant vous entendez dire et vous voyez Que le sieur La Tremblaie cherche à m'avoir ! - Son père et sa mère dirent A Jeanne Le Roux, sitôt qu'elle parla : - Vous serez mariée avant le jour, Quand le sieur La Tremblaie sera dans son lit. - - Le trouve mauvais qui voudra, Votre noce sera faite le dimanche; Votre noce sera au point du jour, La Tremblaie ne sera pas encore levé..... - II Le capitaine La Tremblaie disait A son petit page, cette nuit-là : - Lève-toi demain de bon matin, Pour que nous allions chasser au bois; Il nous faudra aller à la chasse, Jeanne Le Roux sera mariée demain..... - II Jeanne Le Roux disait A monsieur le recteur, le dimanche matin : - Hâtez-vous, monsieur, faites diligence, J'entends mettre le feu à la mèche ! - J'ai senti mettre le feu à la poudre, Le sieur La Tremblaie arrive. - Monsieur le recteur disait Alors à Jeanne Le Roux : - Si je ne craignais de salir tes habits, Je t'aurais cachée dans un cercueil de bois, Et je t'aurais mise dans la sacristie, Sur laquelle il y a sept clefs. - - Serait-il Dieu possible Que vous craigniez de salir mes habits ! Je voudrais les voir tous dans un feu de joie, Et être à la maison, sur le foyer de mon père! - Elle n'avait pas fini de parler, Que l'église et le porche étaient pleins; Que l'église et le porche étaient pleins Des soldats de La Tremblaie. Le sieur La Tremblaie disait A monsieur le recteur, ce jour-là : - Monsieur le recteur, dites-moi, Ou est la nouvelle mariée? - Monsieur le recteur répondit Au sieur La Tremblaie, quand il l'entendit : - Monsieur La Tremblaie, excusez-moi, Je ne marie pas le dimanche; Je ne marie pas le dimanche, C'est un baptême que j'ai fait. - - Ce n'est pas une noce que vous avez faite ? Où donc est l'entant que vous avez baptisé? - - La nourrice l'a emporté, Pour le réchauffer sur la pierre du foyer. - - Ce n'est pas pour des baptêmes Ces boucles d'argent sur les chaussures; Ces boucles d'argent sur les chaussures, Et la dentelle aux manches; - Monsieur le recteur, vous mentez, Vous avez marié Jeanne Le Roux; Vous avez marié Jeanne Le Roux, Et c'est celle-là qu'il me faut ! - - Elle est dans la sacristie, Renfermée sous sept clefs. - Le capitaine La Tremblaie disait A Jeanne Le Roux, en ce moment : - Ne te rappelles-tu pas bien Que quand tu étais dans la maison de ton père, Tu me dis que tu ne coucherais pas Avec moi la nuit de ta noce?... Rendez-moi ici Jeanne Le Roux, Ou je vous tuerai d'abord; Ou je vous tuerai d'abord, Car elle est ici avec son père et sa mère. - Jeanne Le Roux disait Au sieur La Tremblaie, là, en ce moment : - Monsieur La Tremblaie, si vous m'aimez, Laissez-moi aller sur le mur du cimetière; Laissez-moi aller sur le mur du cimetière, Pour dire adieu à mon mari. - - Sur le mur du cimetière vous n'irez pas, Vous ferez vos adieux sur la croupe de mon cheval- Jeanne Le Roux disait Au sieur La Tremblaie, là, en ce moment : - Laissez-moi aller encore dans l'église, Pour faire mes adieux à mes compatriotes. - - Dans l'église vous n'entrerez pas, Vous ferez vos adieux sur la croupe de mon cheval ; Vous viendrez avec moi sur la croupe de mon cheval Criez, sanglotez, pleurez à satiété ! - - Montez quand vous voudrez sur le mur, Et dites-lui au revoir. - Jeanne Le Roux disait En montant sur le mur du cimetière : - Mon pauvre mari, dites-moi, Si je retourne, me reprendrez-vous? - - Si vous revenez, vous serez la bien venue, Puisque ce n'est pas de votre plein gré. - Jeanne Le Roux demandait Alors au capitaine La Tremblaie : - Monsieur La Tremblaie, dites-moi, Serai-je obligée à d'autres que vous? - - A moi et à mon valet de chambre, Et à mes soldats quand ils le désireront ; Et à mes soldats, quand ils le désireront, Il y en a cent dix! - Jeanne Le Roux disait Au sieur La Tremblaie, là, en ce moment : - Monsieur La Tremblaie, si vous m'aimez, Vous me donnerez un couteau; Vous me donnerez un couteau, Pour couper ma ceinture de noce; Pour couper ma ceinture de noce, Qu'on a trop serrée sur moi. - Le sieur La Tremblaie, quand il a entendu, Lui a montré trois couteaux, Un à manche noir, un à manche blanc, Un autre en or jaune soufflé : - Quant à des couteaux, je n'en porte pas, Prenez mon poignard doré, Pour couper votre ceinture de noce, Et laissez-la à votre mari ! - Il lui a donné son poignard, C'est celui à manche noir qu'elle a pris, Et elle se l'est plongé dans le coeur ! Quand le sieur La Tremblaie se détourna, La pauvre Jeanne était couchée sur la bouche! Dans le coeur elle se l'est enfoncé Et en tombant, elle a dit Qu'elle ne servirait pas de monture à des soldats, Pas davantage au sieur La Tremblaie. Le sieur La Tremblaie disait, A Jeanne Le Roux, en ce moment: - Tu meurs dans une mauvaise intention; Que Dieu t'accorde le pardon : Si je ne craignais de damner mon âme, Tu ne serais pas allée vierge devant Dieu! (2) - J'ai enlevé dix-huit jeunes mariées, Jeanne Le Roux est la dix-neuvième; Jeanne Le Roux, la dernière, Me brise le coeur ! - IV Jeanne Le Roux disait Aux gens de la noce, ce jour-là : - De plus sottes que moi on eût trouvées, C'est dans mon corset que je l'ai enfoncé |