MONA

ton

Extrait de "Bepred Breizhad" de Fañch-Vari An Uhel
("Breton de toujours" de François-Marie Luzel)
Publié vers 193 dans "Sonioù, Feiz ha Breiz"

Arrangement Christian Souchon (c) 2009




War lez ar stêr, he zreid en dour,
Azezet war ar c'hlazenn flour,
Un abardaez, Mona Zaoulas
Oa er prad, dindan ar wern c'hlas

Truezus ha stouet he fenn
Oa ar plac'hig, gant he anken :
An daeroù eus he daoulagad
Steredenne war geot ar prad

War ar skourr, un evnig bihan
Lavaras neuze, dre e gan :
"N' strafuilhuit ket an dour, plac'hig,
Er giz-se gant ho taou droadig

Rak n'hellin mui gwelet va skeud
Na stered an oabl kennebeut :
Selaouit pedenn an evnig,
N' strafuilhuit ket an dour, merc'hig !"

Monig a lavaras neuze
D'an evn a gomze er stumm-se :
"N'az pez doan, an dour strafuilhet
Hep dale pell vez sklaer ha naet

Met, siwazh, en deiz ma teuis
El lec'h-mañ gant Yannig Karis
An hini am eus re garet
A ! neuze ez oa dit lâret :

O ! na strafuilhit ket, Yannig,
Kalon hag ene ur plac'hig
Ne vint ket glan, ne skeudint ket
Ar stered, an heol benniget".
Près de l'eau, les pieds dans la rivière
Dont les bords d'herbes sont couverts
Un soir, Mona Daoulas, la bergère
Etait assise sous l'aune vert.

Tête penchée, funeste présage,
Triste la fillette pleurait:
Les larmes qui coulaient sur son visage
Scintillaient sur l'herbe du pré

Un oiseau perché sur une branche
Alors lui chanta son couplet:
"Ne troublez pas cette eau, fille méchante
En agitant ainsi les pieds

Car je n'y pourrai plus voir mon ombre
Ni les étoiles tout là-haut :
Ecoutez l'oiseau qui vous le demande,
Fillette, ne troublez pas l'eau!"

"Ne t'en fais pas" répondit Yvonne
Quand l'oiseau lui tint ce discours :
"Elle retrouvera, l'eau qui bouillonne,
Sans tarder sa clarté de toujours.

Le jour où je vins sur cette rive
Et Yannig Karis avec moi
C'est à lui qu'il aurait fallu dire,
Lui que j'aime et qui ne m'aime pas:

Ne ternis pas ce miroir sans voile,
Qu'est le coeur d'une pauvre enfant:
Ils ne reflètera plus les étoiles
Ni le soleil au firmament".




* Taolenn*