Варшавянка - La Varsovienne - Warszawianka

Les Zouaves de la Mort

Evolution d'un chant politique

De Rochebrun à Lénine

Mélodies
Marche des Zouaves 1 et 2 - Varsovienne de 1905



Les zouaves de la mort- De gauche à droite: le comte Wojciech Komorowski; le colonel François Rochebrune (également sur la photo); le lieutenant Tenente Bella. Dessin de K. Sariusz Wolski.
Zuawi Smierci - stoja od lewej: hr. Wojciech Komorowski, plk. Franciszek Rochebrune (fotografia) , por. Tenente Bella. Rysunek K. Sariusz Wolski na podstawie fotografii.


Le fond sonore de cette page est un pot pourri des 3 mélodies.
Partitions: balayer la plage ci-dessus

1°Marsz Zuawów - Marche des Zouaves

Slowa: Wl. Wolski - Paroles: Vl. Wolsky

Nie masz to wiary, jak w naszym znaku,
Na bakier fezy, do góry wasy -
Smiech — i manierek brzek na biwaku,
W marszu sie idzie, jak gdyby w plasy.

Lecz gdy bój zawrze, to nie na zarty,
Znak i karabin do reki bierzem,
? Polak w boju kiedy uparty,
Stanie od razu starym zolnierzem.

Marsz, marsz, Zuawy, Na bój, na krwawy,
Swjety, ? prawy - Marsz Zuawy — marsz!


Pamieta Moskwa, ?? Zuaw znaczy,
Drzac soldat jego wspomina imie;
Sporo bo naklul carskich siepaczy
Brat nasz, francuski Zuawek w Krymie.

Miechów, Sosnówke, Chrobrz, Grochowiska,
Dzwoniac tez w zeby, wspomni zbój cara —
Krwia garstka doszla meznych nazwiska,
Garstka sie bila, jak stara wiara.

Marsz, marsz i t. d.

Kiedy rozsypiem sie w tyraliery,
Zabawnie pelzac z bronia, jak krety;
Zabawnie pelzac z bronia, jak krety;
Lecz lepszy rozkaz: marsz na bagnety!

?? to sam bagnet w reku az rosnie,
Tak wzrasta zapal w dzielnym ataku,
Hura i hura! huczy zalosnie
Góra krzyz bialy na czarnym znaku!

Marsz, marsz i t. d.

W sniegu i blocje mokre noclegi,
Choc sie zasypia przy sosen szumie,
W ogni urzednieja dyablo szeregi,
Chociaz sie zaraz szlusowac umie.

? braciom leglym na polu chwaly,
Mówimy: Wkrótce nas zobaczycie.
Pierw za jednego z was plut on caly
Zbójów, nam odda marne swe zycie.

Marsz, marsz i t. d.

Po boju spoczniem na wsi, czy w miescie,
Cóz to za slodka dla nas podzieka,
Gdy spojrzy mile oko niewiescie,
Twarz zaploniona blysnie z okienka!

?? serce Polek, bo ich urode,
Zuaw czci z serca, jak zolnierz prawy,
I chocby za te jedna nagrode,
Winien byc pierwszy wsród boju wrzawy.

Marsz, marsz i t. d.

Nie lubim spierac sie ? czcze kwestye,
Ale nam marne carskie dekrety,
Jakies koncesye, jakies amnestye,
Jedna odpowiedz: marsz na bagnety!

?? ta odpowiedz byla dobitna,
Wystósowana zdrowo ? celnie,
Niech ja Zuawi najpierwsi wytna,
Bagnety nasze pisza czytelnie.

Marsz, marsz i t. d.

Slonce lsni jasno, albo z za c
hmury
Rózne sa losy nierównej wojny; Zuaw ma zawsze uszy do góry,
Z bronia u boku zawsze spokojny,

Kiedysmy mogli z dlonmi golemi
Oprzec sie dzikiej hordzie zolnierzy,
?? z bronia wyprzem ich z polskiej ziemi;
Nie do Zuawów — kto w to nie wierzy.

Marsz, marsz i t. d.
La croix blanche nous tient lieu de bannière,
Le fez sur l’oreille et la moustache au vent,
Quittant rires et tintements des verres,
Zouaves, nous nous mettons en marche en chantant.

Nul risque que la peur nous tenaille:
Croisés, fusils en main, montons au combat!
Quand les Polonais vont à la bataille,
Le plus jeune a le cran du plus vieux soldat.

Marche Zouave, Au combat sanglant,
Combat sacré, mais juste – Zouave, en avant!


Au seul nom de „zouaves” , effrayée,
Moscou se souvient, tremble, on la voit blêmir.
De nos frères, les zouaves de Crimée,
Elle conserve un bien cuisant souvenir.

Miechów, Sosnówka, Chrobrz, Grochowiska,
Font grincer les dents du Tsar usurpateur
Tous ces noms proclament notre courage
Et que notre antique foi vaut bien la leur.

Marche, etc.

Si nous nous dispersons sous la mitraille
Et comme des taupes armées, nous rampons,
Pour nous la seule formation qui vaille
C’est de marcher la baïonnette au canon!

Quand nous enfilons la baïonnette,
Que d’autant s’accroît notre zêle au combat,
La blanche croix ornant nos noires vestes,
Nous avançons en hurlant „hourra, hourra!”

Marche, etc.

Lorsque dans la neige ou la boue humide,
Nous nous endormons dans la forêt de pins,
Auprès du feu les grades s’abolissent
Et tant pis s’il nous fait repérer de loin.

Aux frères gisant au champ de gloire
Nous disons que nous nous reverrons bientôt.
Nous suivrons leur exemple méritoire.
Vivre misérables? Non, mourons plutôt!

Marche, etc.

Après le combat, aux champs, à la ville,
C’est un repos mérité qui nous attend:
Nous passerons observés par les filles
Aux fenêtres! Voyez leurs regards brûlants!

Car l’amour des belles polonaises,
C’est le bien le plus précieux pour nos soldats,
C’est là le prix qu’au coeur de la fournaise
Il espère et qui le récompensera.

Marche, etc.

Je n’aime pas me poser de problèmes,
Mais les décrêts du Tsar ne me plaisent pas.
Foin des amnisties, des concessions même,
La baïonnette, c’est ma réponse à moi!

La réponse fut catégorique,
Elle fut adressée fort précisément,
Par le Zouave avec précision écrite
A la baïonnette bien lisiblement.

Marche, etc.

Le soleil derrière la nuée brille
La guerre inégale tranche les destins.
Zouave, sois attentif, dresse l’oreille,
L'arme au côté, sois calme jusqu’à la fin.

Même mains nues, nous sommes capables
De résister aux plus sauvages assauts.
Notre terre polonaise et nos armes
Nous, Zouaves, les livrerions? Mourir plutôt!
.
Marche, etc.

C’est le chant de l'Insurrection polonaise de Janvier 1863-1864, sur des paroles de Vladimir Volsky.
C’est sur une version tardive de la mélodie, après la répression du soulèvement en 1879, que Vaclav Sventsitsky composa le chant révolutionnaire "Warszawianka" (connu sous le nom de "Varsovienne de 1905"), que Gleb Krjijanovski traduisit en russe en 1897.

Le détachement des « Zouaves de la Mort » ( « smierci Zuawy ») avait été créé en février 1863 à Ojców, à partir de volontaires, par l’officier français François Rochebrune (1830-1871), sur le modèle des zouaves français, une unité de fantassins légers volontaires. Ces Zouaves de la mort portaient un gilet noir orné d’une croix blanche proclamant dans les batailles qu’ils ne battraient pas en retraite, ni ne se rendraient. Dans leurs rangs on comptait de nombreux étudiants de l’Université Jagellonne. Ils livrèrent leur premier combat le 17 février à Miechów où Rochebrune conduisit ses zouaves dans une charge effreinée à la baïonnette contre les Russes retranchés dans le cimetière. Ce détachement se couvrit de gloire, si bien que sur les 150 fantassins engagés, il en resta moins de deux douzaines, y compris le commandant. Puis Rochebrune annonça à Cracovie la formation d’un régiment des Zouaves de la mort. En réalité il ne put rassembler qu’un bataillon de 400 hommes. Les Zouaves prirent part à la bataille de Chrobrze le 17 mars 1863, où ils repoussèrent les dragons russes, et, 18 mars 1863, à celle de Grochowiska au cours de laquelle les troupes russes furent également mises en déroute et où les Polonais brisèrent leur encerclement. Après le retour en France de Rochebrune, l’unité de débanda à la fin mars, alors qu’elle était en Autriche. Les 21 zouaves demeurés dans les rangs des insurgés tombèrent le 5 mai 1863 à la bataille d’Igolomia.


Source: Article de Jan Rutkewicz dans „Tradition Magazine” n°138 - Octobre 1998
http://jenevoispaslerapoport.blogspot.fr/2014/02/francois-rochebrune-des-zouaves-de-la.html



Video: Marche des Zouaves de la Mort, 1ère mélodie

2°Warszawianka 1905 roku - Varsovienne de 1905

Slowa: Waclaw Swiecicki - Paroles: W. Swiecicki (1879)
Musique de Józef Plawinski

Smialo podniesmy sztandar nasz w góre!
Choc burza wrogich zywiolów wyje,
Choc nas dzis gnebia sily ponure,
Chociaz niepewne jutro niczyje...

O!... bo to sztandar calej ludzkosci,
To haslo swiete, piesn zmartwychwstania,
To tryumf pracy — sprawiedliwosci,
To zorza wszystkich ludów zbratania.

Naprzód, Warszawo! Na walke krwawa,
Swieta a prawa! Marsz, marsz, Warszawo!

Dzis, gdy roboczy lud ginie z glodu,
Zbrodnia w rozkoszy tonac, jak w blocie;
I hanba temu, kto z nas za mlodu
Leka sie stanac choc na szafocie!

Nikt za idee nie ginie marnie,
Z czasem zwycieza Chrystus Judasza!
Niech swiety ogien mlodosc ogarnie,
Choc wielu padnie — lecz przyszlosc nasza!

[O, nie bez sladu kazdy z tych skona,
Co zycie sprawie oddaja w darze,
Bo nasz zwycieski spiew ich imiona
Milionom ludzi ku czci przekaze!] (*)

Naprzód, Warszawo! Na walke krwawa,
Swieta a prawa! Marsz, marsz, Warszawo!

Hura!... zerwijmy z carów korony,
Gdy ludy dotad chodza w cierniowej;
I w krwi zatopmy nadgnile trony,
Spurpurowione we krwi ludowej!...

Ha!... zemsta straszna dzisiejszym katom,
Co wysysaja zycie z milionów!...
Ha!... zemsta carom i plutokratom!
A przyjdzie zniwo przyszlosci plonów!

Naprzód, Warszawo! Na walke krwawa,
Swieta a prawa! Marsz, marsz, Warszawo!

Hardiment levons notre bannière
En dépit de la rage des éléments,
En dépit de l’oppression meurtrière
Et en dépit du lendemain incertain!

C’est l’étendard de l’humaine race
L’appel sacré, le chant des ressuscités
Où triomphent le labeur, la justice
Où point l’universelle fraternité.

Debout, Varsovie! A la bataille
Sainte et juste, Varsovie, debout, debout!

Quand parmi nous la faim fait des ravages
Vivre dans le luxe est le fait des marauds.
Honte à quiconque à l’aube de son âge,
Frémit de devoir monter à l’échafaud!

Nul ne meurt en vain qui sert des idées
Le Christ un jour triomphera de Judas.
De la jeunesse la flamme sacrée
Brûle encor: de leur mort l’avenir naîtra.

[Jamais nous n’oublierons le sacrifice
De ceux qui tombèrent au cours du combat,
Nos chants victorieux en feront la liste.
Des millions d’hommes ne les oublieront pas.](*)

Debout, Varsovie! A la bataille
Sainte et juste ! Varsovie, debout, debout!

Oh! Dépouillons les tsars de leurs couronnes,
Alors que d’épines nos fronts sont cernés!
Inondons de sang leurs ignobles trônes
Tachés du sang de ceux qu’ils ont opprimés.

Que nos bourreaux craignent la vengeance
Des millions de ceux dont ils sucent le sang !
Tsars, ploutocrates, odieuse engeance,
La moisson du futur c’est nous qu’elle attend !

Debout, Varsovie! A la bataille
Sainte et juste, Varsovie, debout, debout!

(*) Variante de l’époque communiste


La Varsovienne de 1905 est un hymne que chantèrent les ouvriers du royaume de Pologne au cours de la révolution de 1905-1907, lorsque 30 d’entre eux furent fusillés pendant les manifestations du Premier mai à Varsovie. Waclaw Swiecicki en avait rédigé les paroles en 1879, lors de son incarcération dans le Bloc 10 de la citadelle de Varsovie, en raison de ses activités au sein du parti socialiste. La musique avait été composée par son codétenu, le musicien Józef Plawinski qui s’était inspiré en grande partie du chant du soulèvement de janvier, la „Marche des Zouaves”.

A l’époque communiste, la 2ème strophe de la version polonaise fut modifiée pour en faire disparaître les références religieuses.
La „Varsovienne” de Swiecicki est l’un des chants révolutionnaires les plus populaires du XXème siècle. Les paroles furent composées en 1879 sur un motif emprunté au chant du soulèvement polonais de Janvier 1863, la „Marche des Zouaves” dont on doit le texte à Vladimir Volski. La mélodie est basée sur une version plus tardive et tragico-héroïque de la „Marche des Zouaves”, apparue une fois le soulèvement réprimé. Le chant en polonais fut publié pour la première fois dans le journal clandestin „Proletariat”, 1883, N° 1. Il doit son succès aux manifestations de masse du 1er mai 1905 à Varsovie et fut dès lors baptisé la „Varsovienne de 1905”. C’est ainsi qu’on l’appelle aujourd’hui en Pologne, pour le distinguer d’autres „Varsoviennes”, dont la „Varsovienne de 1831”, chant de l’insurrection de 1831 sur une musique de Karol Kurpinski.


3° Варшавянка - La Varsovienne russe

Paroles: Gleb Krjijanovski
Musique adaptée de la mélodie de Józef Plawinski

Вихри враждебные веют над нами,
Тёмные силы нас злобно гнетут.
В бой роковой мы вступили с врагами,
Нас ещё судьбы безвестные ждут.

Но мы подымем гордо и смело
Знамя борьбы за рабочее дело,
Знамя великой борьбы всех народов
За лучший мир, за святую свободу.

Припев:

На бой кровавый,
Святой и правый
Марш, марш вперёд,
Рабочий народ.

Мрёт в наши дни с голодухи рабочий,
Станем ли, братья, мы дольше молчать?
Наших сподвижников юные очи
Может ли вид эшафота пугать?

В битве великой не сгинут бесследно
Павшие с честью во имя идей.
Их имена с нашей песней победной
Станут священны мильонам людей.

На бой кровавый,
Святой и правый
Марш, марш вперёд,
Рабочий народ.

Нам ненавистны тиранов короны,
Цепи народа-страдальца мы чтим.
Кровью народной залитые троны
Кровью мы наших врагов обагрим!

Месть беспощадная всем супостатам!
Всем паразитам трудящихся масс!
Мщенье и смерть всем царям-плутократам!
Близок победы торжественный час.

На бой кровавый,
Святой и правый
Марш, марш вперёд,
Рабочий народ.
L’ouragan gronde au-dessus de nos têtes
Nous sommes contraints par les forces du mal.
Au combat final l’ennemi s’apprête :
Le sort qui nous attend peut être fatal.

Mais nous brandissons, hardie et fière,
La bannière du combat des travailleurs,
Du grand combat qui par toute la terre
Les unit pour un monde libre et meilleur.

Refrain (2 fois) :

Lutte sanglante,
Sainte et juste,
Marchez, en avant,
Peuple des travailleurs !

Peuple ouvrier que la faim tenaille,
Resterons-nous plus longtemps sans dire un mot?
Et les yeux de nos jeunes frères d’armes
Eviteront- ils la vue de l’échafaud ?

Ceux qui mourront pour la noble cause
Qu’ils ne craignent pas d’être oubliés jamais !
Leurs noms nos chants victorieux les impose-
Ront au souvenir de millions d’ouvriers.

Lutte sanglante,
Sainte et juste,
Marchez, en avant,
Peuple des travailleurs !

Tyrans, foin des odieuses couronnes !
Nous honorons les chaînes de nos martyrs.
Le sang du peuple rougissait vos trônes :
Ils baigneront dans le vôtre à l’avenir !

Que notre vengeance impitoyable
S’abatte sur les exploiteurs abhorrés !
A bas les tsars, à mort les ploutocrates !
L’instant solennel du triomphe a sonné.

Lutte sanglante,
Sainte et juste,
Marchez, en avant,
Peuple des travailleurs !



Le texte russe, tout en restant proche de l’original de Swiecicki, en change radicalement le refrain „Marche, marche, Varsovie”, pour en faire le célèbre „Marchez, en avant, peuple des travailleurs !” La traduction littérale du refrain est la suivante:

En avant, Varsovie!
Pour le combat sanglant,
Sacré et juste!
Marche, marche Varsovie!

Tandis que le refrain dans la „Marche des Zouaves” était à l’origine:

Marchez, marchez, Zouaves
Pour le combat sanglant,
Sacré et juste,
Marchez, Zouaves, marchez!

L’auteur du texte russe, selon la tradition, est Gleb Krjijanovski et le chant remonterait à 1897, époque de son internement à la maison d’arrêt de Boutyr. Selon une autre source (P. Chiriaiev), les paroles seraient dues à Vladimir Akimov (cf. Introduction à „Cent chants ouvriers russes”, avec un article introductif et des commentaires de P. Chiriaiev, aux éditions P. Vykhodtsev, L., Mouzyka, 1984, p. 13), mais cette affirmation n’est pas argumentée. Ces deux auteurs à cette époque connurent un sort semblable: tous deux furent arrêtés en 1897, et début 1898 ils furentt l’un et l’autre déportés au bord du Yénisseï. Cependant, idéologiquement, c’étaient des adversaires à l’intérieur du même camp: Akimov était social-démocrate et en septembre 1898 il s’enfuit du camp de déportation pour rejoindre les Socio-Démocrates russes et il devint rapidement l’un des cadres de l’aile libérale du mouvement et fatalement, se retrouva „minoritaire” (les Mencheviks). Krjijanovski, allié de Lénine, était un représentant des extrémistes radicaux, les futurs Bolchéviks.

Tout en désignant Akimov comme l’auteur, P. Chiriaiev, n’en cite pas moins les mémoires de Krjijanovski. Le chant composé en 1897 à la prison de Boutyr avait été interprêté pour la première fois par Krjijanovski et ses compagnons de cellule: „Le jour du départ pour la Sibérie était arrivé. Nous plaçâmes à la porte de la cellule Abramovitch qui était d’une force herculéenne, nous nous mîmes en cercle et commençâmes à chanter:

L’ouragan gronde au-dessus de nos têtes...

Ce chant puissant résonnait à travers toute la prison de Boutyr. Les gardiens accoururent vers la cellule dont ils essayèrent en vain d’ouvrir la porte tenue fermée par une poigne de fer (celle d’Abramovitch)... C’est ainsi que la „Varsovienne” russe vit le jour.” ( Gleb M. Krjijanovski, Chants de combat. Musique des Soviets, 1955, N° 12, pp. 3-4).

On retrouve la même controverse à propos de la paternité du chant „Le drapeau rouge” qui fut souvent d’abord attribué à Krjijanovski, et plus tard à Akimov. (Cf. Poésie bolchévique de 1901 à 1907, Introduction, compilation, manuscrits et notes de I.S. Eventov, L, écrivain soviétique, 1967).

La publication de la „Varsovienne” russe fut à l’origine de nombreuses traductions dans les langues des peuples voisins. Partant du russe, le chant fut traduit en géorgien (I. Edochvili, 1901), en arménien (A. Hakobian, 1905), tartare (1905-1906), estonien (1906), tchouvache (1907) et plus tard en Ourdmout (Kouzebay Guerd, dans les années 1920). Quant à la version lithuanienne elle fut traduite du polonais par J. Akurator.

Le thème musical de la „Varsovienne” a été souvent repris dans de nouveaux chants: cf. „Dormez en paix, combattants des idées” (1901), „L”heure a sonné de la grande revanche” (1905), la „Rossianka” (La Russienne): „La Russie ploie sous le joug des infâmes” (1905-1907), „Gloire à ceux qui moururent pour la liberté” (1905-1907 ?), le subversif „Chant des Ijévites” (1918), etc.

De façon inattendue, cette tradition a été reprise au début du XXI ème siècle par les auteurs de jeux de consoles: Internet utilise au moins deux versions modifiées de la „Varsovienne” comme hymnes de bataille pour ses fictions:

„L’hymne du Clan des Russes” (L’ère de l’empire, Le soldat russe, déc. 2004),
„La Marche de Lord Eron” (Campagne III: Le trone gelé, Kirjaeden, juin 2005).


Source: http://a-pesni.org/starrev/varsavianka.htm

4° Deux autres versions: allemande et française

Deutsche Fassung

Feindliche Stürme durchtoben die Lüfte,
Drohende Wolken verdunkeln das Licht.
Mag uns auch Schmerz und Tod nun erwarten,
Gegen die Feinde ruft auf uns die Pflicht.

Wir haben der Freiheit leuchtende Flamme
Hoch über unseren Häuptern entfacht:
Die Fahne des Sieges, der Völkerbefreiung,
Die sicher uns führt in der letzten Schlacht

Auf, auf nun zum blut’gen, heiligen Kampfe.
Bezwinge die Feinde, du Arbeitervolk.
Auf die Barrikaden, auf die Barrikaden,
Erstürme die Welt, du Arbeitervolk!

Tod und Verderben allen Bedrückern,
Leidendem Volke gilt unsere Tat,
Kehrt gegen sie die mordenden Waffen,
Dass sie ernten die eigene Saat!

Mit Arbeiterblut gedüngt ist die Erde,
Gebt euer Blut für den letzten Krieg,
Dass der Menschheit Erlösung werde!
Feierlich naht der heilige Sieg.

Auf, auf usw.

Elend und Hunger verderben uns alle,
Gegen die Feinde ruft mahnend die Not,
Freiheit und Glück für die Menschheit erstreiten!
Kämpfende Jugend erschreckt nicht der Tod.

Die Toten, der großen Idee gestorben,
Werden Millionen heilig sein.
Auf denn, erhebt euch, Brüder, Genossen,
Ergreift die Waffen und schließt die Reih‘n!

Auf, auf usw.
Version française

Notre ennemi nous attaque en rafales,
Son joug cruel nous opprime odieusement.
Nous sommes entrés dans la lutte finale,
Qui sait encore quel sort nous attend ?

Mais nous prendrons en nos mains prolétaires,
Le drapeau rouge de tous les travailleurs,
Nous lutterons pour la cause ouvrière,
La liberté et le monde meilleur.

Refrain:
Frères en route, tous à la lutte !
Marche hardiment ouvrier, en avant ! (bis)


Le travailleur meurt toujours de famine,
Nous ne pouvons plus nous taire mes amis,
Ni retenir notre haine en sourdine,
Ni avoir peur d'échafauds ennemis.

Ceux qui sont morts en honneur, avec gloire,
En combattant pour le monde ouvrier,
Ne périrons pas dans notre mémoire,
Et ne serons nullement oubliés !

Frères en route,...

Nous haïssons les tyrans et les trônes,
Pour délivrer notre peuple martyr,
Nous détruirons leurs palais et couronnes,
N'en laisserons plus aucun souvenir.

Notre vengeance sera impitoyable
Aux parasites du travail humain,
Car tous leurs crimes sont impardonnables,
Et notre jour de revanche est prochain.

Frères en route,...





Vidéos: La Varsovienne russe





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