Vers sur le Prince Edouard

MS. 649, p. 16, kept at the Bibliothèque historique de la ville de Paris

A Poem on the French's seizing the Prince
and conducting him prisoner out of Paris.

Transcription of the foregoing, from the MSS at Towneley Hall


To the poems:

The poem in French was composed by a young man named Desforges, on Prince Charles Edward's expulsion (1749). He was therefore imprisoned for three years in a dungeon at the Mount Saint Michel, until, at the request of the Head of the Convent, Abbé De Broglie, he was pardonned by King Louis XVI.

It appears that the poème circulated in Britain as well, in French and in English. Both versions were included in the Towneley Hall MSS.

The poem refers to the Peace of Aix-la-Chapelle (18 October 1748) that put an end to the war of the Austrian Succession (1740 - 1748). In spite of the many victories gained by France: Fontenoy (May 1745), Roucoux (October 1746), Lawfeld (June 1747), Bergen-op-Zoom (September 1747) and Maastricht (May 1748), the treaty was a foolish throwing away of advantages in the Austrian Netherlands.
There was a general resentment at having waged war "pour le Roi de Prusse" (for the sake of the King of Prussia), and, as the present songs demonstrates, at the indecorous abandon of the Stuart cause.
In a clause of the Treaty, France acknowledged the right of the House of Hanover to the Crown of England, utterly renounced all alliance with the Pretender and his family and ceased to allow them to reside within her territory.
Charles lingered in that country for a long time until he was sent out of the kingdom by force. He was first conducted to the Castle of Vincennes. Then his residence during the remainder of his life was chiefly in Avignon, a city belonging to the Pope, where he lived a life of retirement.
The seizing of the Prince is also addressed in the next French song
A propos de ces textes:

Le poème en français fut composé par un jeune homme du nom de Desforges sur l'expulsion du Prince Charles-Edouard en 1749. Ce poème lui valut d'être emprisonné pendant trois ans dans un cachot du Mont Saint Michel, jusqu'à ce qu'il soit amnistié par Louis XVI, à demande du Supérieur, l'Abbé de Broglie.

Il apparaît que ce poème et sa traduction anglaise circulaient en Grande Bretagne. On le trouve sous ces deux formes parmi les manuscrits de Towneley Hall.

Le poème évoque la Paix d'Aix-la-Chapelle (18 octobre 1748) qui mit fin à la Guerre de succession d'Autriche (1740 - 1748). En dépit des nombreuses victoires remportées par la France: Fontenoy (mai 1745), Roucoux (octobre 1746), Lawfeld (juin 1747), Bergen-op-Zoom (septembre 1747) et Maëstricht (mai 1748), le traité gaspillait inconsidérément tous les avantages acquis aux Pays-Bas autrichiens.
Il y eut un mécontentement général de s'être battu "pour le Roi de Prusse" (expression devenue proverbiale) et, comme le montre le présent poème, à propos de l'indigne abandon de la cause des Stuart.
Par une clause du traité, la France reconnaissait les Hanovre comme souverains légitimes de la Grande Bretagne, renonçait complètement à son alliance avec le Prétendant et sa famille et leur interdisait de séjourner sur son territoire.
Charles s'attarda en France aussi longtemps qu'il put, jusqu'à ce qu'il soit expulsé de force hors du royaume. On le conduisit d'abord au château de Vincennes. Ensuite il résida principalement en Avignon, cité papale où il vécut comme un reclus.
L'arrestation du Prince est également le sujet du chant français suivant.


Vers sur le Prince Edouard



1. Peuples jadis sy fier, aujourdhuy sy servile,
Des princes malheureux vous n'estes plus l'asyle ;
Vos enemies vaincus aux Champs de Fontenoy,
A leur propres vainqueurs ont impose la loy,
Et cette indigne paix qu Aragon vous procure,
Est pour eux un triomphe, et pour vous une injure,

2. Helas ! auriez vous couru tant d'Hazards,
Pour placer une Femme au trone des Caesars,
Pour voir l'heureux Anglois dominateur de l'onde,
Vorturer dans ses ports tout 1'or du Nouveau Monde ;
Et le Fils de Stuart par vous memes appelle,
Aux frayeurs de Brunswick lachement immole,

3. Et toy que les Flatteurs ont pare d'un vain titre,
De l'Europe en ce jour te diras tu l'arbitre ?
Lorsque dans tes Etats tu ne peut conserver,
Un Heros que le Sort n'est pas las d'eprouver ;
Mais qui dans les Horreurs d'une vie agitee,
Au Sein de l'Angleterre, a sa perte exile.
Abandonnee des Siens, fugitif, mis a prix,
Se vit toujours du moins plus libre qu' a Paris.

4. De l'amitie des roys Exemple memorable,
Et de leurs interests victime deplorable ;
Tu triomphe, Cher Prince, au milieu de tes fers,
Sur Toy dans les moments tous les yeux sont ouverts,

5. Un peuple genereux est juge du merite,
Va, revoquer 1'arret d'une race proscrite,
Tes Malheurs ont changes les esprits prevenus,
Dans la Cour des Anglois tous tes droits sont connus,
Plus sures & plus flatteurs que ceux de la Naissance
Ces droits vont doublement affermir ta puissance.

6. Mais sur le trone assis, cher Prince, souviens toy
Que ce peuple Superbe est jaloux de sa loy,
N'a jamais honore du titre de grand Homme,
Un lache Complaisant des Francois et de Rome.

Source: From "English Jacobite Ballads...from the MS at Towneley Hall" by A.B. Grosart (1877), page 10
Vers sur le Prince Edouard



1. Peuple jadis si fier, aujourd'hui si servile,
Des princes malheureux vous n'êtes plus l'asile;
Vos ennemis vaincus aux champs de Fontenoy, [1]
A leur propres vainqueurs ont imposé la loi.
Et cette indigne paix qu'Aragon [2] vous procure
Est pour eux un triomphe, et pour vous une injure.

2. Hélas! Auriez-vous couru tant de hasards

Pour placer une femme au trône des Césars, [3]

Pour voir l'heureux Anglais dominateur de l'onde,
Voiturer dans ses ports tout l'or du Nouveau Monde?
Et le fils de Stuart par vous-même appelé,
Aux frayeurs de Brunswick lâchement immolé?

3. Et toi que tes flatteurs ont paré d'un vain titre, [4]

De l'Europe en ce jour te diras-tu l'arbitre,

Lorsque dans tes états tu ne peux conserver

Un héros que le sort n'est pas las d'éprouver,

Mais qui dans les horreurs d'une vie agitée,
Au sein de l'Angleterre, à sa perte acharnée.
Abandonné des siens, fugitif, mis a prix,
Se vit toujours du moins plus libre qu'à Paris?

4. De l'amitié des rois exemple mémorable,
Et de leurs intérêts victime déplorable!
Tu triomphes, cher Prince, au milieu de tes fers.
Sur toi dans ces moments tous les yeux sont ouverts.

5. Un peuple généreux et juge du mérite,

Va révoquer l'arrêt d'une race proscrite.

Tes malheurs ont changé les esprits prévenus,
Dans le coeur des Anglais tous tes droits sont connus,
Plus flatteurs et plus sûr que ceux de la naissance.

6. Ces droits vont doublement affermir ta puissance,
Mais sur le trône assis, cher Prince, souviens-toi

Que ce peuple superbe et jaloux de sa foi,

N'a jamais honoré du titre de grand homme,
Un lâche complaisant des Français et de Rome.

Source: MS. 649, p. 16, kept at the "Bibliothèque historique de la ville de Paris".
A Poem on the French's seizing the Prince
and conducting him prisoner out of Paris.


1. Degenerate Nation ! Where's your Antient pride?
What helpless Prince shall e'er in you confide?
Of injured worth no more th' Asylum boast,
To truth, to honour and to Glory lost!
Your vanquish'd foes which fatal Font'noy saw, (1]
Those vanquish'd foes now give those victors law!
And this inglorious peace by St Severin, [2]
To those is triumph, and to these a Stain.

2. Was it for this, you run the risk of War?
Was it for this, you sent your troops so far?
To place a Woman on the Imperial throne [3]
A wedded Woman there to reign alone?
To see Glad England Mistress of the main,
Waft to her ports the Indian wealth of Spain?
And Stuart's Son by you yourselves incit'd
To B[runswick]'s Panic basely sacrific'd?

3. And thou whom flatterers with vain titles Crown, [4]
Most Christian King, where, where is thy renown?
All Europe's Arbiter, shall't thou be called,
Thyself a Slave to those thou hadst enthralled?
When in the vast extent of thy domain
Thou wilt not, darest not, can'st not entertain
A Heroe formed on adverse fortune's plan
Who tires not yet to prove the perfect Man?
A Heroe who in all he underwent
In hapless BRITAIN, on his ruin bent,
Deserted, wandering, priz'd, 'midst foes combined,
Could still more freedom than at PARIS find!

4. While Bourbon's friendship all mankind detest
And Mourn the Victim of his interest,
Thou triumph'st Glorious prince, amidst thy chains,
Each opening Eye now fixt on thee remains!

5. A generous people of discernment true,
Resolved to crown thy merit with its due,
Will soon unbiass'd, and at length unbrib'd,
Revoke the Act against a race proscrib'd!
Thy woes have changed the Spirits prepossessed,
On British Hearts thy rights are all impress'd,
More Strong and grateful than are those of Birth.

6. Thy title's doubled by the right of worth!
But on the Throne remember dearest Prince,
What Albion's Annals with one voice evince:
That the proud people, jealous of their rights
And of the faith their bounded Monarch plights,
Did ne'er with Epithet of Great enhance
A Dastard Truckler to the Court of France.

Source: From "English Jacobite Ballads...from the MS at Towneley Hall" by A.B. Grosart (1877), page 89
Line
[1] Fontenoy: Fought 30th April (11th May, N.S.), 1745, between the French, commanded by Saxe, and the English, Hanoverians, Dutch, and Austrians, commanded by the Duke of Cumberland.

[2] Saint-Séverin d'Aragon : Representative of France at the Congress of Aix-La-Chapelle.

[3] To place a Woman on the Imperial throne: The Rev. A.B. Grosart writes "Who could be meant? I don't hazard a guess." However it seems self-evident that "this woman" is Maria Theresa, daugher of Emperor Charles VI whose death on 20th October 1740 and her efforts to defend her inheritance and her rights resulted in the War of the Succession of Austria.

[4] Vain title : "Pacificateur de l'Europe" (Europe's Peacemaker).
[1] Fontenoy: bataille disputée le 11 mai 1745, entre les Français commandés par le Maréchal de Saxe et les Anglais, les Hanovriens, les Hollandais et les Autrichiens, commandés par le Duc de Cumberland.

[2] Saint-Séverin d'Aragon : Représentant de la France au Congrès d'Aix-la-Chapelle.

[3] Placer une femme au trône des Césars: Le Révérend A.B. Grosart écrit "De qui s'agit-il? Je m'abstiendrai de répondre." Cependant, il semble clair que "cette femme" n'est autre que Marie-Thérèse, la fille de l'Empereur Charles décédé, le 20 octobre 1740. Les efforts de celle-ci pour défendre son héritage et ses droits sont à l'origine de la guerre de Succession d'Autriche.

[4] Paré d'un vain titre : "Pacificateur de l'Europe".





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