XII VERSAILLES
Versaille au front de vent mirée aux lacs de moire,
Versaille au clair regard, Versaille aux longues mains
D'onde et de pluie. Les ans conservent ta mémoire.
La lampe qui veillait t'éclairera demain.
Demain vous reviendrez sur des lèvres étranges,
Sourires que j'aimais, vous reviendrez demain,
Et dans mon ciel va rayonner, front blanc de l'ange,
Ton marbre qu'un ciseau fait surgir du matin.
Enigmes qui mêliez, échos, vos lèvres closes,
Impassibles beautés, rocs pareils et jaloux,
Au mai nouveau vous reviendrez avec les roses,
Je reviendrai pour les galets de vos genoux.
Versaille au sein figé dans la pose du songe
Déesse qui surgis du cerveau du soleil,
L'éternelle harmonie ignore le mensonge
Et le chant d'Apollon sera toujours pareil.
Enigmes qui glissiez, bercées sur nos sourires
Comme deux blancs vaisseaux qui s'enflent vers le port,
Je suis ce port d'azur où les voiles se mirent
Et voient avec stupeur leurs fronts ruisseler d'or.
Versaille, front troublant des Roxane antiques,
Un songe de poète habite dans tes yeux.
Golconde aux lacs figés t'a légué ses reliques.
Les perles d'Ispahan constellent tes cheveux.
Sur le char de la nuit, sultanes éphémères,
Vous mimiez l'indolence oisive d'éléphants,
O vous qui de papiers ceintes et de chimères,
Regrettiez le palais que n'ont pas les errants.
Enigmes qui brilliez dans la nuit de mes songes,
Double divinité, le Mystère et la Mort,
J'ignorais le secret de votre âme profonde.
Que d'étoiles ainsi dont nul ne vit la mort!
Michel Galiana (c) 1991
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XII VERSAILLES
Versailles, windblown façade, mirrored in shimmering ponds;
Versailles with clear prospects, Versailles with long alleys
Of water. Memories that years shall keep for long.
The lamp of yesteryear shall light you up always.
On other lips you shall bud tomorrow again
Smiles that were my delight, tomorrow shall return,
And there will in my sky shine forth the dazzling chain
Of marble a chisel conjured up in the morn.
Riddles that would mingle your echoing closed mouths
In likeness unique rocks, beauties swept by the breeze,
Next May you shall come back when buds to roses sprout,
I shall come back as well to touch your marble knees.
Versailles whose bosom froze in a slumbering pose
Goddess who once sprang forth from the brain of the Sun,
Eternal harmony that all falsehood ignores.
Forever unchanging remains Apollo's song.
Riddles gliding along on the punt of your smiles
Like two candid vessels sailing towards the port,
I am that blue harbour where are mirrored the sails
Which are surprised to see themselves streaming with gold.
Versailles, disturbing face of some precious antique,
It's the dream of a poet that's dwelling in your eyes.
Golconda's frozen lakes passed on you their unique
Treasure: Isfahan's pearls in your hair spread their lights.
At night, your languidness, O short-lived sultanas,
Was modelled on elephants of outlandish lands
You were clad in paper garlands and chimeras,
Deploring that these premises were closed to tramps.
Riddles that in the night of my dreams used to shine,
Twofold divinity of Death and Mystery,
The secret of your soul I have failed to divine.
Many stars, thus, vanished unknown to history!
Transl. Christian Souchon 01.01.2004 (c) (r) All rights reserved
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