L'Epouse du Croisé

The Crusader's Wife

Dialecte de Cornouaille

  • Première publication dans la première édition du Barzhaz en 1839, sous le titre "Greg ar c'hroazour".
  • Chanté par Anaïk Le Breton de Kerigazul en Nizon (selon table A). Cette indication n'est pas reprise dans l'édition de 1845.
  • Dans le premier carnet de Keransquer, on la trouve sous deux titres: "An daou breur" et "Maner ar Faouet" ("Les deux frères" et "Le manoir du Faouet").
  • Cette ballade a été recueillie par presque tous les collecteurs:
    - sous forme manuscrite:
    . Coll. Penguern: t. 89, "Itron ar Faouet" (Taulé, 1850, publié dans Gwalarn 4); t.90 ,"Itron ar Faouet" (Taulé, 1851, publié dans Gwalarn 6); 240 , "Itron ar Faouet" (Henvic, 1851).
    . Luzel, Ms. 17 (Q): "An Daou Vreur" (Duault).
    - sous forme de recueil:
    . Souvestre: "Les derniers Bretons", T.II "Les deux frères (en traduction, 1836).
    . Luzel: "Gwerzioù", T.1 (p.196, 1867): "An daou vreur" (Plouaret, 1849); Gw1 p. 194: "Ar marc'heger hag ar verjelenn" (Plouaret, 1849).
    . Guillerm: "Chants Populaires de Cornouaille": "Itron ar Faouet" (Trégunc),
    . Herrieu: "Guerzenneu ha Sonenneu Breiz Vihan": "Er vugaléz deved" (Kervignac),
    -publiée dans des périodiques:
    . par Milin dans "Gwalarn" N°2: " Ar varkizez eus-a vaner Ar Faoued",
    . par J-M Cadic, dans la "Revue de Bretagne et de Vendée" 2ème trimestre 1890: "Berjeren",
    . par F. Cadic, dans la "Paroisse Bretonne de Paris" de mars 1906: "Berjeren" (Pontivy),
    . Besco, "Annales de Bretagne" XLV (1938): "Groeg ar c'hroazour".
    . J-M Guilcher, "Annales de Bretagne" LIX (1952): "Pa'z in-me d'an arme" (collecté en 1947 à Lanildut et Kerlouan , en 2 fragments).

    On trouvera ci-après une traduction rimée de l'"Epouse du croisé", que la contributrice, Nadynrom, au site "liveinternet.ru" suppose être l'oeuvre de M.D. Yasnov qui publia 17 chants du Barzazh en 1995. En effet, elle tire ce texte de "Sur la route de Louviers: Folklore de France". M.OAO IG "Progrès", 2001, un ouvrage de 600 pages qui ne donne qu'une liste générale des traducteurs.
  • Kroaz-Du resarclé de l'Amirauté de Bretagne

    Kroaz-Du resarclé de l'Amirauté de Bretagne
  • First published in 1839 by La Villemarqué, in the first edition of the Barzhaz, under the title "Greg ar C'hroazour".
  • Sung by Anaïk Le Breton from Kerigazul near Nizon (according to table A). This information is not given in thee 1845 edition.
  • In the first collecting book kept at Keransquer Manor, the song is noted under two titles: "An daou breur" ha "Manor ar Faouet" (The "Two brothers" and "Faouet Manor").
  • The song was gathered by almost all collectors:
    - in handwritten form:
    . Coll. Penguern: t. 89, "Itron ar Faouet" (Taulé, 1850, published in the periodical "Gwalarn" N° 4); t.90 ,"Itron ar Faouet" (Taulé, 1851, published in "Gwalarn" N° 6); 240 , "Itron ar Faouet" (Henvic, 1851).
    . Luzel, Ms. 17 (Q): "An Daou Vreur" (Duault).
    - published in printed collections:
    . Souvestre: "Les derniers Bretons", T.II "Les deux frères ('The rwo brothers" in translation, 1836).
    . Luzel: "Gwerzioù", T.1 (p.196, 1867): "An daou vreur" (Plouaret, 1849); Gw1 p. 194: "Ar marc'heger hag ar verjelenn" (Plouaret, 1849).
    . Guillerm: "Chants Populaires de Cornouaille": "Itron ar Faouet" (Trégunc),
    . Herrieu: "Guerzenneu ha Sonenneu Breiz Vihan": "Er vugaléz deved" (Kervignac),
    -published in periodicals:
    . by Milin in "Gwalarn" N°2: " Ar varkizez eus-a vaner Ar Faoued",
    . by J-M Cadic, in "Revue de Bretagne et de Vendée" 2nd quarter 1890: "Berjeren",
    . by F. Cadic, dans la "Paroisse Bretonne de Paris" March 1906: "Berjeren" (Pontivy),
    . Chanoine Pérennès, "Annales de Bretagne" Tome XLV, page 240 (collecté par le Chanoine Besco à Lanrivain, 1938): "Groeg ar c'hroazour".
    . J-M Guilcher, "Annales de Bretagne" LIX (1952): "Pa'z in-me d'an arme" (collected in 1947 at Lanildut and Kerlouan , in 2 fragments).

    The below rhymed translation of "The Crusader's wife", for which, so presumes contributor Nadynrom to the "liveinternet.ru" site, we are indebted to M.D. Yasnov, the editor of 17 Barzazh songs in 1995. In fact she quotes this poem, after "On my way to Louviers: Folklore of France". M.OAO IG "Progress", 2001, a 600 page compendium that only provides a general list of translators.

  • Ton
    (Premier mode du plain-chant grégorien mais terminé en hypodorien. Noté fa majeur dans le Barzhaz)

    >
    Français Russe English
    "L'épouse du croisé"

    1. Le temps que va durer
    La guerre où l'on me demande d'aller,
    A qui donner
    Ma chère épouse à garder?
    - Qu'elle vienne chez moi,
    Mon cher beau-frère, c'est mieux ainsi.
    Mes demoiselles
    Offriront leur logis.

    2. Elle pourra loger
    Près d'elles, ou - ce sera de bon coeur -
    Avec les dames
    Dans notre salle d'honneur.
    Elles viendront s'asseoir
    A la même table, leurs repas
    Seront servis
    Dans un unique plat.

    3. Bientôt des chevaliers
    Se pressaient, spectacle étonnant à voir,
    Au Faouët
    Dans la cour du vieux manoir,
    Croix rouge sur l'épaule,
    A cheval et bannières au vent
    Venus quérir
    Le seigneur en partant.

    4. Ils n'était pas encor
    Bien éloigné du manoir qu'à sa femme
    On adressait
    Ce commandement infâme:
    - Otez-moi cette robe
    Rouge: une blanche passez donc
    Pour, sur la lande,
    Garder les moutons!

    5. - Quel tort vous ai-je fait?
    Mon frère, dites-le moi, je vous prie!
    Je n'ai jamais
    Gardé mouton de ma vie.
    - Jamais, vraiment? Fort bien!
    Voici ma lance pour vous montrer,
    Et au plus vite,
    Comme on devient berger! -

    6. Sept ans, sept ans durant,
    Elle ne fit rien que se lamenter.
    Puis un beau jour
    On l'entendit qui chantait.
    . Un jeune chevalier
    Qui revenait juste de l'armée
    Ouït son doux chant
    Sur le mont résonner.

    7. - Halte! mon petit page.
    Tiens la bride de mon cheval. J'entends
    Sur la montagne
    Chanter une voix d'argent.
    J'entends une voix douce
    Chanter sur le mont. Sept ans, je crois,
    Que le l'ouïs
    Pour la dernière fois.

    8. - Jeune fille, bonjour,
    Bergère de la montagne! Avez-vous
    Si bien dîné
    Que votre chant soit si doux?
    - Oh oui! Grâces en soient
    Rendues à Dieu, j'ai fort bien dîné
    D'un bout de pain
    Sec qu'ici j'ai mangé.

    9. - Jeune fille jolie,
    Dites-moi, vous qui gardez les moutons:
    Dans le manoir
    Là-bas m'hébergera-t-on?
    - Oh oui, certainement
    Vous aurez le gîte et, s'il le faut,
    Une écurie
    Pour mettre vos chevaux.

    10. Ainsi qu'un lit de plume
    Où vous reposer, tout comme autrefois,
    Je le faisais,
    Quand j'avais un mari, moi.
    Ce n'était point alors
    Dans une étable que je dormais,
    Ni dans l'écuelle
    Du chien, que je mangeais.

    11. -Où donc, ma chère enfant,
    Où donc est votre mari? Car je vois
    Un anneau de
    Mariage à votre doigt.
    Pour aller à l'armée,
    Seigneur, j'ai vu partir mon époux
    Il était blond,
    Mais oui, blond comme vous.

    12. -S'il avait les cheveux
    Blonds comme moi, ne serait-ce point lui
    Regardez bien
    Mon enfant, qui est ici?
    - Oui, je suis votre dame,
    Votre amie, votre tendre épousée!
    Vraiment je suis
    La Dame du Faouët!

    13. - Laissez là ces moutons
    Car nous allons de ce pas au manoir
    Qu'il me tarde
    Après si longtemps de revoir.
    - Bonheur à vous, mon frère,
    C'est votre frère qui vous le dit.
    Comment va mon
    Epouse, est-elle ici?

    14. - Elle est, - entrez mon frère,
    Comme autrefois, je vous trouve pimpant! -
    Avec les dames
    A Quimperlé maintenant.
    Elle est à Quimperlé
    A une noce. Vous la verrez:
    Dans un moment
    Elle sera rentrée.

    15. - Tu mens, toi qui en as
    Fait une gardienne de moutons,
    La traitant comme
    La dernière des souillons!
    - Tu mens, ouvre les yeux!
    Car elle est là, derrière la porte.
    Oui, la voilà!
    Vois comme elle sanglote!

    16. Vas-t'en cacher ta honte!
    Vas-t'en, et sur le champ, frère maudit!
    Ton coeur est plein
    De malice et d'infamie!
    Si ce n'était ici
    La maison de mes propres parents,
    Je rougirais
    Mon épée de ton sang!

    Traduction Christian Souchon (c) 2008
    "Жена крестоносца"

    1. - Мне надобно идти
    на долгую войну,
    Но как покинуть мне
    любовь мою одну?
    - Брат, посели жену
    под кровлею моей,
    В покое девичьем
    найдется место ей.

    2. В покое девичьем
    найдется место ей,
    Иль нет, у знатных дам
    ей будет веселей.
    В той зале, где они,
    пускай себе живет,
    И что сготовят им,
    то с ними ест и пьет.

    3. И вот уже сигнал
    по всей округе дан –
    В именье Фауэ
    сеньор собрал дворян,
    Все со знаменами
    сошлись из разных мест,
    И правое плечо
    им алый метит крест.

    4. Еще недалеко
    успел уйти отряд, А платье алое
    уже ей снять велят:
    - Вот белый балахон –
    его теперь надень!
    Господский скот пасти
    ты будешь целый день.

    5. - Какую я вам, брат,
    обиду нанесла?
    Доныне отроду
    овец я не пасла!
    - Ну, если до сих пор
    ты не пасла овец,
    Тебя копье мое
    научит наконец!

    6. Вот за семь лет она
    слезами изошла,
    А после стала петь,
    как прежде, весела,
    И рыцарь, что с войны
    скакал во весь опор,
    Услышал голосок,
    звеневший среди гор.

    7. - Помедли, юный паж,
    попридержи коня:
    Хрустальный голосок
    донесся до меня,
    Тот нежный голосок
    меня очаровал,
    Семь лет прошло – день в день, -
    как я его слыхал.

    8. - Пастушка, в добрый час!
    ты весело поешь,
    Наверно оттого,
    что сладко ешь и пьешь?
    - Да, слава Господу! –
    она ему в ответ. –
    Краюшка черствая –
    чем плох такой обед?

    9. - Пастушка, милая,
    ты здешняя, видать,
    Вон в том имении
    нельзя ль заночевать?
    -Да, сударь, на ночь там
    найдете вы приют,
    А ваших лошадей
    в конюшню отведут.

    10. И пухом, и пером
    вам выстелют кровать –
    при муже-то и мне
    Там было мягко спать!
    не ночевала я
    В хлеву среди скота,
    не ела хлебова
    С собаками тогда.

    11. - Где муж твой? На тебе,
    красавица моя,
    Не обручальное ль
    колечко вижу я?
    - Мой муж давным-давно
    в поход ушел, увы,
    Он белокурый был,
    совсем такой, как вы.

    12. - Ты говоришь, как я,
    был белокур твой друг?
    Ну, приглядись, дитя:
    не я ли твой супруг?
    - Да, сударь, вы мой муж,
    мой друг и рыцарь мой,
    В именье Фауэ
    Я вам была женой.

    13. - Оставим здесь овец!
    в именье поспешим:
    Я брата навещу
    и потолкую с ним.
    - Привет, любезный брат!
    Ну, где моя жена?
    Не загрустила ли?
    Здорова ли она?

    14. - Здорова и бодра!
    Присядьте, милый брат.
    Зазвали в Кемперле
    ее два дня назад.
    На свадьбу в Кемперле
    уехала – и вот
    Вернется, а ее
    в именье радость ждет.

    15. - Ты лжешь! Не ты ли сам
    послал семь лет назад
    Ее, как нищенку,
    со стадом в горы, брат?
    Ты лжешь! Ты лжешь! И глаз
    не прячешь, лиходей:
    Здесь, в двух шагах, она
    рыдает у дверей.

    16. Сгинь с глаз моих долой!
    Ступай, проклятый брат,
    Бесчестьем славен ты
    и подлостью богат.
    Будь здесь не отчий дом,
    не родовой чертог –
    Уже в твоей крови
    омыл бы я клинок!

    http://www.liveinternet.ru/community/2601727/post120608838/
    "The crusader's wife"

    1. I must go off to war
    Say, to whom shall I entrust my dear wife?
    For all this time
    Who shall take care of my wife?
    - Just see her to my house,
    and I shall lodge her, brother in law,
    with the young maids
    of my own household.

    2. To lodge her with the girls
    Of my household surely I shall be glad
    Or in the hall
    Of honour with the ladies.
    Their food shall be prepared
    In the same vessel and they shall be
    Seated at the
    Same table together.-

    3. And not long afterwards
    A wondrous sight was Faouet Manor's yard
    Crowded with knights:
    Each of them on a tall horse,
    On his shoulder a red
    Cross. And the banners streamed in the wind.
    They had come to
    Fetch the lord for the war.

    4. He had not yet gone far
    From the manor when his wife had to hear
    Orders, most cruel,
    That gave her brother in law:
    - Put off this crimson gown.
    Be quick to put on a white, instead
    Off to the moor
    With you to guard the sheep!

    5. - With your leave, my brother,
    May I know what kind of wrong I did you?
    Never in life
    Was I made to guard the sheep.
    - Were you never in life
    Made to guard the sheep, here's my long spear
    That shall teach you
    To do that presently!

    6. For seven years did she
    Never stop crying and moaning sourly.
    But seven years
    Later she was heard singing.
    And a young knight that came
    Her way, returning from the army,
    Heard her soft voice
    Sounding upon the mount.

    7. - My little pageboy, stop!
    Hold on to the bridle of my horse,
    For I have heard
    A silver voice on the mount.
    I hear a little voice
    That softly sings upon yonder hill!
    For seven years
    A voice I have not heard.

    8. - Good day, I say to you,
    Good day to you, I say, young mountain girl
    Have you so well
    Lunched that you're singing so gay?
    _ O yes, I have lunched well
    And that's a thing I must thank God for:
    On a small piece
    of bread I've eaten here.

    9. - Tell me, O lovely lass,
    Who are looking after your flock of sheep,
    If I could be
    Lodged in the house over there?
    - O yes! My lord, you will
    Be welcomed there, of that I am sure,
    And you'll find there
    A stable for your horse.

    10. A feather bed you shall
    have to sleep in, like the one I was used
    To sleep in with
    my husband in former times.
    I did not have to sleep
    then in the fold with sheep, lamb and ewe
    Nor have my meals
    Served in the dog's bowl

    11. - Where is your husband now?
    O lass, where is your husband now, tell me,
    Since I see
    A wedding ring on your finger?
    - My lord, my husband has
    left and he has gone to the army.
    He was fair-haired
    Much the same as you are.

    12. - If he has a fair hair,
    A fair hair and if he resembles me,
    Take a good look,
    Lass, am I not your husband?
    - Yes, I am your lady,
    Your sweetheart, your wife. To tell the truth,
    My name should be:
    The Lady of Faouet!

    13. - O leave these sheep alone!
    For we are going to the manor now.
    I cannot wait
    any longer to come home.
    - Good day, brother, to you,
    My brother, I say to you "good day"!
    How is my wife
    I entrusted to you?

    14. - Sit down, brother, sit down!
    You are as fine and alert as before!
    To Quimperlé
    She's gone with the manor girls.
    To Quimperlé she's gone,
    Where there will be a great wedding feast.
    But when she's back
    Brother, you shall see her!

    15. A damned liar you are!
    For well I know that you have sent her out,
    Like a beggar,
    To look after ewes and lambs.
    . You lie! To it I swear,
    O I may swear to it by your eyes,
    She's waiting now
    Behind this door and cries.

    16. Go 'way, for shame! Go 'way!
    Go, accursed brother, and never return!
    Your heart is full
    of dishonesty and sin!
    If this were not the house
    Where both my parents so long have dwelt
    My sword I would
    Have reddened with your blood!

    Translated by Christian Souchon (c) 2008

    Brezhoneg
    Vers les textes bretons
    To the Breton texts


    Fait d'histoire locale ou chant universel?
    'La femme du Croisé' par J.E. Millay, 1862Une dame du Faouët - dont il est dit, à partir de l'édition de 1845, qu'elle était issue de la branche cadette de l'antique famille de Goulaine ou Goulenn, le nom d'une rivière près de Nantes - est confiée par son époux, lors de son départ pour la croisade, à la garde de son beau-frère.
    Celui-ci, sans doute parce qu'il n'a pu réussir à la séduire, la contraint pendant 7 ans à garder les troupeaux. A son retour le croisé chasse ce beau-frère déloyal.

    A partir de l'édition de 1867, La Villemarqué relativise la datation précise (1096) qu'il faisait de cet événement en 1839. Il cite une remarque faite par le Comte Théodore de Puymaigre dans ses "Poésies populaires...du Pays Messin", parues en 1865, indiquant que l'intrigue de ce chant se retrouve dans plusieurs chants anciens en dehors du domaine bretonnant:
  • En Catalogne: "La noble porquera" (dans "Romancero catalàn" de Milà y Fontanals).
  • En Provence: "La Pourcheireto" (dans l'ouvrage de M. Damase-Arbaud),
  • Dans le Pays Messin: "Germaine" ( du Comte de Puymaigre),
  • que l'on retrouve sous le titre "Germine" dans "Poésies populaires des provinces de France" de M. Champfleury...

    L'hommage de Puymaigre à La Villemarqué
    Dans la préface de son ouvrage, de Puymaigre rend hommage au rôle de précurseur de La Villemarqué, dans le domaine de l'étude de la poésie populaire, qui:
    "... a trouvé chez les aures nations, et souvent dans les classes les plus érudites, de patients investigateurs (Scott... Uhland... Grundtvig... Nigra...).
    [Longtemps] la muse populaire ne nous a plu qu'à la condition d'être étrangère [et] avons fait bon accueil aux ballades de l'Ecosse traduites par Artaut, aux chants des peuples du Nord et aux chants grecs traduits les uns par Marmier, les autres par Fauriel... La première fois que notre hautaine littérature daigna sourire à notre poésie populaire, ce fut lorsque celle-ci se présenta sous les auspices de M. de la Villemarqué... Elle s'exprimait en belle et bonne prose française et les trivialités s'étaient atténuées dans une élégante traduction.
    Et c'est du "Barzaz Breiz"que me paraît dater l'intérêt que nous avons commencé à porter à la poésie rustique: Bientôt elle obtint la haute protection d'un ministre. Sur un rapport de M. Fourtoul, un décret du Président de la République [le Prince Louis-Napoléon], daté du 13 septembre 1852, ordonna la publication des chants populaires de la France. Le décret a été rapporté [bien qu'il fût prolongé par les instructions de M. Ampère dans le Bulletin du Comité de la langue, de l'histoire et des arts de la France], mais il a du moins stimulé quelques recherches partielles:
    Gérard de Nerval dans la "Bohême galante" et "les Filles du feu", sur les vieilles chansons de l'Ile-de-France est le plus connu de ces investigateurs. Il faut y ajouter de Beaurepaire pour la Normandie,; de Coussemaker pour la Flandre française; Champfleury (toutes provinces); Tarbé pour la Champagne; Damase Arbaud pour la Provence et De Puymaigre pour le Pays de Metz. La vocation de collecteur de de Penguern trouve également sa source dans le décrêt Fourtoul. On trouvera d'autres précisions sur la page qui lui est consacrée.

    Autres versions bretonnes de la ballade
    François-Marie Luzel a recueilli dans le Trégor une autre version du même chant qu'il intitule "An daou vreur", "Les deux frères". Elle diffère peu de la ballade cornouaillaise de la Villemarqué. Les mélodies collectées par Duhamel, auprès de Maryvonne Nicol à Plouguiel (et de Marie Poullain au Merze, qui est la même que la précédente à quelques notes près), ainsi que de Maryvonne Bouillenec à Tréguier, sont assez proches de celle du Barzhaz.
    La Villemarqué lui-même nous a donné "Le clerc de Rohan"). qui n'est guère éloigné de la présente ballade par le sujet.
    La collection de Penguern contient en deux versions un chant (du Léon et du Trégor) intitulé "Itron ar Faouet", dont tous les éléments se retrouvent dans "Les deux frères" de Luzel.
    Il en est de même d'un chant portant le même titre, collecté par l'Abbé Guillerm à Trégunc et publié dans ses "Chants populaires du Pays de Cornouaille" en 1905.
    Enfin, un autre chant, également intitulé "L'épouse du croisé" fut publié dans les "Annales de Bretagne" en 1939 par le Chanoine Pérennès.
  • An Daou vreur - mélodie 1 (Luzel)
  • An Daou vreur - mélodie 2 (Luzel)
  • Itron ar Faouet - 2 versions (de Penguern)
  • Itron ar Faouet (H. Guillerm)
  • Greg ar C'hroazour (Ch. Pérennès)


  • S'agit-il d'une croisade?
    Il apparaît que la version de La Villemarqué ne diffère essentiellement de ces diverses versions que par la strophe 3 où il est question de "croix rouges" qui rappellent les croisades.
    Dans tous les textes, il est question d'un noble, partant en guerre pour sept ans et d'une dame du Faouet réduite à une condition servile par son beau-frère qui s'était pourtant engagé à l'accueillir dans la "salle des demoiselles".
    Il est cependant plus que probable que ladite strophe 3 qui montre les gentilhommes réunis dans la cour du manoir, portant chacun une croix rouge sur l'épaule, a été inspirée à La Villemarqué par Emile Souvestre qui publia le premier, en 1836, cette gwerz en traduction en précisant qu'"
    elle appartient probablement au temps des croisades" (cf. ce texte après l'épouse du Croisé, en breton). On peut penser que si cette strophe figure dans le MS de Keransquer comme "variante", c'est en tant que premier jet pour la composition que le barde se propose d'inclure dans le texte à publier, pour faire d'une simple conjecture une certitude!

    Il est troublant de noter que dans la version N° 2 de la "Dame du Faouet" collectée par de Penguern, le chevalier (marc'heg), désigné tout d'abord par le terme "den-jentil" (gentilhomme), qui revient de la guerre avec son page, devient un marchand (marc'hadour) qui manie étoffes et argent, sans qu'il soit précisé si c'est pour donner le change.

    Par ailleurs, dans un autre chant collecté par Luzel "le chevalier et la bergère", assez proche de la 2ème version de la "Dame du Faouet" de Penguern, l'absent s'appelle aussi "Le Henaff" et l'on ne sait trop, si c'est bien lui qui revient. Ce "marc'heger", ce cavalier, pourrait être un "marc'heg", un chevalier, s'il ne transportait pas des étoffes avec lui. Dans cette ballade, très confuse, c'est une aubergiste qui a fait de la femme une gardienne de moutons. Et la malheureuse victime a un fils de sept ans dont elle dit, de façon incompréhensible, qu'il ne verra jamais son père, bien que ce dernier soit de retour!
  • Ar Marc'heger hag ar Berjelenn (Luzel)

    Ou de la Guerre de Hollande?
    Comme l'indique Luzel, la durée de l'absence ne permet guère d'identifier un événement historique quelconque. Sept ("seizh") est un chiffre que les Bretons affectionnent. "Faire tout son possible" se dit , par exemple, "ober e seizh gwellañ", mot-à-mot "faire ses sept possibles".
    Cependant, dans ses commentaires à propos du chant qu'il intitule
  • Bergeren,
    l'Abbé François Cadic, en rapprochant cette indication du fait qu'il est dit que le mari absent est en Hollande, en déduit que cette ballade a trait à la "guerre de Hollande" qui dura précisément sept ans, de 1672 à 1679.

    On remarquera enfin que l'histoire rappelle celle de Pénélope dans l'Odyssée et que contrairement à la réputation d'"antérioriste" forcené que lui ont faite Le Braz, Luzel, Gourvil etc...La Villemarqué indique que ces chants ont sans doute une origine commune. Il ne se prononce pas sur la question de la priorité entre l'oeuvre néo-celtique et l'oeuvre néo-latine.

    Le roi de Romani
    On notera aussi que Luzel a collecté, en deux versions, les bribes d'une ballade où il est question d'un roi réduit à exécuter des tâches serviles avant de retrouver sa femme et ses enfants:
  • le "Roi de Romani"
    ou le "Roi de Mani". C'est une mystérieuse histoire dont un passage évoque l'épisode du centaure Nessus qui transporte sur l'autre rive de l'Evène, l'épouse d'Hercule, Déjanire, ou encore la légende de Sainte Ursule. Certains épisodes se retrouvent à l'identique dans la légende de Saint Eustache.
    On peut aussi être étonné de trouver mention d'un personnage secondaire, le "roi de Romani" devenu le chambellan de l'empereur de Rome, dans le conte "le Songe de Maxen" des Mabinogion, (dont certains éléments apparaissent dans l' "Histoire des Rois de Bretagne" rédigée par Geoffroy de Monmouth vers 1136). Les manuscrits où étaient retranscrits ces contes datent de 1225 au plus tôt (Peniarth 6) et ils ne furent traduits en anglais par Charlotte Guest qu'en 1849, ce qui exclut l'hypothèse d'une contamination récente.

    "Kroaz du" ha "Gwenn ha du"
    Tout au plus, La Villemarqué note-t-il que c'est lors de la première croisade (1095-1099) que l'on portait la croix rouge et que le Duc de Bretagne Alain (Fergent) y prit part avec d'autres chefs bretons qui revinrent au bout de cinq ans (et non sept comme le dit la chanson).
    On sait, qu'au départ de la troisième croisade en 1188, le Pape autorisa chaque pays à arborer une croix différente: rouge pour les Français, blanche pour les Anglais, verte pour les Flamands... et, bien que les textes soient muets à ce sujet, noire aux Bretons ("Kroaz du"). C'est même cette dernière qui, reproduite à l'aide de fourrures d'hermine, est à l'origine de l'hermine bretonne (bien qu'"hermine" signifie "d'Arménie"): elle devint armes de la Bretagne lorsque le seigneur de Dreux, Pierre Mauclerc, dont le blason comportait une "brisure" d'hermine, devint Duc de Bretagne (vers 1210). En 1316, le Duc Jean III change l'armoirie en retirant l'échiqueté et la bordure. La brisure d'hermine ("an erminig") devint les pleines armes du duc de Bretagne et on lui associa la devise:
    "Potius mori quam foedari", "Kentoc'h mervel eged saotret", "Plutôt la mort que la souillure".

    Le drapeau breton "Gwenn ha du"
    Il ne date que du XXiéme siècle. On le doit à l'architecte Morvan (Maurice) Marchal (1900-1963) qui le créa en 1925 en s'inspirant à la fois du Blason de Rennes et de la bannière étoilée des Etats Unis. Les 9 bandes alternées représentent les 5 évêchés de Haute Bretagne, Dol, Saint Brieux, Saint Malo, Rennes et Nantes -ce sont les bandes noires-, tandis que les bandes blanches correspondent aux 4 évêchés de Basse Bretagne (Cornouaille, Léon, Trégor et Vannes). Les 11 hermines n'ont, quant à elles, pas de signification particulière.
    Le "Kroaz-Du" (croix noire), dont les premières représentations iconographiques ne datent que du XVIème siècle fut beaucoup en usage dans la marine bretonne et souvent associé à des hermines sur de nombreux fanions, guidons et pavillons. L'Amirauté de Bretagne le modifia en entourant la croix d'un filet noir: le Kroaz-du "resarclé".
    On notera que les Cornouailles britanniques dont la langue, le cornique, était la plus proche du breton, de toutes les langues celtes, ont aussi le drapeau le plus similaire: une croix blanche sur fond noir.

    Source:www.banielou.com

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  • Local event or local adaptation of a widespread ballad?
    'La femme du Croisé' par James Tissot, 1836-1902A lady of Faouet - belonging, as stated as from the 1845 edition, to a younger branch of the ancient family Goulenn or Goulaine, named after a small river in the Nantes area- was entrusted by her husband, when he went off to crusade, to his brother-in-law.
    The latter, supposedly failing to seduce her, reduced her during 7 years to being a shepherd.
    When he returned, the crusader turned out this disloyal brother-in-law.

    In the 1867 edition, La Villemarqué is less peremptory as to his precise dating (1096) of these events he made in 1839. He quotes a remark made by Count Théodore de Puymaigre in his "Folk Poetry... of the Metz area" published in 1865. He stresses that lots of old ballads in diverse non-Breton countries are based on the same plot:
  • In Catalonia, "La noble porquera" or "The noble swine herdess" (in "Romancero Catalàn" by Milà y Fontanals).
  • In Provence: "La Pourcheireto" (in the book of M.Damase-Arbaud).
  • In the Metz area: "Germaine" ("Folk poetry" by the Count de Puymaigre).
  • In other parts of France: "Germine" ("Folk poetry of the French provinces" by M.Champfleury).

    Puymaigre's acknowledgment of La Villemarqué's work
    In the Introduction to his collection, de Puymaigre acknowledges La Villemarqué's role as a pioneer of research in the fields of folk poetry, which:
    "... found in other countries, oft among the most educated classes, patients investigators (Sir Walter Scott... Uhland... Grundtvig... Nigra...).
    [For a long time] the popular muse has pleased us, provided that she was an allien [and] we heartily welcomed Scottish ballads translated by Artaut, song of the Northern peoples and Greece translated, respectively by Marmier, and by Fauriel... The first time when our haughty literature vouchsafed to cheer at folk poetry was, when it was presented to us under the patronage of M. de la Villemarqué... It expressed itself in good and pretty French prose and its crudeness was smoothened by an elegant translation.
    In my opinion with the "Barzaz Breiz" began the interest which we now extend to rustical poetry. It was soon to enjoy the high patronage of a minister. Pursuant to a report by M. Fourtoul, a decree of the then President of the Republic [Prince Louis-Napoléon], dated 13th September 1852, ordered that the folk songs of France be collected and published. The decree was revoked [though it was prolonged by the "Instructions" given by M. Ampère in the Bulletin of the Committee of the French language, history and traditional crafts], but, nevertheless, it prompted to several individual enquiries:
    Gérard de Nerval in "Bohême galante" and "Filles du feu", relating to old songs of Ile-de-France the best known of these investigators. It would be unfair not to mention de Beaurepaire for Normandy,; de Coussemaker for French Flander; Champfleury (all French provinces); Tarbé for Champaign; Damase Arbaud for Provence and De Puymaigre for tha erea around Metz. De Penguern's collecting passion is also rooted in the Fourtoul Decree. Particulars are available on the page dedicated to this collector.

    Other Breton versions of the same ballad.
    François-Marie Luzel has collected in the area around Tréguier, another version of the same song he titled "An daou vreur", "The two brothers". It little differs from the Cornouaille ballad published by La Villemarqué. The tunes gathered by Duhamel to match these texts, which he learned them from the singing of Maryvonne Nicol at Plouguiel - and, hardly different, of Marie Poullain at Le Merze-, as well as of Maryvonne Bouillenec in Tréguier, are rather like the melody published in the Barzhaz Breizh.
    La Villemarqué himself included "The Clerk of Rohan" on nearly the same topic as in the present ballad.
    Besides, the song collection of J-M. de Penguern includes two versions (from Léon and Trégor) of a song titled "Itron ar Faouet", where the mean features of Luzel's song are found.
    A song which goes by the same title, was gathered by Abbé Guillerm at Trégunc and published in his "Chants populaires du Pays de Cornouaille" in 1905.
    Another song, also titled "The Crusader's Wife" was published in "Annales de Bretagne" in 1939, by Canon Pérennès.

  • An Daou vreur - melodies 1 (Luzel)
  • An Daou vreur - melody 2 (Luzel)
  • Itron ar Faouet - 2 versions (de Penguern)
  • Itron ar Faouet (H. Guillerm)
  • Greg ar C'hroazour (Ch. Pérennès)


  • Is it about a crusade?
    It appears that the text of La Villemarqué chiefly differs from the others lyrics by its third stanza mentioning "Red crosses" that are a hint at the First Crusade.
    However, all narratives are about a nobleman leaving for a faraway war which is to last for seven years and a Lady of Le Faouet reduced to a servile condition by her brother-in-law, though he had promised to put her up in the "spinsters' hall".
    But it is probable that stanza 3, picturing noblemen who gather in the manor's yard, each of them wearing a red cross embroidered on his cape, was inspired to La Villemarqué by Emile Souvestre who was the first to publish, in translation, this ballad in 1836. He stated in a comment that "
    it certainly belongs in the time of crusades" (see this text following the Breton original of the Crusader's Wife). We may surmise that the nearly identical stanza, which is found in the Keransquer MS as a "variant", is, in fact, a first draft for the lines to be included in the final text, so as to ascertain what was a mere conjecture!

    A puzzling detail: in the 2nd version of Penguern's "Lady of Faouët", the knight (marc'heg) who returns from war with his page, first referred to as a "den-jentil" (a noble man), becomes a merchant (marc'hadour) who handles cloth and money and we don't know if he just pretends to be a hawker.

    Besides, there is another song in Luzel's collection with a topic similar to the 2nd version of Penguern's "Lady of Faouet": the absent one's name is, here too, "Le Henaff" and it is not sure if he is the returning "marc'heger", horseman, who could be a "marc'heg", a knight, but for the pieces of cloth he carries about. In this rather confusing ballad, it is an innkeeper who made the hapless woman to look after her sheep. The poor victim has a son of seven years and it is not clear why she laments he never will see his sire, though the latter is back!
  • Ar Marc'heger hag ar Berjelenn (Luzel)

    Or about the Holland War?
    The absence during seven years does not hint at a precise historical event. Seven ("seizh") is a favourite number among Bretons. "To do one's utmost", for instance translates as , "ober e seizh gwellañ", literally "to do one's seven possible".
    More accurately, this is the view taken by Luzel.
    In his comments to the song titled by him
  • Bergeren,
    the Reverend François Cadic, in combining this hint with the statement that the husband is out in Holland, infers that this ballad alludes to the "war in Holland" which precisely lasted for seven years, from 1672 till 1679.

    There is also a remarkable relationship between this story and the legend of Penelope recounted in the Odyssey. In spite of his reputation for levity and partiality made by Le Braz, Luzel, Gourvil and others, La Villemarqué himself states that all these songs may have a common origin and refrains from deciding which of the "Neo-Celtic" and the "Neo-Latin" works are older.

    The king of Romany
    Also noteworthy is the fact that Luzel collected in two versions, fragments of a ballad featuring a king reduced to servility before he was reunited with his wife and his three children:
  • The "King of Romany"
    or the "King of Mani". This mysterious story reminds, among others, of the episode of Centaur Nessus ferrying Deianira, Hercules' bride across the river Evenus, or else the legend of Saint Ursula. Some episodes appear in almost the same form in the Saint Eustace legend.
    It is astonishing that a minor character, the "king of the Romani" is employed as the chamberlain of the Emperor of Rome in the tale "The dream of Maxen" of the "Mabinogion". Some elements of this tale are also found in the "History of the Kings of Britain" written by Geoffrey of Monmouth about 1136. The earliest MS where these tales were transcribed date back to 1225, (MS Peniarth 6) and they were not translated into English, by Lady Charlotte Guest, before 1849, so that a recent contamination of oral tradition is not likely.

    "Kroaz du" ha "Gwenn ha du"
    As the only hint at possible anteriority, La Villemarqué writes that the Red Cross was borne by all those who partook in the first Crusade (1095-1099), but that the Duke of Brittany, Alan Fergent and his Breton companions came back after 5 years (and not 7 as stated in the song). We know that for the Third Crusade, in 1188, the Pope allowed crusaders from several countries to wear cross signs of their own: red for the French, white for the English, green for the Flemings,...and, though no text mentions it, black for the Bretons (the so called "Kroaz Du"). An attempt to reproduce the same black cross with stoat fur resulted in the Breton ermine pattern (though "ermine" is derived from "Armenian rat"). This pattern became the coat of arms of Brittany, when the lord of Dreux, Peter Mauclerc, whose arms included the ermine pattern as a mark of cadency, was made Duke of Brittany, around 1210. In 1316 Duke John the Third removed from his arms the chequered pattern and the surround. The ermine brisure ("an erminig"), spread all over the escutcheon, became the coat of arms of the duchy, associated with the motto: "
    "Potius mori quam foedari", "Kentoc'h mervel eged saotret". (Rather death than stain).

    The Breton flag "Gwenn ha du"
    is a 20th century creation. It was devised by the architect Morvan (Maurice) Marchal (1900 -1963) in 1925 on the model of both the American Star Spangled banner and the arms of Rennes city. The alternate nine stripes are for the five bishoprics of Upper Brittany, Dol, Saint Brieux, Saint Malo, Rennes and Nantes (the black stripes) and the four bishoprics of Lower Brittany, Cornouaille, Léon, Trégor and Vannes (the white stripes). The eleven black ermines have no specific meaning.
    The "Kroaz-Du" (Black Cross) of which the oldest iconographic dates back to the 16th century only, remained in use with the Breton navy, often combined with ermines on diverse kinds of jacks and flags. The Admiralty of Brittany changed it in surrounding the cross with a black rim, thus creating the "rimmed Black Cross". It is noteworthy that Cornwall whose language was the Celtic idiom standing nearest to the Breton also has a very similar flag: a white cross on a black background.

    Source: www.banielou.com.

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  • Kroaz-du sur un pavillon de marine

    Kroaz-du sur un pavillon de marine




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