KLOAREG LAOUDOUR I Kloareg Laoudour a lavare D’he vammig paour, un dez a oe : — Grêt d’in, ma mamm, soubenn al lês, M’ inn d’ ’l leur-newe gant ma mestres. II Kloareg Laoudour a lavare En Kermarzinn pa arrue : — Demad ha joa bars ann ti-ma, Ma dous penheres pelec’h ’ma ? — Ema duze en traon ann ti, Kloareg Laoudour, êt da vèd-hi ; kKoareg Laoudour, êt da vèd-hi, Ha ’n han’ Doue konsolet hi. — Demad d'ac'h, ma dous penheres, Ho kalonig hag hen ’zo ês ? — Ma c’halonig a zo seder ; Hag ho hini, ma servijer ? Komerret kador, azeet, Deut ’tal ann tan hag a tommfet. — Na azeïnn, ha na domminn, Mont d’al leur-newez a fell d’inn. — ’Wit d’al leur-newe na inn ket, Rag n’ vinn ket lêzet da vonet ; Sevalier Lambol ’zo ’l leur-newe, ’Lavar fete kaout ho puhe. Kloareg Laoudour, ’vel ma klewas, He gleve noaz a zic’houinas : — Ha posubl ’ve den en ti-me Hon harsfe d’ vont d’al leur-newe ? He zad, he mamm, ’vel ma klewjont, D’ho merc’h penheres ’lavarjont : — Ma merc’h, ho proz ruz diwisket. Ha gwisket ho proz violet ; Ha gwisket ho proz violet, Ha kroget en dora ar c’hloarek, Ma lavaro holl dud ar vro : — kloareg Laoudour ’c’h a d’ar maro ! III Sevalier Lambol a lâre Bars al leur-newez, ann de-se : — Me ’wel kloareg Laoudour ’tont d’al leur-newe, Penheres Kermarzinn euz he goste ; Penheres Kermarzinn euz he goste, A gousko fenoz ganen-me ! kloareg Laoudour a lavare, El leur-newe pa arrue : — Pelec’h eman ar sonerrienn, Ma sonfont d’in un aubadenn ; Ma sonfont un danz pe ur bal, M’ inn gant ma dousig da zansal ? Sevalier Lambol ’lavaras Da gloarek Laoudour, p’hen klewas : — ’Wit da zansal na efet ket, Da c’hoari ouzinn e teufet ; Hag ar c’henta ’c’hanomp gollo, Bikenn en buhe na savo ! KIoarek Laoudour a lavaras Da sevalier Lambol, pa glewas : — P’hoc’h eûs-c’hui bet ma goulennet, N’hoc’h ket da vea refuzet ; N’hoc’h ket da vea refuzet, Penheres, ma manch d’inn chachet. Sevalier Lambol, ’vel ma klewas, ’N ur c’huitell arc’hant a c’houezas ; ’N ur c’huitell arc’hant a c’houezas, Tric’houec’h den-jentil ’em gavas. Tric’houec’h kleve noaz dic’houinet, Sevalier Lambol ann naontekvet ; Sevalier Lambol ann naontekvet, ’Wit kombatti euz ar c’hloarek, Penheres Kermarzinn a oele, Na gave den hi c’honsolje ; Ka gave den hi c’honsolje, Met he dous kloareg, hennes ’ree : — Tawet, penheres, n’oelet ket, Rag c’hui n’ho pezo drouk a-bed, Nag ho tous kloareg kenneubed : Penherezig na oelet ket. Kloareg Laoudour ’zo ur paotr mad, Da vont gant he dous d’ann ebat !.... . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . N’oa ket he c’hir peurlavaret, Sevalier Lambol hen eus lac’het; Sevalier Lambol hen eus lac’het, Ha seitek euz he gonsorted ! IV Kloareg Laoudour a lavare En Kermarzinn pa arrue : — Setu ho merc’h, iac’h ha divlamm, ’Vel pa oe ganet gant he mamm. Me ’c’h a brema d’ober ur bale, Etrezek pales ar roue ; Etrezek pales ar roue, Da c’hour asurans hon buhe. Kloareg Laoudour a lavare En lez ar roue p’arrue : — Demad, roue ha rouanes, Me a zo deut iaouank d’ho lez. — Na pez torfed a t-eûs-te grêt, ’Wit dont ken iaouank d’hor gwelet ? — Sevalier Lambol am eus lac’het, Ha seitek euz he gonsorted ; Ha seitek euz he gonsorted, ’Klask rekour enor ma fried. Pried d’inn na eo ket brema, Met ’man war ar poent da vea. — Ha gwir a-walc’h hen t-eûs lac’het, Arru ’zo lizer ’n es eneb, Ha kent ma ’z i euz al lec’h-se, Te ’gollo aze da vuhe!.... Kloareg Laoudour, d’in-me lâret, C’hui ’c’hoarife euz ma soudardet ? — Ho digaset aman er pors, Pa ve hanter-kant, na ran fors ! Kriz a galon nep na oelje, En pors ar roue ma vije, O welet ar pors o ruia Gant goad ar soudarded o skuilla. Ar roue Franz a lavare D’he bajig bihan, en de-se : — Skrivet d’ann den-ma war baper-glaz Bale hardis ewit ur gwas ; Skrivet dehan war baper-gwenn Bale hardis en peb tachenn ; Bale hardis en peb tachenn, Ken ’deuï’ ar roue d’hen goulenn ! Kanet gant Garandel e Plouaret, 1844. |
LE CLERC DE LAOUDOUR I Le clerc de Laoudour disait A sa pauvre petite mère, un jour : — Faites-moi, ma mère, de la soupe au lait, Afin que j’aille à l’aire-neuve, avec ma maitresse. II Le clerc de Laoudour disait En arrivant à Kermarzin : — Bonjour et joie dans cette maison, Ma douce héritière où est-elle ? — Elle est là-bas, au bas de la maison, Clerc de Laoudour, allez auprès d’elle ; Clerc de Laoudour, allez auprès d’elle, Et, au nom de Dieu, consolez-là. — Bonjour à vous, ma douce héritière, Votre petit cœur est-il bien aise ? — Mon petit cœur est gai ; Et le vôtre, mon serviteur ? Prenez un siège et asseyez-vous, Venez près du feu, et vous vous chaufferez. — Je ne m’assiérai, ni ne me chaufferai, Je veux aller à l’aire-neuve. — Quant à l’aire-neuve, je n’y irai pas, Car on ne me laissera pas y aller ; Le chevalier de Lampaul est à l’aire-neuve, Qui dit avoir aujourd’hui votre vie. Sitôt que le clerc de Laoudour entendit (cela). Il dégaina son épée nue : — Est-il possible qu’il y ait quelqu’un dans cette maison Qui nous empêche d’aller à l’aire-neuve ? Sa mère et son père, quand ils entendirent, Dirent à leur fille l’héritière : — Ma fille, ôtez votre jupon rouge, Et mettez votre jupon violet ; Et mettez votre jupon violet, Et prenez la main du clerc, Afin que tous les gens du pays disent : — Voilà le clerc de Laoudour qui marche à la mort ! III Le chevalier de Lampaul disait En arrivant à l’aire-neuve, ce jour-là : — Je vois le clerc de Laoudour qui vient à l’aire-neuve, Avec l’héritière de Kermarzin, à son côté ; A son côté est l’héritière de Kermarzin, Qui couchera cette nuit avec moi ! Le clerc de Laoudour disait, En arrivant à l’aire-neuve : — Où sont les sonneurs, Afin qu’ils me sonnent une aubade ; Afin qu’ils sonnent une contredanse ou un bal. Pour que j’aille danser avec ma petite douce ? Le chevalier de Lampaul répondit Au clerc de Laoudour, quand il l’entendit : ~ Vous n’irez pas danser. Vous viendrez jouter contre moi ; Et le premier de nous qui perdra, Jamais en vie il ne se relèvera ! Le clerc de Laoudour répondit Au chevalier de Lampaul, quand il l’entendit : — Puisque vous m’avez demandé (défié), Vous n’êtes pas pour être refusé ; Vous n’êtes pas pour être refusé... Héritière tirez-moi ma manche (de veste). Quand le chevalier de Lampaul entendit (cela), Il souffla dans un sifflet d’argent ; Il souffla dans un sifflet d’argent, Et dix-huit gentilhommes se trouvèrent là ; Dix-huit épées nues dégainées, Celle du chevalier de Lampaul la dix-neuvième ; Celle du chevalier de Lampaul la dix-neuvième, Pour combattre contre le clerc. L’héritière de Kermarzin pleurait, Et ne trouvait personne pour la consoler ; Elle ne trouvait personne pour la consoler. Si ce n’est son doux clerc, celui-là le faisait : — Consolez-vous, héritière, ne pleurez pas, Car vous n’aurez pas de mal, Ni davantage votre doux clerc : Petite héritière, ne pleures pas. Le clerc de Laoudour est un bon gars Pour conduire sa douce à la danse ! . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Il n’avait pas fini de parler, Qu’il tua le chevalier de Lampaul ! Qu’il tua le chevalier de Lampaul Avec dix-sept de ses consorts ! IV Le clerc de Laoudour disait, En arrivant à Kermarzin : — Voici votre fille, bien portante et sans reproche, Comme quand sa mère la mit au monde. Je vais, à présent, faire un voyage Vers le palais du roi ; Vers le palais du roi, Pour demander sûreté pour ma vie. V Le clerc de Laoudour disait, En arrivant dans le palais du roi : Bonjour, roi et reine, Je suis venu jeune à votre palais. — Quel crime as-tu donc commis, Pour venir, si jeune, nous voir ? — J’ai tué le chevalier de Lampaul, Avec dix-sept de ses consorts ; Avec dix-sept de ses consorts, En protégeant l’honneur de ma femme. Elle n’est pas encore ma femme, Mais elle est sur le point de le devenir. — Il est bien vrai que tu l’as tué, Car il m’est arrivé une lettre contre toi, Et avant de quitter ce lieu, Tu perdras la vie sur la place !... Clerc de Laoudour, dites-moi, Voudriez-vous jouter contre mes soldats ? — Faites-les venir ici dans la cour, Quand ils seraient cinquante, je ne m’en soucie ! Cruel eût été le cœur de celui qui n’eût pleuré, S’il eût été dans la cour du roi, En voyant la cour rougir Par le sang des soldats, qui coulait. Le roi de France disait A son petit page, ce jour-là : — Écrivez à cet homme sur du papier bleu (Qu’il peut) voyager hardiment comme un homme ; Ecrivez-lui sur du papier blanc (Qu’il peut voyager) hardiment en tout lieu ; (Qu’il peut voyager) hardiment en tout lieu. Jusqu’à ce que le roi vienne à l’appeler ! Chanté par Garandel, Plouaret, — 1844. |
THE CLERK OF LAOUDOUR I The Clerk of Laoudour said To his dear mother on that day: - Cook for me a milk soup. I'll go with my girl to the new threshing floor party. II The Clerk of Laoudour said On arriving at Kermarzin : - Good day and joy in this house: My dear heiress, where is she? - At yonder end of the house. Clerk of Laoudour go to her! Clerk of Laoudour go to her! And, in God's name cheer her up! - Good day to you, my dear heiress, Does your little heart feel at ease? - My little heart feels gay. How does yours, my fiancé? Take a seat and sit down Near the fire and warm up! - I won't sit down or warm up We must be off to the new floor. To the new floor I will not go. I won't be allowed to. Knight Lampaul well be at the floor Who says he will kill you today. When the Clerk of Laoudour heard it He drew his sword from its scabbard: - Could anyone possibly in here Prevent us from going to the floor? - - Her father and mather on hearing it Told their daughter, the heiress: - Girl, instead of your red petticoat, Put on your purple one. Put on your purple one And take the clerk by the hand So that all folks around may say: - Here is the Clerk of Laoudour marching to death! - III Knight Lampaul said On that day, on arriving at the new threshing floor. - I see the Clerk of Laoudour coming With the heiress of Kermarzin by his side. By his side the heiress of Kermarzin Who is to sleep with me tonight. - The Clerk of Laoudour said On arriving at the threshing floor: - Where are the pipers? They are to play a dawn serenade, Or a country dance or a court dance, So that I may dance with my sweetheart. Knight Lampaul answered The Clerk of Laoudour when he heard him: - Your are not here to dance But to wrestle with me. And the first of us who loses Never shall rise again alive! - The clerk of Laoudour answered When he heard him say so: - Since you are challenging me You won't allow me to refuse. You won't allow me to refuse. Heiress help me off with my doublet. - When Knight Lampaul heard as much, He blew a silver whistle, He blew a silver whistle, And eighteen noblemen appeared. Eighteen unsheathed swords, Lampaul's sword was the nineteenth, Lampaul's sword was the nineteenth To fight against the clerk. The heiress of Kermarzin did cry And no one thought of consoling her, And no one thought of consoling her But her darling clerk who did. - Be quiet, heiress dear, do not cry. You shall suffer no harm Nor shall your dear clerk. Beloved heiress, don't cry! The clerk of Laoudour is good At dancing with his lady-love. ......... He had not finished his speech When he had stabbed Knight Lampaul, When he had stabbed Knight Lampaul, And seventeen of his confederates! IV The clerk of Laoudour said On arriving at Kermarzin mansion: - Your daughter is back in good health and unharmed, Like when her mother brought her into the world. I am now leaving for a trip To the palace of the king; To the palace of the king Whom I'll ask to spare my life. V The clerk of Louadour did say When he arrived at the king's court: - Good day to you, King and Queen Though I am young, I've come to your palace. - What crime did you commit, Who are so young, that compels you to come? - I have slain Knight Lampaul With eighteen of his peers; With eighteen of his peers, To protect the honour of my wife. She is not yet But is about to be my wife. - You said it: you did slay him. So I read in this letter against you. Before you leave from here You shall have stopped living. Clerk Laoudour, tell me, Would you like to fight against my soldiers? - Make them come together here in this yard. If there are fifty of them, I don't care! - Cruel-hearted would have been whoever Had been in the King's yard And had not cried, seing it filled With the running blood of the soldiers. The King of France told His little page, on that day: - Write on a blue paper that this man May travel the kingdom as a free man. Write on a white paper That he may travel freely everywhere, That he may travel freely everywhere, As long as his King doesn't require him. Sung by Garandel, at Plouaret, 1844. |