Le Marquis de Guérand

The Marquess of Guérand

Dialecte de Léon

  • Première publication dans la première édition du Barzhaz de 1839 (tome II).
  • le chant est connu sous plusieurs titres dont:
    . Le "Marquis Coarant" chanté par Marie Koateffer (1752-1842), âgée de 83 ans, de Loqueffret en Haute Cornouaille, en juillet 1835, selon indication p.45 du 1er cahier de Keransquer. C'est même la plus ancienne date notée dans ce document. C'est à cette même informatrice que l'on doit le chant III de Lez-Breizh, "Le chevalier du Roi". F. Gourvil a retrouvé sa trace: Marie Goadeffen, épouse Tanguy est décédée le 29 avril 1842 à l'âge de 90 ans.
    . et "le Marquis de Guérand" chanté par Marie Le Bris, épouse Marrec, (1769 - 1847) de Loge Daye en Nizon selon les "Tables A et B". C'est l'épouse du malheureux Jean Marrec, dont la gwerz "Une bonne leçon" relate la triste fin.
    La table B lui attribue encore:
    - Le petit mousse, une version du fameux "petit navire" où le sort tombe sur le capitaine (page 7 du manuscrit de Keransquer);
    - et "L'Héritière de Kéroulas" que la table A affirme pourtant avoir été chanté par Marie-Jeanne Gamm ("la boiteuse") du Kergoz en Nizon.
  • Figure dans le 1er manuscrit de Keransquer sous 3 titres:
    . "Marquis Coarant" (p. 45),
    . "Cloarek an Amour" (version 1, Priedik Calvé: pp. 52-54 et version 2, Annaïk Calvé: pp 95-96),
    ; . "Cloarek al Laoudour" (pp. 82 et 77-80)
  • Collecté de nombreuses fois:
    - Sous forme manuscrite:
    . par De Penguern t. 92, 18: "Cloarec Lambol" (recueilli par Madame de Saint-Prix); t. 111, 273: "Cloarec Lambol"
    . par Lédan, II : "Cloarec al Laoudour" (identique à celui du MS de Keransquer et publié par Souvestre dans les "Derniers Bretons", édition 1836, tome II) et
    . G. Lédan (Bibliothèque de Morlaix): "Cloarec bihan Paul", t. VIII, p.123
    - Publié dans des recueils:
    . par F. Luzel, dans "Gwerzioù 2": "Kloarek Laoudour" (Plouaret, 1844); "Kloarek An Amour (pp. 466-471, Plouaret, 1854); "Kloarek Lambaul" (pp. 472-477, Pluzunet, 1869); "Kloarek Lambol" (pp. 478-483, Plouaret, 1849); "Jannet Derrien" (Plouaret,1849).
    . Par H. Guillerm "dans ses "Chants...de Cornouaille": "Gwerz ar c'hloarek yaouank" (Plozévet); et dans ses "Mélodies ...de la campagne": "Annaïk Calvé" (Gouézec, 1904).
    . Par Bourgeois dans "Kanaouennoù Pobl": "Gwerz Markis Trezegidi" (Châteaulin, 1889).
    - Publié dans des périodiques:
    . par G. Lejean, "Le marquis de Guérand; Notice sur Plouégat-Guerrand" dans l'"Echo de Morlaix", 1846 (trad. seule).
    . Par Ollivier dans la "Revue de Bretagne et de Vendée", 1903, 1: "Kloareg ar C'hlaouder (Plouguernével). Egalement dans "les Annales de Bretagne", XLVI, 1939.
    . Par F. Cadic, dans "La Paroisse bretonne de Paris", nov. 1906: "Markis Milan" (Noyal-Pontivy).
    . Par G. Milin dans "Gwerin", 1: "Kloarek Lambaul" (Tréguier), ainsi que dans le "Bulletin de la Société académique de Brest", IV, 1864-1865, p. 98-104.
    . Par le chanoine H. Pérennès: "Kloarek Ar C'hlaouder" dans "Les Annales de Bretagne", volume 46 3-4, pages 271 à 285, en 1939.
  • Eglise de Plouegat-Guérand

  • First published in the 1839 first edition of the Barzhaz (book II).
  • The same song goes by several titles:
    . as "Marquis Coarant", it was sung by Marie Koateffer (1752 -1842), 83 years old in July 1835, from Loqueffret in Upper Cornouaille, as stated on p.45 of the first Keransquer copybook. This is the earliest date set forth in this document. This informant also provided La Villemarqué with song III of Lez-Breizh, "The King's Knight". F. Gourvil found additional information: Marie Goadeffen, wife of Tanguy died on 29th April 1842, aged 90.
    . as "Marquis de Guérand", it was sung by Marie Le Bris, wife of Marrec, (1769 - 1847), from Loge Daye near Nizon, according to "Tables A and B". She is the wife of the unfortunate Jean Marrec whose wretched death is recounted in the gwerz "A good Lesson".
    Table B also attributes to Marie Le Bris:
    - The little ship's boy, a version of a popular shantee in which the captain is chosen by fate to be eaten by the hungry crew (page 7 of Keransquer MS);
    - and "The heiress of Kéroulas", a lament which, according to Table A, had been sung by Marie-Jeanne Gamm ("Limping Mary") from Kergoz near Nizon.
  • Is to be found in the first Keransquer MS under three titles:
    . "Marquis Coarant" (p. 45),
    . "Cloarek an Amour" (version 1, Priedik Calvé: pp. 52-54 and version 2, Annaïk Calvé: pp 95-96),
    . "Cloarek al Laoudour" (pp. 82 et 77-80)
  • Often collected:
    - In handwritten form:
    . by De Penguern t. 92, 18: "Cloarec Lambol" (contributed by Madame de Saint-Prix); t. 111, 273: "Cloarec Lambol"
    . by Lédan, II : "Cloarec al Laoudour" (identical with the Keransquer MS homonymous song, and published by Souvestre in "The last Bretons", 1836 edition, book II) and
    . G. Lédan VIII, p.123 (Morlaix town library): "Cloarec bihan Paul"
    - Published in printed collections:
    . by Luzel, in his "Gwerzioù 2": "Kloarek Laoudour" (Plouaret, 1844); "Kloarek An Amour (Plouaret, 1854); "Kloarek Lambaul" (Pluzunet, 1869); "Kloarek Lambol" (Plouaret, 1849); "Jannet Derrien" (Plouaret,1849).
    . by H. Guillerm in his "Chants...de Cornouaille": "Gwerz ar c'hloarek yaouank" (Plozévet); and in his "Mélodies ...de la campagne": "Annaïk Calvé" (Gouézec, 1904).
    . by Bourgeois in "Kanaouennoù Pobl": "Gwerz Markis Trezegidi" (Châteaulin, 1889).
    - Published in periodicals:
    .By G. Lejean, "Le marquis de Guérand; Notice sur Plouégat-Guerrand" in l'"Echo de Morlaix", 1846 (in French translation only).
    . by Ollivier in "Revue de Bretagne et de Vendée", 1903, 1: "Kloareg ar C'hlaouder (Plouguernével).
    Also in "Annales de Bretagne" XLVI, 1939.
    . by F. Cadic, in "La Paroisse bretonne de Paris", nov. 1906: "Markis Milan" (Noyal-Pontivy).
    . by G. Milin in "Gwerin", 1: "Kloarek Lambaul" (Tréguier), as well as in "Bulletin de la Société académique de Brest", IV, 1864-1865, p. 98-104.
    . by Canon H. Pérennès: "Kloarek Ar C'hlaouder" in "Les Annales de Bretagne", release 46 3-4, pages 271 to 285, in 1939.


  • Ton
    (Dans le Barzhaz: même mélodie que Baron Jaouioz)

    Ton
    ("Gwerz Markiz Trezegidi" recueillie par le Colonel Bourgeois à Châteaulin en 1889)
    (Fond sonore de la page, arrangement CH. Souchon, 2012)


    Français English
    I
    1. A tous, bonjour et joie dans ce logis;
    Mon Annaik, est-elle ici?

    2. - Elle est au lit et dort à poings fermés;
    Gardez-vous bien de la réveiller!

    3. Elle est au lit et dort profondément;
    Ne l'éveillez pas à présent.-

    4. Le clerc de Garlan s'élance aussitôt
    Vers l'escalier et il monte en haut,

    5. Monte lestement l'escalier et puis
    Va s'asseoir sur le banc du lit.

    6. - Il faut se lever, Annaïk Kalvez,
    A l'Aire-Neuve il nous faut aller!

    7. - A l'Aire-Neuve, non, je n'irai point,
    J'ai peur d'un certain malandrin;

    8. Le plus méchant gentilhomme qui soit,
    Et partout il s'attache à mes pas.

    9. Quand il y aurait là-bas cent messieurs,
    Nous irons danser tout comme eux.

    10. - Quand bien même ces messieurs seraient cent,
    Ils ne te feraient rien, pour autant.

    11. A l'Aire-Neuve, Annaïk, nous irons
    Comme eux nous danserons en rond. -

    12. Sa belle robe de laine elle a mis,
    Et elle a suivi son doux ami.

    II
    13. Or le marquis de Guérand demandait
    Ce même jour, à l'hôtelier :

    14. - Hôtelier, hôtelier, dites, mon cher,
    N'auriez-vous donc pas vu certain clerc?

    15. - Seigneur marquis, vous voudrez m'excusez:
    Je ne sais à qui vous pensez.

    16. - Vous excuser! Ca non, certainement!
    Je vous parle du clerc de Garlan!

    17. - Il est pour la journée parti là-bas,
    Une jolie fille à son bras;

    18. A l'Aire-Neuve, ils sont allés tout droit!
    Joyeux et gentil couple, ma foi!

    19. Sa toque arbore une plume de paon
    A son col une chaîne pend;

    20. Et cette chaîne qui pend à son cou
    Va sûrement faire des jaloux.

    21. Elle porte un petit corset brodé
    De velours et d'argent orné.

    22. Celui qu'à ses noces elle mettra:
    C'est qu'ils se sont fiancés, je crois. -

    III
    23. Et le marquis de Guérand, hors de lui
    Sur son cheval rouge bondit,

    24. Et le voilà qui se rend aussitôt
    A l'Aire-Neuve au triple galop.

    25. - Ces gages à gagner tombent à point!
    Clerc, viens donc, mets bas ton pourpoint.

    26. Mets bas ton pourpoint, avec toi je veux
    Donner un croc-en-jambe ou bien deux.

    27. - Sauf votre grâce, je n'en ferai rien,
    Car vous êtes noble, moi point;

    28. Vous le fils de Madame de Guérand,
    Moi le fils d'un simple paysan.

    29. - Un paysan moins à plaindre que moi,
    Et qui des belles as le choix!

    30. - Seigneur marquis, soit dit sans vous vexer,
    Ce choix, ce n'est pas moi qui l'ai fait.

    31. Marquis de Guérand, celà saute aux yeux:
    Elle me fut accordée par Dieu. -

    32. Annaïk de tous ses membres tremblait,
    Les entendant ainsi parler:

    33. - Tais-toi, mon ami! Partons! Il est temps;
    On souffre à fréquenter les méchants. -

    34. - Avant de partir, le clerc, réponds-moi:
    Combats-tu à l'épée parfois?

    35. - Jamais je n'ai porté d'épée, ça non,
    Mais je m'entends à jouer du bâton.

    36. - En jouerais-tu contre moi, terrible homme?
    Voilà qui tombe à point, en somme!

    37. - Seigneur gentilhomme, hélas, mon bâton
    Ne vaut contre votre espadon.

    38. Seigneur, je n'en ferai rien, votre épée
    Pourrait sinon en être souillée.

    39. - Si je salis mon épée, promptement
    Pour la nettoyer j'aurai ton sang! -

    40. Annaïk, voyant à flots s'écouler
    Le sang de son clerc terrassé,

    41. Annaïk, en grand émoi, s'élança
    Et aux cheveux du marquis sauta,

    42. Aux cheveux du marquis elle sauta,
    Par l'Aire-Neuve le traîna.

    43. - Mon clerc! Tu l'as tué, traître de marquis,
    Vas-t-en donc! Vas-t-en donc, loin d'ici! -

    IV
    44. Annaïk à la maison retournait,
    De larmes ses yeux débordaient.

    45. - Ma bonne mère, si vous m'en croyez,
    Vous me ferez un lit bien douillet;

    46. Ma mère vous ferez mon lit bien doux,
    Mon cœur ne va pas bien du tout.

    47. - Ma fille, vous avez bien trop dansé,
    Et votre cœur en est oppressé.

    48. - Non, ma mère, trop dansé je n'ai point:
    Le marquis est un assassin!

    49. Oui, ce traître de marquis de Guérand
    A tué mon clerc, présentement!

    50. Au fossoyeur qui doit l'ensevelir,
    Dites, lorsque vous le verrez venir:

    51. «De terre dans sa fosse ne mets pas,
    Sous peu ma fille l'y suivra.»

    52. N'ayant point dormi dans le même lit,
    La tombe les a réunis;

    53. Plutôt qu'ici-bas, ne vaut-il pas mieux
    Qu'ils soient unis au ciel devant Dieu?-

    Traduction Chr. Souchon (c) 2012
    I
    1. Bliss and joy to all! Is my fair
    Annaïk at home? Is she there?

    2. - She is in bed, having a rest:
    Don't wake her! You stay here at best!

    3. Now she is asleep in her bed,
    Wait till she awakes, as I said.-

    4. The clerk of Garlan didn't care,
    And immediately went upstairs.

    5. Quick and briskly upstairs he went,
    To the closed bed where she was pent.

    6. - Get up quickly, Annaïk Calvé,
    There's a new threshing floor today!

    7. -I don't want to go to that fair.
    For a bad rascal will be there.

    8. The worst nobleman that I know;
    Pesters me wherever I go.

    9. - Were there a hundred like that lord,
    To harm you no one could afford!

    10. A hundred of them though there were,
    We'd go to the threshing floor fair!

    11. To the threshing floor we'll go, too,
    We shall dance, the same as they do!-

    12. Now she put on her woolen dress,
    And went to the feast, nonetheless.

    II
    13. Marquess of Guérand was asking
    The innkeeper, in the morning:

    14. - Pray, innkeeper, would you tell me
    Where is the clerk whom I don't see?

    15. - Excuse me, Lord! Which do you mean?
    I know of them a least sixteen.

    16. - Your insolence I won't endure:
    The clerk of Garlan, to be sure!

    17. - He is on his way down there,
    With him a girl who's pretty fair.

    18. They go to the new threshing floor;
    A pretty couple, furthermore!

    19. A peacock pen is on his hat
    And round his neck a chain at that;

    20. Around his neck he wears this chain
    And down his breast, to make it plain.

    21. A small velvet bodice she wears,
    Though she does not give herself airs,

    22. A wedding bodice. To be brief:
    They are engaged, to my belief. -

    III
    23. The marquess who was full of wrath
    On his red horse rode down the path;

    24. Now, where did he guide his red horse?
    To the new threshing floor, of course!

    25. - Clerk, quickly, take off your doublet,
    We will wrestle for the forfeit!

    26. Clerk, quickly your doublet take off,
    We'll wrestle or at you they'll scoff!

    27. - That's a thing I cannot afford:
    I'm a peasant. You are a lord;

    28. To Lady Guérand you are son,
    I'm a peasant and a poor one.

    29. - Although you are but a peasant,
    You choose the finest girls at present!

    30. - Lord Marquess, in this we differ:
    I was not the one who chose her.

    31. Marquess: To me, I must gainsay,
    God gave her. T'was the other way! -

    32. Annaik Calvé began to quake,
    At this violent outbreak:

    33. - Be quiet, my friend and let us go;
    He will cause us but pain and woe. -

    34. - Before you leave, though you're no lord,
    Do you know how to wield a sword?

    35. - Never did I hold a sword, but
    I can wield a stick. I've got guts!

    36. - Now, what about a fight with me?
    You're said a fearsome man to be!

    37. - Lord nobleman, where is the catch?
    For a sword a stick is no match!

    38. I'll do, Lord, nothing of the like,
    You would spoil your sword at each strike .

    39. - If it's spoiled, leave this care to me!
    A good cleanser your blood will be!-

    40. Annaik saw her friend's blood flow,
    She saw it flow at the first blow.

    41. She flew at his throat in a flare
    Up of wrath, grasped him by the hair,

    42. She attacked him like a tiger,
    Dragged him on the floor all over.

    43. - Be off! You have finished your work:
    You have murdered my darling clerk! -

    IV
    44. Annaik Calvé, now home she roams,
    With her eyes full of tears she comes.

    45. - My dear mother, if you love me,
    You will prepare my bed quickly;

    46. You'll prepare for me a soft bed,
    My heart is full of pain and dread.

    47. - You've been dancing too much, daughter;
    That's with your heart all the matter.

    48. - I did not dance too much, doubtless:
    My clerk was killed by the marquess!

    49. The traitorous Marquess Guérand
    Has killed my clerk with his own hand!

    50. You shall say to the gravedigger,
    When he comes to take him over:

    51. « The grave you'll dig, please, don't fill in,
    Soon shall my daughter follow him. »

    52. Short of sleeping in the same bed,
    We shall have the same grave, instead.

    53. We were not married here below,
    But before God we shall wed though! -

    Translated by Ch. Souchon (c) 2012


    Brezhoneg

    Cliquer ici pour lire les textes bretons (versions imprimée et manuscrite).
    For Breton texts (printed and ms), click here.


    Résumé
    Vers 1670 le jeune Marquis de Guérand, seigneur de Locmaria, tue lors d'une aire-neuve, un clerc dont il convoite la fiancée, Annaik Calvez.

    Une multitude de versions
  • Une indication portée page 45 du premier carnet de Keransquer "Chanté par Marie Coateffer, âgée de 83 ans" permet de déterminer le lieu et la date de la collecte du chant "Markis Coarant" qui, avec les deux versions du chant "Cloarek an Amour" qu'on y trouve également (chanté, selon les "tables" par Marie Le Bris, de Nizon), a fourni la matière première du "Marquis de Guérand. On sait par ailleurs que cette informatrice dont il tient également le chant III de "Lez-Breizh", habitait Loqueffret en Haute-Cornouaille, région que le jeune Barde prospecta en 1835.
  • En consultant le tableau en bas de page, on remarque que, dans une version assez différente, "Cloarek Al Laodour", que La Villemarqué n'a pas utilisée bien qu'il l'ait notée soigneusement, le méchant marquis a pour complices des nobles de "Lanbaol", nom qui traduit généralement celui de la ville de "Lamballe", et que dans la 2ème version du "Cloarek An Amour" la chanteuse confond le jeune clerc avec l'héroïne du "Page de Louis XIII", la Dame de Bodigneau.
  • Une ballade vannetaise assez proche de celle du Barzhaz, Le marquis Milan, a été publiée par L'Abbé F. Cadic en novembre 1906: le clerc Lamour terrasse le gentilhomme à l'aide de son "penn-bazh" et ce dernier, pour se venger, lui tend un piège et l'assassine. La jeune fille meurt aussitôt après et est enterrée dans la même tombe que son fiancé.
  • Une autre version emblématique des exploits du clerc a été publiée en 1939 par le chanoine Pérennès sous le titre Kloarek ar C'hlaouder. Elle se prolonge par un deuxième chant qui raconte comment ce personnage est sauvé de l'échafaud par la fille du sénéchal, ce qui en fait une sorte de héros de bande dessinée.
  • "Guillaume Calvez" est un récit assez différent des précédents dont on trouve la forme la plus épurée chez de Penguern (Manuscrit N°91, page 289 de l'éditon "Dastum"). La Villemarqué en avait noté l'essentiel dans le premier carnet de Keransquer, pp. 191-192. Alfred Bourgeois et François-Marie Luzel en ont donné des versions dont l'une est contaminée par la gwerz du Maure du Roi (de Lez-Breizh- Les Aubrays), et l'autre souffre de longues redites.
    Par crainte d'un seigneur, quatre dames se font accompagner au pardon du Folgoët ou de Saint Anne par Guiilaume Calvet armé de son gourdin. Le seigneur aperçoit depuis le lac du nouveau moulin seigneurial ces quatre femmes qu'il estime placées sous sa "juridiction". Malgré le conseil d'un confident qui connait la réputation martiale de Calvez, il s'approche et lui réclame son "dû": il ne touchera pas à son épouse, s'il lui laisse sa voisine. Ayant essuyé l'inévitable refus, il appelle à la rescousse dix-huit autres gentilhommes. Le penn-bazh a raison des dix-neuf épées nues. Pour rassurer les dames éplorées qui s'inquiètent des suites de ce massacre, Guillaume va trouver le roi qui, incrédule, lui demande de renouveler son exploit contre quarante soldats. Ce qui est aussitôt fait. Le roi remet au champion un sauf-conduit qui lui permet de rentrer au pays sans craindre d'être appréhendé. Le nom du seigneur libertin est donné dans deux de ces versions: "Pan" et "ar Bank". Il ne fait guère de doute qu'il s'agit du même personnage que dans le chant du Barzhaz: le seigneur du Parc de Locmaria, marquis de Guérand.
  • A ces différentes versions d'une même gwerz, il conviendrait d'ajouter le chant intitulé par Luzel "Anna Ar Gardien" (Anne Le Gardien, "Gwerzioù", tome II, p. 448: il en propose une version principale et une variante).
    C'est sur ce chant que s'ouvre le premier carnet de Keransquer où il occupe les pages 1 à 4. Il commence par les mots:

    "Gardien gous a lavare
    troch hi vara d hé vugale"
    ("le vieux Le Gardien disait,
    en coupant du pain à ses enfants"),

    une phrase que les admirateurs de Kervarker devraient donc prononcer avec la même déférence que celle qu'on accorde au
    "Longtemps je me suis couché de bonne heure" de Proust (!).
    Comme dans les versions "(G)Loadour", c'est le noble, ainsi que ses acolytes, au nombre symbolique de 18, qui est tué. Le coupable est convoqué devant le roi (sans doute un emprunt à la gwerz de La Fontenelle) et grâcié. La même histoire, donc, sauf que le coupable est une coupable, Anne Le Gardien (est-ce un avatar de "Guérand"?), qui avait caché un redoutable "penn-bazh" (bâton ferré) dans ses vêtements. Pour faire bonne mesure, elle casse le bras de son frère de lait qui n'est autre que le page du dangereux marquis.

    Du Marquis Coarant au Marquis de Guérand
    Il est clair que le jeune La Villemarqué disposait d'autres informations. Dès l'édition de 1839, il indique dans l'argument et dans les notes,
  • qu'il s'agit de Louis-François de Guérand, fils de Claude de Névet et de Jean du Parc, seigneur de Locmaria, Marquis de Guérand, dont le père un fameux homme de guerre était mort en 1670. Il était si violent que "lorsqu'il sortait, [sa mère] courait elle-même sonner la cloche du château pour donner l'alarme au canton".
  • Que c'est lui dont parle Madame de Sévigné, lorsqu'elle loue les talents de M. de Locmaria qui dansa devant Louis XIV, un de "ces passe-pieds bas-bretons, au prix desquels les violons et passe-pieds de la cour faisaient mal au cœur". (M. J.M. Guilcher pense que la danse dont il s'agit doit être l'ancêtre du "trihori").
  • Que c'est "un paysan nommé Tugdual Salaün de la paroisse de Ploubezre [4 km au sud de Lannion] qui assistait à la fatale aire-neuve [et qui] composa, dit-on, la chanson". La précision, "dit-on", disparaît dans l'édition de 1845 et les suivantes.
  • Que "la chanson passa de Tréguier en Cornouaille, puis de Cornouaille en Léon, dont [il a] suivi le dialecte." (à partir de l'édition de 1845).
  • Que le jeune clerc ne fut pas tué sur le coup car le marquis ne fut condamné qu'à une amende. Mais sa mère, Claude de Nevet, fit à la mère du clerc une pension annuelle et prit chez elle son second enfant.
  • A partir de l'édition 1846, que le marquis se refit une vertu sur ses vieux jours en fondant un hôpital pour les pauvres de la paroisse (de Plouégat-Guérand, à 15 km à l'est de Morlaix), "Et que le Marquis de Guérand [y venait] prier Dieu de lui pardonner sa jeunesse" (On verra plus loin que ce généreux donateur était en réalité son père, Vincent).
  • Enfin, à partir de l'édition de 1867, qu'il existe une autre ballade, "Marv Markiz Gwerand" (La mort du Marquis de Guérand), publiée par Gabriel Milin dans le "Bulletin de la Société académique de Brest", en 1865, au sujet dudit hôpital. Ce chant a été publié par Luzel en 1874 dans ses "Gwerzioù", tome II, sous le titre "La Marquise de Guerrande."

    Du clerc de Garlan au clerc Laudouer
  • Le nom de Garlan par lequel le Barzhaz désigne le clerc est celui d'une commune située entre Morlaix et Plouégat-Guérand. Le nom de cette dernière paroisse a subi de multiples mutations depuis 1330: "Gallon", "Kergoallon", "Goualon" et enfin "Guérand" ou "Gerrand", depuis 1661.
  • Le manuscrit donne au clerc d'autres noms: "Lambaul" (parfois appliqué, on l'a vu, aux complices du marquis) ou "Bihan Paul"; "An Amour"; "Ar Gloadour" et "Laodour", proches des formes "Laoudour" et "Lammour" notées par Luzel et Bourgeois. On a découvert récemment dans les Archives départementales de Loire-Alantique que dans la paroisse de Plouégat-Guérand un convenant (bail) était tenu par un certain Guillaume Laudouer en 1609 et par ses enfants en 1629.
  • Le nom de la jeune fille qui revient le plus souvent est (Le) Calvez que plusieurs chants prénomment Anne, d'autres Fiacre ("Fiek" qui est sans doute à l'origine du curieux "Priedik" ("petite épouse) de la gwerz "Clerc An Amour 1"), ou encore "Gaïdik", Marguerite. Ici encore, les registres d'état civil ou en tenant lieu corroborent ce que disent les gwerzioù: il y avait en 1693 à Traonvoas, en Plouégat une Anne Calvez, veuve avec 3 enfants.
  • Enfin, Luzel nous apprend le nom de la ferme où fut donné le bal tragique: "Kerhallon" en Plouégat-Guérand où il y a "une ferme appelée 'Leur ar C'hloarek', 'l'aire du clerc', que la tradition indique comme le théâtre de cette sanglante tragédie" (Le clerc de Lampaul, 2ème version, "Gwerzioù" 2, p.483).

    Ni Louis-François, ni Charles-Marie-Gabriel
    Une fois n'est pas coutume: La Villemarqué semble avoir rajeuni les événements auxquels se rapporte cette gwerz, en attribuant au fils, Louis-François du Parc de Locmaria, les méfaits du père, Vincent!
    C'est ce que l'historien Louis Le Guennec (1878 -1935) a montré, dans un article consacré à "La légende du marquis de Guerrand et la famille Du Parc de Locmaria", paru dans le "Bulletin de la Société archéologique du Finistère", en 1928, p. 15-35.
  • C'est l'explorateur de l'Abyssinie , Guillaume Lejean, qui, le premier, dans sa "Notice sur Ploégat-Guérand" parue en 1846, récusa l'interprétation de La Villemarqué et proposa de voir dans ce sauvage marquis, Charles-Marie-Gabriel du Parc de Locmaria (1736 - 1770). Il en fit le fils de ce Louis-François dont Mme de Sévigné vantait, en 1671, les talents de danseur. En réalité, il n'était que son arrière-neveu, dernier rejeton d'une branche cadette.
    Luzel, au détour d'une note de bas de page, et après avoir suggéré un rapprochement saugrenu entre le Clerc "An Armour" et l'épouse de Robert Burns, Jane Armour, adopte lui aussi cette opinion erronée. A propos du chant qu'il intitule "La Marquise de Guérande" (Markizes Guerrand), il indique (p.489):
    "Les quatre pièces qui précèdent se rapportent à Charles-Marie-Gabriel Du Parc de Locmaria."
    Or, ce personnage hérita à l'âge de 9 ans de la fortune de son cousin au 6ème degré, le marquis Jean-Marie-François de Locmaria et Guérand, (le vrai fils du danseur), mais n'habita guère ses domaines de Bretagne. Il ne revint au château de Guérand que pour y mourir le 29 décembre 1769.
  • Quant à Louis-François du Parc (1647 - 1709), le danseur de passe-pied, il fut envoyé de bonne heure à l'Académie de Paris dont il sortait, âgé de 24 ans, en 1671 lorsque Mme de Sévigné le vit aux fêtes de Rennes et de Vitré.
    Trois ans plus tard, il entamait une brillante carrière militaire qui lui valut d'être nommé maréchal de France pour la part qu'il avait prise à la victoire de Spire (1703). Ayant quitté le service en 1704, il se maria sur le tard en 1707 et eut un fils, Jean-Marie-François, né en 1708, dont il a déjà été question. Il mourut alors qu'il était aux eaux de Bourbonne en septembre 1709.
    Il est difficile de voir dans ce brillant et courageux personnage le farouche "Markiz brunn", marquis rouge, qui perpétra nombre de meurtres, rapts et violences et exactions de toute espèce, jusqu'à ce que la mort l'incite à une hâtive conversion. Plusieurs gwerzioù furent composées sur le trépas et le curieux testament du marquis, qui toutes précisent qu'il est mort au château de Guérand, peu de temps après avoir revu sa femme, qu'il avait fait convoquer à Guingamp. Il ne peut donc s'agir de Louis-François, décédé à Bourbonne.

    Vincent du Parc, premier Marquis de Guérand
    En revanche, son père, Vincent (1607 - 1669),
  • vivait à une époque où l'on avait encore en mémoire la barbarie et les exactions engendrées par les désordres de la Ligue. Elles fournissent la matière de gwerzioù telles que "Le Page de Louis XIII" qui relate l'histoire du Comte des Chapelles, lequel avait secondé en duel son cousin Montmorency-Bouteville; "Les Aubrays", métamorphosé par La Villemarqué en "Lez-Breizh" qui chante les exploits de Jean de Lannion; et, plus encore "La Fontenelle" qui raconte les rapts et les massacres perpétrés par ce personnage. Le propre père de Vincent, Louis du Parc, avait tué (en duel?) son propre beau-frère. Vincent, né vers 1607, fut orphelin de père et de mère alors qu'il n'avait à peine vingt ans, ce qui lui permettait de se livrer aux désordres et aux crimes flétris par les chants populaires. Cette période fut sans doute assez courte, car il embrassa bientôt la carrière militaire au service du cardinal de Richelieu et se distingua par son courage. En 1637, Louis XIII fit de la terre de Guérand un marquisat. Le nouveau marquis épousa vers 1645 Claude de Névet. Il devint maréchal de camp, gouverneur de Concarneau en 1643, et présida la noblesse aux Etats de Bretagne de 1653.
  • Il passa les dernières années de sa vie au château de Guérand qu'il fit restaurer. Il mourut à Guérand en juillet 1669,
  • ordonnant par son testament qu'une rente de 700 livres soit affectée à la création et à l'entretien d'un hôpital pour dix ou douze pauvres, au bourg de Plouégat. Le fait qu'une gwerz, "Le testament du Marquis" reprend exactement ces détails:
    "Avec le reste de l'argent, Un hôpital sera construit à Guérand, Pour loger douze pauvres, D'aujourd'hui jusqu'à toujours..."
    semble établir de façon incontestable l'identité du défunt.
  • D'autant que celui-ci était effectivement séparé de sa femme, qui vivait à Guingamp, comme on l'a dit.
    L'hôpital fonctionnait dès 1673 et hébergea douze pauvres jusqu'à la révolution qui le ferma et le vendit.
    Seul point faible de cette démonstration: les archives criminelles de la juridiction locale (Morlaix-Lanmeur) et les registres des paroisses de la région ne comportent aucune trace de la tragique aire-neuve.

    Les trois types de gwerzioù
    Les chants populaires composées sur le "Marquis rouge" tournent autour de trois sujets:
  • Récit de la fatale aire-neuve de Kerhallon qui coûta la vie au clerc (les pièces déjà citées),
  • Le testament réparateur de l'assassin juste avant sa mort ( G. Milin, Luzel, déjà cités et E. Souvestre, "Gwerz du marquis de Guérand", en français dans "Le Finistère en 1836", publié en 1838; A. Le Braz "Testamant ar Markiz" dans "Les Saints Bretons d'après la tradition populaire" publié dans les "Annales de Bretagne" t.13, 1897-1898).
  • Les ruses utilisées par le riche seigneur pour faire de faciles conquêtes parmi les filles pauvres du voisinage (F.Luzel et A. Le Braz, "Fantik Bourdel" dans "Sonioù Breiz-Izel", 1890, t. 1; "Canaouen goz" dans les manuscrits Lédan, t. II, un dialogue entre le marquis de Locmaria et une bergère qu'il s'efforce en vain de séduire en lui offrant des coiffes en toile de Monbleu(?)
  • Résumé
    Towards 1670 young Marquess Guérand, Lord of Locmaria, kills on a new threshing floor festival, a clerk whose fiancée, Annaik Calvez, he covets.

    A multitude of versions
  • We read on page 45 of the first Keransquer MS, that the song titled "Markiz Coarant" (which, along with the two versions of "Cloarek An Amour" sung by Marie Le Bris from Nizon, as stated in the "Tables", provided most of the materials for the Barzhaz ballad), was "Sung by Marie Coateffer, aged 83". This enables the inference that it was collected at Loqueffret in Upper Cornouaille, an area that the young bard investigated ca 1835 . There he learnt from the singing of the same informant the third song of "Lez-Breizh".
  • When examining the table below, we remark that in a rather different version, "Cloarek Al Laodour" which La Villemarqué ignored, though he had noted it carefully, the bad marquess has confederates, the "Lanbaol" noblemen. This name usually refers to the town "Lamballe". Besides in the second "Cloarek An Amour" version, the singer confuses the young clerk and the female hero of The Page of Louis XIII, the Lady of Bodinio.
  • A Vannes dialect ballad rather similar to the Barzhaz song, Marquess Milan, was published by the Rev. F. Cadic in November 1906: Clerk Lamour floors the gentleman by means of his "penn-bazh" and the latter, to avenge himself, lay a trap and kills him traitorously. The girl dies soon after her fiancé whom she follows into his grave.
  • Another typical account of the feats of the famous clerk was published in 1939 by Canon Pérennès under the title Kloarek ar C'hlaouder. It is followed by a second song recounting how this young man was rescued from hanging by the sherrif's daughter, which makes of him a sort of comic strip super-hero.
  • "Guillaume Calvez" is a story rather different from the previous ballads whose most typical version is found in the de Penguern MS N°91, (on page 289 in the "Dastum"edition). La Villemarqué had put down the main parts of it in the first Keransquer copybook, pp. 191-192. Alfred Bourgeois and François-Marie Luzel published versions thereof, one of them being contaminated by the King's Blackamoor ballad (part of the Lez-Breizh- Les Aubrays epic), the other being defaced by cumbersome repetitions.
    As they are afraid of a certain lord, four ladies who start on a pilgrimage to Folgoët or Saint Anne ask Guiilaume Calvet to accompany them armed with his cudgel. The lord who is on the look-out by the weir of the new communal water-mill spies these four women whom he considers as part of his "property". Disregarding the advice of an adherent who is aware of Calvez' martial repute, he comes near and claims his "due": he will spare his wife, if he leaves to him his neighbour's daughter. Since this offer is turned down, as was to be expected, he calls for help on eighteen other noblemen. The "penn-bazh" proves to be superior to the nineteen unsheathed blades. In order to reassure the crying women who worry about the consequences of this slaughter, Guillaume repairs to the king who refuses to believe him, and asks him to reedit his achievement against forty of his soldiers. This happens at once with the same result. The king hands out to the champion a safe-conduct allowing him to return home without being arrested. The name of the lustful lord is given in two of these versions: "Pan" and "ar Bank". There is little doubt that he is the same person as in the "Barzhaz Breizh" song: the Lord du Parc de Locmaria, the marquess of Guérand.
  • To the songs in the table below, we ought to add a ballad titled by Luzel "Anna Ar Gardien" (Anne Le Gardien, in "Gwerzioù", book II, p. 448, main version and variant).
    With this very song, noted on pages 1 to 4, the first Keransquer copybook begins. The first stanza reads:

    "Gardien gous a lavare
    troch hi vara d hé vugale"
    ("Old Le Gardien said,
    As he was cutting a loaf of bread for his children"),

    a sentence that Kervarker's admirers should utter in the same awed voice, as Proust's fans pronounce the famous
    "For a long time I would go to bed early"(!).
    As in the "(G)Loadour" versions, it is the nobleman and his 18 accomplices (a symbolic number) who are killed. The murderer is summoned to appear before the King (an episode very likely borrowed from La Fontenelle) and is pardoned. The usual story but for the culprit who is a female culprit. Anne Le Gardien (is that name derived from "Guérand"?) had hidden a fearful "penn-bazh" (cudgel with iron tips) in her clothes. For good measure she breaks, in addition, the arm of her foster-brother who happens to be the page of the villain-marquess.

    Marquess Coarant and Marquess Guérant
    It is evident that young La Villemarqué availed himself of other sources than those recorded in his MS. In the first edition of the Barzhaz (1839) he states in the "argument" and the "notes" to the ballad:
  • that the eponymous "hero" is Louis-François de Guérand, son to Claudia de Névet et Jean du Parc, Lord of Locmaria and Marquess of Guérand, whose father a famous warrior died in 1670. He was so violent that " whenever he left the house, [his mother] used to ring the castle bell to warn the neighbourhood".
  • that he is the M. de Locmaria mentioned by Madame de Sévigné who was much impressed by his dancing skills when he performed before Louis XIV, "one of these Breton 'passepieds' in comparison with which the 'passepieds' played by violins at the King's court are but a heart-breaking sight." (M. J.M. Guilcher assumes that the dance she means was a former form of what is also known as "trihori").
  • that "the song was, allegedly, composed by a peasant Tugdual Salaün from the parish Ploubezre [4 km south of Lannion] who attended the famous "new threshing floor". The word "allegedly", is omitted in the 1845 and 1867 editions.
  • that "the song went from Tréguier to Cornouaille (Quimper area), then from Cornouaille to Léon (Brest area) in whose dialect I transcribed it", as stated as from the 1845 edition.
  • that the young clerk did not die immediately, since the marquess was only condemned to pay a fine. However his mother, Claude de Névet, granted the clerk's mother an annuity and adopted her second child.
  • as from the 1845 edition, that the marquess, in his old days atoned for his faults in founding a hospital for the poor of his parish (Plouégat-Guérand, 15 km east of Morlaix), "where the Marquess of Guérand oft came and prayed to God He might forgive his sinful youth." (we shall see at a later stage, that this, in fact, applies to his father, Vincent).
  • and, last but not least, that another ballad exists, titled "Marv Markiz Gwerand" (Marquess Guérand's death) published by Gabriel Milin in the "Bulletin de la Société académique de Brest", in 1865, whose subject-matter is the said hospital, as stated in the 1867 edition. This song was printed by Luzel in his Gwerzioù", book II, in 1874 as "Marchioness of Guérand."

    Clerk Garlan and Clerk Laudouer
  • The name Garlan by which the Barzhaz calls the clerk refers to a town located between Morlaix and Plouégat-Guérand. The latter town changed its name several times since 1330: "Gallon", "Kergoallon", "Goualon" and, since 1661, "Guérand", sometimes spelled "Guerrand".
  • The MS gives the clerk other names: "Lambaul" (sometimes applying, as we know, to the accomplices of the marquess) or "Bihan Paul"; "An Amour", Ar Gloadour" and "Laodour", hardly different from the spellings adopted by Luzel and Bourgeois "Laoudour" and "Lammour". Historians recently discovered in the Archives of the Département Loire Atlantique a "covenant" (farming lease) made on the name of a Guillaume Ladouer in 1609 and his children in 1629.
  • The girl's most frequent first family name is (Le) Calvez, her first name often being Anne, or Fiacre ("Fiek", which is likely to be the origin of the curious "Priedik", (little wife) in the gwerz "Clerk an Amour 1"), or "Gaïdik", Maggie. Here again, the extant civil status registers corroborate the gwerzioù: there lived, in 1693, at Traonvoas near Plouégat, a certain Anne Calvez, a widow with three children.
  • In a note, Luzel informs us of the name of the farm where the fateful new threshing floor dance took place : "Kerhallon" near Plouégat-Guérand, a hamlet where "a farmstead goes by the name "Leur ar C'hloarek" ("the Clerk's floor"), which, tradition has it, was the scene of the bloody event." (The Lampaul Clerk, 2nd version, "Gwerzioù" 2, p. 483).

    Neither Louis-François nor Charles-Marie-Gabriel
    Just the once will not hurt! La Villemarqué seems to have made younger than it was actually the story recorded in this gwerz, in ascribing to Louis-François du Parc de Locmaria the malignancy of his father Vincent!
    That is what the historian Louis Le Guennec (1878 - 1935) clearly showed in an article dedicated to the "Legend of Marquess of Guérand and the family Du Parc de Locmaria", published in the "Bulletin archéologique du Finistère", in 1928, on pages 15 to 35.
  • It was the explorer of Abyssinia, Guillaume Lejean who, in his "Notice on Plouégat-Guérand" published in 1846, first challenged La Villemarqué's view and proposed to see in the uncouth marquess, Charles-Marie-Gabriel du Parc de Locmaria (1736 - 1770). He erroneously considered him the son of the Louis-François whose dancing skills had so much impressed Madame de Sévigné in 1671. In fact he was his great-great-nephew, the last scion of a minor branch.
    Luzel, in a foot-note, after he had drawn a preposterous parallel between Clerk An Amour and Robert Burns' wife, Jean Armour, also adopted these erroneous views. Concerning the song titled "The marchioness of Guérande" (Markizes Guerrand), he writes (p.489):
    "The previous four pieces refer to Charles-Marie-Gabriel Du Parc de Locmaria."
    Now, the latter inherited, when he was 9 years old, the fortune of his cousin of the sixth degree, Marquis Jean-Marie-François de Locmaria et Guérand, (the true son of the dancer!), but he hardly dwelt in his Brittany estates. He came to Guérand Castle only a fey days before he died, on 29th December 1769.
  • As to Louis-François du Parc (1647 - 1709), the "passepied" dancer, he was sent as a boy to the Paris "Academy" that he had just left, aged 24, when Mme de Sévigné saw him at the Rennes and Vitré festivals.
    Three years later he began a brilliant military career that earned him the rank of a field marshal, as a reward for the part he took in the victorious battle of Spire (1703). He resigned in 1704, married, in his old days, in 1707 and had a son, Jean-François, born in 1708, already addressed. He died when he was taking the waters at Bourbonne in September 1709.
    It is difficult to admit that this brilliant and gallant soldier could have been the fierce "Markiz brunn", Red Marquess of the song, who committed so many murders, abductions and violent exactions of all sorts, until nearing death awareness prompted him to a hurried conversion. Several ballads were composed about the death and strange testament of the marquess. All of them assert that he died at Guérand Manor, shortly after he had met again his wife, whom he had turned out of the house and sent to Guingamp. Exit Louis-François who died at Bourbonne!

    Vincent du Parc, first Marquess of Guérand
    Far more plausible is the identification with his father, Vincent (1607 - 1669),
  • who lived in a time when the barbarous exactions caused by the troubles of the League were still alive in everybody's memory. They provided the subject matter for such ballads as "The Page of Louis XIII" recounting the story of Count des Chapelles, who stood second in a duel for his cousin Montmorency-Bouteville; "Les Aubrays", dubbed by La Villemarqué "Lez-Breizh" that extols the deeds of Jean de Lannion; and, above all, "La Fontenelle" that relates the robberies, abductions and murders perpetrated by the eponymous dubious character.
    Vincent's father, Louis du Parc, had slain, (in duel?), his own brother-in-law. Vincent, born around 1607, was an orphan of father and mother when he was hardly twenty, therefore free of committing the acts of cruelty pointed out by the folk songs. This period very likely did not last for long, since he soon joined the army and his courage made him stand out at the service of the Cardinal de Richelieu. In 1637, Louis XIII established his estate of Guérand as a marquisate. The new marquess married ca 1654 Claude de Névet and presided the nobility at the 1653 session of the Estates of Brittany.
  • He spent the last years of his life at Guérand Castle which he restored and died there in July 1669,
  • stipulating in his testament that a 700 pound annuity would be served for the erection and upkeep of a hospital for ten or twelve poor, at Plouégat. The fact that a gwerz titled "The Marquess' Testament" lists exactly the same provisions:
    "With the rest of the money, A hospital shall be built at Guérand, To accommodate twelve poor, From now and forever..."
    should be enough to sweep away the last doubts as to the marquess' identity.
  • All the more so, as Vincent really was separated from his wife, who lived in Guingamp, as already stated. The hospital opened in 1673 and housed twelve poor until the revolution, when it was closed and sold.
    The only weak point in this demonstration is that neither the criminal records of the Morlaix-Lanmeur jurisdiction, nor the registers of the local parishes have kept traces of the bloody fray on the new threshing floor.

    The three kinds of ballads
    The folk songs about the "Red Marquess" are of three kinds:
  • Accounts of the bloody Kerhallon new threshing floor festival where the unfortunate clerk perished (see above).
  • Accounts of testament making atonement for the dying marquess' sins ( G. Milin, Luzel, aforementioned pieces; and E. Souvestre's "Gwerz du marquis de Guérand", in French, in "Le Finistère en 1836", published in 1838; A. Le Braz "Testamant ar Markiz" in "Les Saints Bretons d'après la tradition populaire" published in "Annales de Bretagne" t.13, 1897-1898).
  • Accounts of the guileful tricks used by the rich lord to make easy conquests among the girls of the neibourhood (F. Luzel and A. Le Braz, "Fantik Bourdel" in "Sonioù Breiz-Izel", 1890, t. 1; "Canaouen goz" in the Lédan MS collection, t. II, embodying a dialogue between Marquess Locmaria and a shepherdess whom he endeavours to lure with Monbleu (?) linen headdresses.


  • Extraits du Manuscrit de Keransquer

    Excerpts from the Keransquer MS

    Français Français English English
    Le clerc Laoudour


    - Faites-moi un lit douillet, mère
    Car je me sens fort oppressé.

    Je veux aller à l'aire neuve.
    Je me sentirai mieux après.

    - Faites-moi donc plaisir, jeune-homme
    A l'aire neuve n'allez pas.

    Là-bas, les nobles de Lamballe
    Ont comploté votre trépas.

    - Qu'importe que celà déplaise
    A cette aire neuve, j'irai.

    S'il y a des sonneurs, je danse,
    Sinon c'est moi qui chanterai.

    Le clerc Le Laoudour s'écrie
    En arrivant à Keryaudet:

    - Salut, toute la compagnie
    L'héritière est-elle ici-près?

    - Là-bas dedans la chambre blanche,
    Elle peigne ses cheveux blonds.

    - Le clerc vous emmène à la danse.
    L'habit violet mettez-le donc! -

    En arrivant à l'aire neuve,
    Le clerc, tout joyeux, claironnait

    - Sonneurs! Jouez une gavotte:
    Ma belle et moi, voulons danser.

    Jouez-nous donc toute une suite
    Pour que nous dansions. Jouez fort!

    Et, ce n'est pas mal pour deux pauvres,
    Je donnerai quatre louis d'or!

    Les nobles de Lamballe disent
    - Accompagné de sa promise,
    A l'aire neuve le clerc vient. -

    Et les voilà qui le défient
    A propos de tout et de rien.

    - Serait-ce, si tu t'enrubannes,
    Pour rivaliser avec nous?

    - Ces rubans, Baron, que je sache
    Ne vous ont rien coûté du tout.

    - Moi, les pugilats me dégoûtent.
    Un duel au sabre? Pourquoi non? -

    Tandis que les autres dégainent,
    Le clerc agite son bâton.

    Il eût été bien insensible
    Alors, celui qui n'eût pleuré

    Voyant du sang des gentilshommes
    L'herbe verte qui se teintait.

    La pauvre héritière sanglote
    Et personne ne la dorlote
    Sauf le clerc qui s'y employait:

    Il n'arrêtait pas de lui dire:
    - Ma chère, il ne faut pas pleurer!

    Du calme, il n'y a rien à craindre
    Tant que l'on voit mon sang couler!

    Quand viendra la dernière goutte
    Il sera bien temps de prier. -

    Et le Clerc Laoudour triomphe
    En arrivant à Keryaudet.

    - Tiens, Derrien, voilà votre fille.
    Elle revient, et grâce à moi,
    En bonne santé, innocente
    Autant que lorsqu'on l'enfanta!

    Mais à Paris, il faut que j'aille.
    Je suis convoqué par le roi! -

    Donc à Paris, lorsqu'il arrive
    Il s'enquiert du royal logis.

    - Bonjour et joie, dans cette auberge
    Le palais royal, où est-il? -

    - Bonjour, à vous, mon roi, ma reine,
    Je suis jeune, mais me voici.

    - Clerc Laodour, c'est quelque crime
    Qui vous a conduit en ces lieux.

    - J'ai tué les nobles de Lamballe
    Et c'est un crime assez affreux.

    J'ai tué dix-huit gentilshommes
    Et je devrais être pendu,

    Mais mon bâton qui les assomme
    Dut parer dix-huit sabres nus! -

    Prenant la parole, la reine
    S'oppose à ce qu'il soit châtié.

    - Descend vite, mon petit page,
    Me chercher plumes et papier:

    Que j'écrive en blanc et en rouge,
    Qu'il pourra se rendre en tous lieux.

    Et que son bâton l'accompagne
    Je l'écris en rouge et en bleu.

    Son bâton pour touiller la soupe,
    Lui vaille, marié, d'être heureux!

    Traduction Christian Souchon (c) 2012
    ***************

    (a) Cruel le cœur qui eût été
    A l'aire neuve et n'eût pleuré
    De voir cette aire ruisseler
    Du sang que les nobles versaient
    Tandis que le Clerc les tuaient.
    (Elle était reprise par Dieu.)

    (b) La plus belle de par les rues,
    Et la plus belle à l'aire neuve:
    Tablier en toile de Flandre!
    Seule une dame y peut prétendre.
    Et les rubans pour le lacer,
    Une pistole ils ont coûté.

    Var: Orné de trois rubans d'or fin
    A une pistole chacun
    Et pour le lacer, deux rubans
    Qui coûteraient [bien tout autant].
    Ils arrivent à l'aire neuve
    Et font chacun un tour de danse.
    - Marquis "kidibol?"
    Un gars terrifiant, dirait-on.

    (c) Moi, j'ai ma lame dégainée
    Qui vaut bien le bâton d'un clerc.

    (d) Moi, j'ai mon épée longue et mince
    Pour te découper en rubans.
    - Moi j'ai mon bâton à deux têtes
    Il est à vos ordres, Seigneur.

    Ces mots à peine prononcés
    Que déjà le clerc accourait.

    (e) Et de tout notre cœur, dansons,
    Sur l'aire neuve ils sont entrés
    Et le marquis de Bodinio
    Lui dit : - Bonjour , clerc An Amour
    L'homme à l'épée si redoutable.

    (f) - Je n'ôterai pas mon pourpoint
    Ni ne lutterai pour les gages. -
    Son discours à peine s'achève
    Que voila que le sol ruisselle...
    (40.2) Du sang que notre clerc versait
    Lorsque Bodinio l'assaillait.
    Clerk Laoudour


    - Make me a soft bed, Mother
    For my heart does not feel at ease.

    I'll go to the new threshing floor
    Feast: I am sure to feel better.

    - My dear son if you loved me
    You wouldn't go to the new threshing floor.

    The Lamballe noblemen will be there
    Who have decided to kill you.

    - May it please or not to others
    I'll go to the new threshing floor.

    If there are pipers, I shall dance,
    If there are none, I shall sing.

    Clerc Loadour did say
    When he arrived at Keryaudet:

    - Good day and joy in this house
    The heiress, where is she?

    - She is over there in her white room,
    She is combing out her blonde hair.

    - Quick, put on your purple dress
    And go to the dance with the clerk! -

    The merry clerk did say,
    When he came to the new threshing floor:

    - Pipers! Play a "ball":
    So that my girl and I may dance.

    Quick, play for us a set of dances
    My girl and I will tread on the floor!

    And I shall give you four louis d'or,
    Not bad, since we're but two poor devils! -

    The Lamballe nobles did say
    - The clerk has come to the new threshing floor,
    And with him is his girl. -

    The Lamballe nobles did say
    To clerk Al Loadour on that day.

    - Are you all wrapped up in ribbons,
    Maybe to be abreast of us?

    - My Lord Baron, with your leave,
    Your purse was closed, when I paid for them.

    - We are not going to wrestle,
    But to wield my sword would please me-

    The others had unsheathed their swords,
    And the clerk had but his cudgel.

    Cruel-hearted had been whoever
    Had been there and would not have cried,

    On seeing the green gras turn red
    With the noblemen's blood flowing.

    The heiress of Keryaudet wined
    And no one thought of cheering her up
    Except the clerk. The clerk he did:

    The clerk, he would repeat to her:
    - Be silent, heiress, do not cry!

    Be silent, heiress,
    As long as you see my blood run!

    Only when the last drop was spilt
    Will there have come a time to pray. -

    Now the clerk Laodour did say
    On arriving at Keryaudet.

    - Old Derrien, here is your daughter.
    She is coming back thanks to me,
    Safe and sound and unharmed
    As she was when she was born.

    I'm leaving now for Paris:
    The king summoned me to his palace.

    - Good day and joy in this house!
    The king's palace? Where is it?

    - Good day, King...
    I am quite young, but I came though.

    - Clerk Laodour, tell me,
    You must have done something wrong.

    - Wrong enough I have done:
    I have killed noblemen from Lamballe.

    Eighteen of them I have killed,
    Which is enough to be hanged.

    But they attacked me with their swords
    While I had but my "penn-bazh" (cudgel).

    But the queen did not ask
    That the clerk be punished.

    - My little page, run downstairs
    Quickly, fetch me my writing things!

    That I write in red and in white
    That he may go wherever he wants.

    That I write in red and in blue
    That he may carry a cudgel.

    And when he is back in his shire
    That his potstick earned him a wife.

    ***************

    (a) Cruel the heart who had not cried
    At this new threshing floor party
    Seeing the floor overflowing
    With the blood that the nobles spilt
    And yet the clerk did overcome.
    (God had set her apart for him)

    (b) She is fairest on the pavement,
    Fairest at the new threshing floor:
    With her apron of Holland cloth!
    Does not look like a farmer girl.
    The ribbons to lace up the bodice,
    Cost a pistole at the least.

    Var: Adorned with three fine gold ribbons
    That cost a pistole, I guess
    And to lace it up two ribbons
    That cost [as much for sure].
    They come to the new threshing floor
    And both of them, they danced a round.
    - Marquess "kidibol?"
    You're a terrifying man ...

    (c) I have an unsheathed sword
    To oppose the clerk with his cudgel.

    (d) I have a sword. It's long and thin
    It shall chop you and your ribbons.
    - And I have my two-headed stick
    My Lord, it's ready to serve you.

    These words were hardly pronounced
    That the clerk made a rush on him.

    (e) And we shall dance all the better. -
    Now they entered the threshing floor
    And encountered Marquess Bodinio
    Who said : - Good day , clerk An Amour
    The man with the terrible sword.

    (f) - I won't take off my jerkin
    I shan't wrestle for the forfeit. -
    He has hardly said these words
    When the soil was overflowing...
    (40.2) With the blood that the clerk did shed
    When Bodinio attacked him.

    .


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    The Page of Louis XIII Maronad an Ao Nevet