Marivonig, 5ème mélodie

et rapprochement avec "La Filleule de Du Guesclin" du "Barzhaz Breizh"

Texte recueilli par François-Marie Luzel:

auprès de Jeanne Le Gall, Keramborgne - 1849
Publiées dans "Gwerzioù Breizh-Izel" en 1868

Mélodie
Recueillie par Loeiz Herrieu, Notée par M.Renan Saib dans" Kloc'hdi Breiz", 1904 Lorient,
tirée de "Musiques bretonnes" de Maurice Duhamel:

VERSION "GWERZIOU BREIZ IZEL"

I
Ann de kenta euz a viz du
'Tiskennas 'r Saozon en Dourduff (1) (bis)

En Dourduff pa 'z int diskennet,
Ur plac'hik iaouank 'deuz laeret : (bis)

Ho deuz laeret ur plac'hik koant
Da gass gant-he d'ho batimant. (bis)

Marivonnik eo hi hano,
Ginidik e a Blougasnou. (bis)

Marivonnik a lavare,
Biou porz hi zad pa dremene : (bis)

- Adieu, ma mamm, adieu ma zad,
Bikenn n'ho kwel ma daoulagad ! (bis)

Adieu, ma breur, adieu, ma c'hoar
Bikenn n'ho kwelann war ann douar! (bis)

Adieu, keront ha mignouned,
Bikenn n'ho kwelann war ar bed ! - (bis)

Ar Varivonnik a oele,
Na gave den hi c'honzolje; (bis)

Na gave den hi c'honzolje,
Met 'nn Angles-braz, hennes a ree :

- Marivonnik, na oelet ket,
Wit ho puhe na gollfet ket : (bis)

Wit ho puhe na gollfet ket,
Met ho enor na larann ket ! - (bis)

- Gwell eo ganin-me ma enor
Wit kement lestr ' zo war ar mor. (bis)

Aotro ann Angles, d'in laret,
Nemet d'ac'h na vinn oblijet? - (bis)

- D'in ma unan, d'am faotr ar gambr,
D'am martoloded p'ho do c'hoant ! (bis)

D'am martoloded, p'ho do c'hoant,
Bez' ' zo 'nn ez-he unann ha kant ! - (bis)

- Aotro ann Angles, d'in laret,
War 'r pont da vale am lezfet? - (bis)

- War bont al lestr ia, baleet,
Met taolet-ewez veac'h beuzet. (bis)

Marivonnik a lavare
War bont al lestr pa bourmene : (bis)

- Gwerc'hes Vari, lavaret d'inn,
Pe me em veuz, pe me na rinn? (bis)

Balamour d'ac'h, Gwerc'hes Vari,
N' c'houlennann ket ho ofansi. (bis)

Mar ann er mor, me 'vo beuzet,
Ha mar chommann, me vo lazet !

Euz ar Werc'hes a deuz zentet
War hi fenn 'r mor eo em daolet. (bis)

Ur pesk bihan a fonz ar mor,
'Zav Marivonn war c'hore 'nn dour. (bis)

Ann aotro 'nn Angles a lare
D'he verdedi eno neuze : (bis)

- Merdedi, merdedi, hastet,
Me a roïo d'ac'h pemp kant skoed ! - (bis)

Ann aotro 'nn Angles a lare
Da Varivonnik, en de-se :

- Marivonnik, c'hui ' zo manket,
Ma karjeac'h 'vijeac'h ma fried ! -
VERSION
"BARZHAZ BREIZH"



La "Filleule de Duguesclin" et "Marivonnik" ont quelques points en commun:
Une jeune fille est enlevée par un anglais, ici un capitaine de navire, là le gouverneur d'une forteresse.
Après avoir consulté la Sainte Vierge, elle décide de mettre fin à ses jours plutôt que de subir le déshonneur et obtient de son ravisseur l'instrument de son suicide: ici l'autorisation de se promener sur le pont du bateau, là un couteau pour peler une pomme.
Comme dans la ballade Yannik Ar Bon-Garçon, le drame a lieu un premier novembre, le jour de la Toussaint.

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The "Godchild of Du Guesclin" and "Marivonnik" have some features in common.
In both songs, a girl is kidnapped by an Englishman, here a captain, there the commander of a fortress.
After consulting the Holy Virgin, she decides to kill herself, rather than be dishonoured and asks her kidnapper for the means to do it, here the permission to go up on deck, there a knife to peel an apple.
Like in the ballad Yannik Ar Bon-Garçon, the tragic event happens on the first day of November, All Saints' Day.
TRADUCTION de la version "GUERZIOU"

I
Le premier jour du mois noir (novembre),
Descendirent les Anglais dans le Dourduff.

Dans le Dourduff quand ils sont descendus,
Ils ont enlevé une jeune fille:

Ils ont enlevé une jolie jeune fille,
Pour l'emmener sur leur bâtiment.

Marivonnic est son nom,
Elle est native de Plougasnou.

Marivonnic disait,
En passant devant la cour de son père :

- Adieu, ma mère, adieu, mon père,
Jamais ne vous reverront mes yeux !

Adieu, mon frère, adieu, ma soeur,
Jamais je ne vous reverrai sur la terre!

Adieu, parents et amis,
Jamais je ne vous reverrai dans ce monde !... -

La petite Marie-Yvonne pleurait,
Et ne trouvait personne qui la consolât;

Et ne trouvait personne qui la consolât,
Si ce n'est le grand Anglais (le capitaine), celui-là le faisait

- Petite Marie-Yvonne, ne pleurez pas,
Pour ce qui est de votre vie, vous ne la perdrez pas:

Pour ce qui est de votre vie, vous ne la perdrez pas,
Mais votre honneur, je ne dis pas ! -

- Je préfère mon honneur
A tous les navires qui sont sur la mer.

Seigneur Anglais, dites-moi,
Ne serai-je obligée qu'à vous? -

- A moi-même, à mon valet de chambre,
Et à mes matelots, quand ils voudront :

A mes matelots, quand ils voudront,
Il y en a cent-et-un ! -

- Seigneur Anglais, dites-moi,
Me laisserez-vous me promener sur le pont? -

- Oui, promenez-vous sur le pont du navire,
Mais prenez garde de vous noyer. -

La petite Marie-Yvonne disait,
En se promenant sur le pont du navire :

- Vierge Marie, dites-moi,
Me noierai-je ou ne le ferai-je?

A cause de vous, Vierge Marie,
Je ne veux pas vous offenser.

Si je vais dans la mer, je serai noyée,
Et si je reste, je serai tuée ! -

Elle a obéi à la Vierge
Et s'est jetée sur la tête dans la mer.

Un petit poisson du fond de la mer
Porte Marivonnic à la surface de l'eau.

Le seigneur Anglais disait
A ses matelots, en ce moment :

- Matelots, matelots, dépêchez-vous,
Je vous donnerai cinq cents écus ! -

Le seigneur Anglais disait
A Marivonnic, ce jour-là :

- Petite Marivonne, vous avez eu tort,
Si vous aviez voulu, vous seriez ma femme! -


Notes de Luzel:

1) Le Dourduff (eau noire) est le nom d'une petite anse à l'embouchure de la rivière de Morlaix.
VARIANTE.

Une autre version donne ainsi la fin de cette chanson, dont l'air est charmant

Ur pesk bihan a fonz ar mor
'Zav Marivonn war c'hore 'nn dour (bis)

Ur bar-awell a zo zavet,
'N toul porz hi zad 'n euz hi c'hasset. (bis)

- Tadik paour, digoret ho tor,
Marivonnik a c'houll digor ! - (bis)

- Ha posubl a ve, ma Doue,
Marivonnik a ve aze ! - (bis)

Ter zro d'ann ti a deveuz gret,
Ha neuze kerkent eo marwet ! (bis)
Un petit poisson du fond de la mer
Amène Marivonne à la surface de l'eau.

Un coup de vent s'est élevé
Qui l'a poussée au seuil de la tour de son père.

- Père chéri, ouvrez votre porte,
C'est la petite Marivonne qui demande ouverture -

- Est-il donc possible, mon Dieu,
Que la petite Marivonne soit là ! --

Elle a fait trois fois le tour de la maison,
Puis elle est morte aussitôt !

François-Marie Luzel (1821 -1895)




vers "Marivonig", mélodies 1 à 4"

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