Ave sin rumbo (1926)

Oiseau sans but

Paroles de Francisco Garcia Jiménez (1899-1983)

Musique de Carlos Gardel / José Razzano (1887-1960)

Siempre se ve solitario pasar a un hombre que en la faz lleva escrito el dolor. Y el mirar tan rudo de su ser me ha hecho comprender su desdichado amor. Pues lo sentí muchas veces gemir y angustiado decir su desesperación. Y, tal vez por su melancolía, él repetía esta canción: “Doy al viento los dolores que en la vida recogí, porque han muerto los amores que tuve dentro de mí... Ella, de blanco vestida, entró en la iglesia con él; ¡y yo, con el alma herida, sollozando me quedé!” Cuando la vi, a mi lado pasar, las lágrimas rodar por mi cara sentí; no pensé que pudiera tener para otro más querer que el que me tuvo a mí. ¡Amor traidor! ¡Amor loco y banal! ¡Yo quisiera olvidar que me has hecho traición! ¡Que ya en mí la ternura se ha muerto y tengo yerto mi corazón! “Yo voy rodando... rodando por las calles del pesar, ¡y ella, acaso, está gozando de haberme hecho tanto mal! Y ya que mi mala estrella me conduce al padecer, ¡para no acordarme de ella, mi cariño sepulté!

On voit, souvent, solitaire, passer Un homme dont la face Exprime la douleur. Derrière la rudesse de son être J’ai soudain vu paraître Un malheureux amour. Je l’entendais Souventes fois gémir Et angoissé souffrir De sa désespérance Et répéter, plein de mélancolie Triste et jolie, Cette chanson : « Qu’emporte le vent les peines Que j’ai connues dans ma vie Puisque mes amours sont mortes Dont mon âme était emplie… Elle, tout de blanc vêtue, S’en fut avec l’autre à l’autel Et moi, l’âme torturée Sanglote sur mon sort cruel. » Quand je l’ai vue Marcher à mon côté, J’ai senti que des larmes Coulaient sur mes joues Ne pensant pas Qu’on puisse ressentir Pour d’autres plus de peine Qu’on en ressent pour soi. Amour fatal ! Amour fol et banal ! Je voulais oublier Qu’un jour tu m’as trahi ! Qu’en moi déjà Toute tendresse est morte Fermant la porte A la passion. « Je vais comme une âme en peine Au gré des rues du remords Tandis qu’elle rit peut-être De m’avoir causé tant de torts. Puisque ma mauvaise étoile Veut m’infliger tous ces maux Qu’avec son souvenir descende Mon affection au tombeau ! »






Interprêté par Carlos Gardel en 1926





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