Barajando (1929)

Le tricheur

Paroles d’Eduardo Escaris Méndez (1888-1957)

Musique de Nicolas Vaccaro (1899-1975)

Con las cartas de la vida por mitad bien marquilladas, como guillan los malandros carpeteros de cartel, mi experiencia timbalera y las treinta bien fajadas, me largué por esos barrios a encarnar el espinel. Ayudado por mi cara de galaico almacenero trabajándose a la serva de una familia de bien, y mi anillo de hojalata con espejo vichadero, me he fritado muchos vivos, como ranas al sartén. Pero, en cambio, una percanta que me tuvo rechiflado y por quien hasta de espaldas con el lomo caminé, me enceró con un jueguito tan al lustre preparado que hasta el pelo de las manos de cabrero me arranqué. Mientras yo tiraba siempre con la mula bien cinchada, ella, en juego con un coso mayorengo y gran bacán, se tomaba el “Comte Rosso”, propiamente acomodada, y en la lona de los giles me tendió en el cuarto round. Me la dieron como a un zonzo, pegadita con saliva, mas mi cancha no la pierdo por mal juego que se dé y, si he quedao arañando como gato panza arriba, me consuelo embolsicando la experiencia que gané. En el naipe de la vida, cuando cartas son mujeres, aunque lleve bien fajadas pa'l amor las treinta y tres, es inútil que se prendan al querer con alfileres, si la mina no es de un paño, derechita y sin revés.

Quand les cartes de la vie Sont repérées au milieu, Comme en vue d’escroqueries Font tous les tricheurs sérieux, Un bonneteur d’expérience Avec trente années de science Peut dans ces quartiers, je pense, S'intituler malandrin. Grâce à ma mine avenante D’épicier galicien J"entreprends donc la servante D’une bande de rupins. Anneau de fer blanc en place Et un judas dans la glace, Dans ma poële à frire passe Pas mal de menu fretin. Mais une fille de drôles Dont je m’étais entiché Et pour qui jusqu'aux épaules Rasoir tourné j'avançais -, Me piège en une combine Bien trouvée qu'elle peaufine : Moi qui sinon, tout devine M’arrachais le poil des mains ! Tandis que je m’ankylose Ma mule chargée à fond Elle, en jouant avec truc-chose, Flic haut placé, grand patron, A conquis son yacht à voiles, Vit dans des suites royales. Moi, l’idiot, pris dans la toile, Me couche après quatre rounds. Comme un bleu! Quelle défaite ! - Tout de salive humecté ! - Mais pour des cartes infectes Doit-on table déserter ? Non, je m’obstine et je griffe Comme un chat qu’on ébouriffe : Me consolant, j'enregistre L ’expérience ainsi gagnée. Car dans le jeu de la vie Que de jokers en jupon ! Vous pouvez toujours le battre, Trente années n’y suffiront. Vouloir faire des retouches A l’amour, c’est bête et louche : Si la toile que l'on touche N'est pas lisse et sans revers.





Nicolàs Vaccaro



Eduardo Escariz Mendez
On n’a, semble-t-il, pas d’autre portrait de ce génial auteur.
Mais l’histoire qu’il raconte en dialecte « lunfardo » (celui des
voyous de Buenos Aires) est, assure-t-on, quasiment
autobiographique!



Interprêté par Carlos Gardel en 1929





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