Angelo Mariani

Angelo Mariani (1838 - 1914), le propagateur de la COCA

Les multiples usages de la coca et de la cocaïne

Cocaïne et maux de dentsLe sirop de Mme Winslows

Produits de consommation courante contenant de la cocaïne ou de la morphine

Le principe actif du Vin Mariani, dénommé "Mariani Wine" en Angleterre et aux Etats-Unis, était l'Erythroxylon Coca. Vers les années 1890 et dans la première moitié du XXème siècle, ce fut une des spécialités pharmaceutiques les plus connues. Il était réputé tonique et stimulant pour le corps, le cerveau et les nerfs. Ses indications ont varié au fil des ans, mais elles concernaient généralement la grippe, la nervosité, l'anémie, l'insomnie et diverses affections de l'estomac, de la gorge et des poumons. Sous forme de cachets, on la recommandait aux chanteurs pour adoucir la voix et sous forme de sirop contre les rages de dents, spécialement chez les enfants ( par exemple, les "Cocaïne Toothache Drops" de la Lloyd Manufacturing Company de New York). On l'utilisait aussi pour la prévention et le traitement d'un certain nombre de maladies contagieuses.
Si la coca n'était généralement pas considérée comme pouvant générer de graves difficultés, on était plus réservé vis à vis de la cocaïne, introduite en médecine générale à partir de 1884. Plusieurs années après, on commença à produire des rapports sur son usage abusif et un nouveau syndrome, le cocaïnisme apparut.
Malgré cela, écrit Louis Cotinat dans "Le Vin Mariani, in Bull. Soc. archéol., hist. et artistique, Vieux Papiers, 1977, 537) les "propriétés revigorantes de la cocaïne en firent aux Etats-Unis l'ingrédient favori

  • de médicaments,
  • de sodas,
  • de vins, etc.
  • La société Parke Davis, producteur de cocaïne exceptionnellement enthousiaste, vendait même des cigarettes de feuilles de coca et des cigares de coca.
  • La même société commercialisait une sorte de liqueur alcoolisée appelée Cordial de coca, des injections hypodermiques, des pommades et des pulvérisations.

    Parmi d'autres médications de la "Belle époque" susceptibles de créer des addictions, on trouvait, outre la cocaïne:
  • l' héroïne commercialisée par Bayer entre 1890 et 1910 en tant que substitut à la morphine "ne créant pas de dépendance."
  • la morphine du "sirop calmant pour les enfants" de Mme Winslow (Mrs. Winslow's Soothing Syrup for Infants), contenant 65 mg de morphine pour 29,6 ml de liquide, utiles, selon la réclame, aux mères fatiguées par une dure journée de labeur.
  • l'opium pour calmer les nouveaux-nés. cette boisson, fabriquée par la firme Stickney et Poors sous le nom de "Pure Paragoric" contenait une énorme concentration d'alcool. On recommandait 5 gouttes par jour pour les bébés de 5 jours, 8 gouttes à partir de 2 semaines, 25 gouttes à partir de 5 ans, 1 cuiller à café pour les adultes.
  • l'opium encore pour le traitement de l'asthme, puis des maux de tête et de la congestion pulmonaire, par des fumigations produites en vaporisant un liquide avec une petite lampe au kérosène. Ce produit était connu aux Etats-Unis sous le nom de "Vapor-OL Treatment N° 6". Il est question de ce genre de fumigations dans la "Recherche du temps perdu"...

    La référence principale: le Pape! Réclames pour les Etats Unis

    Le vin Mariani: réclames pour les Etats-Unis. la plante coca

    Vins médicinaux et vin de coca

    Le Vin Mariani fit son apparition sur le marché français juste après la Commune, en 1871.
    Celui qui devait y attacher son nom, Angelo François Mariani, le mit au point avec l'aide d'un médecin, Charles Fauvel, alors qu'il travaillait dans une pharmacie à Paris. Fauvel fut l'un des premiers à utiliser la cocaïne pour ses propriétés anesthésiques dans le traitement des maladies du nez et de la gorge. L'idée d'ajouter de la coca à du vin n'était pas nouvelle: la cocaïne et l'alcool se combinent en donnant une substance bien plus active, le coca-éthylène. Le Vin de Coca fut inscrit pour la première fois au Codex pharmaceutique français en 1884, mais on le trouvait en France et dans d'autres pays depuis longtemps déjà.
    Les vins médicinaux étaient très répandus en France et l'édition 1880 de l'"Officine" de Dorvault en mentionne 154 sortes.


    Léon XIII vante les mérites du 'Mariani Wine' width=400

    Le pape Léon XIII, un fervent adepte du Vin Mariani





    Attestation de remise d'une médaille par Léon XIII

    Attestation de remise d'une médaille par Léon XIII

    Rome, 2 janvier 1898

    Sa Sainteté a bien voulu me demander de transmettre en son auguste nom ses remerciements à Monsieur Mariani et de lui témoigner à nouveau sa gratitude d'une manière particulière. Sa Sainteté a même daigné conférer à Monsieur Mariani une médaille d'or portant sa vénérable image.

    Cardinal Rampolla.






    La formule du vin Mariani était conçue de façon

  • à retenir "les propriétés aromatiques et souhaitables de deux onces de feuilles fraîches de coca par pinte"
  • à tirer le meilleur parti possible du vin "spécialement sélectionné pour ses qualités distinctives particulières", les raisins étant "cultivés selon des méthodes et sur des terrains que l'on trouve seulement dans certaines régions du midi de la France".
    Ce vin contenait à l'état naturel "environ 11% d'alcool et les justes proportions de tanin, de fer, de sels et d'acides essentielles à un mélange idéal avec la coca".




  • Fond sonore: "Honneur au Vin Mariani" composé par Gabriel Fauré