JANNET DERRIEN |
JEANNE DERRIEN
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JOAN DERRIEN |
ERWAN GWILLOU |
YVES GUILLOU
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YVES GUILLOU |
Luzel note à propos de "Jeanne Derrien", page 493: "Cette pièce semble imitée de celles qui précèdent sur le marquis de Locmaria; à moins qu’elle ne soit la première en date, et qu’au lieu d’être une imitation, elle ait été imitée, ce que je ne saurais décider. Les manoirs du nom de Réchou sont assez communs dans les Côtes-du-Nord." Curieusement, il ne relève pas que cette pièce est pratiquement identique à celle qu'il intitule "Yves Guillou" et qui figure 266 pages plus haut dans le même tome II des "Gwerzioù", bien qu'il en cite des larges extraits dans les variantes de "Jeanne Derrien". Il présente, à tort, cette ballade comme une variante du chant immédiatement précédent, p.115, qu'il intitule Guillaume Calvez, 1ère version, bien que l'intrigue soit nettement différente. Il est vrai que l'écheveau des gwerzioù qui relatent un duel entre un gentilhomme libertin et un jeune paysan qui vole au secours de la vertu menacée est inextricable (cf. Le marquis de Guérand). Signalons que la classification imaginée par M. Patrick Malrieu dans "La chanson populaire de tradition orale en Langue bretonne" , 1998, ne propose pas moins de 6 groupes pour rendre compte de cette diversité: 0042 Anna Gardien tue 18 chevaliers pour défendre son honneur; 0043 Le duel de Guillaume Calvez contre le seigneur libertin; 0044 Le duel pour défendre l'héritière; 0045 Le clerc tué par les seigneurs; 0046 Le clerc de Laoudour vainqueur de 18 chevaliers; 0048 Les Aubrays et le Maure du roi. Mais les pièces ainsi catégorisées ont le plus souvent un contenu hybride et sont rétives à une systématisation indigne de leur essence poétique. De même, beaucoup d'autres complaintes, par tel ou tel passage, mériteraient d'être citées dans l'une ou l'autre des catégories ci-dessus. Est-ce à dire, comme on le lit parfois, que le dénominateur commun à toute ces pièces, soit une contestation des privilèges de l'aristocratie par une paysannerie enrichie et que ces pièces, dès le XVIIème siècle annoncent la révolution de 1789? On peut en douter. Elles reflètent plutôt un ordre social stable, propre à La Bretagne, évoqué, entre autres, par Per-Jakez Hélias dans son "Cheval d'orgueil". |
In connection with this song, on page 493, Luzel states: " This piece seems to be an imitation of the foregoing ones about the Marquess Locmaria. Or it is the pre-existing model for them rather than the other way: That I cannot decide. Anyways manors going by the name "Rechou" are plenty in the département Côtes du Nord." Astonishingly Luzel does not mention that this lament is practically identical with the one titled "Yves Guillou" 266 pages ahead in the same Book II of his "Gwerzioù", though he quotes large excerpts of it as variants to the "Joan Derrien" song. He introduces erroneously this ballad as a variant to the immediately foregoing song, on page 115, which he titles "Guillaume Calvez, 1st version", though the latter's plot be clearly different. The reason could be that the web of gwerzioù recounting a duel between a lusty nobleman and a young peasant who defends a girl against his attempts is inextricably entangled: (cf. Le marquis de Guérand). The classification of existing gwerzioù worked out by M. Patrick Malrieu in "La chanson populaire de tradition orale en Langue bretonne" , 1998, encompasses no less than 6 groups to accommodate this protean narrative: 0042 Anna Gardien killed 18 knights in defence of her honour; 0043 Duel between Guillaume Calvez and the lusty lord; 0044 Duel in defence of the heiress; 0045 The stabbing of the Clerk by the lords; 0046 Clerk Laoudour the conqueror of 18 knights; 0048 Les Aubrays and the King's blackamoor. But these countless pieces, in spite of these endeavours to set them apart into categories, mostly have mixed contents challenging these attempts against their poetic essence. Similarly, many other ballads, in consideration of some individual passages they contain, ought to be quoted in one or more of the categories above. Does the common denominator to all these ballads consist in country folks grown rich, challenging a penniless gentry, as is sometimes asserted, and do these 17th century pieces forebode the 1789 revolution? This is a questionable point of view. They rather seem to mirror a stable social order, as described, among others, in Per-Jakez Hélias' "Horse of pride". |