s Ar miliner hag e vatez

Ar miliner hag e vatez

Le meunier et sa servante

The miller and his maidservant

Chant collecté par Théodore Hersart de La Villemarqué
dans le 1er Carnet de Keransquer (p. 194.2).


Mélodie 1

Arrangt Christian Souchon (c) 2015

Mélodie inconnue, remplacée ici par le hanter-dro "En revenant de noces" Melody unknown, replaced here with a "hanterdro" dance air.

BREZHONEK

Ar miliner hag e vatez


p. 194.2

I
1. Selaouit hag e klefet hag e klefet kanañ
Ur zonik divertisant
savet d'ar bloavezh-mañ.

2. Savet d'ur miliner yaouank e-devoa bolontez
Da gousket gant e vatez, konsiderit hen-se!


3. Un devezh eñ lavaras, lavaras d'e vatez:
- Me ray dit kant skoued gwenn pa vo peurechuet.

4. Un devezh all e oa un davañjer da Janed
Me roy dit, Janed, ouzhpenn, mar n'out ket kontantet.

5. Janedik a lavare d'he mestrez en deiz-se:
- Din-me a zo prometet kant skoued deus ho leve.

6. Na kant skoued deus ho leve a zo d’in prometet,
Mar me gar dont d'ar vilin,
d'ar vilin da gousket.

7. Ur marc'had divizion etrezomp a zo graet:
Pa eñ barlanto din, me, ne barlantin ket.

II
8. Gwilhaouik a lavare d’e vatez, an noz-se :
— Deus da gened, Janedik, ur joa vraz am eus-me ;

9. Deus da gened, Janedik, me am eus eur joa vraz,
Ha, pa ve ’n tan er vilin, me n’ rafen ket a gas!

10. Kement a gontantamant am eus deus da gened,
Ken a garfen-me warc’hoazh douariñ va fried !...

III
11. Gwilhaouik a lavare d’e vevel, en noz-se :
— Va mevelik, emezañ, saves-te a lec’h-se ;

12. Na saves-te a lec’h-se, ha deus dumañ timad,
Da vont daved va matez, me ’m eus hi faet mad.

13. Ar mevel a lavare d’ar vatez, en noz-se :
— Euz ho kened, Janedik, ur joa vraz am eus-me ;

14. Eus ho kened, Janedik, me am-eus joa vraz,
Ha pa ve ’n tan er vilin, na rafen ket a gas!

15. — Me na n’ on mui Janedik vit na out-te Gwilhaou,
Me eo ar vilinerez, ha te ’zo ur pailhard!

IV
16. — ’Troù Doue ! ’me ’r miliner, me eo an trompletañ:
Am eus kerc’het ma mevel evit ma doganañ!

17. — Hag an Diaoul, emezi, a oa en toull da c’houg:
Mar na oas-te ket dogañ, evit bremañ ez-out !

18. Me ’z a bremañ da Gallak, pe d’ur gêr bennaket,
Da brenañ d’am matezik un davañjer lien gwenn.

19. Da brenañ d’am matezik un davañjer lien gwenn.
D’am mevel ur boutailhad, nag ur boutaillad gwin! -


20. Neb a wele Gwilhaouik o vonet d'ar vilin,
O vonet d'ar vilin, gantañ ur boutailhad gwin!

Troet e KLT ha stummet gant Christian Souchon.
TRADUCTION FRANCAISE

Le meunier et sa servante


p. 194.2

I
1. Ecoutez et vous entendrez et vous entendrez chanter
Une chanson divertissante
composée cette année.

2. Au sujet d'un jeune meunier qui s'était mis en tête
De coucher avec sa servante, voyez-vous ça!


3. Un jour il dit, il dit à sa servante:
- Je te donnerai cent écus d'argent quand nous en aurons fini.

4. Un autre jour ce fut un tablier qu'il promit à Jeannette:
Je te le donnerai en plus, Jeannette, si tu n'es pas satisfaite.

5. Jeannette s'en ouvrit à sa maîtresse le jour-même:
- A moi sont promis cent écus de votre rente.

6. Cent écus de votre rente me sont promis
Si j'accepte d'aller au moulin,
au moulin pour y dormir.

7. Un partage des tâches est convenu entre nous:
C'est lui qui parlera, moi je ne soufflerai mot.

II
8. Guillaume disait à sa servante cette nuit-là:
— Tu es si belle, Jeannette, j'en éprouve tant de plaisir;

9. Tu es si belle, Jeannette, j'en éprouve tant de plaisir
Que si le moulin venait à brûler, je n'en ferai aucun cas!

10. Ta beauté me cause tant de jouissance
Que je voudrais enterrer mon épouse dès demain!...

III
11. Guillaume disait à son valet, cette nuit-là:
— Mon garçon, dit-il, lève-toi vite;

12. Lève-toi vite, et cours au moulin
Rejoindre ma servante, que j'ai bien payée à cet effet.

13. Le valet disait à la servante, cette même nuit:
— Votre beauté, Jeannette, me procure tant de plaisir;

14. Votre beauté, Jeannette, me procure tant de plaisir
Que si le moulin prenait feu, je ne m'en apercevrais pas!

15. — Je ne suis pas plus Jeannette que tu n'es Guillaume!
Je suis la meunière et toi tu n'es qu'un paillard!

IV
16. — Seigneur Dieu! dit le meunier, je suis le roi des cocus:
Et moi qui envoie mon valet me tromper avec ma femme!

17. — Le diable, dit-elle, s'est-il fourré dans ta gorge?
Si tu n'étais pas cocu, tu l'es désormais, en tout cas!

18. Moi je vais à Callac de ce pas, ou dans une autre ville,
Acheter à ma servante un tablier de toile blanche,

19. Acheter à ma servante un tablier de toile blanche
Et à mon valet une bouteille de vin. -


20. Si vous aviez vu Guillaume en route pour le moulin
En route pour le moulin pour y porter la bouteille de vin!

Adaptation: Christian Souchon (c) 2015
ENGLISH TRANSLATION

The miller and his maidservant


p. 194.2

I
1. Listen and you shall hear and you shall hear me sing
An entertaining song
composed this year.

2. About a young miller who had made up his mind
To sleep with his maid, can you imagine it?


3. One day he told her, he told his maid:
- I shall give you 100 silver crowns once we have finished.

4. Another day it was an apron he promised to Jenny:
You'll have it, in addition, in case you're not satisfied.

5. Jenny opened her heart to her mistress that very day:
- He promised me a hundred crowns from your annuity.

6. A hundred crowns from your annuity he promised me
If I accept to go to the mill
and sleep there with him.

7. Division of labour is agreed upon:
He shall speak; I shall not say a word.

II
8. William said to the bogus maid that night:
— Your good looks, Jenny, make me feel so much lust;

9. Your good looks, Jenny, make me feel so much lust
That, if the mill went up in flames, I would not care!

10. Your good looks make me feel so much lust
That I wish I could bury my wife tomorrow!...

III
11. William told his manservant, that night:
— Lad, said he, get up from here, and quickly!

12. Get up quickly, and run to the mill!
My maid is waiting; she was well paid for the job.

13. The manservant said to the bogus maid that night:
— Your good looks, Jenny, make me feel so much lust,

14. Your good looks, Jenny, make me feel so much lust
That I would not care, should the mill go up in flames!

15. — I am no more Jenny than you are William!
I am the miller's wife and you are a bawdy lad!

IV
16. — My Lord, said the miller, I am the king of cuckolds:
I, of all men, send my manservant to sleep with my wife!

17. — The devil, she said, spoke through your mouth?
If you were not yet cuckolded, now you are, to be sure!

18. As to me, I am off to Callac, or any other town,
So as to buy for my maid an apron of fine white cloth;

19. To buy for my maid an apron of fine white cloth.
And for my manservant a nice bottle of wine. -


20. You should have seen William on his way to the mill
On his way to the mill, carrying there the bottle of wine!

Text adapted by Christian Souchon (c) 2015


NOTE:
Bibliographie:
- Manuscrits
. Coll. Lédan II: "Ar meliner taped o clasq trompla".

- Recueils
. Cambry, "Voyage dans le Finistère" III: "La femme du meunier" (Scaër, 1794) (trad.)
. Luzel, "Sonioù II": "Ar miliner hag he vatès" (Plouaret, 1848), p.210.
. Souvestre, "Derniers Bretons", p.237, "La femme du meunier", traditionnel.

Remarque
Ici encore, La Villemarqué s'est vite rendu compte du caractère licencieux de cette chanson. Il n'en a noté que quelques bribes qui permettent de l'identifier sans conteste comme l'équivalent du chant des "Sonioù" de Luzel, utilisé ici pour reconstituer l'histoire (en italiques).
Souvestre, dans ses "Derniers Bretons", en fait un récit presque moral, sans adultère (le garçon meunier va au lit de la servante où la meunière, étonnée, rompt le silence: "Pour le sûr, mon mari, vous serez malade demain!". Ce qui met fin à temps au quiproquo.
L'histoire de Luzel est moins claire sur ce point.
Dans les deux cas on n'ose trop interpréter les intentions du meunier quand il envoie son valet "parachever son ouvrage".
Bibliography:
- Manuscripts
. Coll. Lédan II: "Ar meliner taped o clasq trompla".

- Printed collections
. Cambry, "Voyage dans le Finistère" III: "La femme du meunier" (Scaër, 1794) (trad.)
. Luzel, "Sonioù II": "Ar miliner hag he vatès" (Plouaret, 1848), p.210.
. Souvestre, "Derniers Bretons", p.237, "La femme du meunier", traditional.

Remark
Here again, La Villemarqué was rapidly aware of the bawdiness of the song at hand. Therefore he recorded only a few snatches of it which, however allow it to be clearly identified as the equivalent of the song in Luzel's "Sonioù", used here to restore the whole story (in italics).
Souvestre, in his "Last Bretons", recounts the same story: but it becomes moral and free of adultery (the lad goes to the maid's bed where the astonished miller's wife cannot refrain from speaking: "For sure, my husband, you will be sick tomorrow!". Which puts an end to the mistake.
In that respect, Luzel's narrative is, by far, less conclusive.
In both cases, one dreads finding out about the miller's intentions when he sends his manservant with the mission to "perfect his work".





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