La Pourcheireto

La petite porchère

The Swineherd
Mélodie 1

Tirée de "La poésie populaire en Provence" de Damase Arbaud
Marseille 1862, page 39.



Arrangement Christian Souchon (c) 2013

 
La Porcherette

1. C'est Guillaume de Beauvoir
Qui voulut se marier.
Il la prend si jeunette
Qu'elle ne sait pas se cordeler (lacer sa robe).

2. Il la prend si jeunette
Qu'elle ne sait pas se cordeler
Au bout de cinq semaines
A la guerre il est allé.

3. A madame sa mère
Il va la recommander:
-Je vous recommande mère
De ne rien lui faire faire:

4. Ne la faites pas aller à l'eau, 
Ni filer, ni pétrir.
Envoyez-la à la messe
Faites-la bien dîner.

5. En compagnie des autres dames 
Envoyez-la se promener. -
Au bout de cinq semaines
Les porcs lui a fait garder.

6. Elle s'en fut sur la montagne:
Et s'est mise à chanter:
De si bon coeur elle chantait
Qu'elle fit retentir la mer.

7. Et Guillaume de Beauvoir
Qui est par delà la mer:
- Il semblerait que c'est ma femme
Qui s'est mise à chanter!

8. O page, mon beau page,
La faut aller trouver.
Mets donc la selle rouge,
Les étriers d'argent:

9. Je passerai par la terre,
Tu passeras par la mer. -
Il a traversé les montagnes
Les montagnes et la mer.

10. - Dites, la porcherette
Me feras-tu goûter (dîner)?
- Je n'ai que du pain d'avoine,
Et quelques oeufs passés.

11. De la trempe (soupe) pourrie...
Mes porcs l'ont refusée.
 - Dites, la porcherette,
Voudriez-vous rentrer?

12. - Mes sept fuseaux de soie
Sont encore à filer.
Et mon fagot de verne (saule)
Reste encore à couper.

13. Dégainant son épée,
Son fagot il a coupé.
- Dites, la porcherette
Puis-je me reposer?

14. - Allez-donc voir l'hotesse
Elle vous logera.
- Bonsoir, dame l'hotesse
Voulez-vous me loger?

15. - Dans une belle chambre
Je vous ferai coucher.
- Dites, dame l'hotesse,
Il y a quelqu'un pour souper?

16. - N'y a que la porcherette
On ne va pas attendre
- Il faut qu'elle ne soit pas grand chose
Pour qu'on ne veuille pas l'attendre.

17. - Venez, la porcherette!
Venez ici souper!
Ils se mettent à table:
Elle ne fait que pleurer.

18. - Qu'avez-vous donc, pauvrette,
Que vous ne fassiez rien que pleurer?
- Sept ans qu'à une table
Moi je n'ai plus soupé.

19. - Dites, dame l'hotesse,
Y a-t-il quelqu'un avec qui coucher?
Il Y a la porcherette.
Vous voulez l'emmener?

20. Il la prend et l'embrasse
En la faisant monter.
Du haut de la fenêtre
Elle se veut jeter.

21. - O Guillaume de Beauvoir
Qui es au-delà de la mer
Si Dieu te fait la grace 
De pouvoir retourner,

22. Viens, ta cruelle mère
M'a bien abandonnée.
- O taisez-vous, Madame,
Vos voeux sont exaucés.

23. - Ah, montrez-moi la bague
Que je vous ai donnée. -
Et en guise d'aubade
Quand l'aube fut levée:

24. - Debout, la porcherette!
Y a tes porcs à garder.
Sont derrière la soupente,
Ne font rien que grogner.

25. - Allez-y vous, ma mère,
Elle les a assez gardés.
Si vous n'étiez ma mère
Je vous ferais pendre.

26. Mais comme vous êtes ma mère:
Je vous ferai emmurer
Entre les deux murailles.
La rigole vous emportera (?).
The Swineherd

1. Once William of Beauvoir
Made up his mind to wed.
He chose a girl so young
That she could not lace (her boddice).

2. He chose a girl so young
That her boddice she could not lace
After five weeks
He went to war.

3. To his lady mother
He goes and entrusts her:
- I recommand, mother,
To spare her ancillary tasks:

4. Don't send her for water, 
Don't make her spin or knead.
See to it that she goes to mass
And always dines well.

5. With ladies of the same station
She may come out for a walk. -
After five weeks
She was made to guard pigs.

6. She went up the hill
And began to sing:
Her song was so moving
That the sea repeated it.

7. And William of Beauvoir
Who rides beyond the sea said:
- Methinks it is my wife
Who started singing!

8. O page , my fair page,
She wants us to come back.
Lay on the red saddle,
And the silver spurs:

9. I shall go by land,
You shall go by sea. -
So he crossed mountains and hills
The mounts and the sea.

10. - Tell me, swine-herdess
Will you give me a piece to eat?
- I only have oats bread,
A few eggs that are not fresh.

11. And a bowl of rotten soup...
My pigs refused to taste it.
 - Tell me swine-herdess,
Would you like to go home?

12. - My seven spindles of silk
I must still spin before I go.
And a bundle of willow sticks
I still have to cut. -

13. From the scabbard he drew his sword
And the bundle he cut.
- Tell me, swine-herdess,
May I have a bed to rest?

14. - Go and ask the hostess
She will lodge you.
- Good evening, lady hostess,
Can you put me up?

15. - In a beautiful room
I will make you sleep.
- Tell me, lady hostess
With whom shall I have my supper?

16. - There is only the swine-herdess.
But no need to wait for her to come.
- She is not worth very much
If she is not worth being waited for.

17. - Come near me, swine-herdess!
Come and have supper!
They sit down at he table:
She does nothing but weep.

18. - What's the matter with you,
Why do you nothing but weep?
- For seven years at a table
I have not had my supper.

19. - Tell me, lady hostess,
Is there someone with whom to sleep?
No one, but the swine-herdess.
Would you take her with you?

20. He takes her by the hand and kisses her
As they go upstairs.
Out of the window
She wants to throw herself.

21. - O William of Beauvoir
You are beyond the sea.
If God grants you the favour 
To travel back home,

22. Come, your cruel mother
Has forsaken me.
- Sh! Be quiet, Madam,
Your wishes are fulfilled.

23. - Then, show me the ring
That I gave you. -
Early in the morning
At daybreak:

24. - Get up, swine-herdess!
You have your pigs to guard!
They wait behind the barn,
And they grunt and they snort.

25. - Its your turn to guard, my mother,
She has guarded them long enough.
If you were not my mother
I would have you sentenced to hanging.

26. But since you are my mother:
I shall immure you
Between the two walls.
The gutter shall flush you away (?).


NOTES DE DAMASE ARBAUD
[1] Il y avait en Dauphiné une famille de Beauvoir et un Guillaume de Beauvoir qui fit en 1268 un legs au couvent de Die pour l'acquisition de quelques volumes. C'est peut-être le Guillelmus de Bellovidere qui dans une donation de 1239 se donne le titre de "miles cruce signatus" (soldat portant l'insigne de la croix). On se rapproche de l'époque assignée par La Villemarqué à son "Epouse du Croisé": la première croisade (1095-1099).
... Il nous semble que l'énumération des travaux dont on devra dispenser la jeune épouse sont des traits d'une haute antiquité et que les nobles dames qui vont puiser de l'eau, qui pétrissent et qui filent doivent être contemporaines de la reine Berthe (morte en 783!).
Dans une variante, le sire de Beauvoir s'appelle Louis et non Guillaume.
[On ne sait pas si la célèbre Simone de Beauvoir appartenait à cette famille]

[2] La reconnaissance d'un époux longtemps absent au moyen d'un anneau rappelle le chant breton "la Ceinture de noces".

Remarque additionnelle: Le chanteur Jean-François Dutertre a enregistré en 1997 sur un disque de la série "Musique du Monde" intitulé "Ballades françaises" un chant en français moderne qui semble être une adaptation de "Guillaume de Beauvoir". Cattia Salto (cf. infra) cite à ce propos, le "Livre des Chansons" (1943) de Henri Davenson, alias Henri Irénée Marrou qui donne, page 176 une traduction française de la Porcheronne collectée par Damase Arbaud. Le texte de Dutertre en diffère à peine, si ce n'est par la première ligne qui remplace "Guillaume de Beauvoir" par "Le Prince d'Orange". Voici cette interprétation:
[1] There were in Dauphiné a noble family de Beauvoir and a William of Beauvoir who left in 1268 a legacy to an abbey in Die so that it might acquire some precious volumes. This benefactor might have been identical with "Guillelmus de Bellovidere" who in a donantion act dated 1239 dubbs himself "miles cruce signatus" (soldier wearing a badge in the form of a cross). Thus we have come nearer to the time ascribed by La Villemarqué to his "Crusader's wife": the First Crusade (1095-1099).
... The listing of tasks not to be imposed on the young wife points apparently to a very remote past and the noble ladies who were made to draw water, knead dough and spin cloth were companions to Charlemagne's mother, Bertrada (who died in 783!).
In a variant, the Lord of Beauvoir is named Lewis, not William.
[We don not know if the famous author Simone de Beauvoir belonged to this family].

[2] Recognizing one's missing husband by a ring is also featured in the Breton song "The Wedding Belt".

Additional note: The singer Jean-François Dutertre recorded in 1997, on a disc of the series "Music of the World" entitled "French Ballads", a song in modern French which seems to be an adadptation of "Guillaume de Beauvoir". Cattia Salto (see below) cites, in connection with this piece, the "Book of Songs" (1943) by Henri Davenson, aka Henri Irénée Marrou, which gives, page 176 a French translation of the "Porcheronne" collected by Damase Arbaud. The text of Dutertre barely differs from the said translation, except by the first line that replaces "Guillaume de Beauvoir" by "The Prince of Orange". Here is this interpretation:


"Le prince d'orange" chanté par JF. Dutertre


2° La Noble Porquera

La Noble Porchère - The Noble Swineherd

Version catalane de la Pourcheireto


Mélodie 1

(Romancerillo Catalàn de Manuel Milà y Fontanals, 1882: N° 234 page 445)

Mélodie 2

Arrangement Christian Souchon (c) 2013

 
La noble porchère.

1. Le roi fit faire une criée
Une criée le roi fit faire:
Que les comtes et chevaliers
Sont tenus d'aller à la guerre
(Viromdomdayna)
Sont tenus d'aller à la guerre
(Viromdomdé).

2. Le comte Guillaume, lui aussi,
Lui aussi, il lui faut partir
Lui dont la femme est si mignone
Qu'il n'ose la laisser.

3. Alors il recommande à sa mère
De bien la traiter,
Qu'elle ne lui confie point de tâches
qu' elle ne saurait accomplir.

4. «Oh mère, ma mère,
A qui je confie mon épouse
Ne lui confiez point de tâches
qu' elle ne saurait accomplir:

5. Les tâches qu'elle peut remplir
sont broder, coudre et la cuisine
Si la broderie ne lui agrée,
Alors vous la ferez coudre,

6. Si la couture ne lui plait pas,
Vous lui ferez faire la cuisine,
Si la cuisine ne lui plait pas,
vous ne lui ferez faire rien.»

7. Le lendemain à l'aube
Elle en avait fait une porchère:
«Porcherette, porcherette,
Il est temps de te mettre en route!

8. Les porcs font "nyigronyigro" 
Et ils font aussi "nyigronyé"».
«Enlève-moi cette robe de soie
Et passe celle de bure.

9. Je t'impose de faire sept fuseaux
Ainsi qu'un fagot de bois.»
«O, belle-mère, ma belle-mère,
Où faut-il que j'aille?»

10. «La chênaie de Don Guillermo
On dit que les glands y sont bons»
Un jour qu'elle chantait seulette 
Elle vit venir deux chevaliers:

11. L'un d'entre eux dit à l'autre:
«On dirait la voix de ma femme.»
«Dieu vous garde, Porcherette.»
«Dieu vous garde, chevalier.»

12. «Porcherette, Porcherette, 
Il est grand temps de rentrer.»
«Il me reste à faire trois fuseaux
Ainsi qu'un fagot de bois.»

13. A la pointe de son épée
Il arrache un noisetier
Et il fait tant de tapage
Que quelques pourceaux s'enfuient.

14. «Porcherette, porcherette, 
que vas-tu me donner à manger?»
«Un croûton de pain d'orge
qui suffit à me rassasier.»

15. «Porcherette, porcherette,
Connaîtrais-tu un gîte?»
«Là-bas chez ma belle-mère, 
On a coutume de bien vivre

16. De chapons et de poules
et de quelques gros poulets aussi.»
«Hotelière, hotelière
Que donnerez vous pour souper?»

17. «Nous avons des chapons et des poules
Et quelques gros poulets aussi.»
«Hotelière, hotelière
Qui viendra souper avec moi?»

18. «Que la porcherette y aille, 
ma fille je l'en empêcherai."
- Sept ans je n'ai mangé à table
Et sept autres à devoir m'en passer

19. Sept années sans manger à table, 
petite ou bien grande tablée,
Sinon au pied d'une escabelle
comme l'eût fait un lévrier.»

20. «Hotelière, hotelière
¿quí viendra avec moi au lit?"
«Qu'elle y aille, la porcherette,
ma fille, je l'en empêcherai»

21. «Plutot que d'y aller 
Je me jetterai par la fenêtre.
Sept ans que je n'ai pas dormi dans un lit 
Et sept autres à devoir m'en passer,

22. Sept années sans dormir dans un lit, 
Petit lit ou grande litée
Sinon sur un gros tas de cendres
comme si j'étais un chat cendré»

23. Quand ils sont allés dans la chambre
la bonne nuit lui a souhaitée,
«Ne te tourmente pas, porcherette, 
Tu dois rester avec moi,»

24. Et il lui montre un anneau 
Aussitôt elle le reconnut.
Le lendemain à l'aube 
la belle-mère lui a crié:

25. «Porcherette, porcherette, 
C'est l'heure de te mettre en route.»
«Que votre fille y aille!
Ma femme, je l'en empêcherai.

26. Si vous n'étiez point ma mère
Moi, je vous ferais brûler,
Et s'il en restait de la cendre
Un mauvais vent l'emporterait.»

La noble porquera.

1. El Rey n' ha fet fé una crida 
una crida n' ha fet fé.
Que condes y caballeros
á la guerra hajin d'ané
(Viromdomdayna)
á la guerra hajin d'ané
(Viromdomdé).

2. Y també lo Don Guillermo
aquell també hi ha d'ané,
Qu'en té la dona bonita
y no la 'n gosa deixé.

3. Que l'encomani á sa mare
que l'en gobernará be,
Que no li fassi fé feynas
qu'ella no las pugui fé.

4. «Ay mare, la meva mare,
aquí-os deixo ma mulle!
Que no li feu fé feynetas
qu'ella no las pugui fé:

5. Las feynetas qu' ella 'n feya
son brodé, cuse y mitxé.
Si 'l brodé no li agrada,
ya ni fareu fé cuse.

6. Si 'l cuse no li agrada,
ya ni fareu fé mitxé.
Si 'l mitxé no li agrada,
ya no ni fareu fé re.»

7. L'endemá á la matinada
porquerola la 'n fa sé:
«Porquerola, porquerola,
ya es hora d' ana á avié:

8. Els porquets fan "nyigronyigro" 
y també fan "nyigronyé".
Lleva't la roba de seda
y posa't la de borre.

9. Yo t' en poso tres fusadas
y un feix de llenya també.»
«¿Ay sogra, la meva sogra,
ahont aniré yo avié?»

10. «L'alsiná de Don Guillermo
bones glans hi sol havé.»
Un dia cantant soleta 
veu vení dos cavallés:

11. La-un ya li 'n diu á l' altre:
«sembla la veu de ma mulle.»
«Deu la guart, la porquerola.»
«Deu lo guart lo Caballé.»

12. «Porquerola, porquerola, 
ya es hora de retiré»
«Encara faltan tres fusadas
y un feix de llenya també.»

13. Amb la punta de l' espasa
n'arrenca un avellané,
Y de tan soroll qu'en feya
un porcell ni fugigué.

14. «Porquerola, porquerola, 
que-os en donan per menjé?»
«Una coca de pa d' ordi
que prou 1' haig de menesté.»

15. «Porquerola, porquerola
¿sabríau un hostalé?»
«Aneu á casa ma sogra, 
bona vida solen fé

16. De capons y de gallinas
y algún pollastre també.»
«Hostalera, hostalera
¿qu'en teniu pera sopé?»

17. «Tenim capons y gallinas
y algún pollastre també.»
«Hostalera, hostalera 
¿qui vindrá am má á sopé»

18. «Qu'hi vingui la porquerola, 
ma filia la 'n guardaré,
Set anys que no menjo en taula
y altres set que n' estaré

19. Set anys que no menjo en taula, 
ni en taula ni en taulé,
Sino sota [de] 1' escala
com si fos un gos liebre.»

20. «Hostalera, hostalera 
¿quí vindrá am mi al llité?"
«Qu' hi vingui la porquerola,
ma filia la 'n guardaré»

21. «Antes yo no hi aniría 
de finestra 'm tiraré.
Set anys que no dormo en llit 
y altres set que n' estaré,

22. Set anys que no dormo en llit, 
ni en llit ni en llité
Sino sota una cendrera 
com si tos un gat cendré»

23. Quant ne son adalt del quarto
la bona nit li doné,
«No s'en aneu, porquerola, 
que am mi s' heu de quedé,»

24. Amb un anell que li ensenya 
[de] promte '1 reconegué..
L' endemá á la molinada 
la sogra ya la cridé:

25. «Porquerola, porquerola, 
ya es hora d' ana á avié.»
«Qu'hi vají la vostra filia 
ma mulle la 'n guardaré.

26. Si no fóssiu mare meva
yo-os en faria cremé,
Y la cendra que fariau
yo la faria venté.»
 
The noble swine herdess.

1. The king has sent the town-criers 
The town criers he has sent
To anounce that all earls and knights
Shall have to go to war
(Viromdomdayna)
Shall have to go to war.
(Viromdomdé).

2. This applies to Sir William as well.
He too will have to leave
Though he has a dinky wife
Whom he dares not abandon.

3. He recommands to his mother,
That she might take good care of her,
That she might not impose on her
Chores she could not afford to do.

4. «Listen, mother, dear mother mine
I entrust my wife here to you.
Do not let her perform chores
That she could not afford to do:

5. The work that she can do
Is embroidering, sewing and kneading.
If embroidering doesn't please her,
Then let her do some sewing.

6. If sewing doesn't please her,
Then let her do some kneading.
If kneading doesn't please her,
Then let her do nothing at all.»

7. Early the next morning
She had made her to be a swine herd:
«Swine-herdess, svine-herdess,
It's time for you to get away:

8. The pigs snort "nyigronyigro" 
And the hogs grunt "nyigronyé".
Take off this silk gown of yours
Put on this frieze frock.

9. Do me daily three spindlefuls 
Of thread and a bundle of wood.»
«Aye, my mother-in-law, I will
But tell me where I am to go»

10. «To Sir William's oak grove you go
Good acorns there are found, methinks.»
One day she was singing her lone 
When she saw two knights a-coming:

11. One of them said to the other:
«This sounds, aye, like my wife's voice.»
«God bless you, little swine-herdess.»
«God bless you, too, Chevalier.»

12. «Little swine-herd, little swine-herd
It's time for you to go to rest»
«I still must spin two spindlefuls
And make a bundle of firewood.»

13. With the point of his sword he has
Ripped of the twigs of a hazel tree,
Creating such uproar that he caused
A frightened piglet to decamp.

14. «Little swine-herd, little swine-herd 
What can you give me to eat?»
«A crust of oats bread I can spare
Of it I have eaten my fill.»

15. «Little swine-herd, little swine-herd
Where do we find a place to rest?»
«In my mother-in-law's house, 
They have an easy time of it:

16. They feed on capons and on hens
On fat chickens as well sometimes .»
«Landlady, landlady, listen:
What could you serve us for dinner?»

17. «We have capons and we have hens
As well as fat chickens, I think.»
«Landlady, landlady, listen:
Who is going to dine with us?»

18. «The swine herdess, with you shall dine. 
I'll see to it that my own daughter does not.
For seven years I've not eaten at a table
In seven years to come I won't.

19. For seven years I've not eaten at a table 
neither alone nor with companions,
But I sat at the foot of a stool
As though I were a greyhound.»

20. «Landlady, landlady, listen:
Who will come with me to bed?"
«The swine herdess, she may come.
I'll see to it that my daughter does not.»

21. «Rather than suffer such disgrace, 
I'll throw myself out of the window.
For seven years I've not slept in a bed 
In seven years to come I won't,

22. For seven years I've not slept in a bed,
neither alone nor with my husband,
But on the fireplace's cinders
As if I were a tabby cat.»

23. When they went upstairs to the room
He has wished her a good night,
«Don't be upset, swine-herdess, 
If now I stay with you.»

24. And he showed her a ring by which
She could tell him from other men...
Next morning at daybreak
The mother-in-law vociferated:

25. «Swineherdess! swineherdess! 
It's time for you to get away!»
«It's your daughter's turn to get up 
I'll see to it that my wife does not!

26. Now, if you were not my mother
I would have you burnt at the stake
And the ashes I would scatter
And the wind would blow them away.»


NOTES DE DAMASE ARBAUD
[1] M. Milà y Fontanals remarque que les nombreuses terminaisons en é qui se trouvent dans son texte et qui n'appartiennent pas au pur catalan, font supposer une version française... Nous croyons que cette terminaison en "é", étrangère au provencal comme au catalan est pourtant fréquente dans nos chansons [de la famille "Pourcheireto"]...: "N'es Guilhem de Beauvoire/ Tant jouyne a pres molher/ La pren tant jouveneto/Ne saup pas courdeler.
Mais comme l'observe fort judicieusement M. Mila lui-même, les chants populaires ont un langage conventionnel dont ils usent sans du'on puisse en donner la raison. Ne serait-ce une trace de leurs longues pérégrinations et n'auraient-ils pas gardé l'empreinte des divers pays qui les ont adoptés, a peu près comme cette langue franque qu'on parle dans les ports de la Méditérranée et qui n'est qu'un mélange des idiomes divers dont on se sert sur ses rivages.
[1] M. Milà y Fontanals remarks that the many endings in "é" in his texte denote an altered Catalan language and hint at French influence ... It appears however that this ending in "é", which is equally extraneous to Provencal and Catalan, is an idiosyncrasy of our songs [of the songs in the "Pourcheireto" family]...: "N'es Guilhem de Beauvoire/ Tant jouyne a pres molher/ La pren tant jouveneto/Ne saup pas courdeler.
Now, as judiciously stated by M. Mila himself, the popular songs make use of language conventions for which there is no evident accounting. Maybe they are a trace left by their long wandering and the imprint of the diverse countries that adopted them, as is, to some extent, the "lingua franca" spoken in the Mediterranean habours: a mix of the many idioms in use all along their shores.


3° Germaine

Collecté à Lorry-lès-Metz

Par le Comte Théodore de Puymaigre
et publié en 1865 à Metz et Paris.




Mélodie
"J'ai fait une maîtresse"

Arrangement Christian Souchon (c) 2013


 
Germaine

1. C'est la belle Germaine 
Qui si a mariée 
A l'âge de quinze ans. 
Son mari l'a quittée, 
A l'âge de vingt ans, 
Pour aller guerroyer. 

2. Et au bout de sept ans, 
Le voilà revenu, 
Et au bout de sept ans, 
Le voilà revenu, 
L'a revenu tout droit, 
Tout droit dans son logis. 

3. — Bonjour, Madame, bonjour, 
Bonjour vous soit donné. * 
— Bonjour à vous aussi, 
Grand comte révéré. 
— Nous avons venu voir 
Logerons-nous céans? 

4. Oh! non, certain, dit-elle, 
Vous n'y logerez point. 
N'avons point d'écurie 
Pour vos chevaux loger, 
Ni des beaux draps assez, 
Pour vos gens y coucher. 

5. Allez-vous en là-bas, 
Là-bas dans ce château, 
Ont des belles écuries 
Pour vos chevaux loger, 
Et des beaux draps assez, 
Pour vos gens y coucher. 

5. — Bonjour, bonjour, Madame, 
Bonjour vous soit donné. 
— Bonjour à vous aussi, 
Grand comte révéré. 
— Nous avons venu voir 
Logerons-nous céans? 

6. — Oh ! oui, certain, dit-elle, 
Vous y logerez bien ; 
Avons des écuries 
Pour vos chevaux loger, 
Et des beaux draps assez, 
Pour vos gens y coucher. 

7. — Oh ! dites-moi, Madame, 
Qu'aurons-nous à coucher? 
— S'il vous plaît des pucelles, 
On peut vous en trouver. 
Voici mes demoiselles, 
Sont-elles à votre gré ? 

8. — Vous ni vos demoiselles 
Ne sont point à mon gré, 
Ce ne sont des pucelles 
Que je veux pour coucher, 
C'est la belle Germaine 
Qui seule est à mon gré. 

9. — Oh! dites-moi, Messire, 
La veux-je aller chercher? 
— Oh ! oui, certain, dit-il, 
Allez me la chercher. 
Dites-lui, je vous prie, 
S'il lui plaît de venir. 

10. — Bonjour,. Germaine, bonjour, 
Bonjour vous soit donné. 
— Et à vous. aussi, mère, 
Mère de mon baron. 
— Nous avons voulu voir 
Si vous voulez coucher. 

11. — Si vous n'étiez pas mère, 
Mère de mon baron, 
Je vous ferais étrangler 
Par mes deux chiens lions, 
Je vous ferais jeter 
Dans l'eau dessous le pont. 

12. — Oh ! dites-moi, Madame, 
Ce qu'elle vous a dit. 
— C'est la plus fière bête 
Qui soit dans le pays, 
Et la plus orgueilleuse 
Que l'on puisse choisir. 

13. — Je remercie Dieu 
De ce qu'elle n'est venue ; 
Je vois qu'elle a gardé 
Sa foi et sa vertu. 
Si elle était venue, 
C'était une femme perdue. 

14. — Oh! dites -moi, Monsieur, 
Si elle y avait venu 
Que lui auriez-vous fait? 
— Si elle était venue, 
Avec ma claire épée 
La tête y aurais tranchée. 

15. — Logez, logez, Germaine, 
Pour Dieu, votre mari ! 
— Encor n'y croirais-je pas 
Que vous êtes mon mari, 
Ou bien vous me direz 
Quel jour je fus épousée. 

16. — J'ai épousé Germaine 
Le matin, le lundi. 
— Encor ne croirais-je pas 
Que vous êtes mon mari, 
Ou bien vous me direz 
Ce qui m'est arrivé. 

17. — C'est arrivé, Germaine, 
Que votre anneau rompit ; 
— En voilà la moitié, 
Montrez la vôtre aussi. 
Ouvrez, ouvrez, Germaine, 
Ouvrez à votre ami. 
 
Germaine

1. Beautiful Germaine 
Has married 
when she was fifteen. 
Her husband left her, 
When she was twenty, 
To go to war. 

2. And after seven years, 
There he came back, 
And after seven years, 
There he came back, 
And straightaway he went 
To his house. 

3. — Good day to you, lady, 
Good day to you I say! 
— Good day to you, 
Honourable high Lord! 
— We have come to ask 
Would you lodge us? 

4.- O for sure, I would not, 
Here you won't be lodged. 
We have no stable 
To put up your horses, 
Our bed sheets are not fine enough, 
For your people to sleep in. 

5. Just go over there, 
To yonder castle, 
They do have stately stables
To put up your horses, 
Their bed sheets are fine enough, 
For your people to sleep in.  

5. — Good evening, my Lady,
Good evening I say.
— Good day to you, 
Honourable high Lord!  
— We have come to ask 
Would you lodge us? 

6. - O for sure, I would not, 
Here you won't be lodged. 
We have no stable 
To put up your horses, 
Our bed sheets are not fine enough, 
For your people to sleep in.

7. —  But tell me my Lady,
How shall we sleep? 
— If you mean maidens, 
We may find some. 
Here are my maidservants, 
Are they to your liking? 

8. — Neither you nor your maids 
Are to my liking. 
That kind of maidens
I don't want to sleep with. 
Beautiful Germaine only 
Is to my liking. 

9. — O tell me my Lord, 
Shall I send for her? 
— O yes, he said, for sure, 
Send for her. 
Please, ask her, 
If she cares to come. 

10. — Good day to you, Germaine, 
Good day to you I say 
— Good day to you, mother 
Mother of my baron! 
— We have come to ask you: 
Would you sleep with a gentleman? 

11. — If you were not my mother, 
Mother of my baron, 
I would have you throttled
By my two lion hounds, 
And your body flung  
Into the river from a bridge! 

12. — O tell me, my Lady, 
What did she say. 
— She is the proudest beast 
Around here, 
And the most arrogant woman 
You might have chosen! 

13. — How I thank God
That she did not come! 
As I see, she has kept intact
Her faithfulness and virtue. 
If she did come, 
She was done for. 

14. — Oh! tell me, my Lord, 
If she had come 
What would you have done? 
— If she had come, 
With my naked blade
I'd have severed her head. 

15. — Lodge, lodge, Germaine, 
For God's sake, your husband! 
— I cannot yet believe 
That you are my husband, 
Tell me first 
Which day was our wedding day. 

16. — I have wed Germaine 
On a Monday morning. 
— I cannot yet believe 
That you are my husband, 
Tell me first what happened 
On that occasion. 

17. — It happened Germaine, 
That your ring broke in two; 
— Here is one half of it, 
Show me the other too. 
Open, open, Germaine, 
Open to your husband! 




NOTES DE THEODORE DE PUYMAIGRE
"Voici, je le crois, une des plus anciennes pièces de ce recueil ("Chants du Pays Messin"). Elle n'appartient pas du reste exclusivement à nos contrées; on la retrouve dans diverses provinces et même hors de France. C'est un de ces chants qui donnent raison à M. Nigra, en ce sens qu'ils semblent indiquer un fond commun de littérature populaire. Entre "Don Guillermo" [="La noble porquera"], la "Pourcheireto", l"'Epouse du Croisé", "Germine" et notre chanson, il y a de telles ressemblances qu'on ne peut croire à des rencontres fortuites..."

On remarque toutefois que les deux derniers chants, qui se ressemblent fort, se distinguent clairement des autres. Il ne s'agit plus de l'humiliation d'une grande dame en l'absence de son époux; mais de sa mise à l'épreuve par ce dernier à son retour, un thème qui évoque celui de Pénélope et Ulysse.
"To the best of my knowledge, this is one of the oldest pieces in this collection ("Songs of the Metz country"). It is by no way a reserved property of our parts; you will encounter it in some other provinces and even outside France. It is one of those songs apt to prop up M. Nigra's view that they arise apparently from a common body of folk literature. Between "Don Guillermo" [="La noble porquera"], the "Pourcheireto", the "Crusader's wife", "Germine" and the song at hand, the simulitudes are such as they cannot be considered fortuitous encounters..."

One will notice however that the last two songs, which are very much alike, are clearly apart from the others. They are not about the humiliation inflicted to a great lady in the absence of her husband; but how the latter put her to the test when he came back, a theme reminding us of the story of Penelope and Odysseus.


4° Germine

publié dans l'"Etude sur la poésie populaire en Normandie" de M. Beaurepaire



Mélodie

Arrangement de J.B. Wekerlin, publié par Champfleury dans "Chansons populaires des provinces de France", P. 195


GERMINE

1. One day Germine was in her garden,
Three handsome troopers passed by,
Three handsome troopers passed by.

2. - Good day to you, girl to be wed.
- I am not a girl to be wed,
I am not a girl to be wed.

3. My father married me when I was fifteen and a half,
For seven years now I have not seen my husband.
For seven years now I have not seen my husband.

4. - Good day then, Madam, can you put us up?
- No, no, fair gentlemen, I cannot put you up
Since I promised to be faithful to my husband.

5. Just go to yonder proud manor.
There you will be put up for the night
There dwells my husband's mother.

6. - Good day to you, Madam, can you put us up?
- Yes, I can, fair gentlemen, I can put you up
Drink, food and accommodation.

7. We want no drink or food
If your daughter Germine does not accompany us.
If your daughter Germine does not accompany us.

8. - Good day, Germine, here are three handsome men
They want no drink or food
If you don't accompany them.

9. - If you were not the mother of my husband
I would make you swim off under the bridge of Lyon
To be swallowed up by the little fish. -

10. The good mother comes back in tears:
Eat up, gentlemen, eat up: Germine won't come:
She is the worst woman around here!

11. - If you were not my mother who raised me,
I would put you to the sword
For offending my beloved Germine's honour!

12. -  Open your door, Germine, It's me, your husband.
- Give me a token of the first night
Then I'll believe you're my husband.

13. - Do you remember that in the first night
You rode on a grey palfrey
Between your brothers and me, your favourite?

14. - Give me a token of the second night.
Then I'll believe that you're my husband
Then I'll believe that you're my husband.

15. - Do you remember that in the second night
As I gave you a squeeze, your ring broke in two
You kept one half, the other half is here. -

16. She summoned the maidservant: "Ginette, come, quick!
Kindle the fire and prepare a good meal!
Here is my husband come quite unexpectedly!




5° Die wiedergefundene Königstocher

Les retrouvailles - The Reunited Siblings

publié dans "Des Knaben Wunderhorn" Volume 2, pages 274-276
par L.A. von Arnim et Clemens Brentano en 1808
recueilli dans le "Musenalmanach" de Seckendorf, 1808, page 29

Pas de mélodie
"Ici, il s'agit de la reconnaissance d'un frère et d'une soeur, sujet mille fois traité par la poésie populaire de tous les pays." (remarque de Puymaigre)

Und wie es Morgens Tage ward
Frau Wirthin vor die Kammer trat:

- Steh' auf du schnöde Magd, steh' auf,
Füll deinen Gästen die Häfelein auf!
 
- O nein! laß du schön Annelein in Ruh,
Füll deine Häfelein selber zu,

Mein' Schwester Annelein mus 's nimmer mehr thun.
Et lorsque le jour se leva
La patronne frappe à la porte:

- Debout, servante paresseuse,
De tes hôtes remplis les bols!

- Non, laisse donc Annette en paix
Remplir les bols: fais-le toi-même!

Annette est ma soeur: ce n'est plus son affaire!
And early next morning
The landlady stood in the door:

- Get up, you lazy maid, get up
Fill up your guests' bowls!

- O no, leave pretty Nancy alone,
Do you fill up these bowls of yours!

My sister Nancy must not do it any more!

6° La Sposa porcaja

L'épouse porchère - The Swineherdess

Chant du Piémont publié dans "Canti popolari del Piemonte" de Costantino Nigra (1888)
sous le N° 55 et 3 versions A à C, pp.318-322.

La mélodie est chantée par le Coro Bajolese et Mariuccia Balma Gallo (1927), enregistrée à Pont Canavese le 7.10.92 par A. Vigliermo, Norma et Gino Coello.
Cette version proche de la version C, est donnée sur le site "Terre Celtiche" edité par Madame Cattia Salto:
https://terreceltiche.altervista.org/la-bargirola/.


"La Sposa Porcaja" par le Coro Bajolese


PIEMONTAIS

I
Gentil Galan a s’an và a la guèra,
a l’è stait set ani a riturné

an ritornand për cole montagnòle
l’ha sentì la vos ëd la soa mojè

“alòn alòn o bela bargiròla 
alòn alòn a la vostra masòn”

“A lé set agn che ‘l mè marì l’é ‘n guèra
ai pè dla tàula son pi pi ‘andà

II
I l’hon da fé con na trista madòna
che ‘l pan di brecco mi fa mangiar 

[“alòn alòn o bela bargiròla 
alòn alòn a la vostra masòn” ]

A l’é set agn che ‘l me marì l’é ‘n guéra
ai pé del fuoco son pa pi ‘ndà

I l’hon da fé con na trista madòna
che fuori al freddo mi fa restar”

“alòn alòn o bela bargiròla 
alòn alòn a la vostra masòn”

[“A lé set agn che ‘l mè marì l’é ‘n guèra
ai pé del letto son pa pì ‘ndà

I l’hon da fé con na trista madòna
che ‘n sla bërlecia mi fa dormir”

“alòn alòn o bela bargiròla 
alòn alòn a la vostra masòn”

l’hon da filè tre fuset de filo
e ancor gropé ël me faset dël bòsch] 

III
S’a fussa nen ch’a fussa la mia mama
con questo pugnale la pugnalerei”

[“alòn alòn o bela bargiròla 
alòn alòn a la vostra masòn” ]

A la matin a ben dì bonora
mare madòna la và a ciamé

“O nò nò nò mia mare madòna
i me pòrs  von pa pì larghé

dal mè marì son sì an compagnìa
con chiel ancora veui riposé”
FRANCAIS

I
Gentil Galant qui s'en fut à la guerre
A mis sept ans pour s'en retourner

En retournant, du haut de la montagne
Il a ouï la voix de sa moitié.

“Allons, allons, O ma belle bergère
Allons, allons, à votre maison”

“Il y a sept ans que mon mari est en guerre
Qu'au pied de la table, ne suis plus allée

II
Et j'ai à faire à une triste dame
Qui du pain de brai me fait manger

[“Allons, allons, O ma belle bergère
Allons, allons, à votre maison”]

Il y a sept ans que mon mari est en guerre
Qu'au pied d'un feu je ne suis plus allée

Car j'ai à faire à une triste dame
Qui dehors au froid me fais rester”

“Allons, allons, O ma belle bergère
Allons, allons, à votre maison”

Il y a sept ans que mon mari est en guerre
Qu'au pied d'un lit je ne suis plus allée

Car j'ai à faire à une triste dame
Qui dans un bercail me fait dormir”

“Allons, allons, O ma belle bergère
Allons, allons, à votre maison”

J'ai à filer trois fuseaux de fil
Et encore à "grouper" mes trois fagots de bois. 

III
Si vous ne fussiez pas ma propre mère
Avec ce poignard je vous poignarderais”

“Allons, allons, O ma chère dame
Allons, allons, à votre maison”

Le matin, de bien bonne heure
Madame la mère vient l'appeler

“O non, non, non,O madame ma mère
Moi le porcs je n'irai plus garder

C'est mon mari qui me tient compagnie
Avec lui je veux encore reposer.”
ANGLAIS

I
Gentle Gallant had gone to war
It took him seven years to come back

When returning, atop the mount,
What did he hear but his wife's voice?

"Come on, my fair shepherdess
Let us go to your house! "

"For seven years now my husband's been at war
And I have kept away from the dining table 

II
I must put up with a nasty lady
Who gives me pitch bread to eat

"Come on, my fair shepherdess
Let us go to your house! "

"For seven years now my husband's been at war
And I have kept away from the fireside 

I must put up with a nasty lady
Who leaves me to stay out in the cold "

"Come on, my fair shepherdess
Let us go to your house! "

"For seven years now my husband's been at war
And I have not laid in a bed

I must put up with a nasty lady
Who makes me sleep out in a fold"

"Come on, my fair shepherdess
Let us go to your house! "

I still have to spin three spindles of thread
And to tie up my three bundles of wood.

III
If you were not my own mother
With this dagger I would stab you "

"Come on, my fair shepherdess
Let us go to your house! "

In the morning, very early
Her mother-in-law comes to call her

"O no, no, no, O my mother
I don't keep pigs any longer

It's my husband who keeps me company
Now with him I want to rest. "




Une autre interprétation de "Sposa Porcaja".

Dans ses commentaires, Costantino Nigra (1828-1907), fait le rapprochement avec la chanson française, catalane et provençale intirulée "Porcajuola" (La Porchère) et sa variante " Germine" ou "Germaine". Il indique que jusqu'ici on n'avait publié que deux leçons italiennes recueillies par Giuseppe Ferraro, l'une du Montferrat de Piémont, abusivement intitulée "La sposa del crociato" (l''Epouse du croisé) [de toute évidence, par référence au Barzhaz où ce titre est tout aussi arbitraire], l'autre de Pontelagoscuro, intitulée "La moglia" (l'Epouse).
Aux versions françaises proprement dites et bretonnes de La Villemarqué et Luzel,, il ajoute plusieurs autres titres:
- une version du Poitou, collectée par Bujeaud sous le titre du "Chant de Jousseaume" dans "Chansons populaires de l'Ouest, p.215;
- et d'autres du Velay, du Calvados, du Loiret, de Bresse publiées par V. Smith et E. Legrand dans "Romania", 354, X-369, X-584, par J Poquet dans "Mélusine; II,46, par Ch. Guillon, également dans "Chansons populaires de l'Ouest".
Aux références occitanes, il ajoute une "Belo pourcairouno" collectée en Languedoc par Aimé Atger, dans "Poésie populaire en Langue d'oc", p. 47; et au chant catalan de Milà ci-dessus, une "Porqueyrola" tirée de "Cansons de la terra" de F. P. Briz.
Nigra signale en outre l'existence de ce chant en Albanie (Girolamo de Rada, "Rapsodie", 81, Chant XII), en Grêce (Passow, "Ta kaka perethika", 338) et dans les pays slaves (Ida de Duringsfeld, "La poésie populaire dans l'île de Lésina", Revue Britannique, avril 1858, 134) avec des altérations de plus en plus marquées par rapport à l' archétype "latin".

Dans ce foisonnement de références, Nigra introduit une distinction:
"Dans les pays romans à substrat celtique (Haute Italie, France, Provence, Languedoc et Catalogne) la chanson est restée identique, non seulement par le fond, mais aussi par la forme, la progression dramatique et souvent également le phrasé et les paroles. Elle n'a pas pénétré en Castille, non plus que dans l'Italie centrale et méridionale où l'a césure assonante n'est pas d'usage dans les langues concernées (castillan et italien standard).
La chanson étant identique en Italie du nord, France, Provence et Catalogne, elle n'a pu avoir qu'une seule et même origine. Que cette origine soit à rechercher en France est probable. Mais le doute subsiste quant à une localisation plus précise au nord ou au sud de la Loire? Elle a pu arriver en Catalogne par l'Occitanie et au Piémont par la Provence, ou par la Bourgogne ou le Dauphiné et la Savoie.
Nous avons dans cette chanson un des nombreux exemples de l'identité substantielle et formelle d'une grande partie de la poésie populaire de la Haute-Italie, de France, de Provence et de Catalogne, identité qui s'arrête au seuil des langues voisines à désinence principalement paroxytonique (accentuées sur l'avant-dernière syllabe) .
Le mètre des leçons piémontaises A et B est le double octosyllabe à césures régulières et assonantes. Dans la version C l'octosyllabe devient un décasyllabe."

Ajoutons que ladite version C, telle qu'elle figure dans l'ouvrage de C. Nigra diffère sensiblement du texte chanté ci-dessus . Mme Cattia Salto précise qu'il s'agit d'une version remaniée par rapport à la version C de Nigra et qui provient de Frassinetto di Canavese, localité située à l'entrée du Val Soana dans la province de Turin.
In his comments to this song, Costantino Nigra (1828-1907), makes the connection with the French song, Catalan and Provençal intitulated "Porcajuola" (The Porchère) and its variant "Germine" or "Germaine". He indicates that so far only two Italian lessons have been published by Giuseppe Ferraro, one from Piedmont's Montferrat, wrongly entitled "La sposa del crociato" (the "Bride of the Crusader") [obviously, by reference to Barzhaz where this title is just as arbitrary], the other from Pontelagoscuro, entitled "The moglia" (the Bride). To the French and Breton versions of La Villemarqué and Luzel, he adds several other titles:
- a version from Poitou, collected by Bujeaud under the title of "Chant de Jousseaume" in "Chansons populaires de l'Ouest, p.215;
- and others from Velay, Calvados, Loiret, Bresse published by V. Smith and E. Legrand in "Romania", 354, X-369, X-584, by J Poquet in "Melusine; II, 46 , by Ch. Guillon, also in "Popular Songs of the West".
To the Occitan references, he adds a "Belo pourcairouno" collected in Languedoc by Aimé Atger, in "Poésie populaire en Langue d'oc", p. 47; and to the Catalan song of Milà above, a "Porqueyrola" taken from "Cansons de la Terra" by F. P. Briz.
Nigra also points out the existence of this song in Albania (Girolamo de Rada, "Rapsodie", 81, Chant XII), in Greece (Passow, "Ta kaka perethika", 338) and in the Slav Countries (Ida de Duringsfeld, "Popular Poetry in the Island of Lesina", British Review, April 1858, 134) with alterations more and more marked in comparison with the "Latin" archetype.

In this multitude of references, Nigra introduces a distinction:
"In the Roman countries with Celtic substratum (Upper Italy, France, Provence, Languedoc and Catalonia) the song remained identical, not only in their substance, but also in their form, dramatic process and often also their phrasing and words.The song did not pervade Castile or Central and Southern Italy where rhymed hyphenation is not customary in the languages ??concerned (Castilian and standard Italian).
The song being identical in Northern Italy, France, Provence and Catalonia, it could only have one and the same origin. That this origin should be sought in France is probable. But the doubt remains as to a more precise location north or south of the Loire? It could arrive in Catalonia by Occitania and in Piedmont by Provence, or Burgundy or Dauphine and Savoy.
We have in this song one of the many examples of the substantial and formal identity of much of the popular poetry of Upper Italy, France, Provence and Catalonia, an identity that stops at the threshold of neighbouring. predominantly paroxytonic languages (emphasized on the penultimate syllable).
The meter of the Piedmontese lessons A and B is a double octosyllable with regular and assonant breaks. In version C the octosyllable becomes a decasyllable. "

It should be added that the said version C, as it appears in C. Nigra's work, differs substantially from the text sung above. Mrs. Cattia Salto points out that this is a reworked version compared to version C of Nigra. It is originated from Frassinetto di Canavese, at the entrance of Val Soana in the province of Turin.



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