Ballade des cimetières

Ballad of the cemeteries

Georges Brassens (1961)

1. J'ai des tombeaux en abondance Des sépultures à discrétion Dans tout cimetière de quelque importance J'ai ma petite concession De l'humble tertre au mausolée Avec toujours quelqu'un dedans J'ai des petits bosses plein les allées Et je suis triste, cependant Car je n'en ai pas, et ça m'agace Et ça défrise mon blason Au cimetière du Montparnasse [1] À quatre pas de ma maison (bis) 2. J'en possède au Père-Lachaise À Bagneux, à Thiais, à Pantin Et jusque, ne vous en déplaise Au fond du « Cimetière marin » [2] À la ville comme à la campagne Partout où l'on peut faire un trou J'ai même des tombeaux en Espagne [3] Qu'on me jalouse peu ou prou Mais je n'en ai pas la moindre trace Le plus humble petit soupçon Au cimetière du Montparnasse À quatre pas de ma maison (bis) 3. Le jour des morts, je cours, je vole Je vais infatigablement De nécropole en nécropole De pierre tombale en monument On m'entrevoit sous une couronne D'immortelles à Champerret [4] Un peu plus tard, c'est à Charonne Qu'on m'aperçoit sous un cyprès Mais, seul un fourbe aura l'audace De dire "je l'ai vu à l'horizon Du cimetière du Montparnasse À quatre pas de sa maison" (bis) 4. Devant le château de ma grand-tante La marquise de Carabas [5] Ma sainte famille languit d'attente Mourra-t-elle, mourra-t-elle pas? L'un veut son or, l'autre ses meubles Qui ses bijoux, qui ses bibelots? Qui ses forêts, qui ses immeubles? Qui ses tapis, qui ses tableaux? Moi je n'implore qu'une grâce C'est qu'elle passe la morte-saison [6] Au cimetière du Montparnasse À quatre pas de ma maison (bis) 5. Ainsi chantait, la mort dans l'âme Un jeune homme de bonne tenue En train de ranimer la flamme Du soldat qui lui était connu [7] Or, il advint que le ciel eut marre de L'entendre parler de ses caveaux Et dieu fit signe à la camarde De l'expédier rue Froidevaux [8] Mais les croque-morts, qui étaient de Chartres Funeste erreur de livraison Menèrent sa dépouille à Montmartre [9] De l'autre côté de sa maison ! (bis)

1. I've got a lot of burial places, In many churchyards a grave stone, Each cemetery of importance, I've burial rights of my own; A modest mound, a mausoleum, Each with my kith or kin inside, A little bump along each alley, And yet I feel dissatisfied. My self-image - it makes me angry - It doesn't suit, 'cause I have none There in the Montparnasse cemetery A few steps away from my home. (twice) 2. I have some at Père Lachaise, At Bagneux, at Thiais, at Pantin, And even one, worthy of praise, In Sète's "Cimetière marin". In town, as well as in the country, Anywhere one can make a hole; Even in the air a cemetery, A thing that people cannot thole. But not the slightest part of any Grave where to cry I could have gone, There in the Montparnasse cemetery A few steps away from my home. (twice) 3. On All Souls' Day, I fly, I wander, I run indefatigably, From necropolis to grave-chamber, From tombstone to reliquary. I’m spotted beneath a funeral Wreath at Champerret cemetery, A little later it’s at Charonne I’m seen under a cypress tree... But a liar, who were so saucy, As to say: "I saw him alone There in the Montparnasse cemetery A few steps away from his home"? (twice) 4. In front of my old great-aunt's castle - The marchioness of Carabas - My blessed family gives a hassle: Will she make up her mind to pass? Some want her gold, some want her money, Some want her jewels, some her knickknacks Some her woods, some her jars of honey And some her porcelain of Saxe. As for me I ask for one bounty: May she be buried, once she''s gone, There in the Montparnasse cemetery A few steps away from my home. (twice) 5. Thus sang with a heart that was heavy A well educated youngster, When reviving in a cemetery The flame of a well-known soldier. The heaven got fed up with hearing Him talking non stop aboult vaults And God to Death nodded one evening: "Dispatch him on rue Froidevaux!" The undertakers being from Chartres - What a dreadful misconception! - They took his remains to Montmartre Right on the far side from his home! (twice) Transl. Christian Souchon (c) 2022

NOTES
[1] The Montparnasse cemetery is in the southern part of the city. It is within the current city boundaries. So is the Père Lachaise Cemetery, the largest cemetery within the boundaries of Paris. The Parisian Cemetery of Bagneux, the Parisian Cemetery of Thiais and the Parisian Cemetery of Pantin are the three out-of-town cemeteries of Paris. Another song by Brassens lists the forests around Paris.

[2] The marine cemetery (facing the sea) of Sète was immortalized by the poem "Le Cimetière marin" by Paul Valéry.

[3] "Tombs in Spain" is like the English "castles in the air", with the word “tombs” replacing “castles”.in the usual saying.

[4] Champerret was merged with Levallois to form Levallois-Perret to the northwest of Paris, ouside the city boundaries. Charonne refers to the 20th arrondissement, the esternmost part of the city.

[5] In Charles Perrault's tale, “Le chat botté” (“Puss-in-boots”), the “Marquis de Carabas” is the fictional master, invented by the cat.

[6] “Morte saison” =Off-season (literally:”dead-season”) is a period of low activity for a sector of the economy. Brassens uses this tradesman's word to designate death in a funny way.
Besides a list of Parisian cemeteries, Brassens provides in this song an inventory of words and expressions including the word "death": "Day-of-the-dead" (All Souls' day), "never-to-die" (everlasting flowers) (str.3), " the dead-season" (str.4), "a death in one's soul" (sorry, despondent), "devourer of dead" (undertaker) (str.5).
In stanza 4, the inventory of the marquise's possessions is perhaps reminiscent of a song by Charles Trenet from 1936, "Tout est au duc"( All that belongs to the Duke): "Châteaux, villas, superb houses, / Flower gardens, beautiful aqueduct ...".

[7] The “Known Soldier”: Allusion to the "Unknown Soldier", an anonymous Great War fighter buried under the Arc de Triomphe representing the one and a half million soldiers who died during that conflict. The flame that is rekindled every day under the monument symbolizes the memory that the country keeps of their sacrifice. The young man in the song honours one of his relatives who was a soldier whose identity is known to him.

[8] Rue Froidevaux is a street running along the south side of the Montparnasse cemetery.

[9] The Montmartre cemetery is in the north part of Paris, on the other side of the Seine river, far away from Montparnasse.
[1] Le cimetière du Montparnasse se trouve dans la partie sud de la ville, dans les limites actuelles de la ville. Il en va de même pour le cimetière du Père Lachaise, le plus grand cimetière à l'intérieur des limites de Paris. Les Cimetières Parisiens de Bagneux, de Thiais et de Pantin sont les trois cimetières périphériques de Paris. Un autre chant de Brassens énumère les forêts autour de Paris.

[2] Le cimetière marin (faisant fac à la mer) de Sète a été immortalisé par le poème « Le Cimetière marin » de Paul Valéry.

[3] "Tombeaux in Espagne" correspond à l'anglais "castles in the air", avec le mot "tombeaux" remplaçant le mot "châteaux".

[4] Champerret a été fusionné avec Levallois pour former Levallois-Perret au nord-ouest de Paris, à l'extérieur des limites de la ville. Charonne fait référence au 20e arrondissement, la partie la plus à l'est de la ville.

[5] Dans le conte de Charles Perrault, "Le chat botté", le "Marquis de Carabas" est le maître fictif, inventé par le chat.

[6] Morte-saison: est une période de faible activité pour un secteur de l'économie. Brassens utilise ce mot de commerçant pour désigner la mort.sur un mode comique.
Outre celui des cimetières parisiens, Brassens fournit dans ce chant un inventaire des mots et expressions comprenant le mot "mort": jour-des-morts, immortelles (str.3), morte-saison (str.4), la mort dans l'âme, croque-morts (str.5).
A la strophe 4, l'inventaire des biens de la marquise est peut-être un réminiscence d'une chanson de Charles Trenet de 1936, "Tout est au duc": "Châteaux, villas, maisons superbes, / Jardins fleuris, bel aqueduc...".

[7] Le soldat connu : allusion au « Soldat inconnu », un combattant anonyme de la grande guerre enterré sous l'Arc de Triomphe représentant le million et demi de soldats morts pendant ce conflit. La flamme qu'on ranime chaque jour sous le monument, symbolise le souvenir que le pays garde de leur sacrifice.Le jeune homme de la chanson honore un de ses parents militaires dont l'identité lui est connue.

[8] La rue Froidevaux est une rue longeant le côté sud du cimetière Montparnasse.

[9] Le cimetière Montmartre se trouve dans la partie nord de Paris, de l'autre côté de la Seine, loin de Montparnasse.







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