1. Jadis, les parents des morts
vous mettaient dans le bain,
De bonne grâce ils en faisaient
profiter les copains:
«Il y a un mort à la maison,
si le cœur vous en dit,
Venez le pleurer avec nous
sur le coup de midi... »
Mais les vivants aujourd’hui
ne sont plus si généreux,
Quand ils possèdent un mort
ils le gardent pour eux.
C’est la raison pour laquelle,
depuis quelques années,
Des tas d’enterrements
vous passent sous le nez. (bis)
Refrain
Mais où sont les funérailles d’antan? [1]
Les petits corbillards, corbillards,
corbillards, corbillards
De nos grands-pères,
Qui suivaient la route en cahotant,
Les petits macchabées, macchabées,
macchabées, macchabées
Ronds et prospères…
Quand les héritiers étaient contents,
Au fossoyeur, au croque-mort,
au curé, aux chevaux même,
Ils payaient un verre.
Elles sont révolues,
Elles ont fait leur temps,
Les belles pom, pom, pom,
pom, pom, pompes funèbres,
On ne les reverra plus,
Et c’est bien attristant,
Les belles pompes fu-
nèbres de nos vingt ans.
2. Maintenant, les corbillards
à tombeau grand ouvert [2]
Emportent les trépassés
jusqu’au diable vauvert,
Les malheureux n'ont même plus
le plaisir enfantin
De voir leurs héritiers marrons
marcher dans le crottin.
L’autre semaine des salauds,
à cent quarante à l’heure, [3]
Vers un cimetière’ minable
emportaient l'un des leurs…
Quand, sur un arbre en bois dur,
ils se sont aplatis
On s'aperçut que le mort
avait fait des petits. (bis)
(Refrain)
3. Plutôt que d’avoir des obsèques
manquant de fioritures,
J’aimerais mieux, tout compte fait,
me passer de sépulture,
J’aimerais mieux mourir dans l’eau,
dans le feu, n’importe où,
Et même, à la grand’ rigueur,
ne pas mourir du tout.
O, que renaisse le temps
des morts bouffis d’orgueil,
L’époque des m’as-tu-vu-
dans-mon-joli-cercueil,
Où, quitte à tout dépenser
jusqu’au dernier écu,
Les gens avaient à cœur
de mourir plus haut que leur cul. (bis) [4]
(Refrain)
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1. In olden times the deads' parents
were anxious to please
Their friends: they kindly let them
profit from a decease.
“We have got a corpse at home,
consider it a boon,
Please do come and with us mourn
him at the stroke of noon ...”
But today the living are
no more so generous,
Whenever we have a corpse
we will keep it for us
And for so many years past
That's the reason for which,
A lot of burials
We were condemned to miss. (twice)
Chorus :
Ah, the funerals of times bygone! [1]
Ah, the small hearses, small hearses,
small hearses, small hearses
Of our dear grandfathers,
That followed the road bouncing along,
With their precious load of little stiffs,
little stiffs, little stiffs
Plump and properous ...
When the heirs had had satisfaction,
Grave-digger and undertaker,
and priest, even horses
They got a drink offered.
Now you are past and gone,
Now you have passed away,
Ye, lovely pom, pom, pom,
pom, pomp and circumstances!
You're nevermore to come
Again, so sad to say,
Ye, pomp and circumstances
of my younger days!
2. Now hearses, at the risk
of accident and great pace,
Carry the dead right up to
some god-forsaken place.
The unfortunates no more
rejoice a little bit
At seeing their duped heirs
walking through the horseshit.
The other week some bastards,
at the speed of ninety [3]
Miles an hour drove one of theirs
to some mean cemetery...
When they’d flattened themselves on
a tree made of hard-wood
It appeared that the de-
-ceased had got a large brood. (twice)
(Chorus)
3.Rather than a funeral
without flourish and pomp,
I'd rather do, all things
considered, without a tomb.
I’d rather die burnt alive,
drown'd, doesn’t matter where,
I'd accept even not to
die at all, if need were.
O, let the time of the dead
bloated with pride return,
The show-off days of
the did-you-see-my-splendid-urn!
When, even if it meant that
all their money would drift,
People wanted to die
higher than they had lived. (twice)
(Chorus)
Transl. Christian Souchon (c) 2022
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