Les jours me sont ôtés que vous m'avez promis. Voici l'été splendide et les sourdes automnes. Vos groupes aux vergers glisseront, mes amis. Mon ombre pleurera, exilée. Oh que sonne. A mon beffroi brisé la cloche souvenir! Mes instants lumineux ne doivent pas finir. Etoiles, rayonnez sur mes aubes sans cesse. Rappelez au devin que je fus enchanté, Qu'un chant me fut ravi, qu'un chant me sut hanter, Qu'il fut riche trésor plus que sourde promesse. J'ai parcouru le soir où chantaient les grillons. Les bois et les rumeurs semblaient des sanglots longs Mais la paix en mon âme exultait. Danse. Ivresse! 30 juin 1961 |
You have withheld the days which were promised to me. Now the bright summer comes and the twilight autumn. To the orchards, my friends, I'll see how your party Slip out while my exile shadow must weep alone. On my wrecked belfry, ring, bell of memory! Stars, you shall on my dawns shine again and again, Remind the Divinour that I was put in chains, That I have been bereft of a chant haunting me Which was a rich treasure and not a mere promise. These luminous instants of mine I won't dismiss. I have searched the evening that chirping crickets hail. If the woods and rumours are to me a long wail, My inmost self is dance, rapture, exulting peace! 30th June 1961 |
Les chants et les rêves s'en vont. La paix me berce, charme long. Voici que tu frappes - m'emportes- Bonheur à ma porte. Un assoupissement sans heurt M'emplit de paix et de torpeur. Passez les soirs, coulez les rêves. Mes douleurs sont brèves. Mon beau soleil, page adoré, Etame ton écu doré. Mes remords fuient comme des lièvres. Dormez O mes fièvres. Des cris d'oiseaux crèvent mes murs. Il luit dans mon réduit obscur. Qui règne en mes roses vermeilles? Un prince. Qui veille? Oh, qui veille? 1 juillet 1961 |
Songs and dreams are drifting away. Peace grants me beguiling delay. Until you knock -and you take me- At my door -felicity. A drowsiness without hits Fills me with both torpor and peace; Go by evenings! Flow dreams and songs! Heartbreaks never last for long. My handsome sun, my beloved knight, Tinplate your shield with your gold bright! My remorse bolts as would a hare. Leave me alone, O nightmare! Shrill shrieks of birds burst through my walls. Gleam oozes into my dark halls. Over these red roses holds sway A prince. Who shall keep watch all day? Watch all day? 1st July 1961 |
Brune autant que hautaine, hautaine autant que belle, Torturante à ma fièvre et dédaigneusement Rafraîchissante à la soif qui me tord et telle Que cent ans ses désirs étancheraient l'amant, Lourds cheveux comme nuit, lèvre, aimant qui me hèle, Beau corps souple et secret, tiède, chaud, sombre aimant, Gouffre aux cuisses chantant comme un choeur de sirènes, Plaisir, délire doux qui nous mord et nous ment, Brune implacablement et sereinement close Qui la tête tournée et rêvant d'autre chose Ne fites qu'un moment luire un oeil grave et noir, Comme un vase sacré renferme les essences, Mon rêve aurait baisé vos pieds, votre puissance, Si quelque peu de vie eût bercé mon espoir. 12 juillet 1961 |
Dark-haired, haughty lady, haughty and beautiful Who kindle my fever and soothe disdainfully The thirst that's twisting me and who would be able To quench for a hundred years anyone thirsty. Your hair heavy as night, your lip a lure. Secret, Lithe, beautiful body, lukewarm and dark magnet. Swaying hips, harmonious as a choir of sirens, Pleasure, soft lunacy that bites us and cozens. Implacably dark-haired and nonchalantly close. With averted face and dreaming of what you chose, Just for a while a stern gleam passed over your eyes. It was like a perfume in a holy vessel. My dream, laying a kiss, at your feet would nestle If my hope had been raised by a mere breath of life. 12th July 1961 |
Un soir qui se glissait à la limite des chiens, Où tout loup devient chien, tout lion potiche de table. Un soir qui s'attendrissait à la limite des romans (Formes frêles qui étiez de veille sous les lampes) Sur le hamac des grands arbres, un rêve d'odalisque vêtue. Les blancheurs sur les statues étaient chairs entre les troncs Et les sourires étaient seuls visibles, plaies dans la nuit de vos formes. Un bassin gardait le feu entre ses margelles. Une rumeur de ville au lit des arcades éclairées. Deux pavillons faîtus blémissaient avec la nuit Entre le fleuve et la cité, île de pelouse et de silence. 25 juin 1965 |
The evening shadows were blurring the distant dogs: -A wolf could be a dog, a lion a knickknack- Inducing one to cheap sentimentality (With those frail shapes crowding under the lamp of old!) The trees: a berth for dressed odalisques to rest on The white spots on statues: flesh between the dark trunks And their smiles: visible wounds in this twilight world. A pond was still aglow with light within its rims. Hum of town at the bedside of the lit arcades. Two high-roofed bungalows grew pale as night grew brown, Between river and town, islets of quiet lawns. 25th June 1965 |
Aux clochers de ravins une cloche d'écume. Mer qui m'a soulevé, vigie ou matelot, La hantise des bois monte comme un halo Qui n'abdique jamais la vigie dans sa hune. Les festins sont glacés aux plages de la lune. 24 juin 1965 |
A bell of foam tolls from steeples in the valley. Sea that hove me away, -look-out or sailor here?- Like a halo rises the forest's haunting fear Of which the top mast watch never may grow weary. The feasts for the moon plain revellers are icy. 24th June 1965 |
Son front - le roc têtu qui éparpille la tempête. Sa conque - tresse que le glaive saurait trancher Coquillage - sous la toison attendent-ils une voix? Nez -pur (eau?) et long (quel roi?) - mélodieux Un fleuve au cours brisé porte un nom de romance Une musique -accord- dont la conque est écho. Lyre - si exiguë que n'en jaillit perle ni chant. Forêt - Je devinais sous vos abysses le secret des myrtes en fleurs Lune - un frémissement de reflets sur les ombrages qui s'agitent - une épouvante de pinsons aux premières odeurs de la pluis - une allégesse de lauriers et de sauges odorantes d'angoisses. L'ébranlement jusqu'à la nuit. Paix - Son doigt modèlera la forme de l'extase. Sa paix alanguira les sang brisant tes flans. Tes seins, massifs hantés, éléveront des vases. La honte de ton ventre étoilera ses blancs Et la croix bénira le nouvel édifice De tes doigts longs croisés, le sang du sacrifice Je ne sais d'autel qui ne reçoive de dieu. 25 juin 1965 |
Her brow -A stubborn rock scattering the tempest Her bun - Braid that a sword were able to sever. Conch of hair - do they under the fleece expect a voice? Nose - pure (water?) and long (which king's?) -melodious A sinuous river with a romantic name. A music - or a chord - which this conch shall echo. Lyre - so exiguous that it yields neither pearl nor song. Forest - I sensed beneath your abysses the secretive blooming myrtle Moon - shuddering reflections among restless shadows - chaffinch scared by the smell of a starting shower - joyful mix of laurel and shy, odorous sage A shivering that lasts until sunset. Peace - Her finger shall model the shape of the rapture Her peace shall soothe the blood that is beating your side Her breasts, haunted hillocks, shall their vases proffer The shame of your stomach star-shape the pallid slide. A cross shall bring blessing on the new edifice Your fingers crossed on the blood of the sacrifice. There, where an altar stands, one must worship some god. 25th June 1965 |
Vignes, parfums, vienne en ma chambre La cantilène de septembre, Le frissonnement du matin, Un soleil étrange, lointain, Un souvenir de fruits, de branches. Est-ce un parfum de roses blanches? Des eaux croupissent quelque part. Des cris d'enfants. Silence épars. Bientôt vont déborder les tonnes Les fruits bourdonnants des automnes. 16 août 1966 |
Scents of vine come up to my room: It's September that gently croons. There's a shivering in the morn, And strange and remote gleams the sun. A memory of fruit, of boughs- Is it the smell of some white rose? Somewhere foul waters' putrescence. Cries of children. Scattered silence. Soon shall overflow the barrels Of coming Fall with their marvels. 16th August 1966 |
Tout l'étincellement de midi sur les toîts- Zincs huilés, reflets roux, pans ardoisés étroits- Enchevêtre et bâtit une mer que tu toises. Quel steamer de son fer éventre ces ardoises Et cingle soulevant l'écume? Les requins rôdent sous le couvercle de paix. 11 août 1966 |
Penché au dessus du sommeil de ta demeure Tu écoutes. Les bruits venus des songes de la pierre Et de l'étirement des bois -les vols des oiseaux Captifs au fond des caves et dont les ailes battent Le long des tuyaux - le martellement bref Des eaux bouillonnant au fond des chaudières et des cervelles. Penché au dessus du sommeil, cerné de nuit, Dans cette veille qui est avant le jour peut-être, Ou peut-être avant le nuit. Tu ignores Si les rôdeurs ne gravissent pas les escaliers. 14 février 1964 |
I lean over my sleeping home, Listening to creaks from dreaming stones And stretching woodwork, captive birds Fluttering from the basement, up the drains, To the short, hammering hiccoughs Of steam rattling boiler and brains. I lean on sleep with night all around -There'll be soon dusk, or, maybe, dawn-, Wondering if some prowlers Entered the house and come upstairs. 14th February 1964 |
Vigne. Le lierre, splendeur d'accords graves, de chants Inaccessibles, d'ors sublimes, sur un champ De sinople croissait, croisé de geule et cendre. J'invoquais sans ouir ses réponses Cassandre. Près de moi vous couliez, beau Rhin de mes espoirs. Votre profil sans front ployait sous chapon noir. La musique gonflait votre nez, votre bouche. De si pure douceur qu'elle en était farouche. L'orgue roulait, galet. Mouette, volait la voix. Vigne, non. Grape lourde. 15 février 1965 |
Vine. Ivy, a gorgeous blend of low-pitched chords and song Out of reach, of sublime gilding on a blason Of vert crossed by stripes of sable and of gules.. I invoked Cassandra -but was deaf to her calls . Near me you were flowing, stately Rhine of my hope. Your profile whose forehead was hid by the hat's slope Showed your nose and your mouth that the music did swell With deep tenderness or eagerness, who could tell? The voice flew, a seagull. The organ rolled, pebble. Vine? No. T'was heavy grape. 16 February 1965 |
Ne venez plus danser aux marches de mes rêves. Ne venez plus cueillir les lauriers dans mes bois. Sur les fifs engloutis flotte une chanson brève. Sur mes Atlantes chus un vestige de voix. Un ruban m'est resté que caressaient vos doigts. Trente ans n'ont émoussé le fer qui me transperce. Un hibou qu'a cloué le paysan sournois Agite sa douleur en tremblement de herse. Ma hantise clouée halète au lit de bois Mais n'arrachera pas sa chair avec ses lois. Ne venez plus danser au large de mes lèvres. Mon fer est plus profond que les fjords de Norvège. 24 juin 1985 |
On the fringe of my dreams, O, cease dancing around. Cease gathering laurel branches from my covert. On my foundered estates a short-lived song resounds. On toppled Atlantes a remnant voice lingered. And I kept a ribbon that once you had fingered. Thirty years failed to blunt the sharp sword of sorrow. Owl nailed onto my door by some shifty peasant, Shattering its pain as would on the ground a harrow, My crucified shyness gasps for breath on the plank Endeavouring in vain to free its wings and shanks. From the shores of my lips your dance shall sail away. My wound reaches deeper than the fjords in Norway. 24th June 1965 |
Sous le givre et le froid coule une chanson douce Les oiseaux enchâssés enchantent la maison Mais rien ne figera la bruyère qui pousse L'émeute sans pitié brisera la prison. Hiver, qui viens toujours pour celui qui t'appelle. Après tant de printemps apprendre ta chanson! Dans la paix et la mort ta sagesse étincelle Le ciel est pale et doux comme un cri de pinson. Retrouver le chemin! Retrouver la chanson! 2 décembre 1989 |
Underneath icy frost, hark, a gentle song flows. Birds, embedded in rime, cast on the house their spell But nothing ever could freeze the heather that grows. Their pitiless riot shall demolish the jail. Winter who always come to whoever calls you, After so many springs to learn the song you sing! In peacefulness and death your wisdom keeps aglow. The sky is wan and mild like the chirp of a finch. To walk again the path! To sing again the song! December 2nd 1989 |
D'une gemme hanté regagner mon repos, Où suspendent les vents et musèlent les sources L'espace et le courant dont achève les courses L'illusion d'un champ pavoisé d'oripeaux. Voici qu'ont triomphé les haltes, les drapeaux. Les froids ont allumé aux abîmes les Ourses. Tu gagnes les confins et, dernière ressource, Rejoins le pays vert qui règne sous les peaux. Monde stellé qu'étreint une inerte puissance, Où tout est pierreries et lueur et naissance D'une immobilité qui rayonne -joyau- Où l'aube allumerait des brasiers de silence Si le chant ne creusait cette mine qui lance D'une grêle de dards les sommeils déloyaux. 27 janvier 1990 |
Enraptured by a gem, I'd return to my rest There where the winds calm down and the sources suspend Inert space and movement whose runs are caused to end By the lure of a field flagged with tatters and shreds. T' was a triumph with flags and altars of repose. Cold heavens have lit on the Bears in the abyss. I'm driven back into my ultimate recess, A green country that lies under my lids enclosed. It is a starred world that placid power has seized, That's full of sparkling gems and gleams, where arises -Shining forth like a jewel- an immobility Where dawn would set ablaze pyres and flows of sounds staunch, If the song did not dig this trench from where to launch, In hails of shafts, slumbers full of disloyalty. January 27th 1990 |
Que la ronde à la chute asservisse l'écorce, Je suis creuset du mot d'où sort le seul vivant Le cèdre qui s'abat est la preuve du vent Un cristal invaincu muselle souffle et force. Ame du tourbillon qui compose mon torse, Mes heures dispersant comme la graine au van Je recèle la pierre et le rythme savant Qui d'un astre levant sont la mine et l'amorce. Spirale engloutissant les bornes et les ans Je serai le mangeur du monstre qui m'enlève- Thésée insoucieux du secret qui l'attend- (Sur champ d'éternité pousse la chanson brève) Et je retrouverai quand sonnera la trêve Mon centre inviolé que déserte le temps. 5 février 1990 |
Let the dance make the hull be subject to decay, A crucible for words, I shall free the live one. Who can deny the wind when the oak crashes down? In flawless crystal are breath and strength caged away. Spirit of the whirlwind that composes my chest, I scatter all my hours like grains I would winnow, Concealing in myself gem and skilful tempo In which a rising star has both start and recess. As a spinning spiral engulfing years and miles, The fiend abducting me I shall, some day, devour- Theseus oblivious of the hiding monster-. (In everlasting fields thrive the short-lasting strains) And I shall find again, once the truce is proclaimed, My inviolate realm that's deserted by time. February 5th 1990 |
Le chant de l'ange est sans pouvoir. Suspendu Sur cet abîme où ne bat plus le temps Il est celui qui se contemple et s'efface Ni pleur ni cri. Un vol d'alouette, ou son chant. Un filet de marbre sur la douleur tendu. Le mendiant qui nous harcèle ici, mais au-delà- Hors mon silence à tout défunt, toi qui passes. Perugino. Santa Maria dei Pazzi (Florence) 22 avril 1990 |
Of no use is the chant of the angel. He hangs Over this abyss where the pulse of time stands still. He considers Himself. They give no moan, no cry, As He passes away. A soaring lark, a trill. To cover this sorrow a marble net was spun. Beggar harassing us, will You in the beyond..?- Leave my silence to which all is dead, Passer-by! Perugino. Santa Maria dei Pazzi (Florence) April 22nd 1990 Note: refers to a picture by Perugino |
Devenir le miroir. Réinventer le sens. Le chant que tu levas deviendra source, sente, Aldebaran fautive où les murs sont absents. Un vol illimité dessinera l'absente Qui cerne de tes feux tes haltes et tes sens. Une sphère en moyeux agence ta mémoire. L'aile est-elle le point d'où s'arrache le cri? Transparence, au tréfonds déroule le grimoire. Un savoir interdit où le monde s'inscrit. L'onde en bris renoué dispersera ta lance Et lueur, en l'éclat englouti, ton fanal, Le seul rayonnement formera ton final. Le diamant immobilisera la balance. Eblouissement. Scintillation. Silence. 20 mai 1990 |
To become a mirror. New meanings to contrive. May the song that you raised become both source and path; A flawed Aldebaran of closing walls deprived; A boundless flight sketching in the face of the wraith Who surrounded your rest, your sense, with your own fire. A sphere changed to hub distorts your memory. Can the wing be the point whence tears itself the cry? Inmost depths where the scroll unrolls transparency, A forbidden knowledge where the world is inscribed. Stubbornly breaking waves shall dispose of your spears, And your beacon's glitter shall sink into this jail, Sheer radiance, your final display at last appears. A diamond shall tip the restless, wobbling scales. Sparkles shall blind your eyes. Silence shall numb your ears. May 20th 1990 Note: Sky by day |
Un astre enseveli dont le jour est absence Dans le plomb s'est couché sur la rive du sang. Le ciel de se mouvoir accepte l'impuissance Est-il cri plus aigu, est-il chant plus puissant Qui du mot que tout tait donnerait connaissance? Aux entrailles fouillant flaire le tamanoir Une masse d'échos, d'atomes et de fuites. Des étoiles sans feux habitent ton manoir, Entrecroisent leurs jeux, immobiles poursuites, Dépossèdent tes yeux par la vitesse, sûr Repaire, tournoiement d'un grain que vide hèle. Le vol anéantit le battement de l'aile. Invisibilité quand s'efface le mur Pour un rempart qui vibre et qui rompt, dense, dur. 21 mai 1990 |
A buried star from which daylight has ceased to shine Into the leaden sea sank on the blood-hued shore. The sky submissively does not stir any more. Can the word that all things in deep silence confine Be claimed by shriller shrieks, or in louder songs soar? The ant bear burrowing into these entrails got The scent of sounds and mites and flights, all in a maze. Stars that do not glimmer, entangled in that knot, Interweave their frolic and their motionless chase, And they divest your eyes by their swiftness, a smart Eyrie, spinning eddies of grains that the void hails. These flights blur the flapping of their wings in their trails. Invisibility, when the wall falls apart, And yield, a frail rampart, however dense and hard. May 21st 1990 Note: Sky by night |
Le poing qui tord, l'essor du cheval cabré, Et ton regard, défi sur le ciel sabré, Tumultueux, de l'autre nuit maître et lige, Muselais-tu ce tumulte où tu sombrais- Soleil -éclat ou marbre clos qui te fige? Le Bernin- pièce d'eau des Suisses 7 novembre 1990 |
With your twisting fist and your horse made to rear up, Your glance challenging the sky slashed with sabre-cuts, Turbulent master and liege lord of yester night, Could you muzzle surging uproar and dreadful plight- Blazing sun or clotted blood in a marble cup? Bernini- Versailles Gardens November 7th 1990 Note: refers to an equestrian statue of Louis XIV in Versailles Gardens |
Vous fixez aux fuseaux nos ombres, filandières, Mais n'interrompez point la course d'Apollon Et n'immobilisez le fleuve qui selon Les astres, les saisons, les heures coule au long D'une immobilité que n'atteint la prière. Ronde, tourne, joyaux des couronnes sans fin. Etincelez où le désir connaît sa faim. La cinquième à chanter habitera la bière. 30 mai 1991 |
With your spindles you fix, spinning girls, our shadows, But mind you don't hinder Apollo's slow journey And don't stop the river that in conformity With the decrees of stars, seasons and hours flows And yet keeps motionless despite our entreaty. Dance, go round, sparkling jewels on wreaths that are endless. Shine on this abode where lust grows to greediness. The fifth girl to sing shall fill a grave presently. May 30th 1991 Note: refers to frescoes in a palace of Ferrara |
Ni le roulis. Le cri s'agence. S'achève Le poids lointain de rêves et d'os. Relève D'un nouveau poids. Soleil ni vent. Astre clos. (Suprême amour, as-tu connu ton repos?) Sur l'épervier s'est refermé le scandale. Ni le roulis, ni le dépit. Plomb et dalle. 16 août 1991 |
No rolling. The cry that orders space. The distant Weight of dreams and bones is abolished. Replacement By a new weight. Without sun or wind. Star that's closed. (Supreme love, when did you ever enjoy repose?) On the wild hawk has closed the snare of the outrage. No rolling, no heartache. Leaden cover, stone grave. August 16th 1991 |
Elle a fini la chanson secrète. Elle a fi ni l'attente, le coeur qui maintient le défi, L'éboulement, l'escalade, le vent qui hèle- Fini. La place vide où résonne midi, Le coup de feu qui retentit. Et soudain Une telle paix, une telle paix, une telle 17 août 1991 |
Finished is your inward crooning. And with it fi nished your waiting, O heart rebelling doggedly, No more collapse, nor on dizzy heights winds that hiss- Finish. The square where clocks strike twelve remains empty, The shot rang loudly. And all of a sudden There was such peace, and such silence, such silent peace August 17th 1991 |
La faux se tait. Où ne sonnent plus les entraves, Landes. Le vent enchevêtrera les pacages. Fleuve d'un sang qui ne connaît plus sa source Je regagnerai les terres de la mémoire. Pour y retrouver ma cantilène assidue, Ce chuchotement qui a le goût du bonheur. 21 août 1991 |
The scythe subsides. Fetters that don't clank any more, Pasture lands entangled by the wind. Heather. Moor. River of blood flowing ignorant of its source, Lands of my memory for which I shall set course: That's where I'll hear again this ancient song of mine, This whispering tasting like rejoicing sunshine. August 21st 1991 |
Des confins- pèlerins, portulans, astres, mémoire Le velours unit parchemins, déclins et tombeaux L'étoile cligne où se raccordent tes lambeaux Mais la voix est vent étrangère, étrange, -noire. (Accord et paix d'espaces sans horizons) Et tu recueilles des landes de ta raison Une vibration que tu appelles ton histoire Aux profondeurs le silence est un reflux. Ciel étincelant sous les paupières denses. Le poids plus que l'aile mène aux cantiques sus. Que ton savoir soit de ne déserter plus L'autre confin où s'achève ton absence. 27 avril 1992 |
Pilgrims' records, old maps, stars: in the lands beyond A velvet tape is tied round parchments, vales and tombs. The star where are patched up your shreds of maps flickers But its voice is mere wind, alien, strange, -sinister. (Harmony reigns in these fields bare of horizons) You gather among the heathers of your reason A vibration that for your history accounts. The silence in the depths is like a backward ebb. Heavens dazzle under the tightly closed lids. Heaviness -more than wings- to the well-known hymns leads. Bear in mind that you should never again desert The other bounds where absence to presence reverts. April 27th 1992 |
Arc. Eblouissement de sphères et de lignes Où crépitent en feux leurs passages perdus, Chaudron d'éternités à vau le temps et du Mirage d'un ciel mort, tordu -forces et signes- Ou chevelure, front qui le talon assigne Pour, roue, hissé le sein et le ventre tendu, Etoiler d'un refus ce plaisir qui m'est dû, Transmuant son élan en tel autre plus digne: Devenir maître de l'inflexible pivot Qui ne sait du nadir dévier quand prévaut Le seul emportement du chiffre, du langage. Atomes, tourbillons que fige, annule l'âge, Dites du corps ployé, du ployé firmament, Qui m'emporte ou m'enclôt; qui m'éveille ou me ment. 1er mai 1992 |
Bow. Orbs circling on lines where, a dazzling display, They spit flames as they speed past and vanish away, Cauldron overflowing with eternities and Twisted reflection of a dead sky, a dead end. Or comets with long hair flowing from crown to heel, With raised breast and pulled in stomach shaping a wheel That is starred refusal of pleasure due to me Compelling my impulse to become more worthy: I shall be master of the unyielding axis, Which keeps pointing down to the nadir, since there is Nothing that rules the world but figures and language. You, eddies of atoms, tied or cancelled by age, Say, which of bent body or of bent universe Is freedom or is fence, which is fair or perverse. May 1st 1992 Note: Michel had a small telescope. |
Parfums, convulsions et repos. Hagards Bras tâtonnant vers le refuge de bras qu' Outre l'écorce avance une attente et craque Pour en brasier éployer l'essaim de dards. Ici nul feu. Le désir est seul regard Et les chasseurs aux outre-voix qui te traquent. Savoir la nuit! Chemins qui tressent, qui raquent. Si, plus profond le dieu qui veille en toi, car Règnent le nard, l'aconit et la pervenche Sur leurs matins ton hôte veut la revanche Quand la racine est le calice du vent. Houles, limons et noirceurs musiciennes. Deviens ce dieu rebelle qui fasse sienne Une clarté montant des gouffres du sang. 1er mai 1992 |
Perfumes and convulsions and repose. And wild arms That grope and seek refuge in arms protruding from The bark, impatiently. They crunch and crackle on A pyre when they spread to a fan their darts in swarms. But it's a fireless fire. Desire is the sole glance. There where no voice reaches, the hunters track you down. The interwoven paths of the night must be known To the god hid in you, possessed by vigilance, For iris, aconite and periwinkle reign On whose mornings your host wants his revenge to gain, Once the root has become for the wind a chalice. Within these swells of silt and musical darkness Be this rebellious god that he may have access To the brightness rising from the scarlet abyss. May 1st 1992 |
Noces. Le plomb immobilise feuillages, Cribles de feu sur les mousses assoupis Par la longue chansonnette sans répit, Sur un effroi fait de sommeils, de mirages. Veille l'autour de ta vigilance et si La roue tourne sur tes brasiers indécis, La voix manque qui tresserait en récits Cette torpeur, cette hantise, cet âge. Ombre. Moments d'inexistences pétris, Rouet d'instants, bourdonnement lent et lan- cinant abîme où tout écho meurt- et cri Pour le veilleur du seul pays de silence. 1er mai 1992 |
Wedding. The leaves don't stir in leaden gravity, A sieve of slumbering fire covers the moss Seized by some dreadful dreams and in mirages lost, It is lulled by a long and obstinate ditty. Your vigilance is that of a watching vulture. The wheel rotates on your smouldering furnaces. But to give an account, you're in need of voices, Of this obsessive fear, this age and this torpor. Shadow. Moments kneaded with inconsistency, Wheel spinning the instant, slow humming, bottomless Abyss where all echoes subside, - cry of distress To the look-out of the only silent country. May 1st 1992 |
Le sans-visage, sang du seul coeur issu, Sous la clarté devenu sol, sel, usages, Mer où surnage la splendeur d'un visage Qui se croit roc sur un sommeil jamais su, Bloc fissuré d'où coulent, fluent et se suc- cèdent, an après an, rituels sages, (Et quelquefois il se devine passage, Cet univers, pour un craquement perçu) Île brisée et flottaison, il et île Enorgueilli de la croyance futile Qu'un coquillage est le prétexte du flot, Sol refondu de la saumure qui ronge (Songe durci, mais la substance est de songe) Puis dans le sang diluant son bref caillot. 7 mai 1992 |
O faceless one, O blood that from the sole heart streams Once lit up you're supposed to be salt, soil, solace, A sea where lingers on the splendour of a face That means to be a rock, unaware of its dreams, Cracked rock exuding in continuous flow, Year after year, rituals, appropriate and sound, (Though, when a squeak is heard in the world's underground You may suspect, sometimes, the change you undergo), Broken isle, floating wreck. Yet, either ship or reef, You delude yourself with the deceptive belief That a mere shell may be the pretext for a flood, Soil that the brine has drenched and spoiled and watered down (Hardened dream whose substance remained a dreamed up one) Your short-lived clot shall be diluted in the blood. May 7th 1992 |
SI DE SOMMEIL HANTE Si de sommeil hanté, errant où ne s'achève Le ciel ou son miroir inverse, la raison, Tu prolonges ta marche aux rives des maisons Quand halète la soif, agonise la sève- Le feuillage ocellant le trottoir et le rêve- Quand l'immobilité bâtissant la prison Un coeur obstinément t'enchaîne, l'oraison Des jardins assourdis, au temps de l'ombre brève. Perrons et camaïeux flottent sur des lenteurs. Nul Lancelot, gravis, ne brave les lutteurs. Les tigres des gazons dérivent vers la vague. Silence au jardin clos, au salon annuité Où la fille au réveil geint de n'avoir été Pour le songe qui s'effiloche qu'une bague. 27 juillet 1992 |
If, overcome by sleep, you wander when the sky Becomes blurred, mirroring your mind, now going down, And carry on walking on the edge of the town And you're panting with thirst, feeling your blood run dry, When patches of light on pavements and on dreams lie And immobility has become a prison, A heart that stubbornly chains you up, orison Of the gardens deadened by the short-shadowed time, - Monochrome flights of stairs on slow moments linger - Mock Lancelot, climb up, don't challenge the wrestler. The tigers on the lawns down the waves are drifting. The closed yard is silent, so is the darkening lounge Where the awakening girl complains that for this strange Dream she was but a ring to prevent its fraying. July 27th 1992 |
ALPHABET Astres, brutes chaussées d'effrois, frêles granules, Hautains, incendiez, joyaux, kriss lumineux, Mais n'osez pas que rois souterrains, ténébreux, Ululant vers wadi, xènes y zinzinulent! 27 juillet 1992 |
A brightly coloured day encouraging freely Great hordes in joyfully knowable lavishness May not order people queer rogues so to undress Without xenophobic yesterday's zealotry. July 27th 1992 |
L'horizon était sombre et le ciel était noir Et le train à travers les champs passait trop vite. Les corbeaux coassaient. Un tel temps nous invite A fermer l'oreille à toute chanson d'espoir. Tout était triste et sombre. On aurait dit le soir. La mort est sur les lieux quand le soleil les quitte. Le paysan maussade va, suivant le rite, D'un pas lent et traînant au coin du feu s'asseoir. Les oiseaux se taisaient. Qu'aviez-vous à vous taire? Quand tout est endormi et muet sur la terre Le seul oiseau qui chante est l'oiseau de la mort. Les champs se dépouillaient et les feuilles jaunies Tombaient. A travers bois des sources endormies Couraient, inexorablement, comme le sort. 14 Septembre 1948 |
The horizon was dark and the sky lowering And the train through the fields was swiftly hurrying. And ravens cawed afar. Such weather invites us To shut our ears to hope whose song is fallacious. All was sombre and dull, though it was not evening. And death took up the space that sunlight was leaving. The sullen countryman shuffles to the recess And sits down on the chair where he is used to rest. No twittering birds were heard. In silence you are banned. When all things on the earth are asleep, speechless stand, The only loud birds are these dismal birds of death. The withered leaves were stripped off the trees by the breath Of the wind. Underneath the wood the drowsy source, Unswervingly, stubborn like Fate, took to its course. 14 September 1948 |
Une rumeur de voix habite ma mémoire. Vous passiez lentement par les vignes en fleurs. Aux lignes du côteau solfège notre histoire Agence ses rfrains, ses fugues, ses déboires. La nuit de vos cheveux n'abrite de lueurs. Le désir tâtonant râle aux joncs de la rive. Au fil de votre voix ma hantise dérive Comme un chaland brisé que mènent les haleurs. 26 mars 1967 |
The remnants of a voice dwell in my memory: Placidly you advanced along the thriving vine. The hillside was a stave whereon our history Combined to choruses, sounds clear and eery And the night in your hair is redeemed by no shine. Groping desire expires in the rush of the banks. My shyness shifts along your accents like the planks Of a wrecked barge that howlers tow down the brine. 26th March 1967 |
Ce bloc d'or et de nuit qui n'a jamais sonné Sous le pic du malheur, sous le fer de la peine, Sera sang et lueur si le démon déchaîne Le pouvoir d'un soleil en ses flancs entonné. Il rendra l'ouragan par le père donné En fournaises de mort et en ressauts de haines, Car pour guider son ire il n'est de capitaine Lorsque la délivrance à son heure a tonné. Toi qui m'as de pouvoirs comblé jusqu'à démence, M'as-tu remis la clef de calme et de clémence Pour asservir la flamme et museler la voix? (Comme un enfant qui mène, et qui n'est qu'innocence, Un mâtin monstrueux sait levant un seul doigt Mettre un cachet de cire à cette outre d'airain). 20 janvier 1980 |
This block of gold and night, nugget that never rang Under misfortune's pick or calamity's crow, Shall run to gleaming blood, if the demons allow The sun in its entrails in lofty skies to hang. It shall to furnaces of death and of hatred Turn the wild hurricane imparted by its sire Since there is no helmsman to guide about its ire When time has come for it to be delivered. You who presented me with this boundless power, Did you give me the key to the placid tower That I might tame the flame and let silence return, - A child who, though it does it in all innocence, Compels from a mastiff abject obedience - And affix a wax seal on the bronze of this urn? 20 Januay 1980 |
Où le sang a fleuri peut-il couler des roses? Le chant cherche une bouche et découvre un tombeau. Plaine, dors. Sous les blés l'histoire se repose. Vous aviez arraché le mensonge en lambeaux. Les jours ne sont pas morts où flambaient les mitrailles. L'espoir peut-il mourir? Peut-il mourir l'essor Qui disloque l'idole, éveille les sonnailles Et fait l'aube flamber sur un lendemain - mort? Un visage de paix sur les vignes se lève. Les toits noirs sont toujours qu'un poète chanta. La fille au fond des yeux laisse briller son rêve, Mais son front au passant est mur où rien ne bat. Zingarelli sanglants. Combattants. Files lentes. Qui fuyiez par la nuit, la neige, les rancoeurs. Il n'est plus de clairon à nos chants qui ne mente Puisque l'espoir du ciel a pu broyer les coeurs. Il n'est plus de destin qui ne s'appelle leurre. Il n'est plus de cité qui ne s'appelle mort Puisque se sont figées, impuissantes, les heures Le long des quais hautains où le Danube dort. * Au lac pesant d'azur un vol de libellules Brode au drap de silence une lisse de tulle Où la mer triompha s'étalent les blés verts Et les puits aux longs bras sont vaisseaux dans les airs. Le sang ne fut pas vain. Le destin qui s'achève Abîma le clocher, le village, la grève, La danse sous les bois, la chasse et le château, La noce en habits clairs gravissant le coteau, Non le chant du vaincu, redisant sa hantise, L'éclat des tambourins, le vin qui brille et grise, Le vagabond au bord du lac que mort brisa, Ni le soir s'attardant le long de la Tisza. 15 juin 1978 |
Where blood flowered, how could a stream of roses flow? A song sought for a mouth but found a grave instead. Plain, sleep! History rests under your fields, although You had exposed their lie and had torn it to shreds. The sky is still aglow where volleys were flaming. May hope renounce? How could the mighty surge subside That caused the idol to stagger and bells to ring. Dawn to come tomorrow - Could it be that you died? An appearance of peace has pervaded the vines. The black roofs still exist that the poet extolled. The dream is still gleaming deep in the young girl's eyes But her brow for strangers is an impassive wall. Blood stained gipsies. Fighters. Slow rows of fugitives That proceeded by nights full of snow and rancour. The joyful trumpets in our songs are deceptive Since even hope in God left us so disheartened. There is no destiny you wouldn't call a lure. There is no town but seems to have passed for ever, As everywhere frozen stands the powerless hour Along the haughty banks of the Danube river. * Above the deep blue lake a swarm of dragonflies Embroiders the sheet of silence with seams of tulle. What was a former sea is now green countryside And ships in the air seem the wells with their long pools. Blood was not shed in vain. Your fate comes to an end Which abolished steeples, hamlets, castles and mills, Dances under the woods, games on the golden sand, The gaily coloured dressed wedding trains up the hills, But not the haunting chant that the vanquished murmur Their beating tambourines, nor their elating wines, Nor the lake shore where death has crushed the wanderer, Nor the sunset dwelling over the flowing Theiss. 15th June 1978 |
Dans la rue Saint Denis. Dans la rue Saint Martin. Il n'est plus de midi. Il n'est plus de matin. Les toits où fut l'amour croulent sous les volées. Par de grands pans d'azurs masures dentelées. Les rires des passants ne sonnent plus l'éveil. Aux caves triomphent les déserts du soleil. Dans la rue Saint Denis, j'ai cherché votre rêve. Les murs n'ont rien gardé comme un coffret qu'on crève. Un désert chaque jour qui grandit, qui s'éteint. Le silence d'un nom par la rue Saint Martin. Les jours vont triompher, puis les mois, puis les heures... La chanson souvenir est sortilège et leurre. La chimère qui luit au pan appelle et meurt. Des hôtels désertés sous le pic des foreurs Et votre souvenir plus ténu que ce rêve... Dans la rue a passé l'écho des chansons brèves. 19 août 1978 |
In the rue Saint Denis. In the rue Saint Martin There is no more midday. There is no more morning. The former nests of love yield to ram and backhoe Opening in their walls wide, indented gaps of blue. No more passers-by hail the morning with their laugh Basements are deserts lit by the sun in triumph. In the rue Saint-Denis my dream of you was lost The walls did not retain it as a chest that burst. Each day a little more, a desert is spreading. A name has ceased to sound in the rue Saint Martin. The days will overcome, then the months, then the hours… The song of memory was spell. Now it ‘s a lure. The gargoyle on the wall, calls out and dies, until The deserted den falls under the hammer drill. So does, thinner still than this dream, my memory Of you… As the echo of a short-lived ditty. 19th August 1978 |
Aux noces de l'été montent les cantilènes. Un oiseau vole et rit sur les bosquets brisés. Cloches blanches, tintez, qui redirez mes peines. L'au d'amour ne luit plus au bord de mes fontaines. Ni les échos d'antan, hors des bruits de baisers. Aux berges du jardin comme aux limes du rêve, Les larmes qui battront se frangeront de dards Et n'ébranleront plus la chansonn douce et brêve, La lenteur des midis que le silence grève, La nuit qui lentement triomphe du regard Ni la grève, glissant sous les couchers hagards. 22 août 1978 |
When for summer’s wedding epithalamies rise, A bird flutters about and chirps on the crushed boughs. O, white flower bells, toll, repeat my doleful cries! No more water of love in my gleaming ponds lies, Nor, but sounds of kisses, faint yesteryear’s echoes. At the yard’s farthest end, as if on a dream’s shore, Surfs of tears fringe themselves to hedges of arrows. The soft and short tune shall be disturbed no more, Neither by weary noon that the silence abhors, Nor by night when your glance gradually narrows, Nor, at sunset time, by the rocks’ distraught shadows. 22nd August 1978 |
Les portes qui en s'ouvrant découvrent des clairières Laissent échapper des volées de grives Dont le chant ne connaît qu'un seul message. Il y a un visage derrière chaque feuille de tremble Et le sourire multiple et unique Comme au fond de mille puits une seule lune se mire. Au roulis infini de mes ans J'ai gagné l'anse veillée de rochers Et la lumière immobile de l'été, Mais rien ne saurait clore l'angoisse ni le songe Le vent peut balayer un à un vos noms, Il n'efface pas votre hantise. 31 août 1978 |
The doors you push open give a glimpse of the glades From where thrushes in flocks soar up and fly away Whith trills that will always the same message convey. There is a face hiding behind each aspen blade And the smile, manifold and unique at a time, Like one moon reflecting in a thousand wells. Swept by the rolling as the sea of my years swells, I repaired to a cove sheltered by a rock line Bathed in summer light and in motionless blue; But nothing brings relief from the dream, from the dread. Wiped by the wind your names, one by one, may well fade, A memory survives: the haunting fear of you. 31st August 1978 |
Ni la main sur le front, le geste sur la page Les mots qui sont fanés, les échos qui se taisent. Un horizon s'efface où pointait le matin. Un vol d'oiseaux de soie sur des sources taries. Un à un recueillir des cailloux et des larmes. Un visage se clôt où s'ouvraient des fontaines. Le contour d'une voix qui conduit aux lointains. Chemins, vous vous tairez dans les soutes des songes Ni la clarté des bois, ni l'attente aux midis Muets, ni le départ sous les cornes d'automne, N'incrusteront leurs coins aux briques de nos rêves, Ni les mots attendus que nous n'avons pas dits. La dalle sur nos ans que voileront les mousses. 29 décembre 1978 |
My hand o'er my forehead, my gesture o'er the page Hint at words that withered, echoes that keep silent. A horizon fading where used to dawn morning A flight of silken birds o'er streams flowing no more. One by one I pick up my pebbles and my tears. And my face remains closed where fountains used to spring The outline of a voice gets lost in the distance. Paths, you must keep silent in the holds of my dreams. Neither clear underwoods, nor waiting at midday In silence, nor leaving under Autumn's foghorns May insert their wedges into my brick-walled shades, Nor those expected words that I have failed to say. A slab be laid upon my years which moss shall blur. 29th December 1978 |
Un ange et tout le ciel sur son secrêt s'abîme. La place, plage où bat le temps comme une lame. L'écheveau des rumeurs, l'ombre creusant son puits Le silence qui dort par les boutiques closes. Sur la berge du temps une voile qui monte. La chanson de mes ans cingle. Vers quel echo? 14 avril 1979 |
An angel comes: the sky with his secret merges. The square is a beach where time as a wave surges. Shade dug pits and hollows. Hum into tangle curled Silence dozing among the shut down shop windows. On the rivage of time a sail is being unfurled. The song of my years spent sails out... To which echoes? 14th April 1979 |
Le cactue étoilé s'écartèle. L'abîme S'enchevêtre rubis et spasmes. Plus le feu Mais l'appel. Suspendus aux caprices, aux cris, L'équilibre et l'essor qu'ébranlerait un clin De regard. Vers le point cinglent les nébuleuses. Un appel est l'écho proféré par la voix. L'espace écartelé qui devient du silence Et ce fourmillement dont grouille ta paupière, Quel démon les souffla qui leurs jours perpétue - Hasard suspendu, frêle, aux souffles de l'amour? 28 novembre 1979 |
The cactus of stars spreads: Chasm, Entangled to ruby spasm, That's no more glare but an appeal. Hanging on whims, hanging on squeal Are both the soaring and balance Disturbed by twinkles of your glance. Towards this spot nebulae flow. Appeal is an uttered echo. This quartered space turning placid. And this teeming beneath your lid What wraith breathed into them life that's everlasting- Frail and casual luck hanging on loving wind? 28th November 1979 |
Je reviens du pays que n'atteignent les routes. Le chant qui s'est brisé, la borne où le pied butte, La source où s'abreuva le pélerin poudreux, L'auberge où un passant qui n'avait de visage Te conta ces pays étranges abîmés Loin des rives du temps, loin du port de mémoire, Ces contes d'un temps clos qui disaient ton histoire- Ce lent accablement qui rend pesant le front Et crible entre tes doigts le sable de tes songes- Tout n'est plus que rumeur et rêve de départ. Qu'un roulis de sommeil et menace et balance Et que balayera la vague du silence. 30 novembre 1979 |
I return from the land that roads never attain. The song that broke, the stone over which one stumbled Where the dusty pilgrims quenched their thirst, the fountain, The inn where a stranger who had no face mumbled Of this unexplored, dilapidated land Far from the shores of time and coves of memory, These tales of closed times telling your history - Relentless weariness making your forehead bend And riddling through your hands your dreams as they would sand-: Naught is left of all that, but dreams of departure, That rolling waves of sleep endanger and balance And will be swept away by the wave of silence. 30th November 1979 |
La table en hâte mise et tombe le silence. Un pas qui retentit. Une pomme qui tombe. La rumeur du verger et un rêve d'abeille Qu'étoile mon repos, obsession des sources. Qu'un éclat de bonheur tourne sur mon abîme. Le puits longtemps rêvé. Le sable sous les hâtes. J'ai pélerin d'un soir, sondé le vol des aigles, Poursuivi jusqu'aux soifs la fuite des onagres, Heurté la pierre blanche et le rocher noirci. Puisque le sable emplit ma gourde et ma besace, D'un seuil humble et soumis je demande la place. Le soleil chauffera la marche, Le chat lové dira que la sagesse est règle. Son rouet tissera sa geôle à mon souci. 3 décembre 1979 |
Table hastily laid whilst silence is spreading Footsteps on cobble stones. Fruit falling from the tree. Rumour of an orchard, dream of a humming bee Make a star-shaped crack in my rest haunted by springs. The well so long dreamt of. And sand trodden in haste. I, pilgrim of one night, fathomed flights of eagles Chased overcome by thirst the fleeting onager, Stumbled o'er the white stone and the blackened boulder. Since nothing but sand fills my pouch and my bottles, On the humblest threshold I beg to have a place. The sun shall warm the step, A curled up cat proclaim that wisdom here holds sway, Like Omphale, weave a jail to keep my pains at bay. 3rd December 1979 |
Tout ton corps continent houle et gronde là-bas, Déléguant ses stupeurs, ses effrois et ses rides, Habillant ses chaos de crevasses arides, De peuples dont les cris ébranlent ton grabas. De ton abîme sort la nuit dont tu tombas Qui comble de velours ta faim d'ordre et de vide, Impose le hanais à tes fauves, les bride, Etale le sommeil sur le chant des combats. Voici monter le feu d'où surgit ton visage: Il éclaire les pics, il éveille le sage, Il tonne au coeur du roc qui du ciel est passage. Flamme! Feu! Tel l'accord éveille les accords, Illumine le temple obstrué de décors Et le dieu qui veillait dans son temple - ton corps. 10 janvier 1980 |
Your body, mainland that swells and roars over there, And sends out its doubts, its dreads and its wrinkles, Filling its mazes of barren chinks and crackles With tribes whose rumours cause your pallet to shiver. Your bottomless grave leaks the night that's your sire Feeding with its velvet your greed for void and gold, Harnessing and driving your beasts into the fold, Spreading soothing slumber over the songs of war. Look at the flaring flame that lights up your visage, Highlighting the salients and unveiling the sage, Thundering to heavens from its rocky passage! Flame! Fire! A chord alike that strikes many others, Enlighten the temple obstructed with litters And your body , the god who in this shrine slumbers! 10 January 1980 |
Si la rose au miroir a reflété l'instant, Quelle rose en la rose et se mire et révèle? L'écho d'un chant sonnant aux grottes de cervelle Pourrait-il éclipser le maître qui le tend? Une fuite saisie en l'éclair du battant Est le même moment qu'espace renouvelle. Ronde sois immobile en ton ivresse et aile Du tourbillon des pas ton repos impotent. Le fleur est d'une fleur le secret et la chasse. Ta marche est un repos pour l'orage qui passe, Vestige du veilleur englouti dans la glace. Luis-tu sur mes passés ou sur mes jours montants, Ignorant au parvis où mon esprit prétend Si j'adore la rose ou respire le temps. 12 janvier 1980 |
If the mirrored rose is the instant mirrored Which rose does in the rose show and mirror itself? The echoed sounds within the brain's caverns and shelves Do not outrank who utters them, as their lord. A flight that is lit up by an instant sparkle Is a moment renewed by space, always the same. Dance, in your motionless drunkenness, you shall flame With whirling steps your rest fettered in its shackles. A flower is a flower's secret and chase for it. Your walk is mere repose for the flash that has lit, Mere remains of a warden benumbed by the rime. Do you shine on my past or on my days to come? I don't know, at the gate opening on my home, If I adore a rose or breathe hurrying time. 12 January 1980 |
Rien, Ni ce parfum glacé qui perle aux flancs de la cruche. Ni l'émerveillement des oiseaux à tue tête sur nos têtes. Ni le grincement de la brouette dans le jardin. Rien. Les couples se sont éloignés derrière les ramières closes. 21 février 1967 |
Nothing. Neither the frozen scents oozing down the jar's sides. Nor the wonderful loud warbling over our heads. Nor the grating of the wheelbarrow in the yard. Nothing. The couples disappeared behind the sheltering groves. 21st February 1967 |
Cueille le jour, cueille la nuit et cueille les ombres. Mais ne cueille pas ce serpent qui te suit et luit. Il témoignera pour toi. Mais ne cueille pas ce sourire qui t'exaspère et te hèle. Il sera l'étoile sanglotante de ta Santa Maria. 21 mars 1967 |
Pick the day, pick the night and pick all the shadows. But don't pick the serpent which, glinting, follows you. It shall give evidence some day in your favour. But don't pick that maddening smile that appeals to you. This star shall sob over your flagship run aground. 21st March 1967 |
Sauvage, si dans ses cheveux Le vent tourbillonnant ou, rage, Le désir eut dressé son feu Sauvage. Escarpée, si dans ses grands yeux Que l'étonnement combe et bée Eût lui l'image de ces monts Escarpés. Ployante, si le tourbillon Eut ployé la hanche ondoyante Et l'eut jetée aux pieds, hostie Ployante. La nuit, la rue et la rumeur Environnaient notre passage. Notre rêve ne fut qu'un heurt Sauvage. 22 mars 1967 |
Savage, as if had in her hair The wind, whirling around, or rage, Desire aroused its savage, Burning glare. Steep, as if would in her eyes Which wonderment makes wide and deep Mirrored the picture of this steep Mountainsides. Bending, as if had the whirlwind Bent the hip that had kept waving, Cast to the priest's feet the bending Pure victim. Night and street and rumouring hum Had surrounded our passage And our dream was but a savage Collision. 22nd March 1967 |
Aux pics glacés de ta hantise Rôde un vautour Précipices, parmi vos tours J'ai cherché la corde ou la sente. Les caravanes sans retours Emportent mes rêves, absentes. Le caillou roule. Le vent broie. L'azur est roi Qui me glace et qui m'épouvante. Un seul chemin aurait guidé Vers vos bouches mon songe, ô dis Quel mur sans cesse a érigé Son refus de sources, de vies. Le chardon bleu crispe son poing Le roc darde son sein livide Loin Scintillent la cime et l'égide. Je briserai ce front rétif Pour que l'inondent les orages Si les ritournelles de l'if Pouvaient renouveler nos âges. Paysages ensevelis Sous les convulsions antiques Nous danserons sur vos débris Que nous ne savons pas reliques. Amours mortes, du plus lointain Refuge perdu, je vous hèle. A moi n'arrivent vos matins. Un frisson de clartés et d'ailes Agite l'air sur mon front nu. Le jour est couleur de paupière. Bel inconnu, Les clous forment-ils ta rapière? Ma cabane au milieu des vents Roulera dans le précipice. J'entonnerai des chants savants Car les sages seront prpices. Un vol d'étourneaux éperdus Environne ma solitude. Bonheurs perdus Billets rendus. Sur les pics rayonnants monte un chant qui m'élude. 25 mars 1967 |
All around your fear's frozen peaks A hawk hovers Abysses, amidst all your towers I've looked in vain for rope or path! Your caravans of no return Carry off my dreams as they pass. The pebble rolls. The wind crushes. And the blue sky oppresses Me and have turned my heart to ice. Only one path would lead my step To your mouths. My dream, tell me why A wall stubbornly did erect This refusal of source, of life. The blue thistle clenches its fist The rock raises its livid breast Amidst Sparkling summits and covering fleece. Proud brow, to bend I shall force you So that on you the storms may pour And the hymns sung under the yews May sweeten what ages made sour. Landscapes that are buried under The convulsions of ancient times, We shall dance upon your rubbles. They are neither relics nor shrines. Dead loves, from my farthest shelter Your succour I am imploring. But of your mornings comes over, But clear flutters of wings, nothing. Eyelid flesh filters the daylight Fair stripling, Are studs the sword with which you fight? My lair, in the midst of the winds, Caves in into the abysses Scholarly songs I'll try to sing To make propitious the sages. The circling starlings' frantic host Keeps spinning on my loneliness Happiness lost Returned post On radiant summits soars my song of distress. 25th March 1967 |
Sous le chiffre d'un entrelac de vignes -vierges- de vignes Illuminant une porte où mes doigts ignorent la clef Rayonne un sourire qui a la fixité d'une étoile Ou d'une braise pour enflammer ma forêt. N'éveillez pas les biches qui sommeillent dans son regard. Eveillez plutôt, sur son lit d'échec, l'unicorne. Le chiffre dénoué noué, le nom se lève. 26 juin 1965 (13 years after) |
Sign intertwined with vine, -with Virginia creeper, Illumining a door to which I have no key, Radiating a smile as a fixed star steady Or setting my forest ablaze with its ember. Never wake up the doe whose sleep her glance adorns! Enlivened be instead the chess board unicorn. Untangle the tangled cypher, the name shall rise. 26th June 1965 (13 years after) |
L'automne merveilleux sonnait à ma fenêtre. Où sont les clés d'argent? Où sont les abois sourds? La chasse m'oubliait que je vis disparaître. Je pleure en vain mes faux amours Mes ans ne seront pas toujours. Les vendanges de mai s'achèvent en septembre. Les plans que j'ai semés germent en diamants - Morts. Le vin qui vieillit n'emplira pas ma tonne. Sur la tour l'amante et l'amant S'apellent éternellement. Trente trois cygnes blancs ont cinglé sur ma tête. Trente-trois noirs corbeaux. Vous ne reviendrez plus. Ma légende fleurit comme aux rosiers la fête. Les amours disparues Pleurent aux avenues. L'automne merveilleux est un hiver qui sonne. Les chasseurs traqueront le faon nu par les prés. Le champ qu'on me donna jamais ne se moissonne. Je n'ai pas oublié La rose ni les blés. 30 août 1966 |
The wonderful Autumn blew its horns at my pane Where are the silver keys? Is the hunting over? They must have lost my scent. The barks are on the wane. I wail in vain, a mocked lover Whose years shall not last for ever. What you sowed in May you may reap in September. But my sprouting seedlings that diamond-like sparkled Are dead. Aged wines shan't fill your casks, Vintager! On twin towers the loving couple Hail eternally each other. Thirty three snow white swans that overflew my head. Thirty three black ravens that shall never fly home. My legend, a short-lived rose, flourished in my stead And the loves of the years bygone Are bewailing the times to come. The wonderful Autumn heralds Winter that sounds. Grooms and whips that hunt down the doe through the heather. Barren for evermore are my allotted grounds And I shall never get over Rose and wheat I did not gather. 30st August 1966 |
Les chants de l'automne ont levé Parmi les brumes et les tonnes. Quelle faucille a moissonné Les récoltes de mes automnes? Il chante près de Jocelyn Une fontaine au nom de fée. Au doux pays mouillé d'embruns Vont les légendes étouffées. Que s'ébranlent les carillons Aux marches de Saint Similien! Le pampre noir a clos la porte Et la dalle couvre la voix. Un vol d'hirondelles s'allonge Aux tympans de Saint Donatien. Le pavé brille à Saint Clément. Le fleuve chante à Jonelière. Mes doigts tressent aux roselières La chaîne de mes ans déments. 8 septembre 1966 |
Autumn's songs are heard coming up Among the mists, among the casks. What kind of scythe was used to cut The stalks of my Autumns that passed. Singing not far from Jocelyn A spring named after a fairy In the soft country wet with rain Mumbles tales, subdued and eery. O let the chimes begin to peal In the towers of Saint Similien! Black vine branches cover the sill And a stone slab muffles the shrill Voice of larks whose flight stretches on The tympans of Saint Donatien. Flag stones gleam near Saint Clément Church. The river sings at Jonelière's. My fingers wreathe in reed and rush The garland of my foolish years. 8th September 1966 |
Une bouche sans voix ignore le silence. Une caresse love aux mains vides son corps. Quel refrain a teinté sur mes routes d'enfance? Quelle rose a fleuri dont le nom était mort? Sourires, étoilant mes routes et mes anses, Ne vous éreignez pas. Je cingle vers vos nords. Je n'ai plus de nocher qu'on nommait espérance. Les vents m'ont ensablé. Ici tout rêve et dort. Cingler? Je n'ai connu ni tempêtes, ni lames. Des voiles quelquefois palpitaient loin - des âmes Dédaigneuses qui ne comprenaient mes drapeaux. La mer pourrit mes bois. Le ver aux agrès ronge. Le flot en mes pensers monte comme une éponge. Sans étoiles. Sans feux, ni la paix du repos. Et l'honneur de n'avoir jamais connu mes eaux. 27 janvier 1967 |
A mouth devoid of voice full silence cannot stand An aimless caress coils itself round empty hands. Which were the stories that when a boy I was told? Which rose whose name was death did its petals unfold? Smiles, pale stars on my way, lighting my coves and reefs, Don't vanish as long as I'm making for your north. Though I am missing the helmsman called Hope henceforth, And winds sanded my ship. Here, all is dream and peace. To go to sea? I experienced no storm nor roll. I perceived sometimes sails fluttering afar -proud souls Misconstruing the signs that with my flags I passed. Brine rots my wooden shell. Worms gnaw at my tackle. And wrecks of memories resurface, unshackled. I'm proud never to have, without stars, peace or rest, Put on unknown waters my vessel to the test. 27th January 1967 |
CIME NOTOIRE Nous n'aurons pas régné sur la rive notoire. Les esclaves de nuit s'agitaient sous nos blés Et nous ne connaissions que les reflets criblés De ce feu dont l'éclat aile le promontoire. Mais puisque j'ai fixé mon songe en l'écritoire Je saurai renouer les mots désassemblés Et je recueillerai le secret qui tremblait Aux marges de ce vide où s'inscrit mon histoire. Sur la berge d'un temps où ma fuite me prend, Je veille sans savoir où doit finir ma trace -Impuissant à guider, mais des astres savant, Jouet et non joué quand la vague me brasse, Des étoiles heurté, plus que de flots ou vents - Où cingle ce vaisseau que sa toile embarrasse. 13 mars 1989 |
I will not have reigned o'er conspicuous summits. Though a nightly bustle of slaves stirred my wheat blades All I percieved of it was but the sieved shades Of the fire whose glare lights the uppermost limits. But since I have committed to writing all I dreamt, I'll know how to tie up words drifting asunder, And how to gather in the secrets that shiver On the fringe of the void wherein my life is framed. Off the shore of a time when flight has taken me, I keep a watchful eye on the wake and don't know, - Though unable to guide, skilled in astronomy, A fool who is not fooled by the shuffling billow, Who is tossed by the stars, more than by wind or sea On this vessel hindered by its sail - where I go. 13th March 1989 |
Au déclin des forêts une grille de branches Un caillou marquera la halte et le désastre, Mais plus outre j'irai. Les pas n'ont pas d'adieu. Un chevreuil a feulé parmi les festes blanches Demain est cet écho qu'on connaît, qu'on écoute. L'aube se lèvera quand s'éteindra le feu. J'ai cueilli l'avenir aux lisières des brandes, Mais non l'éclat d'un mot l'écho de la fontaine. Le gel d'un ciel absent obsède mes matins. 19 novembre 1982 |
Around the burnt forest: railings made of branches. A stone marks where to stop, clear of the disaster. But there is no return and I must go further As I heard a roe growl among the white trenches. Tomorrow: an echo you hear, to you well-known, That, when the fire has gone out, is sure to dawn... I've picked a future on the fringe of the wasteland. Not the shout of a word, the babbling of a spring. Skies frozen in absence I miss every morning. 19th November 1982 |
A minuit lorsque les constellations s'abîment Les aubes craquent où s'articulent les éveils. Un pas qui glisse. Un pas qui bute. Un pas qui tombe. Des échos tissent une chanson interminable. A flanc d'abîme une lueur en forme de vertige. Mais lorsque la pensée est ensevelie dans le sang Bourdonne la trompe rauque de la démence. 26 novembre 1982 |
Midnight constellations tumble. Awaking dawns, out of joint, squeak. A slipping, tripping foot stumbles. And echoes weave an endless shriek. Over chasms a gleam, dizzy. But when thinking in blood is drowned, Hoarse drones the horn of lunacy. 26th November 1982 |
Au coeur des souches grouille un noyau de larves Une chanson se meut au fil des sèves Où le printemps reflète son image Mais les vols libérés sont des extases brèves- Perchoirs aux vols des papillons. Nous n'avons pas quêté la joie aux routes d'aube Sous la robe de souffre et sous le crâne ras. Mais si la nuit nous hante, flamme est notre robe. La rose et le parfum sont un même au-delà. Un automne brisé costume nos visages. Sur la treille du soir il hisse ses haillons. Les tonnelles de guêpes vibrent, et de sages. Au loin montent les chants des bergers de passage. Sous la pierre du songe est caché le message. Les pas se sont perdus au hasard des layons. 19 janvier 1983 |
The tree stumps teem with larvae. The song that the slow saps convey Reflects the image of the springtime to come. Short-lived ecstasies are the flights that they release, Roosts for butterflies to fly from. We're no beggars of joy along the roads of dawn Clad in frocks of saffron and with our hair cut short. But though haunted by night, we wear a flaring gown The rose and its fragrance are the same otherworld. Dilapidated fall makes up our fancy dress. On evening's vine branches it hoists flags torn to shreds. The arbours are buzzing with wasps and drunk sageness. Hark in the distance songs of transient shepherds! Under the stone of dream the word is hid away. Within the maze of tracks the steps have gone astray. 19th January 1983 |
Ils attendent. Le dieu qui les habite dort. Un éclat de splendeur guette sous la montagne, Atteste un temps. Mais qu'importe si revêt l'or, La boue et le boyau de nuit. Sommeil et mort. Un vol de chauves-souris anime un silence qui gagne. Le faisceau n'a pas découpé le sourire ni le discours. Quel dieu hèle au fond de la nuit les fidèles à son secours? Car s'il n'était de pèlerins, il ne serait pas de retour Dans les grottes de Pindaya. Un gong a déchaîné la meute du sommeil. Le chat, le vautour chauve et le poisson vermeil Ont verrouillé le monde où gît la beauté morte, Mais non la lande aux feux, mais non outre la porte Les dieux qu'enterrent la nuit, la terreur et le pardon. Nulle étoile en leur chaos, mais le roc suintant au long Des marches, et le reflet du rêve et de l'or profond Dans les grottes de Pindaya. 21 février 1983 |
They wait. The god who dwells in them is sleeping sound. Dashing splendours in wait underneath the mountain Witness to bygone times. What matter if the mound Of slime and the bowels of the earth gold retain? Sleep and death. Fluttering bats enliven overwhelming silence. The beam could not carve out the smile nor the sentence. Who's the god that from your innermost night has asked these flocks for help? For, were there no pilgrims left, would he have returned To the caves of Pindaya? A gong let loose the pack of a sleeping party: The cats, the reddish fish, the bald-headed vulture, May have locked in this world of slumbering beauty, But not the flaming moor, but not, beyond the doors, The gods hoarded by night, by terror and pardon. No star gleams on their maze, but water oozes down Steps cut in the rock and mirrors dream and gold deep In the caves of Pindaya. 21st February 1983 http://fr.youtube.com/watch?v=vwuUXiif8A0 |
Un choc d'astres et tourbillons muselés. Le silence brusquement si pesant, Il n'y eut plus que deux désirs Par delà des éternités se contemplant Sans mot dire. Il n'y eut plus que deux silences. Et comme après la foudre se relèvent les moissons, Par les salles hallucinées où flamboyaient les tableaux Nous avons cherché le signe et le remède. 20 janvier 1985 |
A collision of stars and of muzzled eddies. Suddenly silence so heavy. There were but two desires, From time immemorial beholding each other, Wordless. There were but a twofold silence. Like the crop that after the storm stands up again, In hallucinated rooms where the paintings blazed, I have searched for the sign and for the remedy. 20 January 1985 |
Comme au sommet des escaliers vertigineux, Les oiseaux te parlent de paix et de plaines, Les ans qui t'ont creusé le suaire du repos Ne t'apporteront pas la sagesse, Mais ce caillo dont le message t'est étranger Et dont le froid dissipe ton inextinguible fièvre. 15 janvier 1986 |
As if you were atop breathtakingly high stairs With birds portents of peace and of plains, over there, You hoped the years would dig a grave for you to rest But they did not bring you the expected sageness. They had in store this stone with words you won't construe, Cool, soothing the endless fever consuming you. 15th January 1986 |
Ni vols brisés Ni l'or de braise au fond des cavernes du songe. Si tu regardes au fond de ta main Tu ne trouveras ni le grimoire secret, Ni la pierre entaillée, Mais une flaque de nuit et de paix, Un rayonnement de lignes et de destins Un vertige qui te saisit dans son tourbillon Et lorsque tout se sera apaisé Une scintillation d'étoiles. 16 janvier 1986 |
Neither soarings that were broken Nor gold aglow in dream's caverns. Look, as you may, your hand's hollow Hides neither spells nor intaglios: Only a pool of night, of peace, A web where lines and fates are mixed, Whirling vertigo seizing you. Of which when all's at peace again, Sheer blinking of stars shall remain.. 16 th January 1986 |
Le coeur qui depuis si longtemps bat, Les ans n'ont pu l'apprivoiser... Vents dénoués, fêtes, échos. Et dans mes cales sourdement S'accumulent les sables de nuit. 18 janvier 1986 |
Heart that has beaten for so long Bygone years have failed to tame you... In spite of unleashed winds, feasts, echoes. While in my holds unswervingly Heaps up the gravel of the night. 18th January 1986 |
Aurige. Ces visions pélerines surgies de tes nuits. Ces odeurs qui sont des fantômes de pièces. Ces vertiges venus de cimes abolies Ces zones plates où s'acharne la pluie L'étrange paix flottant sur des étangs morts. L'effroi du bois d'été où tu ne t'aventures plus Et l'étoile divergente de tes années Entre tes mains- Comme des rênes. 19 janvier 1986 |
Charioteer. Scenes of treks looming up in your nights. Smells of rooms that are, as it were, the ghosts of them. Vertigo coming from the long-abolished heights. High plateaus harassed by unrelenting rain. Strange peace floating about above stagnant water. Fear of the summer woods you will no more enter And the diverging star of the years that you spent. All these things you hold in your hand As if they were so many reins. 19th January 1986 |
Des mains au flanc des falaises vertiges. Le halètement du compagnon qu'on ne voit pas; Un choc de blocs chus où l'oeil ne s'aventure. Un souffle d'aile de l'oiseau qu'on a éveillé. Un tourbilln dont vacille le souvenir. Et lorsque les doigts gourds vont lâcher le piolet, Figé dans une glace qui est lumière, Le MOT dont tu poursuivais la conquête. 19 janvier 1986 |
Hands clutching tensely the cliff's vertigo. Panting of the rope party you don't see, Stones tumbling down where glance doesn't follow, Breath from the bird's wing startled suddenly. Twirl causing to sway even memory. When stiff fingers are near to letting go The axe, firmly fixed in the dazzling ice, The WORD, the purpose of your quest, will show. 19th January 1986 |
L'horizon qui s'abat et les embruns du vent Au carrefour des temps, aux lisières des sommes, Quand se lèvent des voix, quand s'ébauche le chant, Quand le mot devient son, quand le pas devient danse, Quand le sable connu dit son incandescence, Quand s'arrache au sommeil, quand s'extirpe des brumes L'inconnu qui hantait ton domaine profond- Ce sera ton matin qui portera ton nom. 24 janvier 1986 |
Foundering horizon and spindrift in the wind At the crossroads of times, at the fringes of sums, When voices rise and when the song is taking form, When the word turns to sound and the step turns to dance, When sands you thought were safe tell their incandescence When, tearing himself from sleep, emerges from mist The unknown one who dwelt in your innermost midst, It will be your morning and it will bear your name. 24th January 1986 |
Ce coeur qui n'a jamais battu Que pour chimères et mensonges Cessera-t-il son chant têtu Lorsqu'il sera à bout de songe? Jettera-t-il aux oripeaux D'avoir toujours refusé vivre? Acceptera-t-il le repos Lorsque s'achèvera le livre? Ou bien, lecteur infatigué Et marcheur que nul ru n'arrête, Poursuivra-t-il outre le gué, La page où nul mot "fin" ne guette? 24 janvier 2007 |
Will this heart that never refrained From beating for lies and fancies Give up its stubborn melodies When its dream has come to an end? Will it throw away like rubbish Its firm refusal of living? And will it accept to give in When the book is at the finish? Or, reader whose zeal won't abate, Wanderer whom no brook may stop, Will it read on, beyond the ford, The page where no "end" lies in wait. 27th January 1986 |
ODEURS DE CONFINS Loin la forge sourde du coeur Le rugissement du sang Le tourbillon de tes chairs. Loin le chaos qui s'ignore chaos Car un chant le maintient. Au delà même du chant Ici tu ne connaîtras quune paix - Implacable paix * Un chant te prend et tu abandonnes la voix Une paix et tu abandonnes le chant Le silence et tu oublies même la paix. Bientôt tu n'entendras même plus le silence * Maintenant revenir au pays, Lourd d'une langue puisée A la citerne des mots sans rivages. 26 décembre 1988 |
Far back the muffled anvil beat Of your heart, your blood's roaring cheat, Flesh eddies that rant, rave and spout. Far back this chaos, unaware Of being chaos, as long songs bear It, even after it's sung out. Here you shall know nothing but peace. Nothing but implacable peace. * A song gets hold of you and you give up the voice A peace gets hold of you and you give up the song Silence gets hold of you: you forget even peace Soon you shall be even unaware of silence * On my way back to my homeland I'm weighed down by a language Drawn from tanks full of shoreless words. 26 December 1988 |
Mon don, cette médaille qui fut blé, pouvoir, Philtre que charriaient au loin les caravanes, La main du prince toujours présente à travers l'or, Une splendeur invisible et jamais éclipsée, Puisses-tu par elle obtenir la gorgée d'eau pure, La galette détachée du four ténébreux, Et lorsque seront vides les greniers et les silos, L'illusion de posséder quelque chose. Puis les portes céderont sous les béliers, Des files de pleurs s'éloigneront sous les fouets Et mon don croupira sur les débris du palais calciné Attendant une aurore incertaine. 19 juillet 1986 |
My gift was once a coin to buy wheat and power, Philtre that caravans carried to trade afar, Gold hand to enforce the Prince's rule and order, An invisible, yet ever haunting splendour. May it help you to your mouthful of pure water, To the oatmeal unstuck from the dark oven's tar, And, when the granaries and lofts are left empty, To fancy that you still have your own property. Once, the gates will give way under the battering rams, Driven by whips and hits, depart the crying lambs. My gift will lie on the castle's reeking remains In wait of a dawn whose return is uncertain. 19th July 1986 |
J'avais inventé une nuit Peuplée de plus d'étoiles que ce monde Et d'où devaient sans cesse surgir et s'abîmer Les univers que nulle mort ne menace. Les étoiles une à une se sont éteintes Et mes espérances éclipsées Dans la poëlle brûlante de mes jours. Si je veux retrouver la splendeur de la nuit Il me suffit de fermer les yeux et de plonger Aufond de ce désespoir qui m'habite. 19 juillet 1986 |
I had devised a night More starry than this world Where would surge and would merge Worlds that don't fear to die. Stars one by one went dark And so did all my hopes On the grill of my days. If I want to recall the splendour of this night It's easy: I just have to close my eyes and dive Right down to the bottom of my haunting despair. 19th July 1986 |
Le Prince est tombé près de la porte du Dragon. Sa tête hissée au sommet des piques triomphe Et ses yeux dessillés contemplent "sa" ville. J'ai su ce qu'est la règle et l'abîme, Le chant qui ne monte qu'aux heures funèbres, La barque qui se fabrique son océan, Mais je ne conterai plus mes secrets. Sur le velin de mes jours, bien des propos furent inscrits. Le seul mot que je cherche y manque. Si je connus la soif et la grandeur de la quête Cette seule ignorance en est la cause. 21 juillet 1986 |
Not far from the Dragon's gate at last the Prince fell. His head hoisted atop the pikes is triumphant As his eyes from which fell the scales behold "his" town. Well did I know both of the rule and the chasm, Of the song which rises when times of woe has come, Of the barge that's bent on fancying its own main. But of my deep secrets I shall say nothing more. In the book of my days many a word was penned. But the one I'm missing I have failed to retrieve. If I felt the urge to repair on lofty quests, This shortcoming only may account for it. 21st July 1986 |
Il mendia toute sa vie le crouton jeté par pitié. Le froid rongea ses os qui ne le portaient plus, Les haillons qui ne cachaient plus sa nudité. L'ulcère et les poux installèrent leurs empires... Et toutefois quand les barbares surgiront, Sa misère ne le sauvera pas. Pauvres et arrogants, que vous sert-il de paonner? Inutile la vie qui ne sut amasser l'obole. * Le mot inachevé? Fut-il seulement une bouche, une lèvre, Capable de retenir son écho? A présent que s'achèvent les apothéoses En incendies plus secrets que nos rites. D'autres pourront gloser sur mes silences. Je ne possède que la moitié du message. Le reste du papier tu le trouveras chez les morts. 21 juillet 1986 |
Never in life otherwise fed Than on transient pity's bread; Frost gnawing at your swaying bones; Rags that do not hide your bareness Which lice and malady possess... Yet, if barbars carry the day, No use your distress to display! Arrogant pauper, what's the use Of your bragging of this confused Lifetime of yours, all spent in vain Failing an earthly wealth to gain? * Was the unfinished word But a mouth, but a lip, A breath that could retain its own echo captive? In fires as recondite as our rites, smouldering, An apotheosis has a final ending. People may gibe their fill at my spells of silence. For I know only half of the cryptic sentence. The rest of the parchment hides in the realm of death. 21st July 1986 |
Le brasillement des fleuves et des fontaines, L'accord jamais résolu des coucous Et cette obsession de savoir jusqu'où Vont les sentes qui d'ombre sont pleines Et m'entraînent comme l'âne par son licou. Nuit des grands bois que le soleil jamais ne perce. Enseveli vivant par son obscure averse, Un ventre qui nous engloutit et qui me berce. 4 août 1986 |
Glittering gleams of hidden springs that fade! Ever renewed chord of the cuckoo! The anxiety to enquire where to Lead me these paths ever immersed in shade, Drag me as would a donkey driver do! Night of the high woods that no light may pierce, Engulfing me, an ogre dark and fierce, Showers of shade that shall wash off my tears. 4th August 1986 |
Des blocs de braise sur les épaules des champs Rayonnent le bonheur, l’aventure, les chants Que rythment, par les soirs étoilés, les savanes. Dans les ruisseaux taris ne se baignent plus nues Les passantes, d’outre-raison un soir venues. Elles ont regagné mes lentes caravanes. Aux touffeurs du café deux vieux messieurs barbus Arrosant de sueurs les bocks qu’ils n’ont pas bus Croient apaiser le feu, par l’odeur des havanes. 4 août 1986 |
Blocks of embers upon the shoulders of the fields Radiate bliss, adventure, songs, off their dazzling shields They borrow rhythm from a starlit savanna. No more do the naiads in brooks that have run dry Bathe naked in the night, unreasoned passers-by, Slowly they became part of my own arcana. A bearded gentleman in the heat of a pub Whose sweat drips on the beer waiting in the full mug Tries to cool the blaze with puffs on his Havana 4th August 1986 |
Gardes au seuil du chaos et de la nuit Mais équilibres, vos bacs limitent l'essor Et disposent vos éclosions en décors Rouges ou d'or, ou velours mauves d'où fuit Le chant sourd et triste de vos fêtes, Et si vous parlez par guêpes et senteurs Je saurai bien retrouver les mots menteurs Et la bouche que vous leurrez, traducteurs Infidèles du secret prophète. 31 août 1986 |
Sentries on the threshold of chaos and of night, Yet poised on hollow sills wherein your growth is kept So that your bursting out becomes theater set Made of red, golden, mauve velvet gargoyles that might Pour out the sad anthem of your subdued feasts, Now if humming of bees and perfumes are your speech I shall invent the false mutter in which to preach And the mouth with which you strive to lure and to teach, Translators of a hidden god, full of deceit. 31t August 1986 |
Sentinelles- qui veillez entre fantôme Et flamme, mais qu'un souffle d'âme éteint, Foule transparente qui coulez et qu'allume Le déclin de mes vigilances, ayant Abandonné le guêt sur les tranchées de la lumière, Me relevez-vous sur le bois sournois où surgit La meute qui boit aux marécages d'oubli Et qui guette ma raison comme une bête? 2 septembre 1986 |
Sentries- who are on watch, half phantoms and half fires But who will be blown out by a mere puff of soul, You are a translucent and flowing crowd inspired By my own declining watchfulness, as it strives In the trenches of light its post to abandon Do you relieve me in the faithless wood where burst The hounds that quenched in swamps of oblivion their thirst, Longing to bring to bay, as some beast, my reason? 2nd September 1986 |
Double qui m'engloutis et redonnes, profond Abîme où ce qui fut chair et pesanteur fond En cet être de jour qui n'a que la lumière, Qui mime le vivant et plus mort que le mort Est fantôme nageur du tain sans rive, au bord D'un néant qui pourtant imprime la paupière. Echo si la couleur, la ligne sont échos! Corridors qui menez par le cristal jusqu'au Banquet d'où revenait le spectre de Banquo. 3 septembre 1986 |
Double that engulfs me and spews me, bottomless Abyss where all that's flesh and bone and weight merges To a lucid image of daylight in a frame That apes whatever lives, though deader than the dead. Swimming wraith in a shoreless pond of tin, ahead Of a void impressing the eyelid, all the same. Echo, if may colour and line be styled echo, A corridor leading through crystal maze up to The banquet where the host was the ghost of Banquo. 3d September 1986 |
Neiges de la pensée, ensevelissement, De quels ciels incessants ces flocons de silence Tombent, de quels hivers qui n'ont commencement Ni terme, de quel âge enfoui qui ne ment Et me joue et me vêt, éternelle démence? Du vide qu'entrouvrent deux lèvres une voix, De deux corps qu'un désir enchevêtre, une croix. De l'abîme où l'esprit s'aventure, une loi. L'étincelle jaillit du choc de deux démences. 10 septembre 1986 |
Burying and shrouding. Snows of the human mind. Which relentless skies do those flakes of silence send? What winters to which there is no outset nor end? What deeply burrowed age luring and binding me To its yoke, clothing me in eternal folly? From the gap betwen two half-opened lips, a voice. From two bodies tangled in each other, a cross. From the void into which the mind ventures, a law. Such are the sparks that two colliding follies throw. 10th September 1986 |
Monte au sommet du jour où le cri fait silence. La voix ensevelie est l'écho d'outre voix Je ne connais la bouche où le verbe commence Ni la source où puiser les mots que je te dois. Ce qui reste du temps est de givre et de cendre. Je taille mes bijoux en plus secrets métaux Joaillier du néant, mais l'acier est plus tendre Que ce souffle rêvé qui brise les couteaux. Le vertige me prend où mon fou s'aventure. Je connais les degrés et la porte et le mot, Mais si le chant se taît, si la fête ne dure, Le feu consumera le philtre et le rameau. 29 septembre 1986 |
Mount the day’s stairs: up there the cry yields to silence. The buried voice echoes sounds that will not construe. I don’t know in whose mouth they found first utterance Nor from which source to draw all the words I owe you. What’s left of time is made up of frost and cinder I carve my jewels out of far more recondite ores, Jeweller of the void, but hard steel is softer Than this dreamer’s breathing that blunts the sharpest swords. I’m seized by vertigo where my chessman ventures Though aware of the steps, the gate, the shibboleth If song becomes subdued and elation demurs The pyre shall consume both the philtre and the wreath. 29th September 1986 |
Le ciel était limpide comme l'innocence Les écolières en uniforme riaient Sur les pelouses inondées de soleil. Le rire sortait de gorges disparues Dans un grondement plus fort que dix mille soleils Le bonheur étalait sa nappe d'espoir Les fleurs explosaient par cet après-midi d'automne Dans le jardin d'Hiroshima. Les enfants secouaient leurs rires autour De la ruine qui avait vu la fournaises. Mais dans le ciel réconcilié d'Hiroshima L'ombre du crime appelait un autre soleil. 6 novembre 1986 | Sky transparent like innocence. Uniformed schoolgirls laughing On lawns that the sunlight bathed. Laugh spouted from throats departed In a rumble louder than ten thousand suns Happiness spreading out its wide layer of hope. Flowers bursting out in an autumn afternoon Here in HiroshimaIn in this public garden,. Children rattled their laugh and giggle all around The remnant ruin that was witness to the furnace, But in the appeased sky of Hiroshima town The shadow of the crime cried for another sun. 6th November 1986 |
Cristal. Opées dressées. Transparences aiguës- Et ce silence au fond des glaces. Dur et droit, Mais toujours plus avant, un lointain qui s'efface. L'arbre vêtu du froid radieux qui ne tue Mais, pareil aux statues, fige ceux qu'il embrasse, Gorgone qui mirée engourdit son effroi. Des parterres qui se déroulent et qui prennent L'apparence de mes sommeils incorrompus. D'un bleu presque d'acier mes lointains se colorent Où le désir n'atteint, les regrets se souviennent. Ce soleil gelé semble une eternelle aurore. Un vol de souvenirs qui ne se pose plus. 3 janvier 1987 |
Crystal. Arrayed opals. Gems translucent and shrill- Silence by frozen ponds exhaled. Ever ahead As a harsh and straight line the distance vanishes. Trees are clad in glorious frost which does not kill Them but turns to statue whatever it seizes, A mirrored Gorgon with her benumbed dread. Flower beds unrolling as I walk, assuming The appearence of my flawless, soundest slumber. In almost steely blue my horizons are drawn. What desire doesn't reach, regrets still remember. And this frozen sun is like everlasting dawn, A flight of memories that comes to roost nowhere. 3d January 1987 |
SILEX Bergères des morts vous paissez mes silences Pasteur des défunts vous guidez mes absences. Un soleil de jais étincelle de nuits. La chanson s'achève où le marais commence. L'étoile s'éteint quand la rafale luit. * Carcasses de nuits, attentes et pressentiments. Plus dur le coeur et plus profonde la lueur. Mais l'attente est guêt loin des étoiles. Le mot est comme le regard qui réveille l'amant J'appelle cet amour qui veille aux profondeurs Un choc, Et de l'abîme de nuit l'étincelle. * Aux pics que j'enfouis, cette corne me hèle. Aurai-je assez de peurs pour inventer l'espace? Aurai-je assez d'aurore où déployer une aile? Aurai-je assez de sang pour me grimer rapace? Si je sais le chemin, j'ignore encore l'abîme. Tu connaîtras ton puits aux profondeurs du chant. * Sur le vide penché qui reflète un visage J'interroge un écho, mais j'ignore la voix. Peut-il être un confin s'il n'est pas de rivage, Ni de huniers croulants de voiles, ni pavois, Si les dieux foudroyés qui hantèrent mon âge Ont le vide imposé pour mon pélerinage? * De scintillations appel et préscience, Soleil, frère joyau qui m'appelles, me tances, En l'engloutissement où gît mon éclat tu, Suis-je sujet des lois, du feu suis-je complice? Charbon incorrompu, quen clartés s'accomplisse Par le pic arraché mon mystère têtu. * Grain- coule et de mes lois ris que tu sais fautives Bien que de ton étang le penser soit la rive. Mais le froid qui te scelle où flotteront tes chairs Insinue - et la main rive ta chanson vive- Gel où se figera la soleil de l'hiver. * Enfouie où la tient la nuit et le repos Sournois. Mais saurait-il qu'un soleil qui le hèle Rôde, et l'étincellement des astres? Diamant incorrompu qu'une angoisse fêle Et l'appel lumineux d'un désastre. Braise ou graine qui habite mes caveaux. 10-20 janvier 1987 * Ces ombres que tu appelles des mots, Le vide qui les habites te pèse. Echo tu résonnes aux mêmes chocs Et tu crois abriter des échos. Mais la brume se dissipe entre tes doigts Et rien ne ramènera l'aveu De tes innombrables dérives. 26 janvier 1987 * Les paroles sècheraient comme des oiseaux- Chûte dont l'humus ressuscite Les frondaisons mortes et les avrils renaissants, Mais quel écho remonte et me répond Au fond de la fontaine jamais tarie De ma mémoire? * Le frémissement te vêtira comme un manteau. La source connaîtra ton flanc et ta nuit. Mais la paix hantera ton visage. Aux pics de tes seins les nuages du plaisir La foudre qui en jaillit éclairera L'abîme où tu roules, brisée. Et ce sera comme une nouvelle aurore. * Lointaine, glacier, inaccessible, brûlante De toute la froideur des étendues Dont les éoiles se défendent Par l'invivibiité du givre Et l'étincellement transparent des frimas. Tu roules où nulle voix ne parvient. 3 mars 1987 * A val d'abîme le craquement et la peur. Vertige qui n'a de gouffre ni de cieux Mais une fuite qui est poursuite -ou pourfuite- Le chaos recueillerait mes débris Mais très haut, -immuable-, Chante l'étoile. * Au coeur du marbre et du cristal - De l'opaque et du transparent - Tapie - et coeur jamais atteint, Jamais brisé, Germe sans lequel ils ne seraient, La lumière * Dérive- et aux rameaux des jours La plante qui s'appelle horreur de vivre, La guangue des os qui se pétrifient, Les mains qui battent vers le mot, L'eau du souvenir entre les doigts, La nuit qui descend sur les sommets Puis le silence. 4 mars 1987 * Au coeur de la nuit, où tourbillons, Ni essor ni chute, mais Le poing qui broie, la chair Qui crie et explose. Le dur. Par delà la paix et les éternités Un chant plus loitain que le silence * Le gouffre qui connaît le sommet. Le chant qui est le reflet du cri. Le miroir que tu es peut-être Et cet appel que ton corps a revêtu. 10 mars 1987 * Le ruisseau d'une voix qui coule sur la mousse Le cristal inquiétant d'un regard L'appel tapi au creux des halliers de l'été La traque des tam-tam lancinants dans la savanne- Mais plus que tout Ces trois pierres polies qui luisent sous la lune. 13 mars 1987 |
Shepherdess of the dead who graze hours of silence, Guardian of the deceased who guide whiles of absence, You are a jet-black sun scintillating with night, A song that on the shore ends where the marsh begins, A star that is blown out when a gust of wind glints. * Awaiting, foreboding, you're the night's stay and beam. The harder the core is, the fainter is the gleam. Yet to wait means to be on the watch in darkness. The word is like a glance awaking a mistress. I call that kind of love smouldering in the dark A hit and, lighting up chasms of night, a spark. * To peaks that I despise, hark, a horn is hailing. Had I enough of fear to devise where to stay? Had I enough of dawn to spread out a wing? Had I enough of blood to ape the bird of prey? If I know where to go, I ignore the abyss. Your well will be as deep as reaches down your hiss. * In void, whereon I bend, a face is reflected. I ask a mere echo whose voice I never knew. Could it hit a threshold when no shore existed, Nor masts sagging under the sails and no bulwarks, If thunderstruck, discarded gods who were at work In my early years, chose void for me to go through? * Call for scintillations and prescience thereof, Sun, brother-jewel who both calls me and rebukes me, In engulfing wherein remains my hushed up gloss, Am I subject to law, shall I to fire rally? Stainless coal, celebrate in dazzling lucency, Broken up by the pick, my stubborn mystery. * Grains- flow, braving my rule, laugh aware of your fault, Though to your pond there are no shores but my own thought. And the cold in your mind as it did in your flesh, Though your hands clinch your song, insinuates itself, Frost able to retain even the winter's sun. * Buried where it was seized by night and guileful rest. But how could it know of a sun hailing it and Roaming as do the ever sparkling stars? Diamond Incorrupt, flawless gem, that anguish still may crack And the luminous call of impending mishap. Such is the brand, the grain lying in my recess. 10th-20th January 1987 * Those wraiths you chose to call your words, Are possessed by a void which weighs on you. Echo, you resound of the same hits And you mean to hide echoes within you. But the mist flees you want to grasp And naught shall bring back avowal Of your numberless deviations. 27th January 1987 * The words would dry, exhausted birds - Decay whose compost shall restore Withered foliage, surging April. But which rising echo answers From the well never running dry Of my relentless memory? * Shudder shall clothe you like a cloak, The source shall know your side and your night, But peace shall rest upon your face. With clouds of lust around your breasts Sparkle that spurts therefrom shall light Chasms where, broken, you tumble. And this shall be like a new dawn. * Far, glacier, unreachable But hot with chilling expanses Against which the stars' defences Are being, as frost, invisible And, as winter, translucid gleam. You fall where reaches you no scream. 3rd March 1987 * Down the chasm a scaring creak. Bottom-, heavenless vertigo. Flight that's pursuit -purflight also. Chaos would engulf my remains But for lofty unchanging strains Sung by the star. * Within any marble, crystal- Translucence and opacity- Lurks - core never attainable, Never broken, Seed but for which they wouldn't be, The light * Drifting along the twigs of days Where hangs weed called disgust for life, With coats of bones turning to stone, Hands clapping their cheer for the word, Memories leaking through these hands, And night submerging the summits And then silence. 4th March 1987 * Deep in the dusk where, an eddy, - No soaring nor fall-, but The crushing fist, the flesh That squeals and bursts Reigns toughness Beyond peace and eternities A song more remote than silence. * A chasm akin to the peak, Song is the reflection of cry. The mirror that -who knows?- you are And the call that you embody 10th March 1987 * The brook of a voice flowing on the moss, Menacing crystal of a glance. The lurking appeal in the summer brush, Hunting tom-tom beat in the bush. And above all Those three polished stones that gleam by moonlight. 13th March 1987 |
Les rats ont recouverts la morte. Sur le cri ne pose la porte. Neige et nuit. Nul éclat de jour. Rôde la mort. A toi le tour. Une bouche hurle en silence. L'escalier mène où nul ne pense, Mais par quel escalier d'effroi Monte ce regard jusqu'à moi? Ratisseuse, poursuis ta ronde Douce est la forêt et profonde. Mais ces ténèbres sous ta sonde! 25 mars 1987 |
The corpse teems with rats all over. On the scream don't shut the cover! Snow and night. Sunshine? Not a bit! Death roams around. You won't miss it. A mouth yelling noiselessly, Stairs leading up to a strange country, But on which stairs full of dismay Does this glance come on me to stay? Hag with your rake, while on your rounds, Though the wood is soft and profound What soundless darkness do you sound? 25th March 1987 |
RETABLE DE GRUNEWALD Le monstre cauchemard enfanta la tarasque. Le méchant qu'on redoute est-il du saint le masque? Le bec dur hérissé frappera-t-il si fort Qu'il fera du rocher surgir la source hors? Pour que la joie habite en bel enfant qu'on lange, Sous l'ogive flexible ouvre le choeur des anges Qui du rebec savant ont appris la leçon Et de Josquin sans doute on capturé le son. Dans la paix du désert l'ancien que l'herbe couvre A reçu le savant qui deviendra le rouvre Et la science en eux est si puissant discours Qu'ils dédaignent, sereins, du verbe le secours. (Et rouge à mes côtés, à mon rève fugace, Hantise, dent qui creuse et par moment agace, Porte où bat le désir, où s'écrasent les ans, Dans un clair de beauté nous fumes des amants.) 18 août 1987 |
Is the nightmare monster who begot the Tarask, Is that fearsome villain the Saint's covering mask? Shall the harsh prickly beak hit so hard on the rock That it may out of it the hiding source unlock? To rejoice the sweet child that mother's hand clothes An angel choir preludes under dainty arches Whose command of the toilsome art of violin Was passed on to them by no other than Josquin. In peaceful barren moors under a roof of grass The old man welcomes the scholar whose work won't pass Inner silence in them is so strong a discourse That both of them will scorn to speech to have recourse. (And blushing by my side, uncontrolled by my brains, My bashfulness, aching with dull or shooting pains, At the door where desire beats and pile up years spent, Made to our beauty struck romance an abrupt end). 18th August 1987 |
La bouche ni le vent ne connaissent l'aurore. J'ai regagné le seuil où l'horloge se tait. Vous ne rejoindrez plus mes vols ni mes halages Au delà de ce point commence le silence. Je ne sentirai plus sur mon bras votre main. Au delà du bosquet sont des rumeurs de rires, Mais la gorge se noue et la lèvre se brise. Votre regard éteint est un coucher d'étoiles. Nous n'aurons pas bravé la lueur du baiser. 3 novembre 1987 |
NEITHER MOUTH NOR WIND Neither mouth nor wind care for daybreak's arising. I'm back to the abode where the clock comes to stand. You won't catch up with my swift flights nor slow towing. Beyond this boundary utter silence begins. I don't feel any more upon my arm your hand. The grove over yonder muffles bursts of laughter But to my throat a lump comes and my lips mutter As your lacklustre glance was like a fading star. And kiss remains a gleam, unchallenged and so far! 3d November 1987 |
Rauques les mots. Après les rocs. Il ne reste plus qu'un écho Il ne reste plus qu'un silence. Aux confins où sefait l'oubli Quelle douceur persiste et tremble? La parole nous déserta. Au plus profond de nous l'absence. Sommes-nous source que d'oubli Le temps sans cesse renouvelle? 6 novembre 1987 |
RAUCOUS THE WORDS Raucous the words that hit the rocks. And naught is left but an echo. And naught is left but a silence. On sills where memory tumbles, What mildness persists and trembles? Our words refused utterance. In our innermost beings, absence. Are we tanks of forgetfulness That time keeps filling, relentless? 6 November 1987 |
Si ta voix, si ton pas habitent ma mémoire Ils sont ombres, oublis et appels jamais tus. Un voile de sommeil tombe sur otre histoire. Ton visage sombré glisse au flot qui se moire, Mais non l'espoir qui bat, non ce passé qui fut. Rien n'éteint les moments où nous fumes ensemble - Et ta douceur en moi qui se lève et qui tremble Est plus tenace grain que le roc et le fût. 8 novembre 1987 |
THOUGH YOUR VOICE Though your voice, though your gait obsess my memory, They're but shadows, lost thoughts, echoes that never passed. A shroud of drowsiness fell on our history And your face glides over shimmering waters, blurry Unlike this beating hope, unlike this foundered past. What could cancel the hours that we spent together? And your mildness in me that rises and quivers Is a much harder core than rock or column shaft. 8th November 1987 |
LES CIMES DORMENT Les cimes dorment au fond du coeur Cristal que n'effleurent pas les fuites Inaccessibles, Et les tornades des histoires lointaines Ne retentissent pas à ces confins Où la musique est suprême silence. Mais si le fracas des temples écroulés Et la plainte de l'amour perdu Sillonnent parfois ces silences, Ils n'effleurent pas même la paix. L'aigle plane, inaccédé, Et nulle flêche ne trouble Son vertige. J'ai plongé où dormait ton image. Les scories du bonheur s'écrasaient sous mes pieds, Le remord de n'avoir su être heureux, Celui de ton sourire éteint S'effaçaient à leur tour come ton souvenir. Mais rien ne pourra apaiser la soif De cette coupe où nous ne sumes boire. 9 novembre 1987 |
Slumbering peaks deep in our hearts, Crystals that no flights ever touch, You are impassable hindrance. And storms raised by far histories Do not ring on these boundaries Where music is supreme silence. But if the temples' crashing down, And for a love lost wail and moan Sometimes furrow these silent spells Never may they eagles compel Their silent hovering to bend That no arrow ever attained. I have dived where your image slept And crunched underfoot clinkers left By happiness. And the remorse At having failed to seize my bliss And left smile vanish from your lips Subsided as did memories Of you. But I shall never wean My throat off the now dried up stream. 9th November 1987 |
RENCONTRE Nous nous sommes croisés dans une odeur de menthe La pluie nous a tissé la cage et le suaire Au lointain de nos pas jaillissaient les fontaines Nous étions seuls perdus où commence le rêve Et les voix des passants nous semblaient si lointaines Qu'il n'y avait pour nous que la pluie et les fleurs. Les masques se dressaient sous leurs doubles de pierre Et nous ne savions pas que veillaient nos visages La face de l'oubli la face de silence. 17 novembre 1987 * Ni ce mur bas, ni ce chemin Ni ce regard qui disparaît Derrière un éboulis de larmes. L'horloge qui s'est arrêtée Comme un clou à travers le temps Cet accroc au coeur Comme un mot qui n'est jamais dit Ce vide qui gonfle la lèvre. Et cet espoir qui n'a jamais Atteint ni ne battra la rive. 20 novembre 1987 |
We passed each other in a fragrance of spearmint The rain had wrought for us both a cage and a shroud. We had walked far away from the spurting fountains. And were stray, left alone on the fringe of a dream. The rumor of the passers-by seemed now so far That there were left to us just the rain and the flowers. Masks were staring at us under their stone doubles. We knew not that the ones intended for us were The mask of oblivion and the mask of silence. 17th November 1987 * Neither low wall nor path entrance, Nor the shy disappearing glance Behind the rubbles of salt tears. Just the clock that has ceased to tick. Say, why did this nail in time stick And stay like a rent in your heart, Like a word that's ever repelled, Merely void with which your lips swell, And this hope that shall nevermore -Nor ever did- hit at the shore? 20th November 1987 |
CLAIR OBSCUR La chanson n'était pas perdue Mais il n'y avait plus de bouche Ni de lèvre pour le sourire Ni même de mot pour l'aveu Et qand toute la chair se fut dissipée A la façon d'un nuage Il ne resta plus qu'une place calcinée Qui s'appelait le champ de l'amour. Comme l'abelle je tourne sur cette plaie Où ne fleurira l'orchidée ni la rose. Toute mamusique est partie au fil d'une voix Les étoiles ont déserté ma nuit. Cet écho qui s'éteind au fond de mon silence. 21 novembre 1987 |
The song, to be sure, was not lost, But no mouth was left to sing it, Nor, to shape the smile, were there lips, Nor, for the avowal, were there words. And when declined the storm of flesh, As would the wind a cloud disperse, Only a calcinated spot Was left, "Field of love" to be called. Bee-like I move about that wound Where no orchid nor rose has bloomed All my tunes with a voice took flight. All stars have deserted my night. Echo vanishing in the depth of my silence. 21 November 1987 |
CALME PLAT Dans un remous du temps s'échoua notre histoire. Pour une aile brisée il n'est plus de nuage Mais la rumeur du chant habite nos mémoires Et rien n'a déseté notre détresse sage Que les deux étrangers qui se croyaient vivants. J'ai retrouvé des pas où reposaient des cendres; La voix n'a pas brisé le carcan ni la porte. Au buisson d'orchidées nous veillerons la morte Mais je sais le caveau où je ne dois descendre. Car l'absente a laissé sa compagne plus forte. Une pierre de nuit a muselé le vent. 29 novembre 1987 |
In an eddy of time our story ran aground. A mere broken off wing bereft us of the cloud But in our memory we still hear warbling sounds And nothing is missing under the sober shroud But the two strangers who fancied to be living. I have retrieved footprints that were full of cinder. The voice did not succeed in breaking yoke or door. By these orchids I shall keep watch over the corpse, But the grave, I know it, I shall never enter As the deceased posted her stronger mate before. A heavy slab of night muzzled the howling wind. 29th November 1987 |
Nous avons déjoué les pièges de l'absence. Au rendez-vous secret nous ne manquerons plus. Nul n'en connaît la clef, nul n'en sait la défense. Il n'est donjon plus sûr que ce temps qui s'est tu. Au ruisseau des oublis s'enfonce ton visage Nulle eau n'effacera l'ardoise de l'amour. L'hiver a beau passer, le printemps, l'an et l'âge, Nous ne déserterons l'aube du premier jour. Nous avions inventé l'instant où tout commence. Les chemins effacés ont dénoué nos mains. Aucoeur de nos désirs dort la flamme, ou la dance. Souvenir sois la chambre où nous nions demain. 5 décembre 1987 |
We outsmarted the traps absence had laid for us. No more shall we fail to keep secret appointments For which no one knows the password nor the defence, Since no keep is so safe as time turned to silence. The brooks of oblivion unyieldingly submerge Your face, but no water wipes love off the blackboard. Winter went by in vain and spring and year and age, The dawn of the first day we faithfully record. Inventors of the while when everything begins, Whose handcuffed limbs were by the weedy paths untied, In our inmost desires embers smoulder, dance spins. Be, memory, the hoard where next day is denied. 5th December 1987 |
J'ai gagné la dernière salle du donjon Où n'atteignent plus grâce ni répit. Seul l'orgueil connaît l'aile et la fuite Mais la devise est "Espoir ni peur." Un destin royal croule avec le couchant. J'écoute cingler les vols de corbeaux. Je n'appelle plus l'étendard du paon. La fronde ne ronfle pas entre mes doigts Mais le fleur qu j'ai cueillie n'a pas de terreau. J'ai pris racine dans le vent. Hommes,ne me reprochez pas d'être heureux. Mon bonheur est fait de refus et de braises. Le sang n'étoile pas ma solitude, Mais le diamant emprisonné dans mon coeur. Il n'est plus profonde blessure. 18 décembre 1987 |
To the furthest recess of the keep I returned That neither mercy nor respite ever attains. Pride alone ever knew of soaring and of flight. Yet the motto is "You shall withstand hope and fright". A king's fate collapses as sun is declining. I listen to the flights of ravens whose cawing Disheartens me from unfurling the peacock's fan. There is no humming sling spinning around my hand. But the blossom I picked is deprived of compost. I took root in the wind. Men, your reproach is lost On me and my poor bliss made of deny, of glow. Spatters of blood don't stain my shy, lonely sorrow, And the diamond hid in my heart is my wound. No injury is so profound. 5th December 1987 |
FORET MORTE Qu'est-ce aux confins de mes espoirs que cette chanson qui déferle? Aux bras obscurs de mon désir j'ai trouvé le brasier d'abîmes, Un vol tapi sous les aisselles de la nuit. Mais ce voyage sans départ, mais ce baiser qui n'a de lèvre Sont les vestiges de ton absence Et sur la mer où le souvenir croise Il n'y a plus de place pour demain. Un tourbillon d'aveux bat la crique et la porte. Il n'est plus de recours lorsque l'amour l'emporte. 23 décembre 1987 |
On the remote ends of my hopes what cheering song has surged? From the tentacles of my lust the abyss has flared up, A flight lurking under the wing of the dark brooding night. But this travel without farewell, this kiss that no lips blow Are the remnants of your absence And coasts guarded by remembrance Where shall land no morrow. If wild attempts of self-contempt whip against gate and cove There may be no recourse nor vow when the winner was love. 23 December 1987 |
PUIS LA VOIX Puis la voix s'éteint, puis la lèvre Et l'air qui habitait ta gorge Et le désir qui te hantait Puis le désir même du désir Qui sépare le corps du sommeil Alors s'allume le vide, Puis le gouffre qui t'aspire Et l'être qui dans ton opacité Creuse Un abîme qui seul a ton nom, Un vertige, ton vrai visage. Deviens tourbillon et tourne Sur ton silence 15 novembre 1988 |
Then the voice subsides, then the lip Then the air enclosed in the throat And the longing that haunted you Then even longing for longing That keeps apart body from sleep But now the void is lighting up And the chasm that engulfs you And the one who in your darkness Bores The only abyss with your name, Vertigo wearing your true brow. Become an eddy and spin round On your silence 15 November 1988 |
SANS SOLEIL L'abeille s'est tue et l'horloge bat toujours. Mais quelle amarre à to espace la lie? Quel chemin vers tes landes et tes espaces?L'hivr t'enveloppe et le son meurt et le chant. La neige barricadera ta mémoire. 6 décembre 1988 |
WITHOUT SUN The bee has ceased to hum but the clock keeps ticking Which anchor does moor it on your space so firmly? Which path leads it to the waste land where you abide? The winter wraps you up and sound and song subside. And these snowdrifts shall barricade your memory. 6 Dcember 1988 |
TEMPS ETEINT C'est ici que s'immobilise le mot. Seul Le chant persiste qui n'est plus langage, Mais écho. Une source dort et connaît Toutefois le secret de l'aube et de l'âge Quand le chevalier secret chevauche seul. Ce fut un soir où les couchants étaient morts. J'appris le code et qu'il n'est pas de remède. Patience et labeur sont le flambeau qui précède Ma soeur me dira la sentence du sort. J'ai connu le jour et j'ai surpris l'aube sage. Qui comblera le vide après mon passage? 7 décembre 1988 |
It's here that the word shall come to a stop. Alone The song persists, indeed, but is no more language Just echo. A source that seems to doze and yet knows The hidden arcanum of both dawning and age And of the secret knight who is riding his lone. It was on an evening when the sunsets were dead. I learned the code but knew that there's no remedy. Patience and exertion are the torch on the way. O sister tell me which fate hangs over my head! I experienced day-time, surprised the sober dawn. Who shall fill in the void I leave when I am gone? 7 December 1988 |
TERRAE INCOGNITAE Au lac du Mercure mort Le plomb traîne son chant Mort. Aux étangs battent les ailes Et les croix étoilent leurs Signes dans la brume. Ici choît tout son Et le jour comme las Pend. Cette tristesse que tu ne connaissais pas. * Quand le capitaine interroge le portulan, Une salve de terreur lui répond: Les oiseaux ne connaissent plus le chemin. Si le fleuve pressent la source et la fin, Son cours s'nscrit à vue d'étoile. Toujours plus loin où la nuit s'interrompt, Toujours plus loin où se calcine le mot, Toujours plus loin où cesse le corps, Toujours plus loin où tu n'as plus de visage. * Absent même de ton absence. Si loin de toi que tu oublies Qui tu fus. Un corps où même la chair Est brouillard. Un seul cri pour sonder le vide. * Parvenu au cap extrême. Et toutefois toujours plus loin, Un appel qui est désir. Parvenu où cesse l'élan Non la route. Rotondité. * Comme sur son tourbillon l'écume, J'ai su que le maelstrom de chair A pour oeil le vide. Comme sur son axe le vent Le vide tourne sur Un désir. Comme autour de son illusion Un désir, un néant... Où s'anéantissent les vides. 26 décembre 1986 |
On the lake that quicksilver drains, Lead is trailing its drawling strains. A song of death. On shores of ponds where wings flutter, The crosses dotted all over Loom in the mist. To this place no sound shall be borne. And twilight is, as though outworn, In abeyance. When did you feel such despondence? * When the captain inquires his way of the old chart, A swarm of fears in a volley is caused to start. Migrant birds forget the old routes that years enforced. Even, if the river senses its mouth and source, The distant stars only have set its winding course. Ever further away, there where the night ceases. Ever further away, there where the word blazes. Ever further away, there where the body ends. Ever further away, there where your visage faints. * Absent even from your absence, Far from your self you shall forget Who you were. If you had a body whose flesh Is haze and mist, A sole cry to sound the abyss. * You came to the remotest cape. Yet a call made there an escape For unassuaged propensity. Though to a place of low spirit You did not come to a limit: A uniform rotundity. * As does on an eddy the foam, I knew that flesh is a Maelstrom Turning on void. As does on its axis the wind The void itself round and round spins Upon desire. As does around its delusion, The desire which is oblivion... Shall soon be turned to nothingness. 26th December 1986 |
QUE LA NUIT EST CONNAISSANCE Une étoile au mitant de mon fleuve luit. Est-ce mon gouffre ou le secret que je porte? Le chant qui me hante est le chant d'une voix morte Mais comprendrais-je le démon qui me conduit Si je n'étais un ciel et n'enfermais la nuit? 18 janvier 1989 |
In the midst of my stream a star is shining bright. An abyss, a secret that on my mind I poise? The song sounding in me is crooned by a dead voice But would I understand this fiend, this ruling wight, If I weren't a sky and wouldn't hold the night? 18th January 1989 |