Esta noche me emborracho (1928)

Ce soir, je me saoule

Paroles de Enrique Santos Discépolo

Musique de Enrique Santos Discépolo

Sola, fané, descangayada, la vi esta madrugada Salir de un cabaret, flaca, dos cuartos de cogote Y una percha en el escote bajo la nuez Chueca, vestida de pebeta, teñida y coqueteando Su desnudez, parecía un gallo desplumao Mostrando al compadrear el cuero picoteao Yo que sé cuando no aguanto más Al verla así rajé, pa' no llorar Y pensar que hace diez años fue mi locura Que llegué hasta la traición por su hermosura Que esto que hoy es un cascajo Fue la dulce metedura donde yo perdí el honor Que chiflao por su belleza le quité el pan a la vieja Me hice ruin y pechador Que quedé si un amigo, que viví de mala fe Que me tuvo de rodillas Sin moral, hecho un mendigo cuando se fue Nunca crei que la vería en un requiéscat in pace Tan cruel como el de hoy Mire si no es pa' suicidarse, que por ese cachivache Sea lo que soy Fiera venganza la del tiempo Que le hace ver deshecho lo que uno amó Este encuentro me ha hecho tanto mal Que si lo pienso más termino envenenao Esta noche me emborracho bien Me mamo bien mamao pa' no pensar

Seule, en un monde qui l'ignore Je l'ai vue aux aurores Sortir d'un cabaret Plus qu'une moitié d'encolure Dont la maigreur fait injure Au décolleté Boiteuse habillée en minette, Qui teinte et époussette Sa nudité On aurait dit un coq déplumé Montrant pour plastronner Son cuir tout picoré Moi, qui la Voyait dans cet état Je ne retenais qu'à Peine mes pleurs Dire qu'il y a dix ans à peine J'étais fou d'elle Épris jusqu'à la trahison De sa grande beauté Que ce qui n'est plus que décombres Ce fut la passion sombre Où mon honneur s'est perdu Que rongé jusqu'aux entrailles J'ai mis ma mère sur la paille D’opprobre je me suis couvert Un type louche et pervers Et un menteur éhonté A genoux je me traînais Un mendiant sans dignité Qu'elle a quitté Je n'ai jamais souhaité pour elle Punition si cruelle Que celle d’aujourd’hui N'y a-t-il pas de quoi se pendre ? Moi qui ne peux comprendre Ce que je suis Un féroce retour des choses Qui vient flétrir la rose Que l'on aimait Cette rencontre qui m'a fait mal Il faut, c'est capital Que je l'oublie Je veux ce soir à mort me soûler Je biberonne pour Ne plus penser





Enrique Santos Discépolo (Discepolín) (1901 - 1951) des informations concernant cet auteur-compositeur sont données à la page Yira, Yira!



Le voici interprêté par Carlos Gardel en 1928






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