AN HINI GOZH

ton
Kempennet gant Christian Souchon (c) 2007


"Ar bugel nevez c'hanet" gant Wylie

Ha koulskoude war a welan,
An hini yaouank ar vravañ,

An hini gozh eo va dous,
An hini gozh eo sur!


An hini yaouank a zo koant.
An hini gozh he-deus arc'hant;

An hini gozh h.a...

Me n'ezañ morse d'ar marc'had
Na ro din-me va boutailhad.

An hini gozhh am c'hondu mat.
An hini gozhh a zo d'am grad.

Ha koulskoude e-barzh e kêr,
An hini yaouank a garer.

An hini yaouank zo ken plomm,
An hini gozhh un tammig kromm.

An hini yaouank zo lijer,
An hini gozhh a zo pounner!

An hini gozh he-deus blev gwenn
An hini yaouank blev melen

An hini gozhh liv radenn sec'h,
An hini yaouank liv an erc'h.

Liv an erc'h eo, mez hi ken yen:
Ne ra hogozik sell ouzhin!

Ha koulskoude, n'ouzhon perak,
Va c'halon 'ra tik-tak, tik-tak!

Tik-tak a ra va c'halon paour
Pa 'z an da skeiñ war doull an nor.

Tec'h alese, tec'h kuit, tec'h pell!
An hini gozhh a zo kant gwell!

An hini gozh eo kant gwell;
Ne ra ket tailhoù dimezel.

Dianket an dimezelled!
Dianket e teir rann ar bed!

Dimezelled ne reont bepred,
Nemet goap eus ar Vretoned.

Pa daolan dorn war benn he glin,
An hini gozh a c'hoarzh ouzhin.

An hini gozh 'zo Bretonez.
An hini yaouank 'zo Gallez.

Fae eo gand ar Gall brein,
Gand kroc'henn an diaoul war e gein!

Fae eo gand ar C'hallez;
Ganti karnou en he botez!

Goude tri deiz eo skuiz peb den
Gand glao, avel ha merc'h estren.

Mar gomzit a briedelezh,
Komzit din eus ar Vretonez!

Ne lakin van pa vo laret
Eo ar Vretonez gwrahellet.

Evitañ da voud gwrahellet,
An aval blaz fall n’e-neus ket.

Bezet droug gand neb a garo,
Trohet an ed, dornet e vo!

Bezet droug gand neb a garo,
Ma dous ha me, ni eureujo;

Ni gousko en ur gwele kloz
War ar pell fresk, bemnoz, bemnoz!

Na pa ve ker koz hag ar bed,
Ganin e vezo gwalennet.

An hini gozh eo va dous
An hini gozh eo sur
Pas besoin d'hésiter longtemps:
La jeune est plus jolie, pourtant

C'est la vieille que j'aime bien,
La vieille, c'est certain!


Si la jeune a des traits charmants,
La vieille, elle, est cousue d'argent.

C'est la vieille etc...

Le pot que je bois au marché
Qui donne de quoi le payer?

La vieille sait me dorloter.
La vieille agit selon mon gré.

Et malgré cela, c'est, au bourg,
A la jeune qu'on fait la cour.

La jeune a le port droit et altier.
La vieille, elle, a le dos voûté.

La jeune a le poids d'une plume.
La vieille, celui d'une enclume.

Si la vieille a les cheveux blancs,
La jeune est blonde tout autant.

La vieille a le teint défraîchi.
La jeune est blanche comme lis.

Un lis blanc, mais un regard froid
Qui m'évite quand il me voit.

Et pourtant je ne sais pourquoi
Je sens mon cœur qui bat, qui bat.

Et pourquoi bat-il de la sorte,
Quand je viens frapper à sa porte?

Va-t'en de là, quitte ces lieux,
Car la vieille vaut cent fois mieux!

Cent fois mieux, dis-je, que la belle
Aux caprices de demoiselle.

Au diable donc les demoiselles,
Les trois continents avec elles!

Ces demoiselles qui ne font
Que rire aux dépens des Bretons.

Si ma main frappe son genou,
La vieille sourit et c'est tout

La plus âgée reste Bretonne.
La jeune est Française ou tout comme.

Ah, maudits Français corrompus
Dans leur peau de diable cousus!

Maudite Française de plus:
Dans son soulier, un pied cornu!

Trois jours de pluie, de vent vous lassent?
Trois jours d'étrangère m'agacent.

Si vous parlez de mariage.
La Bretonne a tous mes suffrages.

Je me moque que l'on murmure
Que la Bretonne est un peu mûre.

Bien que fripée à l'extérieur,
La pomme saine a bonne odeur.

Et s'en offusque qui voudra,
Blé fauché l'on moissonnera.

Sachez qu'en dépit de l'envie,
Ma douce et moi, l'on se marie.

Nous dormirons dans un lit clos.
Sur de la balle fraîche, au chaud.

Et quelque vieille qu'elle soit,
Je lui mettrai la bague au doigt.

C'est la vieille que j'aime bien,
La vieille, c'est certain!


Traduction: Ch. Souchon (2007)


ME'M-EUS CHOAZET DIV VESTREZ KOANT

Le 1er carnet de Kerransquer de La Villemarqué a un chant apparenté, page 127

La Villemarqué's first Keransquer collecting book has a related song on page 127

"Le parvis à Pont-Croix":

Me 'm eus choazet div vestrez koant,
Unan eo gozh, unan yaouank:
An hini gozh a blije din...

J'ai choisi deux jolies maîtresses,
L'une vieille, l'autre une jeunesse.
C'est la vieille qui me plaisait...
"The square in front of Pont-Croix church":

Me 'm eus choazet div vestrez koant,
Unan eo gozh, unan yaouank:
An hini gozh a blije din..."

I have chosen to love two women,
One is old, and the other young.
But the old one pleased me better...


NOTES

  • Bibliographie:
    Collections:
    Lédan, I, p.432;
    Penguern, t.112, p.142;
    Quellien, "Chansons et danses des Bretons";
    Ollivier, N°27.

    Remarques
  • Un article de Wikipedia en langue bretonne donne d'"An hini gozh" l'interprétation suivante:
    "Il s'agit d'une chanson leste et amusante où la Bretagne est la pauvre vieille et Paris et la France la jeune et jolie fille."
    Ce soi-disant message "politique" est aussi suspect que les aphorismes nationalistes dans les chants du Barzhaz Breizh que Francis Gourvil a recensés (cf. Le vin des Gaulois).
    La "morale" de cette chanson de Cornouaille quimpéroise se dégage du premier couplet et du refrain. C'est la même que dans le chant La vieille veuve, à savoir, que le Breton serait particulièrement avide d'argent et, par conséquent, insensible à l'amour. D'innombrables chants montrent, bien entendu, qu'il n'en est rien. Une des nombreuses versions de ce chant se termine d'ailleurs par:

    "An hani goant /Eo va c'hoant,/ An hani goant/ Eo zur !
    "La jolie/ est celle que je désire / La jolie/ c'est sûr".


    C'est O. Pradère, membre renommé de la Société académique de Brest, auteur dans la "Bretagne poétique" d'une traduction en vers de ce chant, qui en donna le premier (avant février 1896, date à laquelle il est cité par le colonel Alfred Bourgeois dans le Bulletin de la société académique de Brest) cette interprétation contestable).
    D'ailleurs la finale, peut-être ajoutée au cours du temps, montre que le chant doit être interprêté dans le sens que le Breton préfère une femme vieille à une jeune, même séduisante, parce que la première lui inspire confiance; et qu'il préfère une Bretonne à une femme venue d'ailleurs pour la même raison.
    Alfred Bourgeois ajoute d'ailleurs que ces couplets sarcastiques n'étaient guère appréciés, contrairement à l'air et que c'est l'originalité de celui-ci qui a fait le succès de la chanson.
  • L'article de Wikipedia indique aussi qu'"An hini gozh" est parfois attribué à Prosper Proux (1811-1873).
    Alfred Bourgeois montre que l'air et la chanson sont, au moins en partie, bien plus anciens, car ils sont mentionnés dans un manuscrit copié à la fin du siècle dernier par M. du Botmeur et extrait des œuvres du Père Maunoir, jésuite, qui écrivait vers l'an 1650. Il ajoute:

    A la page 70 de ce manuscrit, déposé à la Bibliothèque de la marine du port de Brest, on peut remarquer un cantique breton qui se chante, dit l'auteur, sur l'air de « An any gôz », une chanson : « Great gant an drouc-speret ha commun é mesk an dud « (faite par le démon et commune parmi le peuple.)

    Par ailleurs, on remarque cette strophe qui tendrait à indiquer qu'elle fut composée à une époque où l'Amérique n'était pas encore découverte:

    "Dianket an dimezelled/ Dianket e tri rann ar bed"
    "Les filles qui ne sont pas des paysannes sont inconstantes/ Inconstantes dans les trois paries du monde."


    Ce qui est sûr, c'est que la chanson n'a pas été composée en une seule fois et que les couplets ont été variés à l'infini suivant l'humeur et la fantaisie de chacun.
  • Les paroles ci-dessus ont été recueillies en 1876 auprès de Marianne Abgrall de Lampaul-Guimiliau. Cependant ce texte était connu en français par la traduction qu'en avait faite Auguste Brizeux (1803-1858) dans "Parmi les landes et les chênes".
    C'est cette chanson qui a produit le mot français "nigousse" remis à l'honneur par les Charlots en 1968, dans un de ces purs chefs-d'œuvre d'humour dont les Français ont le secret (unan eus pennoberennoù ar mousfent gall)."
  • L'œuvre du peintre Olivier Perrin (1761 - 1832), la "Galerie Bretonne" (1835 à 1839), dans sa réédition de 1836, contient le fameux "An hini goz".
  • Bibliography:
    Collections:
    Lédan, I, p.432;
    Penguern, t.112, p.142;
    Quellien, "Chansons et danses des Bretons";
    Ollivier, N°27.

    Remarks
  • A Breton language Wikipedia article gives for "An hini gozh", often ascribed to Prosper Proux (1811-1873), the following interpretation:
    "It is a brisk and funny ditty where Brittany appears as an old woman and Paris and French speaking France as a pretty young girl .
    This allegedly "political" message is as spurious as the jingoistic aphorisms in the Barzhaz Breizh songs listed by Francis Gourvil (See The wine of the Gauls).
    The "moral" of this Cornouaille song (from the Quimper area) appears in the first stanza and the burden. It is about the same as in the song The Old Widow, to wit, that a true Breton were above all greedy and moneygrubbing and therefore not susceptible to love. Of course numerous songs definitely prove the contrary, as does one of the many versions of the present ditty ending with:

    "An hani goant /Eo va c'hoant,/ An hani goant/ Eo zur !
    "The pretty one/ is the one I want / The pretty one/ to be sure!".


    It was O. Pradère, a well-known member of the "Société académique de Brest" and the author, in "Bretagne poétique" of a versified translation of this song, who first gave (before February 1896, when Colonel Alfred Bourgeois quoted him in the "Bulletin de la société académique de Brest") this questionable interpretation.
    Besides, the concluding stanzas, which were possibly appended more recently, show that the moral of the piece should be that a Breton prefers an old woman to a young one, in spite of her good looks, because the former inspires confidence in him; if he prefers a Breton woman to any alien, it is for the same reason .
    Alfred Bourgeois also states, that these sarcastic verses were not especially appreciated, unlike the tune whose originality made the ditty so popular in Lower Brittany.
  • The Wikipedia article also states that "An hini gozh" is sometimes ascribed to Prosper Proux (1811-1873).
    Alfred Bourgeois demonstrates that tune and lyrics must be much older, at least partly, since they are mentioned in an MS copied by the end of the 18th century by M. du Botmeur from the works of the Jesuit Julien Maunoir, who wrote ca. 1650. He adds:

    On page 70 of this MS, kept at the "Bibliothèque de la marine" of Brest harbour, a Breton hymn is copied which, as directed by the author, is to be sung to the tune of « An any gôz », a song which was « Great gant an drouc-speret ha commun é mesk an dud « (made by the devil, but popular among the folks.)

    And what about the following strophe hinting at a remote time when America was not yet discovered?

    "Dianket an dimezelled/ Dianket e tri rann ar bed"
    "The (town) young ladies are fickle/ Fickle in all three parts of the world."


    Anyway, we may take it for granted that the whole song was not composed right away and that new stanzas were added, again and again, depending on the mood and fancy of each contributor.
  • The above lyrics were recorded in 1876 from the singing of Marianne Abgrall from Lampaul-Guimiliau. However the song was already well-known due to a French translation of the lyrics by Auguste Brizeux (1803-1858) in "Among oaks and heathers".
    The burden gave birth to the old slang word "nigouse" (applying to Breton women), which the humorists "Les Charlots" warmed up in 1968, in one of those "masterworks" only French wit can yield (unan eus pennoberennoù ar mousfent gall).





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