XXV AXEL
Vivre? les serviteurs feront cela pour nous.
AXEL
Les serviteurs grisés hurlent les choeurs des chasses.
Les vins rougissent dans les ciboires en deuil.
Ton visage est plus blanc que la sainte des châsses,
Mais nul éclair jailli ne brise ton orgueil.
La forêt sur ton nom étend sa vigilance.
Les destins engloutis protègent ton donjon.
Le coeur bat plus profond quand l'étreint le silence.
La musique est plus forte que chêne ou que jonc.
Frère, la route est dure où manque la citerne.
Les chansons des buveurs ne troublent point tes nuits,
Mais le combat hautain, le toit que la paix cerne,
Le bonheur qu'on dispense et la douleur qui luit.
Par delà les forêts viennent des vols de cygnes
Et moins que leur blancheur, le sang qui teint leur cou
Te tente, car tu sais que le renom assigne
Au lutteur plus haut rang qu'au rêveur d'un chant fou,
Et quand d'astres la nuit incruste son armure
Pour que nul fer n'atteigne où bat le coeur du temps,
Ton orgueil effondré vers lui-même murmure
D'avoir enclos ton âge en un deuil éclatant.
Que Sara sur son front jette l'or des Golconde!
Que brillent à ses bras les émaux d'Ispahan!
Des pensers plus hautains résonnent sous les sondes
Qui sont mépris du monde, ignorance des ans.
Tu règnes sur les mots et les forces qu'ils gèrent.
Au seuil de ton donjon n'ose passer la faim,
Hors de veiller où germe et monte le mystère
Que ne voit Bonhomet, l'assidu des confins.
L'escarboucle et le jais dorment sous tes sandales
Qui t'eussent décerné le renom de puissant.
Ton triomphe s'apprête à l'abri de la dalle:
La splendeur du Savoir et la force du Sang.
Michel Galiana (c) 1990
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XXV AXEL
To live? That's what we have servants for.
AXEL
The drunk servants bellow in chorus hunting rhymes.
Desecrated church cups with red wines overflow.
Your face turned pale, as pale as the saints on the shrines,
But no flush of anger stained your undaunted brow.
The wood protects your name with quiet watchfulness
Foiled warlike attempts filled the moat of your keep.
Yet a heart beats deeper which silent spells oppress.
Music ignores ramparts, whatever, steep or deep!
But long is the way for whoever lacks water.
Don't care for drunkards'brawls! They should not stir your nights,
Unlike the haughty fray against peace that alter-
nates discreet happiness and sorrow's candlelights.
Over the forest flocks of white wild swans hover
And, less than their whiteness, the blood that stains their hearts
Fascinates you. For well you know that with higher
Ranks Fate favours wrestlers, than ruminative bards.
And when the night with stars enamels its armours,
So that into the heart of time no sword be thrust,
Your self-denying pride blames itself and murmurs
For this early mourning, strict and conspicuous.
Let with Golconda's gold Sara cover her brow!
Let her adorn her arms with jewels of Orient!
A loftier reward to yourself, friend, allow:
Disregard for mundane conceit and for years spent.
For you reign over words and the powers they drain.
Hunger shall the threshold of your keep never pass.
Be intent on spying the arising arcane
That Bonhomet misses, the borderland jackass.
Carbuncle and jet bead slumber under your feet;
They would have earned you fame and of riches a flood.
Your triumph in the tomb, for sure, is a choice treat,
Combining splendour of Knowledge and strength of Blood.
Transl. Christian Souchon 01.01.2005 (c) (r) All rights reserved
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