John W. Waterhouse: Ariadne

XX-2 LA FAUSSE MORTE 2 Côte à côte vaisseaux qui descendez mes berges, Ignorant le nocher, le fret, la cargaison, Vous demandez en vain la jetée et l'auberge. L'étoile devant nous s'appelle déraison. Un messager crevant le rempart des paupières Vous raconte le corps où tout plaisir est clos. Sa parole bourdonne et ses chants, ses lumières, Rumeurs, strideurs, éclats percent votre repos. L'astronome à ses lois veut assigner les astres. Mais quel frein de rayons musellerait la nuit? Voici que sur le monde a surgi le désastre Et l'enchevêtrement de mes étoiles luit. Un souffle, et tous vos feux connaissent ma hantise. Un chant de loin venu vous embrase, vous prend, Ploie ainsi qu'un archet la corde qui se brise - Et règnent de nouveau les constellations. Cadavre, disais-tu, à ton côté qui roule, Que se ferme sur toi l'astre qui te hantait! Qu'à ton havre nouveau te remporte la houle! Nulle voix désormais ne brisera ma paix. Morts, ne vous raillez pas du vide d'une morte. Une même nuit suit une même splendeur. Puisque de vos tombeaux j'ai soulevé la porte Vos désirs deviendront plus vrais que vos ardeurs. Compagne obscurément qui gémis et vous hantes, Vous ne saurez de moi qu'une forme sans front, Sans fureurs. Je suspends la tendresse béante. Passante? Non. Hôtesse. Hôtesse? Intruse? Non. Par delà vos désirs ma complice m'appelle. Elle assourdit vos pas, elle assombrit vos voix. Une double puissance à vos déclins s'attelle, Toi qui niais les chants, toi qui bravais les lois. Nous ensevelissons sous vos paumes vos rêves. Notre assoupissement gagne votre vigueur Et de votre sommeil enténébrons vos grèves, Vos bras battants, vos pieds brisés, brisés, vos coeurs. Michel Galiana (c) 1990

XX-2 THE SEEMINGLY DEAD GIRL 2 Side by side, O vessels, along my banks you sail, Ignoring the helmsman, the shipload and the freight, In vain you long for the jetty from where you hail Folly is the star's name which leads you in the height. A messenger gouging the rampart of your eyes Tells you of the body wherein pleasure is locked. His chatter is buzzing while his songs and his lights Upset your quiet senses that loudly run amuck. Astronomers to their laws want to subject the stars. But could night ever be held by shackles of beams? Upon the world arose a sudden disaster. The dense entanglement of my stars on it gleams. With all my haunting fires a breath set you aglow. A song come from afar has burnt and taken you The tautening string will snap like on a bending bow, And the constellations will, free, prevail anew. Carcass that rolls along on my side, did you say, May the star, which lit you continuously, go dark! May the wave to your new port take you back away! No voice in my eternal peace shall ever bark." Dead people, don't taunt a dead girl with emptiness. The same night unites us who shared the same splendour. And since into your graves I have had free ingress Your desires shall become truer than your ardour. I shall be your obscure and wailing companion Of whom you'll know nothing except a featureless, Wrathless shape. I'll suspend the gaping affection. I am no passer-by nor intrusive hostess! Far beyond your desires, hark, my accomplice calls. She muffles your footsteps and she coarsens your voice. And a double power plots to bring you to fall, You who denied the songs, you who defied the laws. We are burying with our palms these dreams of yours. Our weariness now tells on your violent starts. Our drowsiness plunges into darkness your shores, Your dangling arms, your shattered legs, your broken hearts.

Transl. Christian Souchon 01.01.2005 (c) (r) All rights reserved

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