XX-3 LA FAUSSE MORTE 3
Puisqu'une double nuit consume ton visage,
Puisqu'un ciel à tes ans oppose un flot sans âge,
Ecumes des désirs échoués dans nos sangs,
Nos corps simuleront la splendeur des gisants
Et nos sommeils leurs poses sages.
Une mort plus profonde habite les baisers.
La mort est une fin, le baiser est un leurre.
Nul héros ne gémit sur ses instants brisés,
Mais Didon vers Enée en vain appelle et pleure.
Les vaisseaux sont de vent grisés.
Ton lit a le parfum de ta tombe. Les cierges
Sont comme ces soupirs qui jettent leurs lueurs
Et notre amour emplit les serges
Et les draps rongés de sueurs
Comme la larve emplit le lit où le corps meurt.
Remarque:
La version manuscrite de ce poème est la suivante:
Puisqu'une double nuit apaise ton visage,
Puisqu'un ciel à tes ans oppose un flux sans âge,
Ecumes de désirs apportés par le sang,
Nos corps simuleront la splendeur des gisants
Et nos sommeils leur pose sage.
Une mort plus profonde habite les baisers.
La mort est une fin, le baiser est un leurre.
Nul héraut ne gémit sur des tronçons brisés,
Mais Didon vers Enée en vain appelle et pleure
Des vaisseaux qu'ont les vents grisés.
Ton lit a le parfum d'une tombe. Les cierges
L'habillent de soupirs, le nimbent de lueurs
Un deuil se cache sous les serges
Et les draps rongés de sueurs
Font de ce cénotaphe un lit où l'amour meurt.
Michel Galiana (c) 1991
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XX-3 THE SEEMINGLY DEAD GIRL 3
And since a double night is consuming your brow,
Since Heaven against your years has set ageless flow,
Foams of desires floating above our blood like dews,
Our bodies shall mimic the recumbent statues
And our slumbers their proper pose.
A still more profound death inhabits our kisses.
Death is an end, indeed, whereas kisses are lures.
No hero ever mourned his unfulfilled wishes.
Dido to Aeneas in vain calls and implores.
Wind-drunk, his vessel vanishes.
It's the same scent that floats about your grave, your bed.
The candles are like sighs heaved in their gleaming lights.
And our love shall fill in the serge
Sheets that our sweat bathes and bites
As the ghost shall fill in the bed where the flesh dies.
Remark:
The MS version of this poem is:
And since a double night is consuming your brow,
Since Heaven against your years has set ageless flow,
Foams of desires floating above our blood like dews,
Our bodies shall mimic the recumbent statues
And our slumbers their proper pose.
A still more profound death inhabits our kisses.
Death is an end, indeed, whereas kisses are snares.
No herald ever mourned swords broken to pieces.
Dido to Aeneas in vain calls and sheds tears
Over ships the wind ravishes.
The scent that graves exhale floats about your bed.
Candles clothe it in sighs, cloud it in gleaming lights.
Mourning is hiding in the serge
And sheets that sweat bathes and bites
Make of this cenotaph a bed where our love dies.
Transl. Christian Souchon 01.01.2005 (c) (r) All rights reserved
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