XIX IDYLLE Au bois secret du coeur où nous étions perdus, L'automne avait massé les rochers, les bruyères, Mais les chants s'envolaient aussitôt entendus Et les promesses qui sourdaient de vos paupières. Au bois l'automne a pris les couples et les voix; La chanson dans la nuit qui remuait les branches, Quel écho l'a cueillie, où se taisent les lois Qui font aux matins gris céder les aubes blanches? Le gel a enchâssé nos étoiles d'hiver. A votre cou brillait la rivière des peines. Les sentiers de vos mots ne se sont pas ouverts Ni la clairière où l'eau guette comme la haine. J'ai fui par les chemins où montait le printemps. Les pervenches houlaient sous le rire des fêtes. Une meute traquait l'unicorne éclatant. J'ai connu mes secrets aux clartés des tempêtes. La lumière baignait la caverne des reins. L'enfant montrait du doigt l'azur au ciel qui pointe, Mais l'obscure clarté de l'étoile de crins Brisait l'enclos des mains sur son mystère jointes; J'ai connu mon démon et mon poing l'a vaincu. Vous m'avez dit le vin qui germait dans mes soutes. Mais l'ivresse est plus forte aux rêves que je bus. Les strophes du chanteur germent au fil des routes. Un parfum de lilas fut notre dernier soir. La lueur de l'été a pris votre visage Et de vous je n'ai plus qu'une clarté d'espoir, Qui m'avez révélé mon obsession sage. Michel Galiana (c) 1991

XIX ROMANCE In my heart's secret wood where we had gone astray, Autumn had heaped a maze of rocks and brown heather, But songs that hardly had reached our ears fled away, As did the promises your eyes feigned to utter. From this wood autumn has removed hunters' applause And warbling in the night that kept the boughs trembling. Which echo has caught them, thus suppressing the laws Urging the pallid dawn to yield to grey morning? Around your neck sparkled a bright lace of sorrow. Frost had wrought for my stars a winter embedding, Since for your words it failed to clear a path to go Closing the humid glade where hatred is lurking. I fled along lanes where spring's tide was on the flow, With periwinkle beds waving in festive glee. A pack of hounds tracked down a unicorn. I know Secrets of my own that lightning disclosed to me. As light did not pervade higher up than its gird, The child pointed at the blue sky above the roof, But the dark brightness that the streaking flash had stirred Exposed the mystery held in its hands aloof. I knew my demon. I vanquished him with my fist. You told me of wine fermenting in my hideout, But stronger elation is poured by dreams and mist When all along my way, singer, my stanzas sprout. Scent of lilac blossoms has filled our last evening. Rubbed out in summer's gleam is forever your face. But of you I'll retain, beside faint hope, nothing, Who has revealed to me this quirk time won't debase.

Transl. Christian Souchon 01.01.2004 (c) (r) All rights reserved

Note :

Ce poème lève un coin du voile à propos de l'entretien entre Michel et la mystérieuse jeune fille du Parc de Saint-Cloud. A la réflexion, 38 ans plus tard, rien de ce qu'elle lui avait dit ne laissait supposer que la passion qu'il conçut ce jour-là était réciproque. L'avant-dernière strophe suggère même qu'elle le mettait en garde contre son imagination débridée. Et que penser du mot "haine" qui clot la troisième strophe?

This piece lifts a corner of the veil on the interview Michel had with the mysterious girl encountered at Saint-Cloud Park. Looking back at his life, 38 years later, he admits that nothing she said hinted at reciprocated feelings. The penultimate stanza even suggests that she was warning him against his unbridled imagination. And what is the import of the word “hate” which ends the third stanza?

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