Orphée et Eurydice par Nicolas Poussin Louvre

III LA MENADE La ménade n'a pas refait le voyage. Au fleuve Erèbe, ni passeur, ni ponton. La strige plane ocellant le paysage. Orphée attend appuyé sur son bâton. Toi, tu connaîtras de son pèlerinage Quand au réveil la chambre est une lueur Un conte dont se dissipe le nuage, Une fuite de fièvres aux profonfeurs Où dorment l'or et les voix de tes légendes: Léviathans enjuponnés de pompons, La fille entrevue à la croisée des landes, Le bosquet de lauriers roses sous le pont, (S'il est un chant pour ressusciter Hélène, ROuet avant, SI la rumeur NE hantait Le nom celé au coeur de la cantilène, Reconnaissez le chiffre désenchanté) Outre ma nuit, enfoui parmi les nombres, Veille et ne prend le piège de déraison Car le regard luit sur le champ des décombres Et la folie est hostile à la maison. C'est dans la nuit que vos mystères s'abritent. Psyché devine le mot quand Charon rit. Au jeu d'écrit triomphe le cénobite. Le discours renouvelle le nan tari. Et les amours au bois de myrtes, de roses, Guettent longtemps les dormeurs désavoués Dont les réveils prouvent les métamorphoses En pantins sourds, lourds d'avoir été floués. Michel Galiana (c) 1991

III THE MAENAD The maenad never was to return there again. On Erebus river no punt to cross the straits. Some hovering striges speckle the gloomy plain. Leaning upon his staff stubborn Orpheus waits. You, however, shall hear of his strange pilgrimage, Waking in your bedroom where pale morning gleam breaks, A tale from wich has cleared the cloud camouflage Which is feverish rush toward bottomless depths Where the gold and the strains of your legends slumber: Leviathans in skirts that fluffy tufts adorn, The girl you caught sight of roaming on the heather, The oleander shrub under the bridge unshorn. (This is a song devised dead Helen to revive: - ROtating wheel of old, SIlence of NEvermore! - To uncover the name my cantilena hides, Unravel the code implemented in its core!) Go away from my night! Bury yourself in counts! Watch! Beware of falling in the traps of folly! Your glance encompasses fields where rubble abounds. Madness may hardly suit to make a house tidy! It's in the night that your mysteries take refuge, Psyche guesses the clue when Charon feigns to sigh. The coenobite's skill is at writing games huge, Whereas speeches refill the brooks that had run dry. And Cupid, in the woods where rose thrives and myrtle Patiently lies in wait for the dismissed dreamers Who when awaking find that they were changed for real Into deaf jumping jacks, poor victims of swindlers!

Transl. Christian Souchon 01.01.2004 (c) (r) All rights reserved

Note :

Ménade: l'une des femmes participant aux rites de Dionysos qui mirent en pièces Orphée parce que celui-ci, désespéré par la seconde perte de son épouse Eurydice, fuyait la compagnie des femmes.
"Selon les Histoires incroyables de Palaiphatos, Orphée n'a jamais dompté les animaux de sa harpe, comme le prétend le mythe. Les Ménades en délire mettaient en pièces les troupeaux de Piérie, commettant de nombreux actes de violence avant de s'en retourner dans les montagnes pour y rester pendant des jours. Orphée fut chargé d'imaginer un moyen de les faire revenir chez elles. Après avoir sacrifié à Dionysos, il les fit descendre des montagnes en jouant de la lyre, par deux fois : la première fois, tenant à la main le "thyrse", elles arrivaient de la montagne, couvertes de feuillages d'arbres de toute espèce." (Wikipédia, article "Orphée").
Si dans ce poème Orphée attend une ménade au bord de l'Erèbe, c'est peut être que ce mot désigne Eurydice qui était en fait, non pas une ménade, mais une "dryade", une nymphe des chênes...
Le nom de la Ménade qui hante les rêves d'Orphée-Galiana est caché dans la 4ème strophe: c'est "Rosine", la jeune fille rencontrée au parc de Saint-Cloud.
Qu'il abandonne ces rêves malsains et retourne à sa cellule et à son écritoire, au monde des chiffres et des lettres!

Maenad: one of the women participating in the rites of Dionysus who tore Orpheus to pieces because he was despaired by the second loss of his wife Eurydice, fled the company of women.
"According to the "Incredible Stories" by Palaiphatos, Orpheus never tamed animals with his harp, as the myth claims. The delirious Maenads used to tear the herds of Pieria to pieces and to commit all sorts of violence before returning into the mountains to stay there for days. Orpheus was tasked with bringing them back home. After having sacrificed to Dionysus, he brought them twice down from the mountains, playing the lyre : the first time, holding the thyrsus in their hands, they came from the mountain, covered by the foliage of various trees. (Wikipedia, article "Orpheus").
If in this poem Orpheus waits for a maenad on the banks of the Erebus, it is perhaps because this word refers to Eurydice who was in fact not a maenad but a "dryad", an oak nymph...
Here the name of the Maenad who haunts Orpheus-Galiana's dreams is hidden in the 4th stanza: it is "Rosine", the young girl met in the Saint-Cloud park.
Let him abandon these unsane dreams and return to his cell and his writing desk, to the world of numbers and letters!



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