Trump's inauguration on January 20, 2025

PRAISE THE BROKEN PROMISE OF AMERICA! Praise deep mineral veins under rich dirt, and fossilized remains of dinosaurs turning themselves into gas for our benefit. Praise the exhausted earth, miles and miles of subsidized corn and cattle lowing from their hell-holes in automated milking barns. Praise farmworkers rising before dawn, their sore backs and aching knees. Praise the myths that drew them here, stories eagerly consumed when there is nothing to eat but faith. Praise the courage of the reverend to look the dragon in the eye and preach mercy; praise whatever hidden waterways are still pristine. Praise music that refused to play at the funeral of democracy and the killing cold that swept through Washington when the fake Pope took power. Praise drag queens and lipstick lesbians, boys who are girls and girls who are lions, butch women wearing tool belts, and all the music theatre nerds who are even now building new passageways mapping the next underground railroad and suiting up to be conductors —oh, everybody get on board! This train will chug quietly across the great plains and over rocky Sierras, into the desert where people still leave bottles of water and packets of food for the desperate who have always been the lifeblood of this nation. It will stop in obscure hamlets to pick up fugitives with tears tattooed on their cheeks and fraying backpacks overspilling with contraband books. Praise the weirdos because if anyone can save us it will be us. And praise all the glittering illusions we gawked at, ignoring our own neighbours in favour of a 24-hour peep show on the internet! Praise the convict fire fighters on the front lines in L.A., battling the insurmountable for ten dollars a day. We gambled our future for a hot air balloon with a hole in it. Praise our reckless hubris, and the infinite distractions of the hall of mirrors we find ourselves in now, and bless our overwhelmed brains, scurrying like mice for shelter. Bless our collective rage, and protect the officers who stood up on January 6th and now see their attackers roaming the streets like rabid dogs, Ah, bless the animals we have always been, in our coats and shoes and clumsy language, bless our wilful ignorance, so enormous, so world-altering, that, like the great wall of China, it can be seen from outer space, where the gods are shaking their heads even now, in pity and in awe.

Alison Luterman 20.01.2025

VIVE L’AMERIQUE QUI SE DEDIT ! Vivent les minéraux sous terre, les fossiles de dinosaures : quand en essence ils se changèrent, ils nous rendaient service encore. Vive la terre qu’on épuise, ces hectares qu’on mobilise pour du maïs subventionné ! Vivent les vaches qui mugissent au fond d’infernales bâtisses où des machines traient leur lait ! Vive l'ouvrier agricole qui se lève à des heures folles: Son dos, ses genoux souffrent tant! Et vive la soif de mirages, qui convoqua ces âmes sages n'ayant guère plus à se mettre que confiance et foi sous la dent ! Vive le courage du prêtre ! Il osa regarder la Bête dans les yeux, prêchant la pitié ! Et vivent les voies navigables pour peu qu'elles soient inviolées ! Vive la musique rebelle qui ne voulut pas qu’on la mêle au meurtre de nos libertés! Vive le froid de Sibérie dont Washington était transie, quand l’Antéchrist fut couronné ! Vivent travestis et lesbiennes aux joues fardées, ces garçons-filles et ces filles qui sont des lions, ces femmes viriles qui portent des outils à leurs ceinturons ! Et ces phénomènes de foires qui repensent la trajectoire de leur prochain train clandestin, de contrôleurs prenant l’allure : – Allons, tout le monde en voiture ! Ce train nous conduira pépère au-delà des Sierras de pierres et des plaines à l’infini, au désert où survit l’usage de laisser traîner des breuvages et quelques grains pour subsister pour les pauvres en déshérence qui seront toujours la substance dont cette nation se nourrit. Dans des trous perdus il se parque pour que des immigrés embarquent, aux larmes tatouées sur la peau et des bouquins de contrebande pleins leurs fragiles sacs à dos ! Vivent les déviants que nous sommes: Est-il au monde d'autres hommes pour nous sauver, si ce n'est nous ? Vivent les miroirs aux alouettes empêchant de tourner la tête même vers ses proches voisins ! Vive l’Internet où s'empêtre notre voyeurisme sans fin ! Ces pompiers-condamnés qu’on livre à ces incendies redoutables consumant Los Angeles, pour qu’ils surmontent l'insurmontable et ce, pour dix dollars par jour ! Elle est percée la montgolfière où s’est risquée notre nation! Et vive notre suffisance, vivent les rigolades franches que nous réserve l’attraction folle des glaces déformantes où désormais nous tâtonnons! Vivent nos cervelles qui flanchent, qui nous lancent en avalanches comme des souris aux abris ! Vivent nos furieux cortèges ! Fasse le destin qu’ils protègent toutes les forces de police qui luttèrent le 6 janvier et voient ceux qui les agressèrent rôder, tels des chiens enragés ! Ah, bénies soient les pauvres bêtes que nous ne cessons jamais d’être, malgré souliers et vêtements et nos paroles maladroites ! Béni soit notre aveuglement ! Lequel est tellement énorme et rend ce monde si difforme et cause un tel chambardement que, comme la grande muraille de Chine, aussi haut que l’on aille on le distingue sans erreur : C’est ce que voient les dieux, peut-être, Là-haut, qui se grattent la tête, remplis de pitié et d’horreur.

Transl. Christian Souchon 30.01.2025

Note :

Merci à Alison Uterman! Il ne faut pas désespérer de l'Amérique...

Thanks a lot to Alison Uterman! We must never despair of America...

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