PRAISE THE BROKEN PROMISE OF AMERICA!
Praise deep mineral veins under rich dirt,
and fossilized remains of dinosaurs
turning themselves into gas
for our benefit.
Praise the exhausted earth,
miles and miles
of subsidized corn
and cattle lowing
from their hell-holes
in automated milking barns.
Praise farmworkers rising
before dawn, their sore backs
and aching knees.
Praise the myths
that drew them here,
stories eagerly consumed when
there is nothing to eat but faith.
Praise the courage of the reverend
to look the dragon
in the eye and preach mercy;
praise whatever hidden waterways
are still pristine.
Praise music
that refused to play
at the funeral of democracy
and the killing cold
that swept through Washington
when the fake Pope took power.
Praise drag queens and lipstick
lesbians, boys who are girls
and girls who are lions,
butch women
wearing tool belts,
and all the music theatre nerds
who are even now building new passageways
mapping the next underground railroad
and suiting up to be conductors
—oh, everybody get on board!
This train will chug quietly
across the great plains
and over rocky Sierras,
into the desert where people still
leave bottles of water
and packets of food
for the desperate
who have always been the lifeblood
of this nation.
It will stop in obscure hamlets
to pick up fugitives
with tears tattooed on their cheeks
and fraying backpacks overspilling
with contraband books.
Praise the weirdos
because if anyone can save us
it will be us.
And praise all the glittering illusions
we gawked at,
ignoring our own neighbours
in favour of a 24-hour
peep show on the internet!
Praise the convict
fire fighters
on the front lines in L.A.,
battling the insurmountable
for ten dollars a day.
We gambled our future
for a hot air balloon with a hole in it.
Praise our reckless hubris,
and the infinite distractions
of the hall
of mirrors
we find ourselves in now,
and bless our overwhelmed brains,
scurrying
like mice for shelter.
Bless our collective rage,
and protect the officers
who stood up
on January 6th
and now see their attackers
roaming the streets like rabid dogs,
Ah, bless the animals
we have always been,
in our coats and shoes
and clumsy language,
bless our wilful ignorance,
so enormous,
so world-altering, that,
like the great wall
of China,
it can be seen
from outer space,
where the gods are shaking
their heads even now,
in pity and in awe.
VIVE L’AMERIQUE QUI SE DEDIT !
Vivent les minéraux sous terre,
les fossiles de dinosaures :
quand en essence ils se changèrent,
ils nous rendaient service encore.
Vive la terre qu’on épuise,
ces hectares qu’on mobilise
pour du maïs subventionné !
Vivent les vaches qui mugissent
au fond d’infernales bâtisses
où des machines traient leur lait !
Vive l'ouvrier agricole
qui se lève à des heures folles:
Son dos, ses genoux souffrent tant!
Et vive la soif de mirages,
qui convoqua ces âmes sages
n'ayant guère plus à se mettre
que confiance et foi sous la dent !
Vive le courage du prêtre !
Il osa regarder la Bête
dans les yeux, prêchant la pitié !
Et vivent les voies navigables
pour peu qu'elles soient inviolées !
Vive la musique rebelle
qui ne voulut pas qu’on la mêle
au meurtre de nos libertés!
Vive le froid de Sibérie
dont Washington était transie,
quand l’Antéchrist fut couronné !
Vivent travestis et lesbiennes
aux joues fardées, ces garçons-filles
et ces filles qui sont des lions,
ces femmes viriles qui portent
des outils à leurs ceinturons !
Et ces phénomènes de foires
qui repensent la trajectoire
de leur prochain train clandestin,
de contrôleurs prenant l’allure :
– Allons, tout le monde en voiture !
Ce train nous conduira pépère
au-delà des Sierras de pierres
et des plaines à l’infini,
au désert où survit l’usage
de laisser traîner des breuvages
et quelques grains pour subsister
pour les pauvres en déshérence
qui seront toujours la substance
dont cette nation se nourrit.
Dans des trous perdus il se parque
pour que des immigrés embarquent,
aux larmes tatouées sur la peau
et des bouquins de contrebande
pleins leurs fragiles sacs à dos !
Vivent les déviants que nous sommes:
Est-il au monde d'autres hommes
pour nous sauver, si ce n'est nous ?
Vivent les miroirs aux alouettes
empêchant de tourner la tête
même vers ses proches voisins !
Vive l’Internet où s'empêtre
notre voyeurisme sans fin !
Ces pompiers-condamnés qu’on livre
à ces incendies redoutables
consumant Los Angeles, pour
qu’ils surmontent l'insurmontable
et ce, pour dix dollars par jour !
Elle est percée la montgolfière
où s’est risquée notre nation!
Et vive notre suffisance,
vivent les rigolades franches
que nous réserve l’attraction
folle des glaces déformantes
où désormais nous tâtonnons!
Vivent nos cervelles qui flanchent,
qui nous lancent en avalanches
comme des souris aux abris !
Vivent nos furieux cortèges !
Fasse le destin qu’ils protègent
toutes les forces de police
qui luttèrent le 6 janvier
et voient ceux qui les agressèrent
rôder, tels des chiens enragés !
Ah, bénies soient les pauvres bêtes
que nous ne cessons jamais d’être,
malgré souliers et vêtements
et nos paroles maladroites !
Béni soit notre aveuglement !
Lequel est tellement énorme
et rend ce monde si difforme
et cause un tel chambardement
que, comme la grande muraille
de Chine, aussi haut que l’on aille
on le distingue sans erreur :
C’est ce que voient les dieux, peut-être,
Là-haut, qui se grattent la tête,
remplis de pitié et d’horreur.
Alison Luterman 20.01.2025
Transl. Christian Souchon 30.01.2025
Merci à Alison Uterman! Il ne faut pas désespérer de l'Amérique...
Thanks a lot to Alison Uterman! We must never despair of America...
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