Emgann an Arzhoniz

Le combat des Arzonnais

The combat of the Arzon sailors

Ballade publiée dans "Paroisse Bretonne de Paris" de février 1906"
par l'Abbé François Cadic




Image tirée du film "Master and Commander" de Peter Weir (déc. 2003)


1° "La prière des Arzonnais" publiée dans "Trente Mélodies popluaires de Basse-Bretagne" par Bourgault-Ducoudray,

2° "Cantique des Arzonnais" publié dans "Paroisse Bretonne de Paris", février 1906 par François Cadic



Arrangement Christian Souchon (c) 2021

A propos des mélodies
Le site "tob.kan.bzh" (TOB pour "Tradition Orale en langue Bretonne") est une base de données en ligne qui liste les occurrences de chansons traditionnelles en langue bretonne. Il utilise la classification élaborée par Patrick Malrieu, fondateur et ancien président de l'association Dastum ("collectage" en breton).
Le catalogue TO, regroupe sous le même N°, M-00048 et le même "titre critique",
  • "Emgann Arzhoniz" les textes français et breton publiés avec la mélodie N°2 sous le titre "Cantique des Arzonnais" par l'Abbé François Cadic dans la revue mensuelle "Paroisse bretonne de Paris", février 1906
  • et une mélodie "La prière des Arzonnais" dont on trouve la notation musicale dans les "Trente mélodies populaires de Basse-Bretagne" publiées en 1885 par le chef d'orchestre et compositeur Louis-Albert Bourgault-Ducoudray (1840-1910) (mélodie N°1).
    Concernant cette dernière, le collecteur indique:
    "Cet air est un spécimen du mode hypophrygien [sol majeur sans fa dièse, ici abaissé d'un ton]. On remarquera la modulation passagère produite par la présence du la bémol [mesure 15]. Cette note, 3ème degré de l'échelle [...] n'est autre que la fameuse corde variante du moyen âge. Elle existait aussi dans l'échelle diatonique connue chez les anciens sous le nom de "système immuable... "
    La partition indique en outre que la mélodie fut chantée par un certain Guillaume Cloître de Châteauneuf du Faou.

    A propos du texte
  • Le texte breton du "Cantique des Arzonnais" est une interprétation du texte français publié par l'Abbé Cadic (cf. ci-dessous, col. 1), lequel doit être contemporain des événements auxquels il se rapporte (bataille de Solebay, 7 juin 1672). C'est ce qui ressort du style et de l'orthographe originale (conservée par François Cadic) de ce document dont il n'indique pas l'origine. Peut-être était-il conservé, avec l'ex-voto à la basilique de Sainte-Anne d'Auray. L'ancienneté du chant français est attestée à la strophe 12 par l'usage du mot "classe" pour désigner une "flotte", un des sens principaux du latin "classis".
  • Dans les "Trente Mélodies..." de 1885, la mélodie est assortie d'un texte, au sujet duquel L-A. Bourgault-Ducoudray précise:
    " Monsieur Coppée s'est inspiré pour sa poésie, d'une autre chanson plus ancienne." Ce "Monsieur Copée" n'est autre que le poète (Parnassien à ses débuts, puis poète du quotidien, honni des "zutistes", Verlaine, Rimbaud, Charles Cros), dramaturge, romancier et académicien François Coppée (1842-1906).
    C'est sans doute ladite chanson plus ancienne qui figurera p. 28 de l'édition de 1931 (cf. colonne 2,ci-dessous). On remarque immédiatement que le titre concerne des "Arvoriz" (Armoricains) et non des "Arzoniz" (Arzonnais) et que, si la chanson évoque bien l'ex-voto offert à la sainte après l'expédition contre la Hollande, la bataille navale qu'elle décrit oppose les enfants de Sainte Anne à des Anglais au large d'Ouessant (str. 2). Cette gwerz en 3 strophes mélange donc les événement de 1672 avec l'une des deux batailles navales, sinon les deux:
    - combat victorieux que livra le capitaine breton Charles Cornic-Duchêne (1731-1809) à trois vaisseaux anglais le 24 juin 1758 au large de Molène (Ouessant). ou encore
    - combat entre La Surveillante et le vaisseau anglais le Québec, au large d'Ouessant, le 6 octobre 1779, raconté dans un Chanson du Pilote.
  • Quant à "la chanson moderne [dont] les paroles ne présentent que peu d'intérêt" et dont F Coppée ne s'est pas inspiré ce pourrait être celles de l'Abbé J-M. Kerbiriou reproduites dans la colonne 4. Les strophes 6 et 10 semblent faire écho à des strophes similaires de la "Surveillante".
  • About the tune
    The site "tob.kan.bzh" (TOB for "Tradition Orale en langue Bretonne") is an online database which lists the occurrences of traditional songs in the Breton language. It uses the classification developed by Patrick Malrieu, founder and former president of the Dastum society("collecting" in Breton).
    The TO catalog groups together under the same item number, M-00048 and the same "critical title",
  • "Emgann an Arzhoniz" the French and Breton texts published with the melody N ° 2 under the title "Cantique des Arzonnais" by Abbé François Cadic in the monthly review "Paroisse bretonne de Paris" , February 1906
  • and a melody "The prayer of the Arzon sailors" whose musical notation can be found in the "Thirty popular melodies of Lower Brittany" published in 1885 by the conductor of orchestra and composer Louis-Albert Bourgault-Ducoudray (1840-1910) (melody N ° 1).
    Regarding the latter tune, the collector indicates:
    "This tune is a specimen of the hypophrygian mode [G major without F sharp, here lowered by one tone]. Note that the transient modulation produced by the presence of A flat [bar 15]. , 3rd degree of the scale [...] is none other than the famous variant scale of the Middle Ages. It also existed in the diatonic scale, known among the ancients under the name of "system immutable ... "
    The score further indicates that the melody was sung by a named Guillaume Cloître of Châteauneuf du Faou.

    About the lyrics
  • The Breton text of the "Cantique des Arzonnais" is an interpretation of the French text published by Abbé Cadic (cf. below, col. 1), which must be contemporary with the events to which it relates (Battle of Solebay, June 7, 1672). This is what emerges from the style and original spelling (kept by François Cadic) of this document, of which it does not indicate the origin. Perhaps it was preserved, with the ex-voto in the basilica of Sainte-Anne d'Auray. The antiquity of the French song is attested in stanza 12 by the use of the word "class" to designate a "fleet", one of the main meanings of the Latin "classis".
  • In the "Thirty Melodies ..." of 1885, the melody is accompanied by a text, about which L-A. Bourgault-Ducoudray specifies:
    "Monsieur Coppée was inspired for his poetry, by another older song." This "Monsieur Copée" is none other than the poet (Parnassian in his beginnings, then "everyday poet", hated by the "zutists", Verlaine, Rimbaud and Charles Cros), playwright, novelist and academician François Coppée (1842-1906).
    It is undoubtedly the said older song which will appear on p. 28 of the 1931 edition (cf. column 2, below). We immediately notice that the title has "Arvoriz" (Armoricans) and not "Arzoniz" (Arzon people) and that, if the song evokes the ex-voto offered to the saint after a raid against Holland, the naval battle that it describes pits Sainte Anne's children against the English off Ouessant (str. 2). This gwerz in 3 stanzas therefore mixes the events of 1672 with one (if not both) of the two naval battles:
    - a victorious battle opposing the Breton captain Charles Cornic-Duchêne (1731-1809) to three English vessels on June 24, 1758 off Molène (Ushant),
    - or the fight between La Surveillante and the English vessel Quebec, off Ouessant, October 6, 1779, recounted in the Barzhaz Song of the Helmsman.
  • As for "the modern song [whose] lyrics are of little import" and from which F Coppée was not inspired, it could be the text byf Abbot J-M. Kerbiriou reproduced in column 4. Stanzas 6 and 10 which seems to echo similar stanzas from the "Surveillante" song.




  • 1° Paroles de la "Prière des Arzonnais" mélodie collectée par L.-A. Bourgault-Ducoudray

    Texte de François Coppée (Edition 1885)

    La prière des ArZonnais

    1. Nous étions là vingt gars d'Arzon,
    Marins durs à la peine,
    Sur un vaisseau de cent canons
    Avec Monsieur Duquesne [2]
    Mais au milieu de branlebas
    Et quand le canon tonne
    Les Arzonnais ne tremblent pas
    Sainte Anne est leur patronne.

    2. Après deux mois de grosse mer
    Au fond du Zuiderzee
    Deux Hollandais par le travers
    Nous lâchent leur bordée
    Trente sont morts du premier coup,
    Chez nous, chez nous, personne!
    Les Arzonnais sont tous debout:
    Sainte Anne est leur patronne
    .
    3. Bonnet en main, marchant nu-pieds
    Portant cierges de cire,
    Nous venons tous pour t'apporter
    Un beau petit navire.
    Prens notre hommage avec nos voeux,
    Sainte Anne, on te le donne.
    Les Arzonnais tombent joyeux
    Aux pieds de leur patronne!




    ********************
    Prayer of the Arzon sailors (column 1)

    1. The twenty of us, Arzon lads,
    Were gallant and hard sailors,
    On a one-hundred-gun ship
    Commanded by Monsieur Duquesne [2]
    But in the midst of a combat
    And when the cannon thunders
    The Arzon sailors do not tremble
    Since Saint Anne is their Patron saint.
    Texte breton (publié en 1931)

    Pedenn an ArVoriz

    1. Ni voa kerzhet da redek mor
    Var bourzh ul lestr a vrezel
    Ugent martolod ’z an Arvor
    Gwir vugale Breizh-Izel
    Paotred seder ha dienkrez,
    Morse gwelet o krenañ.
    'Raok en eñvor hor Patronez:
    Hor Mamm eo Santez Ana!.

    2. Kichen Eusa dre vor diroll
    ’ Z-eus ul lestr saoz o c’hedal,
    Hag a laka gant un trouz foll,
    E ganolioù da grozal. (*) [3]

    War-sav paotred, ha tan varno! :
    Ha tregont Saoz o kouezañ !
    Ar Vretoned ' jom holl war-sav:
    Hor Mamm eo Santez Ana!

    3. — Didrouz, divoned, diarc’hen,
    Gant hor gouloù benniget
    Ni zegas deoc’h ul lestr melen,
    Graet gant ho martololed
    Deut int hirio da zaoulinañ
    Dirak ho skeudenn zantel :
    Plijet ganeoc’h o bennigañ,
    Patronez hor Breizh-Izel !

    KLT Christian Souchon (c) 2021


    ********************
    Prayer of the Arzon sailors (column 1)

    2. After two months of heavy seas
    At the bottom of the Zuiderzee
    Two Dutch ships pour their fire on us
    A whole raw of their broadside guns
    Thirty were killed by the first shot,
    Of us, of us, no one was hit!
    The Arzon lads are all standing:
    For Saint Anne is their Patron saint.

    ********************
    (*) Column 2: str 2, lines 1-4:
    2. Off Ushant, in heavy weather,
    An English ship is watching,
    And in a frightening uproar,
    Launches a broadside cannonade. [3]
    Traduction du texte breton de 1931

    Prière des ARMORICAINS

    1. Nous partîmes courir les mers
    Sur un vaisseau de guerre
    Tous les vingts, matelots d'Armor
    Bretons à l'âme fière
    Libres de chagrins, de tracas,
    Trembler ne nous sied guère.
    Notre patronne est toujours là:
    Sainte Anne, notre mère!.

    2. Au large d'Ouessant, par gros temps,
    Un navire anglais guette,
    Et dans un vacarme effrayant,
    Une bordée nous jette. [3]
    Debout les gars et feu sur eux! :
    Trente Anglais s'écroulèrent !
    Tous les Bretons restaient debout:
    Sainte Anne est notre mère!

    3. Tenant un cierge, sans un mot,
    Déchaussés et nu-tête
    Nous venons t'offrir ce cadeau,
    Cette jolie maquette.
    Devant ton image ployons
    Le genou! Qu'accompagne :
    Chacun ta bénédiction,
    Mère de la Bretagne!

    Traduction Christian Souchon (c) 2021


    ********************
    Prayer of the Arzon sailors (column 1)

    3. Hat in hand, and walking barefoot
    Carrying burning wax candles,
    All of us, we come to bring you
    This pretty little yellow ship.
    Take our homage with our wishes,
    Saint Anne, as we give it to you.
    The Arzon lads pious and happy
    Bend their knee to their Patron saint!
    Version Rimée par l'Abbé J-M. Kerbiriou
    ("Armorica", pp. 174 à 176,
    chez Dumont à Brest, 1892)

    Refrain
    Gloire, gloire à notre Patronne,
    Au nom partout si glorieux,
    A sainte Anne dont la couronne
    Brille si belle dans les cieux !

    1. Vers ton bien-aimé sanctuaire,
    Joyeux, nous dirigeons nos pas ...
    C'est toi dont le bras tutélaire ·'
    Nous a gardés dans les combats,

    2. Au vent notre fière oriflamme,
    Nous voilà courant sur la mer ...
    Ah! je le jure par mon âme!
    Malheur aux vaisseaux de RUYTER!

    6b. Cent fois plus pressés que la grêle,
    Boulets, obus pleuvent sur nous ...
    Mais sainte Anne nous est fidèle,
    Et nous méprisons tous les coups.

    6a. On voit éclatèr les tonnerres·
    Aux deux flancs de notre vaisseau,
    Puis des cris, d'ardentes colères,
    Du sang qui ruisselle dans l'eau ...

    7b. Gloire, gloire à notre Patronne,
    Au nom partout si glorieux,
    A sainte Anne dont la couronne
    Brille si belle dans les cieux !

    8/9. Un boulet dans cette tempête
    Frappe un de nos marins au front;
    Malheur! La moelle de sa tête
    Jaillit sur un enfant d'Arzon.

    10. Tout craque, sabords et mâture ..
    Mais pour les vaillants Arzonnais
    Pas seulement une blessure!
    Nous te bénissons à jamais!

    11/12. Gloire, gloire à notre Patronne
    Au nom partout si glorieùx!
    A sainte Anne dont Ia couronne
    Brille si belle dans les cieux!
    Les strophes sont repérées d'après celles les plus ressemblantes du "Cantique des Arzonnais" ci-après.


    2° "Cantique des Arzonnais" collecté par l'Abbé F. Cadic

    CANTIQUE DES ARZONNAIS [1]
    Chanson française d'origine:

    Refrain:
    Sainte Mère de Marie
    Par un miraculeux sort,
    Vous nous conservez la vie
    Dans le danger de la mort.

    1. Avec actions de grâces
    Nous venons en ce saint lieu
    Honorer en cette place
    La sainte aïeule de Dieu.

    2. Nous avons été de bande
    Quarante et deux Arzonnois
    A la guerre de Hollande
    Pour le plus grand de nos rois
    .
    3. Ce peuple de notre côte
    Vint ici à grand concours
    Les fêtes de Pentecôte
    Implorer votre secours.

    4. Pendant que l'ordre nous mande
    Qu'il nous fallait faire état
    De voguer vers la Hollande
    Pour leur livrer le combat.

    5. Ce fut de juin le septième
    Mil six cent septante et trois [1]
    Que le combat fut extrème
    De nous et les Hollandois.

    6. Les boulets comme la grêle
    Passaient parmi nos vaisseaux
    Brisant mâts, cordages, voiles,
    Et mettant tout en lambeaux.

    7. La merveille est toute sûre
    Que pas un homme d'Arzon
    Ne reçut la moindre injure
    De mousquet, ni de canon.

    8. Un d'Arzon changeant de place.
    Un boulet vint à passer,
    Brisant de celui la face
    Qui venait de s'y placer?

    9. L'Arzonnais la sauvant belle,
    Eut l'épaule et les deux yeux
    Tout couverts de la cervelle
    De ce pauvre malheureux.

    10. De Jésus la Sainte Aïeule
    Par un bienfait singulier
    Nous connaissons que vous seule
    Nous gardiez en ce danger.

    11. Par humble reconnaissance
    Nous fléchissons les genoux,
    Adorant votre puissance
    Qui a paru envers nous.

    12. Recevez toutes nos classes
    Pour tout le temps à venir;
    Sous l'asile de vos grâces,
    Nul ne pourra mal finir. [4] [5] [6]
    EMGANN AN ARZHONIZ [1]
    Equivalent breton du précédent

    Diskan:
    Santez Ana benniget
    Dre ho merit ha puisañs
    C'hwi ho-peus hon difennet
    D'eus ar marv ha pep soufrañs.

    1. Deuet eomp d'ho ti benniget
    Evit ho trugarekaat
    Ho-peus bet hon prezervet
    En dañjer hag er c'hombat.

    2. Arzhoniz en ur vandenn
    A zo bet aet d'an arme
    War-dro un daou-ugent den
    Dre gomandamant ar Roue.

    3. Ni zo bet pemp kant pe dost
    Hor fians hag hor rekour
    E-lec'h-mañ, da Pantekost
    D'ho supliañ d'hon sikour.

    4. Ni a eas a-barzh ar Vañch
    Dre ord an-nep a gomand
    Evit kombat a revañj
    D'oc'h al listri a Holland.

    6a. Ken eeun a oe an tennoù
    A bep kostez d'hol listri
    Ma diskaren ar gouelioù
    Ar fardaj hag ar gwernioù.

    6b.Tennoù kanol a zeue deomp
    Ker stank evel ar grizilh
    Asuret biskoazh ne voemp
    E dañjerusoc'h peril.

    7a. Ur mirakl eo asuret
    N'en-deus bet den a Arzhon
    A-gement zo ofañset
    Gant arkebut ha kanol.

    7b.Tost dezhe e oe bleset
    Ha lazhet tud a-bep-tu
    Hep ne oent int ofañset
    Dre ho sikour ha vertuz.

    8/9. A-hont e oe ur paour den
    Dibennet d'un tenn kanol
    Ken a sailhas mel e benn
    D'oc'h fas unan a Arzhon.

    11/12 Ni ho ped a galon vat
    Santez Ana benniget
    D'hon c'honservein er stad vat
    En amzer a zo da zonet. [4] [5] [6]

    KLT Christian Souchon (c) 2021
    COMBAT DES ARZONNAIS [1]
    Traduction du chant breton précédent

    Refrain:
    Sainte Anne que Dieu bénit,
    vos vertus, votre puissance,
    ont éloigné de nos têtes
    la mort et tous les dangers!

    1. Nous courons à votre maison sainte
    pour offrir des actions de grâces.
    Car vous nous avez préservés
    dans les dangers du combat!

    2. Une troupe d'Arzonnais
    était partie pour l'armée;
    ils étaient plus de quarante
    et soumis aux ordres du roi!

    3. Pleins de foi, pleins de confiance,
    nous tous, paroissiens d'Arzon,
    nous vînmes ici vous implorer
    le saint jour de la Pentecôte!

    4. Nous voilà voguant dans la Manche,
    avec celui qui nous commande,
    cherchant combat et vengeance
    contre les vaisseaux hollandais!

    6a. Coups de canon nous arrivent
    plus pressés que la grèle!
    Oh non, jamais, jamais nous ne fûmes
    en pareil danger!

    6b. De chaque flanc du vaisseau
    des tonnères de bordées fracassent
    et font tomber câbles, voiles
    et mâts et cordages.

    7a. O véritable miracle:
    aucun des enfants d'Arzon
    ne reçut la moindre offense
    de boulet ni d'arquebuse!

    7b. Près d'eux à droite et à gauche,
    tués ou blessés, tombent les hommes;
    mais pour eux, votre secours,
    votre vertu les défendait.

    8/9. Là, près de nous, un boulet
    frappe un pauvre matelot
    et la moëlle de sa tête
    jaillit sur un enfant d'Arzon!

    11/12. Nous vous prions de bon coeur,
    sainte Anne, que Dieu bénit:
    conservez-nous en grâce
    maintenant et toujours! [4] [5] [6]

    COMBAT OF THE ARZON SAILORS [1]
    Translated from "Emgann an Arzhonis"

    Chorus:
    Saint Anne whom our Lord God may bless,
    Your merits as well as your power,
    Have moved away from our heads
    Violent death and any danger!

    1. Let's all run to your holy house
    To offer thanksgiving to you.
    For it was you who preserved us
    Amidst the dangers of combat!

    2. A party of Arzon sailors
    Were enlisted in the navy,
    - There were more than forty of them -
    Pursuant to the King's orders!

    3. Full of faith, full of confidence,
    Five hundred Arzon men or so,
    Have come here to implore you
    On the holy day of Pentecost!

    4. We're sailing the English Channel,
    By order of our commander,
    Who is seeking fight and revenge
    Against the Dutch army and ships!

    5. It was on June the seventh
    Sixteen hundred and seventy-three [1]
    That the hardest fight was fought
    Between us and the Dutch enemy.


    6a. Undodged cannon shots were flowing
    Onto our ships, thicker than hail,
    And they dropped cables and sails
    And they dropped masts and ropes.

    6b. Thicker than hail or pouring rain
    Thundering cannons fired at us!
    Oh no, never, Mary's Mother
    Never were we in such danger!

    7a. But lo! A true wonder occurred:
    Since none of us, Arzon's children
    Received the slightest offence
    From arquebus or cannonball!

    7b. Close on the right and left of them,
    Killed or wounded sailormen fell.
    The Arzon lads did not. Your help,
    And your power defended them.

    8/9. And next to us, a cannonball
    Hit an unfortunate sailor
    So that the marrow of his brain
    Squirted on an Arzon lad's face!

    11/12. Today we earnestly ask you,
    Saint Anne, whom our Lord God may bless:
    Keep us, soul and body, in grace
    Now and in times to come, always! [4] [5] [6]





    Abraham Duquesne, Bataille de Solebay, Michel de Ruyter

    Notes:
    [1] La bataille de Solebay
    Nous recopions ici la description de ces événements faite à la page Chanson du pilote:
    Sainte Anne avait déjà été déjà manifesté la toute puisance de son intercession lors d'une autre bataille navale qui fut livrée le 7 juin 1672 sur les côtes du Suffolk, devant la rade de Solebay, par les flottes unies de Cromwell et de Colbert contre les Hollandais de Guillaume d'Orange. Ceux-ci, commandés par l'amiral Michel de Ruyter(1607-1676) engagèrent la flotte supérieure en nombre du Duc d'York et du comte Jean d'Estrée (1624-1707). L'issue de la bataille demeura indécise et la tempête dispersa les navires.
    Des marins bretons, originaires d'Arzon à l'entrée du golfe de Morbihan, avaient pris part à cette bataille. Ils s'étaient rendus en pèlerinage à Sainte-Anne d'Auray un jour de Pentecôte et avaient promis d'y revenir chaque année à la même date, pourvu que Sainte Anne les ramenât tous sains et saufs dans leurs foyers. Ils composèrent un cantique en français qui raconte leur campagne.
    L'Abbé François Cadic est d'avis que le chant breton qu'il publie également est une adaptation tardive (fin18ème, début 19ème siècle) du chant français contemporain des événements auxquels il a trait.

    [2] Abraham Duquesne (1610-1688)
    "Le 7 juin 1672, le lieutenant général des armées navales Abraham Duquesne commande "Le Terrible", 68-70 canons, et participe sous les ordres de l'amiral d'Estrées, lui-même sous les ordres du duc d'York (le futur roi Jacques II, nommé grand-amiral, commandant de la flotte royale après le retour sur le trône de son frère, Charles II en 1660), à la bataille de Solebay contre la marine hollandaise. Il manœuvre trop lentement pour soutenir efficacement d'Estrées et pire, ne répond pas aux ordres d’attaque du duc d'York et laisse échapper la flotte hollandaise alors que la flotte anglo-française se trouvait dans une position très favorable. En agissant ainsi, il se conforme aux ordres de son roi: Louis XIV avait donné aux amiraux français des instructions secrètes consistant à laisser les flottes anglaises et hollandaises s'entre-déchirer, la flotte française prétexte la présence de vents défavorables pour ne prendre qu'une part mineure au combat - mais il s'expose également à la critique. Le marquis de Martel, pour s'être élevé contre ces ordres secrets déshonorants, fut envoyé à la Bastille." (souce: Wikipédia).

    [3] Le chant de Cornic - Duchêne
    Comme il est dit dans la notice d'introduction ci-dessus, la première moitié de la strophe 2 du chant breton "Pedenn an ARVORIZ" dont F. Coppée s'est inspiré pour composer son poème français "Prière des ARZONNAIS" emprunte à un autre chant.
    Cet autre chant raconte comment le capitaine breton Charles Cornic-Duchêne (1731-1809) livra combat à trois vaisseaux anglais le 24 juin 1758, comme il est précisé dans la "Biographie bretonne" de P. Levot, 1852, au §5 d’un article de Charles Alexandre. Les paroles du chant désignent les lieux de cette rencontre mémorable: "Maen guen ar Pordichoc" (ou "Gondichoc"). Il s'agit d'un rocher au sud-ouest de Molène. De même "Melemeur" et "La Basse Longue", sans doute "Bas Hir", désignent des rochers dans le même secteur que celui où eut lieu la bataille entre la Surveillante et le Québec, 21 ans plus tard.
    Voici comment le site "tob.kan.bzh" (chant M-00051) résume les faits:
    "A la Saint Jean peu avant minuit, Cornic rencontra l’Anglais. Combat de cinq heures et demie. Échange de canonnade. Une volée anglaise abat le pavillon.
    – « Hourra: les Français amènent »
    . En entendant cela, Cornic fait feu de plus belle et hisse le grand pavillon et défie l’Anglais en prenant son porte-voix. Le lendemain, il y eut une volée du grand navire anglais qui s’éloigne ensuite au large. A cinq heures, Cornic était près du Melemeur, protégé par la batterie de l’île de Molène. Les bateaux de Molène approchent.
    . Dur le cœur qui n’eût pleuré sur la Félicité devant le pont couvert de sang. Cornic, le vaillant homme, a soutenu le combat contre trois Anglais.
    . Je ne peux vous nommer clairement qui a composé le chant. Ce sont des jeunes filles."

    . Ce chant a été collecté par Célestin Port avant 1800 en Basse-Bretagne. Il a pour incipit: "Sélaouit cana mé o pet… / Écoutez je vous prie…". Il a fait l'objet d'une communication de Pierre Le Roux dans la "Revue Celtique", 1870-1934, année 1898 - Tome 19, p. 1-12, dans lequel est reproduit le texte du manuscritoriginal qui date du 18ème siècle.
    Puis d'une "Etude sur chanson bretonne du XVIIIe siècle" par Emile Ernault dans la même revue, 1898 - Tome 19, p. 242,

    [4] Le culte rendu à Sainte Anne
    L'étonnante invulnérabilité, défiant les statistiques (pas un homme touché sur quarante) dont bénéficièrent les Arzonnais à Solebay peut s'expliquer, pour des esprits forts, par le double-jeu de Duquesne qui prit soin de ne pas s'exposer aux canons ennemis,
    Les intéressés y virent, quant à eux, un effet de l'action protectrice d'une nouvelle-venue dans le panthéon de la ferveur bretonne: Sainte Anne qu'on célébrait tout près de chez eux, à Auray, depuis une cinquantaine d'années.
    On retrouve Sainte Anne à l'oeuvre comme protectrice du fameux Les Aubrays qui chassa les brigands de Lannion en 1634 (ou, selon La Villemarqué, de Morvan, vicomte de Léon qui vivait au IXème siècle) dans trois parties du long poème Lez-Breizh.
    Voici quelques extraits de l'article Wikipédia consacré à cette sainte:
    "Sainte Anne est la mère de la Vierge Marie dans la tradition catholique ainsi que dans la tradition musulmane sous le nom de Hannah. Aucun texte du Nouveau Testament ne mentionne la figure d'Anne qui apparaît cependanr dans des apocryphes qui font le parallèle avec Anne, mère de Samuel, prophète et dernier juge d'Israël. Les évangiles apocryphes la dépeignent comme une femme pieuse longtemps stérile. Une scène de sa vie légendaire est la rencontre miraculeuse d'Anne et de son mari Joachim à la Porte dorée à Jérusalem, après l'annonce au couple de la prochaine naissance d'un enfant. L'Église de l'Orient accepte ces récits, dans une version présentée comme une traduction par saint Jérôme, qui leur ôte les traits les plus merveilleux. Beaucoup de saints orientaux ont prêché sur sainte Anne, tels saint Jean Damascène, saint Épiphane, saint Sophrone de Jérusalem.
    La cathédrale Sainte-Anne d'Apt est l'une des plus anciennes églises d'Occident à avoir mis en honneur le culte d'Anne, l'aïeule du Christ. Déjà, au cours du XIIe siècle sa fête y était célébrée le 26 juillet."

    [5] Sainte Anne en Bretagne
    "En Bretagne, le culte de sainte Anne ne prit vraiment forme qu'à partir des apparitions en 1624 au paysan Yves Nicolazic en un lieu qui devint le sanctuaire de Sainte-Anne-d'Auray, un lieu de dévotion et de pèlerinage important.
    Auparavant, surtout avant le XIIe siècle, ce culte existait, mais plus sporadiquement ou localement comme au sanctuaire de Sainte-Anne-la-Palud, établi vers l'an 500. L'un des Actes apocryphes latins désignés sous le titre de Virtutes Apostolorum écrit au VIe siècle, atteste qu’il existait un culte ancien à sainte Anne répandu dans toute l' Armorique.
    Un syncrétisme exista longtemps avec la figure de l'antique déesse Ana / Dana (la déesse-mère des "Tuatha Dé Danann" en Irlande) liée à la fertilité/ les invocations de cette déité, comme les prières à sainte Anne, défont la stérilité des couples. La popularité de cette dernière chez les Bretons de l'époque est en partie expliquée par la persistance du souvenir de l'antique déesse celtique.
    Une légende rapportée par Anatole Le Braz, décrit Sainte Anne comme originaire de Plonévez-Porzay. Anne est mariée à un seigneur cruel et jaloux, qui lui interdit d’avoir des enfants. Lorsqu’elle tombe enceinte, il la chasse du château de Moëllien. Son errance avec la petite Marie la conduit à la plage de Tréfuntec où l’attend un ange, près d’une barque. Selon la volonté de Dieu, l'ange l'amène jusqu’en Galilée. Bien des années plus tard, Marie épouse Joseph et devient la mère du Christ. Anne revient en Bretagne pour y finir sa vie dans la prière et distribue ses biens aux pauvres.

    [6] Sainte Anne d'Auray
    Le plus important ce sont ses apparitions au paysan Yvon Nicolazic, en 1624 près d'Auray dans le Morbihan, dont le couple restait sans enfant. Elle lui demanda la construction d'une chapelle en son honneur, près du village de Ker-Anna (qui en breton signifie Le village d'Anne) sur un champ où il travaillait, car à cet endroit-même, lui confia la sainte, une chapelle avait déjà été construite en son nom au 7e siècle avant d'être démolie, coupant court à la dévotion naissante. Dans la nuit du 7 mars 1625, Yvon Nicolazic, son beau-frère et quatre voisins, guidés par la lueur d'un grand cierge, déterrèrent effectivement une ancienne statue abimée de sainte Anne avec des restes de couleurs azurées et dorées. Des moines capucins d'Auray la retouchèrent pour lui redonner son éclat. Pendant ce temps, Yvon Nicolazic s'employa à bâtir une nouvelle chapelle avec l’appui de quelques frères Carmes, avant d'avoir le bonheur de découvrir que son couple était devenu fécond. À la suite de deux enquêtes successives, l'évêque de Vannes Sébastien de Rosmadec autorisa le culte et le 26 juillet 1625, il y eut foule pour la première messe de célébration. Très vite les pèlerins vinrent très nombreux au lieu saint où les conversions, les guérisons et les grâces se multipliaient. Plus tard, la chapelle, de toute façon trop petite, sera saccagée pendant la Révolution et démolie pour permettre la construction d'un petit séminaire et d'une basilique. Le lieu a pris le nom de Sainte-Anne-d'Auray. Le pardon qui s'y déroule chaque année est le plus important de Bretagne, troisième lieu de pèlerinage en France après Lourdes et Lisieux. En 1914, le pape Pie X déclara officiellement sainte Anne patronne de la Bretagne avec saint Yves depuis la fin du Moyen Âge. À ce jour, Sainte-Anne-d'Auray est le seul lieu d'apparition de sainte Anne dans le monde.
    En 1996, à l'initiative de l'évêque en place Mgr Gourvès, le pape saint Jean-Paul IIvint la prier dans son sanctuaire breton. Il est le premier pape à avoir foulé le sol de Bretagne. "
    [1] The Battle of Solebay
    We copy here the description of these events made on the page Song of the pilot :
    Saint Anne had already shown the full power of her intercession during another naval battle which was fought on June 7, 1672 on the coast of Suffolk, in front of the roadstead of Solebay, by the united fleets of Cromwell and Colbert against the Dutch by Guillaume d'Orange. These, commanded by Admiral Michel de Ruyter (1616-1676) engaged the larger fleet of the Duke of York and the Count of Estrée. The outcome of the battle remained undecided and the storm dispersed the ships.
    Breton sailors, originally from Arzon at the entrance to the Gulf of Morbihan, took part in this battle. They had made a pilgrimage to Sainte-Anne d'Auray on a previous day of Pentecost and had promised to return there each year on the same date, provided that Saint Anne would bring them all safe and sound back to their homes. They composed a hymn in French which recounts their campaign.
    Abbé François Cadic is of the opinion that the Breton song which he also publishes, is a late adaptation (late 18th, early 19th century) of the French song contemporary of the events it reports.

    [2] Abraham Duquesne (1610-1688)
    "On June 7, 1672, the lieutenant general of the French navy Abraham Duquesne commanded "Le Terrible", a 68-70 gun vessel, and participated under the orders of Admiral Jean d'Estrées (1624-1707), who was himself under the orders of the Duke of York (the future King James II , appointed Grand Admiral, commander of the royal navy after the return to the throne of his brother, Charles II in 1660), at The Battle of Solebay against the Dutch Navy. He maneuvered too slowly to effectively support d'Estrées and still worse, failed to respond to the Duke of York's attack orders and let the Dutch fleet escape while the Anglo-French fleet was in a very favourable position. By doing so, he complied, in fact, with his King's orders. Louis XIV had given the French admirals secret instructions to let the English and Dutch fleets tear each other apart. The French fleet took as a pretext the presence of unfavorable winds to take only a minor part in the combat. In doing so, Duquesne exposed himself to well-deserved criticism. However, Marquis de Martel, for having protested against these dishonorable secret orders, was sent to the Bastille. "(Source: Wikipedia).

    [3] The song of Cornic - Duchêne
    As stated in above introductory note, the first half of stanza 2 of the Breton song "Pedenn an ARVORIZ" from which F. Coppée was inspired to compose his French poem "Prayer of the ARZON lads" borrows from a other song.
    This other song tells how the Breton captain Charles Cornic-Duchêne (1731-1809) fought three English vessels on June 24, 1758, as stated in the "Breton Biography" of P. Levot, 1852, in §5 of an article by Charles Alexandre. The words of the song designate the places of this memorable meeting: "Maen guen ar Pordichoc" (or "Gondichoc"). It is a rock southwest of Molène . Likewise "Melemeur" and "La Basse Longue", undoubtedly "Bas Hir", designate rocks in the same sector as that where the battle between lLa Surveillante and HMS Quebec took place, 21 years later.
    Here is how the site "tob.kan.bzh" (song M-00051) summarizes the facts:
    "On Saint John's Day shortly before midnight, Cornic met the English. It was a five-and-a-half-hour fight. Exchange of cannonade. An English volley brought down the French flag.
    - "Hooray: the French surrender"
    . Hearing this, Cornic fires again and hoists the big flag and challenges the Englishman by means of a megaphone. The next day they were engaged by the large English ship which then moved out to sea. At five o'clock, Cornic was near Melemeur reef, protected by the coast battery on the island of Molène. Molène's boats are approaching.
    . Hard the heart that would not have cried of joy, seeingthe blood-covered deck o!f their ship! Cornic, the gallant captain, had fought alone against three English vessels.
    . I cannot easily answer the question: who composed the song? Three young girls did. "

    . This song was collected by Célestin Port before 1800 in Lower Brittany. The song's incipit is: "Sélaouit cana mé o pet… / Listen please to my song…" . It was the subject of a communication by Pierre Le Roux in the "Revue Celtique", 1870-1934, year 1898 - Book 19, p. 1-12, in which is reproduced the text of a manuscript which dates from the 18th century.
    Then of a "Study on a Breton song of the 18th century" by Emile Ernault in the same review, 1898 - Tome 19, p. 242,

    [4] The worship of Saint Anne
    The astonishing invulnerability, defying the statistics (not one man injured or killed in forty) of which the Arzon sailors availed themselves at Solebay can be explained by a strong minded historian as the result of Duquesne's double play who made a point of not exposing his fleet to the enemy's guns,
    Those concerned considered it, for their part, an effect of the protective action of a newcomer to the pantheon of Breton fervour, Saint Anne who had been celebrated very close to their home, in Auray, back then for about fifty years.
    We find Saint Anne at work as the protector of the famous Les Aubrays who drove brigands from Lannion in 1634 (or, according to La Villemarqué, of Morvan, viscount of Leon who lived in the 9th century) in three parts of the long Lez-Breizh poem.
    Here are some excerpts from the Wikipedia article on this topic:
    "Saint Anne is the mother of the Virgin Mary in the Catholic tradition as well as in the Muslim tradition under the name of Hannah. No text in the New Testament mentions the figure of Anne who appears however in apocryphal gospels which draw a parallel with Anne, mother of Samuel, prophet and last judge of Israel. The apocryphal gospels depict her as a pious woman, long childless. A scene in her legendary life is the miraculous meeting of Anne and her husband Joachim at the Golden Gate in Jerusalem, after the announcement to the couple of the imminent birth of a child. The Eastern Church accepts these accounts, in a version presented as a translation by Saint Jerome, which deprives them of the most wonderful features. Many Eastern saints preached on Saint Anne, such as Saint John Damascene, Saint Epiphanes, Saint Sophronius of Jerusalem.
    The Saint-Anne-of-Apt Cathedral is one of the oldest churches in the West to harbour the worship of Anne, the grandmother of Christ. Already during the 12th century his feast was celebrated there on July 26. "

    [5] Sainte Anne in Brittany
    "In Brittany, the worship of Saint Anne really took shape only when the holy lady appeared in 1624 to a modest peasant Yves Nicolazic at a place that was to become the sanctuary of Sainte-Anne-d'Auray , an important place of devotion and pilgrimage.
    Previously, especially before the 12th century, this veneration existed but more sporadically or locally, for instance at the sanctuary of Sainte-Anne-la-Palud established around the year 500. As stated in one of the apocryphal "Latin Acts" referred to under the title of Virtutes Apostolorum, written in the 6th century, there was an old-established cult to Saint Anne, widespread in Armorica.
    Syncretism had been at work for a long time, merging the holy woman with the figure of the ancient goddess Ana / Dana (the mother goddess of the "Tuatha Dé Danann" in Ireland) linked to fertility, as is Saint Anne in prayers asking her to undo sterility in couples. Her popularity among the Bretons of the time is partly explained by this remanence in people's memory of the ancient Celtic goddess.
    A legend reported by Anatole Le Braz, describes her as originating from Plonévez-Porzay (north of Locronan). Anne is married to a cruel and jealous lord, who forbids her to have children. When she becomes pregnant, he drives her away from her home, Moëllien castle. Her wandering with little Mary leads her to the beach of Tréfuntec where an angel is waiting for her, near a boat. According to God's will, the angel brings her to Galilee. Many years later, Mary married Joseph and became the mother of Christ. Anne returns to Brittany to end her life in prayer and distributes her goods to the poor.

    [6] Sainte-Anne-d''Auray
    A pivotal event in the story of Saint Anne's worship is her appearance to the peasant Yvon Nicolazic, in 1624, near Auray in Morbihan, whose wife remained childless. She asked him to build a chapel in her honour, near the village of Ker-Anna (which in Breton means "The village of Anne") on a field where he worked, because in this very place, so told him the saint, a chapel had already been built, dedicated to her, in the 7th century before it was demolished, thus cutting short the nascent devotion. On the night of March 7, 1625, Yvon Nicolazic, his brother-in-law and four neighbours, guided by the light of a large candle, effectively unearthed an old damaged statue of Saint Anne that had preserved remains of colours, azure and golden. Capuchin monks from Auray retouched it to restore its luster. During this time, Yvon Nicolazic worked to build a new chapel with the support of a few Carmelite brothers, before having the happiness of discovering that his couple had become fruitful. Following two successive inquiries, the Bishop of Vannes, Sébastien de Rosmadec authorized worship and, on July 26, 1625, there was a crowd for the first celebratory mass. Very quickly the pilgrims came in great numbers to the holy place where conversions, healings and graces multiplied. Later, the chapel, that had anyway become too small, was ransacked during the Revolution and demolished to allow the construction of a minor seminary and a huge basilica. The place took the name of Sainte-Anne-d'Auray. The "Pardon" celebration that takes place there each year is the most important in Brittany. This is the third place of pilgrimage in France after Lourdes and Lisieux. In 1914, Pope Pius X officially declared Saint Anne the patron saint of Brittany with Saint Yves since the end of the Middle Ages. To this day, Sainte-Anne-d'Auray is the only place of apparition of Saint Anne in the world.
    In 1996, at the initiative of the incumbent Bishop Gourvès, Pope Saint John Paul II came to pray to her in her Breton sanctuary. He is the first pope to have set foot on Brittany soil. "





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