La Sibylle de Delphes de Michelange

XIX BEAUTE ...bagages ni - laissant la nef sur la rive Ils poursuivirent leur chemin - rejetés, Présents, ayant percé le mot et arrivèrent Au temple en songe surgi. Je t'ai Rencontrée quand brasillaient les orages Et les obsessions au coeur des vergers Infernaux. Notre sang reflua où l'âge Ni le corps ne s'abreuvèrent. Etrangers A tout hors la terreur qui fut notre unique Refuge, un tremblement nous saisit et nous Fûmes pareils à l'esclave que la trique Du blanc vers l'ergastule pousse à grands coups. Née un matin à la lueur d'une rose- "Amour est nu". Les voyageurs ne comprirent Pas. Ils avaient pour appuyer leur cause Auprès du roi, chargé d'étoffes de prix Leur barque - Nous avons regagné le ventre Inoublié, le silence lourd, le sang - Après vingt jours de marche ce fut dans l'antre De Sibylle que le feu parla et sans... **** Comme des astres scintillant sur nos têtes, Le grondement qui nous aura poursuivis, Par vals et monts jusqu'à nos dernières fêtes. J'ai retrouvé la lueur qui m'a ravi Dans un univers de blizzards et de glace. Sur le seuil de l'éveil je reviens, hanté D'une musique sans pitié pour tenace Renaître en toi l'inaccessible - beauté. Michel Galiana (c) 1991

XIX BEAUTY ...luggage or - on the shore they'd left their ship behind And carried on their way - they were cast out to be Present, as they had guessed the word, and they could find The temple that had surged in their dream. As for me I have encountered you when were lightning the storms Obsessively amidst the infernal gardens. Our blood was flowing back where neither age nor forms Could assuage their thirst. Insensitive aliens To anything except terror, our sole refuge, A shiver has seized us and we were like the slave Whom the white man's cudgel with showering abuse And hails of hits drives towards his prison-grave. One morning you were born in the shine of a rose - "Love is bare". But this was beyond understanding For voyagers who had, to better plead their cause At the King's judgment throne, loaded with precious things Their boat - And we went back to unforgotten womb To ponderous silence and ever flowing blood- And twenty walking days later, 'twas in the tomb Of Sibyl that the fire at last spoke and without... *** Like the stars that high up sparkle above our brows, Rumbling escorted us restlessly, all the way, Over valleys and hills down to our last carouse. Until at last I found the gleam that once took me To this strange universe of snow, of ice, of storm, Now when awakening is nigh, a melody Ruthlessly assails me: stubborn, to be reborn In you, I turn to you, ever remote - beauty!

Transl. Christian Souchon 01.01.2006 (c) (r) All rights reserved

Note :

Tout comme "Ulysse à Montparnasse" ce poème fait référence à un ouvrage de James Joyce, "Finnegan's Wake". Comme l'Histoire dans le modèle, c'est ici la recherche de la beauté qui est cyclique et le poème commence par la fin de la phrase qui termine la cinquième strophe. Les phrases peuvent être combinées de diverses façons. Le récit est à la fois une narration et un rêve.
Le sujet n'est guère éloigné de celui du poème en ancien-gallois Les dépouilles de l'Abîme dès lors que l'on remplace "beauté" par "inspiration poétique". Je ne sais pas si Michel connaissait ce poème gallois. Dans la négative, il aura retrouvé d'instinct les mêmes images fortes: le voyage à travers une mer hostile vers un lieu d'où l'on revient régénéré. Michel commence son récit à la deuxième personne du pluriel, mais dans les deux dernières strophes, c'est un "je" qui a "retrouvé la lueur" et "abordé au seuil de l'éveil". Dans les "Dépouilles", de la foule d'aspirants-poètes qui remplissait trois bateaux de la taille de Prydwen, il n'y eut que sept rescapés...
Les poètes, par-delà le temps et l'espace, parlent le même langage...

Like "Ulysses in Montparnasse" this poem refers to one of James Joyce's works, "Finnegan's Wake". History in the model, the quest of beauty in the present poem are cyclic and the text begins with the end of a sentence left unfinished in the fifth verse. Some sentences could be recombined in different ways. The narrative is both a factual report and a dream.
The subject of the Old-Welsh poem Spoils of the Otherworld is not far from this poem inasmuch as Beauty is akin to Poetic Inspiration. I don't think Michel knew the Welsh poem, but he instinctively rediscovered similar images: a voyage through a hostile environment to a place from which one returns regenerated. Michel begins by saying "we". In the last 2 stanzas, he is the only one to have "rediscovered the glow" and "enjoyed the awakening". In the "Spoils", of the troop of candidates for Poetic Inspiration, that filled 3 boats the size of Prydwen, only seven returned ...
Poets, across time and space, seem to speak the same language...



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