XIII BRUGES
Les pignons dentelés, les brumes et les ponts
Se mirent aux canaux. Il semble qu'ils se rêvent.
Double, de quelle vie emplis-tu ces hauts fonds?
Quelle légende dort où l'histoire se crève?
Ton image glissait par les Etangs d'Amour.
L'automne rappelait que ce n'était qu'un leurre
Que ces palais fermés, ces béguines, la tour,
Les hôtels échoués sur le temps, et qui meurent.
Car la vierge qui dort en sa geôle d'or,
Ni le clocher d'un jet exhalant sa puissance
Ne bâtissent d'arches plus fortes que l'accord
D'un cygne sur l'étang lorsque la nuit commence.-
Et qu'importe, puisque les eaux joignant nos corps
Offrent à nos désirs une noce prodige,
Content un nouveau conte éclipsant le décor,
Achèvent ces palais que la matière fige,
Si le pavé qu'on foule est de mousse couvert,
Si jamais nos baisers n'ont sonné sous la porte
Et reflètent les eaux fidèles le désert
De longs quais sans éclat jonchés de feuilles mortes.
Michel Galiana (c) 1991
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XIII BRUGES
The indented gables, the mist and the bridges
Are dreaming of themselves in waterways mirrored.
With whose lives do you fill, Double, these abysses?
Is legend asleep here, by history ignored?
Your image was gliding along the Lake of Love.
Autumn reminded that they were but a mirage,
Those closed palaces, those beguines, the tower above,
The mansions run aground on the sandbanks of age.
For the Virgin, asleep in her prison of gold
And the soaring belfry, apparently so strong,
Will not build mightier arches than is the chord
Struck by the swan gliding at dusk along the pond. -
No matter, -since waters wherein join our bodies
Celebrate our desire's prodigious wedding,
Telling us a new tale that outshines sceneries
And finishing these walls that in bricks were freezing.
If the stones we tread on are now covered with moss,
If no carriage entrance resounded with our kiss,
And if faithful waters mirror the emptiness
Of long, shineless bankways, littered with withered leaves.
Transl. Christian Souchon 01.01.2004 (c) (r) All rights reserved
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