Son amour

Chanson d'amour

Love song

Chant collecté par Théodore Hersart de La Villemarqué
dans le 1er Carnet de Keransquer (pp. 44 et 147).




Mélodie: "Son an amourousted"

A propos de la mélodie:
Inconnue. Remplacée ici par "Son an amourousted" tiré de "Tralalalaleno", recueil de 30 chansons harmonisées, par Jef Le Penven ; publié en 1949 (source: le site de M. Pierre Quentel (voir "liens").

Bibliographie
La Villemarqué est le seul à avoir collecté cette chanson.
Il a utilisé les vers en gras dans son chant Hollaïka
Une version un peu différente de ce chant fut consignée, après 1863, dans le carnet de collecte N°3.

Remarques
  • Sant Selevestr: La St Sylvestre est célébrée d'habitude par les tournées de l'Eginané, plutôt que par une messe de minuit comme ici.
  • Dañtelezoù da-beg mañchoù hiviz: R.Y. Creston dans son gros ouvrage sur le "Costume breton" (Tchou 1974, 445 pages) ne consacre pas de développement particulier aux manches des chemises de femmes. Le fait que celles de l'héroïne de cette chanson soient agrémentées de dentelles doit effectivement permettre de l'identifier dans la foule des fidèles qui entrent à l'église en portant des lanternes.
  • Pa oan da basenn ar vered: comme l'allemand "Kirchhof" ou l'anglais "churchyard" l'indiquent, les cimetières entouraient les églises. Le "pasenn" était une pierre basse barrant l'entrée des cimetières. Les humains devaient enjamber cet "échalier", tandis que les animaux étaient maintenus au dehors.
  • Dañtel fleurdelis: Le même ouvrage précise que le motif de broderie appelé "fleurdelis" (nom souvent déformé en "fleur'n iliz"="fleur d'église") consiste en des palmettes regroupées par trois, plutôt que des fleurs de lis proprement dites.
    Est-ce à dire que la chanson fut composée avant la Révolution? Certainement pas!
    Le "costume de paysan", porté par-dessus des habits aristocratiques, tel qu'il est décrit dans les strophes 18 à 21 de la Complainte de Pontcallec (exécuté en mars 1720) n'est pas propre à la paroisse ou au canton: c'est un costume de classe sociale. De même "dans les procès-verbaux d'arrestation ou dans les notes signalétiques des chouans, rédigées par les autorités républicaines, on lit rarement 'un tel portant le costume de Briec, de Guéméné, etc.', mais plutôt 'un tel en habit de paysan'. Il n'est donc pas encore vraiment question, à cette époque, de costumes représentant tel ou tel groupe particulier..." (R.Y. Creston, ouvr. cité).
    C'est la Révolution, qui abolit ces restrictions vestimentaires et l'Empire qui brassa les hommes de toutes les régions en leur faisant connaître les modes vestimentaires de régions lointaines qui sont à l'origine des costumes bretons modernes. L'intensification des moyens de transport, le développement de l'industrie, acheminèrent vers la Bretagne quantités d'objets fabriqués, d'étoffes, de broderies, de rubans qui permirent la multiplication des modes vestimentaires.
  • Me a roe un diamañt dezhi: "Je lui donnai un diamant". Impossible de savoir s'il s'agit d'une licence poétique et s'il est question ici des ornements de clinquant ou de petits miroirs qui étaient utilisés pour rehausser la broderie des gilets. Le contre-don consenti par la fiancée, en signe d'agrément, un livre de messe ou un livre d'heures précieux, laisse supposer qu'il s'agit d'un diamant véritable.
  • About the tunes
    Unknown. Replaced here by "Son an amourousted", from "Tralalalaleno", a collection of 30 songs arranged by Jef Le Penven, and published in 1949 (source: the site of M. Pierre Quentel (see "links").

    Bibliography
    La Villemarqué is the only collector of this song.
    He used the lines in bold characters in his song Hollaïka
    A slightly different version of this song was recorded, after 1863, in collection book N ° 3.

    Remarks
  • Sant Selevestr: Saint Sylvester is usually connected, in the songs, to a Gift collecting tour, rather than a midnight mass tradition, like in the present case.
  • Dañtelezoù da-beg mañchoù hiviz: R.Y. Creston in his thick book on the "Costume breton" (Tchou 1974, 445 pages) does not deal in particular with the sleeves of women's shirts. We may suppose that those of the heroine of the song being adorned with lace are something special, likely to identify her among all other girls and women carrying lanterns who enter the church.
  • Pa oan da basenn ar vered: As hinted by the German "Kirchhof" or the English "churchyard", cemeteries usually were laid out around churches. The "pasenn" was a stone sill across the churchyard's entry over which humans had to step, while cattle were kept out by it.
  • Dañtel fleurdelis: The aforementioned book states that the embroidery pattern called "fleurdelis" (often misspelled as "fleur'n iliz"="church flower") consists of three little palms put together, rather than a real fleurs-de-lis pattern.
    Does it mean that the song was composed before the French Revolution? By no means!
    The "peasant's dress", worn above his aristocrat's underwear, as described in stanzas 18 with 21 of The Death of Pontcallec (who was beheaded in March 1720) is not peculiar to a specific parish or neighbourhood: it is the garment of a specific social class. Similarily, "in the arrest records or the identification sheets written up by Republican police officers during the Chouan uprising, we seldom read 'citizen so-and-so wearing the Briec, or the Guéméné, etc. dress', yet 'citizen so-and-so clothed as a peasant'. Back then there were not yet costumes peculiar to specific geographic groups..." (R.Y. Creston, ibidem).
    It is the Revolution, when abolishing these class clothing rules and the Empire when bringing together men from all provinces and sending them to remote countries where they became acquainted with all sorts of dresses, which should be considered the source of the modern Breton costumes. The intensification of the means of transport, the development of industry, conveying to Brittany all sorts of artefacts, cloth, embroideries, ribbons etc. enabled this remarkable increase in the number of local dresses.
  • Me a roe un diamañt dezhi: "I gave her a diamond". Impossible to know if this is a poetic licence referring to tawdry jewellery or small round mirrors sometime used to enhance the embroideries of the waistcoats. The counter-part gift made by the young girl as a token of assent, a precious mass book or book of hours, allows the inference that it is a genuine diamond.


  • BREZHONEK

    SON AMOUR


    p. 44

    1. Va bennoz a ran da Zant Selevestr.
    Da vizkoazh anave(z)is va mestrez
    Propik ha koant barzh an ilis
    Hag eno hi a anave(z)is
    O weled an dañtellezoù
    Da beg manchoù-hiviz.
    O an dañtellezoù
    Da beg manchoù-hiviz.


    2. Pa oan da basenn ar vered
    Me wel va dousik er porched.
    Pa oan degouet toull an nor-zal
    Me wel va mestrez o fragall,
    Weled an dañtell fleurde lis
    Lakaet demeus he hiviz.

    3. Tre oan gant an oferenn-bred
    Me ne ren ket nemet selled.
    Seul vuioc'h-vui outi sellen
    Seul gwelloc'h-vui a blije din.

    Seul vuioc'h-vui outi sellen
    Seul gwelloc'h-vui a blije din.

    p.147

    4. Ha me en ur dremen outi
    A roe un diamañt dezhi.
    - Dallit, dallit va servijer
    Setu, setu amañ ul levr!
    Ul levr a zo ken kaer meurbet;
    Ar c'haerañ forzh da weled.

    5. Me'm-eus ur we(z)enn 'jardin va zad
    Zo karget a lore muskat.
    Ha 'zo magnifik penn-da-benn
    Hag e-kreiz zo un avalenn.
    Ha zeuy va dousik ha me,
    Da zizheoliñ dindani,


    6. Me wel ennañ va gwir amour
    Evel ar sablenn war an dour,
    Me wel un amañ sklaeroc'h-sklaer
    Evel ar sablenn war ar ster;
    Me wel un amañ ken blatant
    Ken blatant 'vel un diamant.

    KLT gant Christian Souchon

    TRADUCTION FRANCAISE

    CHANSON D'AMOUR


    p. 44

    1. Saint Sylvestre, béni sois-tu,
    Toi qui me fis connaître
    La plus jolie fille qui fût
    Et que je vis paraître
    A l'église, manches ornées
    De ruches de dentelles.
    Les deux manches ornées
    De ruches de dentelles.


    2. Elle était sous le porche et moi
    Au seuil du cimetière.
    Franchissant le portail, je vois
    Sa silhouette altière,
    Ses dentelles fleurdelisées
    Là-bas, c'était bien elle!

    3. Et tant que l'office dura,
    Je ne regardais qu'elle.
    Plus je la regarde, ma foi,
    Plus elle m'ensorcelle.

    Plus je la regarde, ma foi,
    Plus elle m'ensorcelle.

    p.147

    4. Passant près d'elle je lui tends
    Une pierre fort belle.
    - Prenez, mon jeune soupirant,
    Ce beau livre! - dit-elle.
    Jamais je n'en vis de plus beau! -
    Je le pris avec zèle.

    5. Il est, plein de laurier muscat,
    Au jardin de mon père,
    Un arbre splendide et il croît
    Près de lui, centenaire,
    Un pommier où ma belle et moi,
    Irons nous mettre à l'ombre,


    6. Je vois dans ce jardin couler,
    Limpide sur le sable,
    De l'amour le clair ruisselet.
    Ah, quel aspect aimable!
    Vit-on jamais plus éclatant
    Diamant sur le pré sombre?

    Traduction : Christian Souchon 'c) 2015

    ENGLISH TRANSLATION

    LOVE SONG


    p. 44

    1. My blessing on Saint Sylvester.
    Who introduced me to her!
    I first spied her, neat and proper,
    In church, at mass, she was there,
    Radiant with a ruche of lace
    Out of her sleeves protruding.
    O with a ruche of lace
    Out of her sleeves protruding.


    2. I was passing the churchyard sill:
    In the porchway, I saw her.
    I entered the church and looked till
    I saw her strutting over
    There with her fleur-de-lis lace sleeves
    Her fair features adorning.

    3. And during all the midnight mass
    I did nothing but ogle
    The more I looked, the more, alas,
    Love did my mind entangle.

    The more I looked, the more I loved
    The pretty girl there kneeling.

    p.147

    4. That's why I laid, when I passed her
    Upon her lap a diamond.
    - I would like, lovable suitor,
    My gratefulness to extend.
    Here is for you a pretty book;
    The most wonderful ever.

    5. There's in my father's yard a tree,
    It's called a cherry-laurel,
    Beautiful to a high degree.
    An apple tree, there, as well:
    My sweetheart and I, we shall rest
    Underneath it in summer.


    6. And further, there's a crystal spring:
    Clear water on sand bottom,
    Stream of my love overflowing
    The weir of wood and iron;
    And the clear waters in the sun
    Like a diamond glitter.

    Translation: Christian Souchon (c) 2015




    Rem: P.45, Markiz Coarant=Gwerand, "chanté par Marie Coateffer, âgée de 83 ans (1835 juilet)"




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