An Itron Ponker

A propos de la mélodie:
On trouvera ci-dessus des mélodies dont celles qui portent les N° 3 et 4 ont été notées par Maurice Duhamel et publiées dans "Musique bretonnes", P.79, sous les N° 156 et 157 (Trégor et Haute Cornouaille). Elles sont réputéées accompagner les 2 versions (L1 et L2) de la présente gwerz publiées dans l'ouvrage de F-M. Luzel.
Les mélodies N° 2, 5 et 6 ont été publiées avec les textes (CA, KE & TR) respectivement par l'Abbé F. Cadic et les folkloristes Y-F. Kemener et I. Le Troadec.
Les mélodies 2, 5 et 6 comprennent 3 phrases musicales, la 2 par répétition du 1er vers, la 5 et la 6 par répétition du 2ème vers.
Le mélodies 3 et 4 comprennent 4 phrases et conjuguent 2 distiques. La mélodie 1 pourrait être du même type. Ce n'est cependant pas ce que suggère le manuscrit.
La mélodie N°1 est celle qui accompagne La Tour d'Armor dans le Barzhaz de 1845. En se reportant à ce chant on verra qu'une de ses caractéristiques est décrite ainsi par La Villemarqué:
"Cette légende doit être très ancienne car elle a la forme rythmique de certaines pièces de Llywarch Hen, barde gallois du 6ème siècle, forme que n'offre, à ma connaissance, aucun autre poème armoricain. (?)
La strophe qui est de quatre vers octosyllabiques, rimant deux par deux, présente régulièrement à la fin du premier vers deux pieds de surérogation sans rime. Tout dans cette pièce, costumes, mœurs et usages, la langue même, çà et là, offre un caractère d'antiquité parfaitement en harmonie avec cette forme singulière."
A la page XLII de l'édition 1867, où est donnée la partition, on remarque que le procédé se double d'une répétition des deux dernières syllabes du troisième vers ("Arvor, Arvor").
Le présent chant (LV) semble obéir à la même règle, si ce n'est que l'indication portée entre parenthèses (ter) invite, non pas à combiner 2 distiques qui se suivent, mais à chanter 3 fois au total le premier vers, puis le 2ème pour conclure.
Le mot de "surérogation" "chetu" (cornouaillais pour "setu"= "voici") est le même pour les 2 strophes suivantes. Il réapparait ensuite sporadiquement, également sous la forme "setu-hont" ("voilà").
Bien que La Villemarqué invoque à propos de "La Tour d'Armor" le nom de Llywarch-Hen, barde gallois du 6ème siècle, on peut imaginer, qu'il se soit inspiré, outre ce prestigieux modèle, de la présente gwerz (LV) pour composer son poème religieux à partir d'une source qui reste inconnue (peut-être un conte...)
On peut également supposer que c'est au présent chant qu'il a emprunté la prenante mélodie de la "Tour d'Arvor".

A propos du texte
Il s'agit d'un chant connu, dès avant la publication deu carnet N° 2, repéré dans la classification Malrieu sous le numéro M-00205, et le titre breton "Ar mab henañ lazhet gant ar vamm" (Le fils aîné tué par la mère).
Le site https://tob.kan.bzh/chant-00205.html en synthétise ainsi l'argument:

"Alliette Roland (L1, L2, PE, MI, KE, TR ) a tué son fils aîné pour faire seigneur le plus jeune.
Armée de son grand couteau, elle demandait à son fils Boisgelin (L1, L2, PE, KE) :
– « Où est le mal dont vous souffrez ? ». – « Entre ma tête et mon cœur j’éprouve une douleur déraisonnable » (L1, CA) .
– « J’ai ici un remède pour guérir votre mal » (L1). – « Mon frère, laisse-moi la vie, je te donnerai toutes mes rentes ».(L1, PE, CA, LV).
Alliette redescend, le sang jaillissant de ses chaussures (L2, PE, MI), face à la réprobation de sa servante (L1, PE, MI, TR) et de son page (L1, PE, KE, LV) à qui elle commande d’aller chercher du vin (L1, PE, MI, CA, KE, LV) pour son maître Boisgelin.
Le seigneur de Pencréan (L1) arrive et demande Boisgelin. Le frère assassin essaie de lui faire croire qu’il est malade (L1, L2, KE).
Arrive un archer (L1) pour prendre Alliette Rolland. – « Si j’avais écouté ma servante, j’aurais sauvé trois vies: celles de mes deux fils et la mienne » (L1, MI).

Note : [de Luzel] : Boisgelin : château en Pléhédel.
Comparaison entre versions : – Alliette Roland L1, L2, PE)= Helierolland (MI)= Madame de Pontquer (LV) = Madame de Pontcallec.(CA)
(La table des chants établie par Mme de La Villemarqué accuse « Monsieur de Pontker »).
– Boisgelin = "va c’henderv Helen" (MI, "mon cousin Hélène" pour le seigneur de Kermenguy).
– Kermenguy (L2) = seigneur de Pencréan (L1) = Aotrou an Doujet.(PE)

Versions et occurrences
Ajoutons que ce site dénombre 14 versions et 24 occurrences. Compte tenu des redites et occurrences multiples et en ajoutant la présente version, ignorée par ce site, on peut désormais distinguer 8 versions principales: (cliquer sur la case "+" pour afficher les textes et leurs traductions françaises):
A propos de ces variations, il convient de citer ces passages de "La nuit celtique" de Donatien Laurent et Michel Tréguer, p. 62-63:
"Dans une tradition orale, fond et forme se confortent mutuellement pour produire un ... composé de sons et de sens qui se grave dans les mémoires... On ne voudrait pas s'en souvenir si le message déplaisait; et on ne pourrait pas s'en souvenir si le poème était mal tourné..."
" La vérité est un souvenir commun à plusieurs hommes... Les [auditeurs] connaissent aussi bien la pièce que les [chanteurs]. Combien de fois ai-je entendu dans une soirée un participant protester... [que] pour lui 'ce n'était pas comme ça'. De nombreuses variantes finissent par coexister, mais il faut qu'elles s'imposent et recueillent l'accord de tous. Ainsi comprend-on mieux... la qualité de ces transmissions, tout à la fois assurées par certains et garanties par tous."
"En général, le poème alterne des passages rigoureusement fixés et d'autres où il est presque permis d'improviser."
On trouvera plus bas un tableau récapitulatif faisant ressortir cette dernière distinction, sachant que les 2 versions manquantes KE et TR ressemblent fort à la version PE tout en ayant leur physionomie propre.

-TREGOR ET LEON:

1° Luzel 1 (L1): "Alliett Ar Rolland" Gwerziou Breiz-Izel II, p. 272-277, Marguerite Philippe avant 1874 à Pluzunet;

I
1. Alliet ’r Rolland e d-eûs grêt
Ar pez na raje den a-bed ;

2. E d-eûs lac’het he mab hena,
’Wit ober aotro ’r iaouanka ;

3. E d’eûs lac’het he mab kloarek,
’Vit ober aotro he c’hadet.
II
4. Alliet ’r Rolland hec’h e d’ar krec’h
Gant ur gontel war goupl he brec’h.

5. Alliet ’r Rolland ’c’houlenne
Euz he mab Koadjilinn, en noz-se :

6. — Ma mab Koadjilinn, d’in lâret
Pelec’h ’mèdi ’r boan a souffret ?

7. — Etre ma fenn ha ma c’halon
Am eûs ur boan ’zo dirèzon.

8. — Ama, ma mab, ’zo ’l louzouenn
’Wellaï d’ho kalon ha d’ho penn…

9. Ma mab, skoët ann tol kenta,
Me skoïo ’n eil, ann diweza.

10. — Ma mamm, hen lac’ha na rinn ket,
Ar galon d’ober n’am bô ket ;

11. N’ ’m eûs ket ar galon d’hen lac’ha,
C’hoarzinn ha goela ouzinn ’ra.

12. — Hema ’zo ’r mab am eûs ganet,
N’ rafe ket ’r blijadur em reket !

13. — Ma breur, lêz ganen ma buhe,
Me roïo d’id ma holl leve ;

14. Me ’roïo d’id ma holl leve,
Hag iel’ en servij ar roue !…
III
15. Pa diskenn Alliet d’ann traon,
’Juge ar gwad en he boutaou ;

16. ’Juge ar gwad en he boutaou,
He c’hotillonenn, tro-a-zro !

17. He mates vihan a lâre
D’ Alliet ’r Rolland, en noz-se ;

18. — Hema ’zo ’n nozwez hoc’h eûs grêt !
Ter fagodenn keuneud ’m eûs dewet,

19. ’Klask birwi dour na domfe ket,
’Vel m’ho poa hen laket, hen kavfet.

20. Kement domistik ’zo ’n ho ti
A oar ho nozwez koulz ha c’hui.

21. — Na serr da c’henaou, laourneges,
Na soursi ket euz ma nozwez.

22. Alliet ’r Rolland a lâre
D’he fajig bihan, en de-se :

23. — Et d’ gerc’had gwinn d’ho mestr, ’zo klanv,
Ha n’evo bannec’h anehan.

24. — Da betra kerc’had gwinn d’ehan,
Mar na ev bannec’h anehan ?

25. Pa oa gant ann hent o vonet,
’N aotro Penkrean ’n eûs kavet :

26. — Pajig, pajig, d’in-me lâret,
Pelec’h ma ’c’h et, pe ez hoc’h bet ?

27. — Da gerc’had gwinn d’am mestr ’zo klanv,
Ha n’evo bannec’h anehan.

28. — Da betra kerc’had gwinn d’ehan,
Mer na ev bannec’h anehan ?

29. — Aotro, ’mezhan, n’am diskuillet ket,
Ma mestr Koadjilinn ’zo lac’het ;

30. Ma mestr Koadjilinn ’zo lac’het
Gant Alliet ’r Rolland hag he c’hadet !
IV
31. ’N aotro Penkrean ’vonjoure,
Ebars ann ti pa arrue :

32. — Bonjour ha joa holl en ti-ma,
’N aotro Koadjilinn pelec’h ’ma ?

33. — ’Man duze war he wele klanv,
Na lezfe den da gomz out-han ;

34. Ken terrupl hec’h eo he glenved,
Na lezfe den d’ vont d’hen gwelet.

35. — Fete a-c’hann na sortian,
Ken am bô bet komzet gant-han.

36. — Aotro Penkrean, ma iskuzet,
Ha breur Koadjilinn ’zo desedet :

37. Ma mamm na digemenfet ket,
Rag he c’halon na badfe ket.

38. — Penoz he c’halon n’ badfe ket ?
Ar galon d’hen lac’ha, ’d-eûs bet !
V
39. Ann archer bihan ’vonjoure
Ebars ann ti pa arrue :

40. — Rollantes fall, em breparet,
Ganen d’ar prizon a teufet.

41. Alliet ’r Rolland a lâre,
War ar potans pa arrue :

42. — M’am bije sentet ma mates, pa lâre d’in,
Am bije preservet buhe tri :

43. Breman ’on kaoz da varo tri,
Maro ma daou vab ha ma hini !

Kanet gant Marc’harit Fulup,
a barouz Plunet — Kosteio ann Hanter-Noz.

I
1. Alliette Le Rolland a fait
Ce que personne n’eût fait ;

2. Elle a tué son fils ainé,
Pour faire seigneur son plus jeune (fils),

3. Elle a tué son fils le clerc,
Pour faire seigneur son cadet.
II
4. Alliette Le Rolland allait en haut,
Avec un grand couteau sur le pli de son bras.

5. Alliette Le Rolland demandait
À son fils de Boisgelin, cette nuit-là :

6. — Mon fils de Boisgelin, dites-moi,
Où est le mal dont vous souffrez ?

7. — Entre ma tête et mon cœur,
J’éprouve une douleur qui est déraisonnable.

8. — J’ai ici, mon fils, un remède
Qui guérira votre cœur et votre tête…

9. Mon fils, frappez le premier coup,
Moi, je frapperai le second, le dernier.

10. — Ma mère, pour le tuer, je ne le ferai pas,
Le cœur de le faire je n’aurai ;

11. Je n’ai pas le cœur de le tuer,
Il sourit et pleure en me regardant !

12. — Voici un fils à qui j’ai donné le jour
Et qui ne voudrait pas me faire un plaisir, à ma requête !

13. — Mon frère, laisse-moi la vie,
Et je te donnerai toutes mes rentes ;

14. Je te donnerai toutes mes rentes,
Et j’irai au service du roi !….
III
15. Quand Alliette descendit,
Le sang jaillissait avec bruit de sa chaussure ;

16. Le sang jaillissait avec bruit de sa chaussure,
Et de son cotillon, tout autour !

17. Sa petite servante disait
À Alliette Le Rolland, cette nuit-là :

18. — Quelle nuit vous avez passée !
J’ai brûlé trois fagots,

19. En cherchant à faire bouillir de l’eau qui ne chauffe pas,
Comme vous l’aviez mise, (sur le feu) vous la trouverez.

20. Tout domestique de votre maison
Connaît votre nuit aussi bien que vous.

21. — Tais-toi, lépreuse,
Ne t’occupe pas de ma nuit !

22. Alliette Le Rolland disait
À son petit page, ce jour-là :

23. — Allez chercher du vin pour votre maître qui est malade,
Et qui n’en boira goutte.

24. — Pourquoi lui chercher du vin,
S’il n’en boit goutte ?

25. Comme il allait par le chemin,
Il rencontra le seigneur de Pencréan :

26. — Petit page petit page, dites-moi
Où allez-vous, ou avez été ?

27. (Je vais) chercher du vin pour mon maître qui est malade,
Et qui n’en boira goutte.

28. — Pourquoi (aller) lui chercher du vin,
S’il n’en boit goutte ?

29. — Seigneur, dit-il, ne me dénoncez pas,
Mon maître De Boisgelin est assassiné !

30. Mon maître De Boisgelin est assassiné
Par Alliette Le Rolland et son fils cadet !
IV
31. Le seigneur de Pencrean souhaitait le bonjour,
En arrivant dans la maison :

32. — Bonjour et joie à tous dans cette maison,
Le seigneur de Boisgelin où est-il ?

33. Il est là-bas, malade, sur son lit,
Et il ne permet à personne de lui parler ;

34 Si terrible est sa maladie,
Qu’il ne permet à personne d’aller le voir.

35. — Aujourd’hui d’ici je ne sortirai,
Avant que je ne lui aie parlé.

36. — Seigneur de Pencréan, excusez-moi,
Mon frère de Boisgelin est décédé :

37. Vous n’en direz rien à ma mère,
Car son cœur n’y résisterait pas…

38. — Comment son cœur n’y résisterai t-il pas ?
Elle a bien eu le cœur de l’assassiner
V
39. Le jeune archer souhaitait le bonjour
En arrivant dans la maison :

40. — Méchante Le Rolland, préparez-vous,
Il faut venir avec moi à la prison.

41. Alliette Le Rolland disait,
En arrivant sur la potence :

42. — Si j’avais écouté ma servante, quand elle me disait,
J’aurais sauvé la vie à trois
:
43. À présent, je suis cause de la mort de trois,
De la mort de mes deux fils et de la mienne !

Chanté par Marguerite Philippe,
de Plouaret — Côtes-du-Nord

2° Luzel 2 (L2): "Alliett Ar Rolland" Gwerziou Breiz-Izel II, p. 278-283, Marie-Jeanne Ollivier (collecteur Abbé J-M. Le Pon).

I
1. Hag a zo kezlou ’n nep kontre
’Lac’hfe ’r mammo ho bugale ?

2. ’Lac’hfe ’r mammo ho bugale,
Alliet Rolland ’lac’h he re.

3. Ia, lac’het ’d-eûs he mab-hena,
Da lakâd aotro ’r iaouanka.
II
4. Alliet Rolland a lâre
D’he mab iaouank, war ar beure :

5. — Savet prim, ma mab, ho kwele,
Ewit m’hen lac’hfomp ’raok ann de.

6. Ha pa sav Alliet ouz krec’h,
Gant ’r gontel vraz war goupl he brec’h :

7. — Skoet ’ma mab, ann tol kenta,
Me ’roï’ ann ell, ann diwea ;

8. Me ’roi’ ann eil, ann diwean,
Hen peurfiniso, mar gallan !

9. — 8alv-ho-kraz, ’mehan, na rinn ket,
Rag re gaër hen kavan kousket ;

10. Rag re gaër hen kavan kousket,
Ar galon d’hen lac’ha n’am be ket.
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
11. — Ma mammig paour, n’am lac’het ket.
Me dilezo ’r vro, mar keret ;

12. ’Lezo m’ breur aotro ’n Koadjilinn,
War ’r memeus dour tric’houec’h milinn.

13. — Deus, lâr in manus pa gari,
Rag ez out en heur ma varwi !

14. Neuze ’savas he dorn ouz krec’h,
Ha ’skoas he mab, nerz he brec’h ;

15. Ha ’skoas ’nehan ken dic’hrad,
Evel ma skoje ur pez koad.

16. Pa deu Alliet ouz krec’h d’ann traon,
A flokenne ’r gwad ’n he boutaou :

17. Ha goude bea em walc’het,
D’he faotr marchosi ’d-eûs lâret :

18. — Klask bêlek d’ann aotro, ’zo klanv,
Me ’gred ’man ’n he amzer diwean ;

19. Mar gweles aotro ’r Gervengi,
N’ lâr ket d’ehan pelec’h hec’h i.

20. Pa oa war ann hent o vonet,
Aolro ’r Gervengi ’n eûs gwelet.

21. — Un dra bennag ’c’h eûs a-newe
Pa ’z hoc’h ken beure war vale ?

22. — Ia, ’mehan, ann aotro ’zo klanv,
Me ’gred ’man ’n he heur diwean.

23. — Petra gant-han ’zo c’hoarveet ?
Deac’h diwean ’m eûs han gwelet ;

24. Bet ’oamp hon daou, deac’h, o vale.
Bet ’oamp hon daou, deac’h, er chase.
III
25. Ann aotro Kermengi ’c’houlenne
Bars en Koadjilinn p’arrue :

26. — Demad ha joa er c’hastel-man,
’Nn aotro Koadjilinn pelec’h ’man ?

27. — Eman ’n he wele, hag hen klanv,
Me gred al laournes ’zo gant-han.

28. — Ha pa vo klanv gant ar vosenn,
Me iel’ d’hen gwelt brema-soudenn.

29. N’oa ket ’n he gambr antreet mad,
Ma wele oa beuet 'n he wad :

30. — Alliet, me reï’ ho kourc’hemeno
D’ar braoa intanv ’zo er vro,

31. D'un intanv koant a bevar bost :
Meritet hoc’h eûs, oh ! ia, pe dost !

Kanet gant Mari-Jân Ann Olier
Neerez — Parouz Plourivo — 1870
Dastumet gant ann Abbad J.-M. Ar Pon.

I
1. A-t-on entendu dire en aucun pays,
Que les mères assassinassent leurs enfants ?

2. Que les mères assassinassent leurs enfants ?
Alliette Rolland assassine les siens !

3. Oui, elle a assassiné son fils aîné,
Pour faire seigneur son plus jeune fils.
II
4. Alliette Rolland disait,
À son jeune fils, sur le matin :

5. — Levez-vous, vite, mon fils, de votre lit,
Afin que nous le tuions avant le jour.

6. Et quand Alliette montait à la chambre,
[Elle avait] un grand couteau sur le pli du bras
:
7. — Frappez, mon fils, le premier coup,
Je frapperai le second, le dernier ;

8. Je frapperai le second, le dernier,
Et je l’achèverai, si je puis !

9. — Sauf votre grâce, dit-il, je ne le ferai pas,
Car je le trouve trop beau pendant qu’il dort ;

10. Je le trouve trop beau pendant qu’il dort,
Je n’aurai pas le cœur de le tuer.
………………………………………………………
11. — Ô ma pauvre petite mère, ne me tuez pas,
Je quitterai le pays, si vous le voulez ;

12. Je laisserai mon frère seigneur de Boisgelin,
Et de dix-huit moulins sur la même eau.

13. — Va, dis ton in manus quand tu voudras,
Car voici l’heure où tu mourras !

14. Alors elle leva sa main en l’air,
Et frappa son fiis, de toute la force de son bras ;

15. Et elle frappa son fils aussi cruellement,
Qu’elle eût frappé un morceau de bois.

16. Quand Alliette descendait (de la chambre),
Le sang bruissait dans ses chaussures ;

17. Et, après s’être lavée,
Elle dit à son valet d’écurie :

18. — Va chercher un prêtre au seigneur, qui est malade,
Je crois qu’il est à son heure dernière ;

19. Si tu vois le seigneur de Kermenguy,
Ne lui dis pas où tu iras.

20. Mais, comme il allait par le chemin,
Il vit le seigneur de Kermenguy.

21. — Vous avez quelque chose de nouveau.
Puisque vous êtes si matin sur pied ?

22. — Oui, dit-il, monseigneur est malade,
Je crois qu’il est à son heure dernière.

23. — Que lui est-il arrivé ?
Hier dernier je l’ai vu ;

24. Nous avions été nous promener ensemble, hier.
Nous avions chassé ensemble, hier.
III
25. Le seigneur de Kermenguy disait.
En arrivant au Boigelin :

26. — Bonjour et joie dans ce château,
Le seigneur du Boisgelin où est-il :

27. — Il est dans son lit, malade,
Je crois que c’est la lèpre qu’il a.

28. — Et quand il serait malade de la peste,
J’irai le voir sur le champ.

29. Il n’était pas bien entré dans la chambre,
Qu’il vit qu’il était noyé dans son sang :

30. — Alliette, je ferai vos compliments
Au plus beau veuf qui soit dans le pays ;

31. Un joli veuf de quatre poteaux :
Vous l’avez mérité, oh ! oui, ou peu s’en faut !

Chanté par Marie-Jeanne Ollivier,
fileuse, de la paroisse de Plourivo. (Côtes-du-Nord.)
Recueilli par l’abbé J.-M. Le Pon.

3° De Penguern (PE): "Koajilin (Boisgelin)", MS 90, f° 281v-284v, Marie Keriou née Koad, 14.07.1851 à Taulé;

1. Illied Rolland an treitourez
Illied Rolland an treitourez
He-deus lazhet he mab kosañ
Evit ober aotrou he yaouankañ.

2. Illied Rolland a lavare,
D'he flac'h un deiz a voe:
- Laka ar vasin vraz war an tan,
Evit skaotañ an o(z)hac'h bihan! (*)-

3. Ne ouifen ket bezañ a voc'h,
Ne ouifen ket bezañ a voc'h,(*)
Bezañ a voc'h lart en ti-mañ,
Pa ne vezont e c'hraou o lardañ.

4. Pa yae Illied Rolland d'eus an nec'h,
E yae ur gontell d'eus he brec'h,
He mab Bastian araozi,
Da zerc'hel ar gouloù dezhi.

5. - Sko an taol kentañ, me skoy an eil!
Sko an taol kentañ, me skoy an eil!
Me skoyo an eil hag an trede,
Betek ar marv goude-se.-

6. - Va mamm, ar galon n'em-eus ket,
Da lazhañ va breur hag eñ kousket.
C'hoarzhiñ ar gwellañ ouzhin a ra.
C'hoarzhiñ ar gwellañ ouzhin a ra.-

7. - Va breur Bastian, n'am lazh ket!
Me a krey aotrou, pa na z'out ket,
War peder milin, war seizh maner,
War peder milin, war ur rinvier. -

8. - Va mamm Illiedig, n'am lazhit ket!
Me ho krey itron, pa na d'oc'h ket,
War seizh maner, war un rinvier,
Yel va-unan da yaouaer. -

9. - Gra da "In manus", pa giri,
Emaout er plas ma varvi.
Gra da "In manus", pa giri,
Emaout er plas ma varvi.

10. - In manus tuas, domine,
Jezuz ho ped: truez d'eus va ene!
Jezuz ho ped: truez d'eus va ene!
Klaskit din ur beleg!

11. Va c'hasit da vervel d'ar marchosi,
Pa n' deus den truez ouzhin.
Ma welo va marc'h va merzheri,
Pa n' deus den truez ouzhin. -

12. Pa ziskenn Illied en traoñ
Saflike ar gwad en he botoù
Goude lazhañ he mab kosañ
Vit ober aotrou he yaouankañ;

13. - Pajig, pajig bihan,
Te zo dilijañt ha buan,
Ke da gerc'hat gwin d'az mestr zo klañv:
Mil aon 'm-eus ne hallo e tanv(ez)añ. -

14. Pa voa o vont gant an hent bras,
Aotrou An Doujed e rañkontras:
- Boñjour dit-te, pajig bihan,
Na pelec'h ez eas ker buan?

15. - Da kerc'hat gwin d'am mestr zo klañv,
Mil aon 'm-eus ne hallo e tanv(ez)añ....
Na mar kirit n'am ziskuilhot ket,
Me lavaro deoc'h petra zo c'hoarve(ze)t.

16. Illied Rolland, an treitourez,
Illied Rolland, an treitourez,
He-deus lazhet he mab kosañ
Evit ober aotrou ar yaouankañ.

17. - Hast afo! Ke en da hent!
Me ya bremañ du-se.
- Deboñjour ha joa en ti-mañ!
An aotrou Goajilin, pelec'h ema?

18. - Ema en e wele kousket.
Mar grit enep trouz eñ dihunit.
- Fenoz d'eus an ti-mañ me n'en-d'ean.
An aotroù Goajilin ma ne welan.

19. - An aotrou Goajelin, na wellot ket.
Ema en e wele kousket.
Ema en e wele kousket.
Ma reot enep trouz eñ dihunot.

20. - An aotrou Goajelin na welot ket;
Ema en e arched archedet
Ema en e arched archedet
Abaoe an hanter-noz eo tremenet.

21. - Ha pa goste din-me pemp kant skoed
Me lakayo digeriñ an arched,
Me lakayo digeriñ an arched,
Lakaat da krougañ, mar bez ret!

22. - Me ne vin krouget gant kordenn!
Me 'm-eus arc'hant da brenañ seizhenn.
- Mat awalc'h eo ar gordenn d'az g(ouz)oug
Evit da zevel d'eus ar groug! -

Mari Koad, 14 juillet 1851

KLT gant Christian Souchon

1. Henriette Rolland la traîtresse
Henriette Rolland la traîtresse
A tué son fils aîné
Pour faire du plus jeune le seigneur en titre.

2. Henriette Rolland disait
A sa servante ce jour là:
- Mets la grande bassine sur le feu,
Pour ébouillanter le jeune lord! (*)-

3. Je ne savais pas qu'il y eût un porc,
Je ne savais pas qu'il y eût un porc, (*)
Un porc gras en cette maison,
Autre que ceux qui sont à engraisser dans la porcherie.

4. Lorsqu' Henriette monta dans la chambre,
Elle portait un couteau dans le pli de son bras,
Son fils Sébastien la précédait,
L'éclairant d'une lanterne.

5. Donne le premier coup, je donnerai le second!
Donne le premier coup, je donnerai le second!
Je donnerai le deuxième, puis le troisième,
Jusqu'à ce que mort s'ensuive.-

6. - Ma mère, je n'ai pas eu le courage,
De tuer mon frère pendant son sommeil.
Il me fait son plus beau sourire.
Il me fait son plus beau sourire.

7. - Mon frère Sébastien, ne me tue pas!
Je te ferai seigneur, si tu ne l'es déjà,
Seigneur de quatre moulins et de sept manoirs,
De quatre moulins et d'une rivière -

8. - Ma mère Henriette, ne me tuez pas!
Je vous ferai dame, si vous ne l'êtes déjà,
De sept manoirs, d'une rivière
Et je deviendrai le puiné -

9. - Récite ton "In manus", si tu veux,
C'est ici que tu vas mourir
Récite ton "In manus", si tu veux,
C'est ici que tu vas mourir

10. - In manus tuas, domine,
Jésus vous prie d'avoir pitié de mon âme
Jésus vous prie d'avoir pitié de mon âme
Allez me chercher un prêtre!

11. Emmenez-moi mourir à l'écurie,
Si aucun humain n'a pitié de moi.
Que mon cheval voie mon martyre,
Puisque les hommes n'ont pas pitié. -

12. Quand Henriette redescendit
Le sang clapotait dans ses chaussures
Elle venait de tuer son aîné
POur que le cadet hérite du titre;

13. - Page, mon petit page,
Qui es rapide et diligent,
Va chercher du vin pour ton maître malade
J'ai bien peur de ne pouvoir le ramener à la vie. -

14. Tandis qu'il allait sur la grand' route,
Il rencontra le seigneur Le Douget:
- Bonjour à toi, petit page,
Où t''en vas-tu si vite?

15. - Chercher du vin pour mon maître malade
J'ai peur qu"on ne puisse le ramener à la vie....
Mais si vous voulez ne pas me dénoncer,
Je vais vous dire ce qui s'est passé.

16. Henriette Rolland, la traîtresse,
Henriette Rolland la traîtresse,
A tué son fils aîné
Pour que le cadet devienne le seigneur en titre.

17. - Hâte toi! Poursuis ta route!
Je vais de ce côté.
- Bonjour et joie dans cette maison!
Où est le seigneur Boisgelin?

18. - Il est au lit et il dort.
Ne faites pas de bruit pour ne pas le réveiller.
- Ce soir je ne quitterai cette maison
Que je n'aie vu le seigneur Boisgelin.

19. - Le seigneur Boisgelin, vous ne le verrez pas.
Il est au lit et il dort.
Il est au lit et il dort
Si vous faites du bruit, vous le réveillerez

20. - Le seigneur Boisgelin, vous ne le verrez pas;
Il est en son cecueil, enfermé
Il est en son cercueil, enfermé
Depuis minuit, il est décédé.

21. - Dût-il m'en coûter cent écus
Je ferai ouvrir le cercueil,
Je ferai ouvrir le cercueil,
Je te ferai pendre, si nécessaire!

22. - On ne me pendra pas avec une simple corde!
J'ai l'argent pour me payer une corde de soie.
- Bien suffisante sera une simple corde pour que ton cou
Soit suspendu à la potence! -

Marie Coat, 14 juillet 1851

(*) Quiproquo entre "o(z)ac"h"= maître et "moc'h"="porc"
Traduction: Christian Souchon

4° G. Milin (MI): "Helierolland", Gwerin 1961, T. I, p. 63-66, Jeanne Perrot, avant 1895 dans le Léon;

1. Er bloaz-mañ ez-eus gwall vloavezh
Ma lazh o bugale ar grwagez.

2. Ma lazh ar grwagez o bugale:
Helierolland a lazh he re.

3. Lazhet he-deus he mab kosañ
'Vit ober· aotrou 'r yaouankañ.
***
4. Helierolland a lavare
D'he flac'h-a-gambr en nozvezh-se:

5. - Kit, holl dud an ti, d'ho kwele,
Nemet ar vatezh vihan ha me!

6. 'Hast-ta buan, matezh vihan,
Te zo dilijañt ha buan,

7. Da lakaat dour war an tan
Da skaotañ 'r pemoc'h goude koan! -

8. Ar vatezh vihan he-deus laret
D'he mestrez p'he-deus he c 'hlevet:

9. - Nav bloaz zo m'on en ho ti,
Ha n'on paeet nemet eus-a dri.

10. Roit din ar pemoc'h hag e vuez!
Me laosko deoc'h va nav bloavezh. -

11. - N'az-po na pemoc'h nag e vuez,
Na n'out ket sur eus nav bloavezh. -

12. Helierolland a bigne d' an neac'h,
Ur gontell ganti war he breac'h.

13. Hag ur goulou en he dorn all:
Da lazhañ he mab kosañ he-doa mall.

14. Er gampr d'an neac'h pa z'eo pignet,
He mab kosañ a oa kousket.
D'he mab yaouank he-deuz laret:

15. - Sko gant da vreur an taol kentañ!
Me roy an eil hag an diwezhañ
An eil, an trede d'hen lazhañ. -

16. Ar mab yaouank en-deus laret
D'e vamm p'en-deveus hen c'hlevet:

17. - Ar galon, va mamm, n'am-eus ket
Da skeiñ va breur hag eñ kousket.

18. - Setu ur vagadenn am-eus maget
Ne rofe un taol em reket.

19. - Nann, va mamm! Ne rin ket avat
Pa n'am c'helennit d'ober mad. -

20. N' oa ket e ger peurechuet,
E vreur Helen (hennañ?) zo dihunet.

21. War benn he zaoulin em strinket.
Pardon oc 'h he vamm en-deus goulennet.

22 - 'N anv Doue, va mamm, n'am lazhit ket
Ken 'm-bo komzet gant eur beleg!

23. - N'ho-po na beleg na kloareg,
Mervel bremañ dit a zo ret.

24. - 'N anv Doue, va mamm, n'am lazhit ket
M'ho kroey itron pa n'edoc'h ket.

25. Nav vilin-zour 'm-eus a leve
Me a zino deoc'h anezhe.
Me yel da zervij ar roue.

26 - Lavar da "In manus" pa garez
Emaout aze lec'h ma varvi.

27. - Pa'z oc'h aliet fall d'am lazhañ,
, Va c'hasit d'ar marchosi da vihanañ.
Ma welo va marc'h va merzheriañ.

28. - Me 'm-eus chas-red ha livrini
Lipo da c'hwad diwar al leur-zi. -

29. - "In manus tuas, Domine"...
Jezuz kemerit va ene
Tre ho tivvoz da vont en neñv! -

30. Olierolland ziskenn d'an traon:
Ar gwad ganti en he botoù.
Ken a strinke en he leroù.

31. Olierolland a lavare
D'he matezh vihan en nozvezh-se :

32. - Kae 'ta da gerc'hat gwin, buhan!
D'ar vestr Helen a zo gwall glañv,
Ha 'n evo banne anezhañ.

33. Mar g'erru ganit Kervengi,
Na lavar ket da gevridi! -

34. N' oa ket aet dek paz dioc'h an ti
N' erruas gant an aotrou Kervengi
Oc'h ar vatezh 'n-deus goulennet:

35. Goulen a reas oc'h ar vatezh vihan:
- Da belec'h ez-eas fennoz-mañ?

36. - Da gerc'hat gwin d'am mestr zo klañv.
Ha 'n evo banne anezhañ.

37. - Petra c'hoarvez gant va c'henderv Helen
Ma 'n ev banne eus da win gwenn?

38. - Ma karfec 'h n'am diskuilhfec'h ket
Me larfe deoc' h petra voe arruet:

39. 'Ma en e arched archedet kloz
Abaoe an taol a hanter-noz. -

40. Kervengi p'en-deus he c'hlevet
Da di he genderv Helen zo aet.
"Nozvezh-vat" en-deus lavaret :

41. - Noz-vat ha joa, barzh en ti-mañ!
Va c'henderv Helen pelec'h emañ?

42. - Ma en e wele mik-kousket.
Komzit goustad! N'hen dihunit ket!
- Pe 'ma en e wele, pe n'ema ket,

43. Va c 'henderv Helen a welin fenoz,
Pa ve en e arched archedet kloz!

44. - Ha ma c'halon ne harzfe ket
Da welet arched va mab digoret.

45. - Perak ho kalon ne harzfe ket
Da welet arched ho mab digoret
Pa d'hen lazhañ en-deus harzet? -

46. N'he-doa ket he c'her peurechuet
N'oa leun ar porzh eus a roñsed:
Helierolland a zo kemeret.

47. Helierolland eno a ouele
Ha n'oa den eno e frealze.
Nemed un archer yaouank ' raje:

48. - Tavit, Helierolland, na ouelit ket!
D'ho kerc'hat da gomer ez imp deuet,

49. D'ho kerc'hat da vont d'ur weladen,
A zo hiziv er Pont-Gwenn -

50. Helierolland a lavare
Na d'he c'hocher en dervezh-se :

51. - Pourchas din-rne va inkane wenn,
Laka ur vrid arc'hant en he fenn,
Ma'z in-me kaer d' ar weladenn.

52. Ar c'hocher en-deus lavaret
D'e vestrez p'en-deus he c'hlevet :

53. - Ma n'hoc'h-eus kimiadet, kimiadit!
D'ar prizon da Wened eo ez it. -

54.
Biskoazh den ne dreuzas an ale(z)ioù.

55. Nemet an aotrou Keriber
Hennezh e treuzas gant an alter:

56. - Klask rekour·he buez da vagerez! -
Mez re ziwezhat ez eo deuet:
Helierolland a zo dibennet.

57. An aotrou Kervengi a lavare
Da Gerdangi en dervezh-se:

58. - M'he-dije maget din nemet ur c'hroc'henn-ki
Me ' rn-bije miret dioc'h ar groug anezhi.

59. N'eo ket an arc'hant d'in-me a vankfe
Pa ranken gwerzhañ va holl leve
Vit souten he buez d'e vagerez. -

KLT Christian Souchon

1. Mauvaise année que celle-ci
Où les femmes tuent leurs enfants.

2. Où les femmes tuent leurs enfants
Henriette Rolland tue les siens.

3. Elle a tué son fils aîné
Pour faire du cadet le seigneur en titre.
***
4. Henriette Rolland disait
A sa femme de chambre ce soir-là:

5. - Vous tous, les gens de cette maison, allez dormir,
Sauf la petite servante et moi!

6. - Hâte-toi, petite servante,
Toi qui es diligente et rapide,

7. De mettre de l'eau sur le feu,
Pour ébouillanter un porc après souper! -

8. La petite servante a dit
A sa maîtresse, en entendant ces mots;

9. - Neuf ans que je sers dans votre maison,
Et je n'en ai été payée que de trois.

10. Laissez la vie sauve à ce porc et donnez-le moi,
Je vous abandonnerai les gages de neuf années. -

11. - Tu n'auras ni le porc, ni sa vie,
Quant à servir neuf ans, rien n'est moins sûr. -

12. Henriette Rolland monta dans la chambre,
Un couteau sur le pli du bras.

13. Tenant une lanterne de l'autre main:
Elle avait hâte de tuer son fils aîné.

14. Quand elle fut montée dans la chambre,
Son fils aîné était endormi.
A son fils cadet elle a dit:

15. - Donne à ton frère le premier coup
Je donnerai le second et le dernier
Le second et le troisième pour le tuer. -

16. Le jeune fils a dit
A sa mère en entendant cela.:

17. - Je n'ai pas le courage, ma mère
De frapper mon frère quand il dort.

18. - Voilà le nourrisson que j'ai élevé:
Il ne donnera pas même un coup à ma demande.

19. - Non ma mère. Mais il en va autrement
Quand vous m'enseignez à faire le bien. -

20. Il n'avait pas fini de parler,
Que son frère Hélène (aîné?) se réveille.

21. Il s'est jeté à genoux.
Et a imploré la pitié de sa mère.

22 - Pour l'amour de Dieu, ma mère ne me tuez pas
Avant que je n'aie parlé à un prêtre!

23. - Tu n'auras ni prêtre, ni diacre,
Il te faut mourir maintenant.

24. - Pour l'amour de Dieu, ma mère ne me tuez pas
Je vous ferai (créerai) Dame puisque vous ne le fûtes pas:

25. J'ai les rentes de neuf moulins:
J'y renoncerai à votre profit.
J'entrerai au sevice du roi (à l'armée).

26 - Dis ton "in manus", si tu veux.
C'est ici le lieu de ta mort.

27. - Si l'on vous a donné le mauvais conseil de me tuer,
, Conduisez-moi au moins à l'écurie
Que mon cheval voie mon martyre

28. - J'ai des chiens courants et des lévriers
Qui lècheront le sang sur le sol. -

29. - In manus tuas, Domine...
Jésus, recevez mon âme.
Dans le creux de vos deux mains et portez-la au ciel! -

30. Henriette Rolland redescend,
Du sang plein ses chaussures.
Au point de gicler sur ses bas.

31. Henriette Rolland disait
A sa petite servante, ce soir-là:

32. - Va-t-en vite chercher du vin
Pour le seigneur Hélène qui est très malade,
Et il en boira un peu.

33. Si tu rencontres Kermenguy,
Ne lui parle pas de cette commission. -

34. Elle n'était pas à dix pas de la maison
Qu'elle rencontra le seigneur Kermenguy.
Lequel interrogea la servante.

35. Il demanda à la petite servante:
- Où donc vas-tu à cette heure de la nuit?

36. - Chercher du vin pour mon maître malade
Afin qu'il en boive une gorgée.

37. - Qu'est-il arrivé à mon cousin Hélène
Pour qu'il lui faille une goutte de ton vin blanc?

38. - Si vous vouliez ne point me dénoncer
Je vous dirais ce qui est arrivé:

39. Il est dans son cercueil, soigneusement refermé
Depuis le coup de minuit. -

40. Kermenguy, en entendant cela,
S'en fut chez son cousin Hélène.
Et il a dit "Bonne nuit!":

41. - Bonne nuit et joie à tous en cette maison!
Mon cousin Hélène, où est-il?

42. - Il est couché. Il dort à poings fermés.
Parlez bas! Ne le réveillez pas!
- Qu'il soit ou non dans son lit

43. Mon cousin Hélène, je le verrai ce soir,
Dût-il être déjà enfermé dans son cercueil...

44. - Mais mon coeur ne supporterait pas
De voir qu'on ouvrît le cercueil de mon fils...

45. - Pourquoi votre coeur ne supporterait-il pas
Qu'on ouvrît le cercueil de votre fils,
Alors qu'il a supporté de le tuer? -

46. Il n'avait pas achevé ces mots,
Que la cour était pleine de chevaux.
On venait arrêter Henriette Rolland.

47. Henriette Rolland alors pleurait
Et personne ne la consolait.
Sinon un jeune gendarme:

48. - Taisez-vous, Henriette Rolland, ne pleurez pas
Nous sommes venus vous chercher pour être témoin à une "entrevue",

49. Pour être témoin à une entrevue avant mariage,
Qui a lieu aujourd'hui au Pont-Blanc -

50. Henriette Rolland dit à son cocher,
A son cocher, ce matin-là :

51. - Prépare-moi ma jument d'amble blanche!
Passe-lui une bride d'argent,
Que je sois belle pour aller à l'entrevue.

52. Le cocher a dit
A sa maîtresse quand il l'a entendue :

53. - Si vous n'avez pas encore fait vos adieux, faites-les.
C'est à la prison de Vannes que vous allez. -

54.
Personne ne croisa leur chemin (leurs allées).

55. Si ce n'est le seigneur Keriber
Qu'elle héla (croisa) en proie au délire:

56. - Essaye de sauver la vie de celle qui t'a nourri! -
Mais il était venu trop tard.
Henriette Rolland est décapitée.

57. Le seigneur Kermenguy disait
A Kertanguy ce jour-là:

58. - Si elle avait nourri, ne serait-ce qu'un de mes chiots
Je l'aurais sauvée de la potence.

59. Ce n'est pas l'argent qui m'aurait manqué,
Dussé-je avoir vendu tous mes biens,
Pour sauver la vie de celle qui l'aurait nourri. -

Traduction Christian Souchon

- VANNES:

5° Abbé F. Cadic (CA): "La dame de Pontcallec", "Paroisse Bretonne de Paris" août 1906, anonyme, Melrand.

1. Ha bremen é hés ur fal vuhé
A pe lah ur vam é bugalé. bis)

2. A pe lah ur vamm é bugalé
Intron Pontkallek e lah é ré.

3. Ha lahet é dés é mab kohan
Aveit lakat minour er iouankan.

4.Lakeit e dés bet e mab d'er marù
Ha choéjet de vinour ur bastard.
***
5. - Me mabig iouankan, dein e laret
De lahein hou prér kohan é iet? -

6. Ha éon kemeret ur goutellas
De lahein é vrer kohan é as.

7. - Men brérig peur, dein-mé é laret:
Men éma en droug e zemanter?

8. Etré mé fen, etré me halon
E hés un droug kontrel ha poézon.

9. -Me més-me moiand d'er lezeuen:
Passet dremen diar er riolen.

10. - Oh! men brérig keh, mar me haret
Get hou koutel bras me lahet ket!

11. Lausket hui é vuhé get hou prér,
Ha éon rei doh lod a seih manér. -
***
12. - Me mabig iaouankan dein é laret:
Lahet e hués éon pe ne hués chet?

13. - Ne pas, me mam, mes chet er lahet,
Rak me halon beur me lauské ket.

14. Rak me halon beur me lauské ket:
Ag er mem goed é hom bet sauet. -

15. - Sellet-ta petra er vugalé
Pe ne ran ket pé larér dehé. -

16. Ha hi de gemer ur goutellas
De lahein é mab kohan é as.

17. - Me mabig ke, dein mé é laret:
Men ema en droug e zemantet?

18. - .Etré mé fen, etré me halon
E hés un droug kontrel ha poézon.

19. -Me més-me moiand d'er lezeuen:
Passet dremen diar er riolen.

20. - Oh me mammig kaer, ma me haret,
Ar léren hon kambr me lahet ket.

21. Me més ur goéd ru ha brillant
Hag e gousio léren hou kambr.

22. - Me més mé chas vad ha levréri
E lipo te hoéd, pen taulehi. -
***
23. Me mabig iouankan, dein e laret
De glah guin d'hou prér kohan é aet.

24. Kerr't de vorh Meslan fonnabl ha béan
De glah guin d'hou prér chomet gal glan. -
***
25. - Markis Pontkallek, laret dein mé
Emen é et hui fonnnabl el-sé?

26. - E an de vorh Meslan d'er béannan
De glah guin d'em brér zo chomet klan.

27. - Markis Pontkallek, geu e laret
Des chet tri dé hués bet eon kuhet. -

1. Voici maintenant une triste vie
Puisque la mère tue ses enfants.

2 Puisque la mère tue ses enfants.
Mme de Pontcallec tue les siens.

3. Elle a tué son fils aîné
Pour donner l'héritage au cadet.

4. Elle a mis son fils à mort
Elle a choisi un bâtard pour héritier.
***
5. - Mon fils le plusjeune, dites-moi:
Vous irez tuer votre frère aîné. -

6. Et lui de prendre un coutelas
Et d'aller tuer son frère aîné.

7. - Mon pauvre frère, à moi vous le direz:
Où est le mal dont vous souffrez? -

8. - Entre ma tête, entre mon coeur,
Il y a un mal terrible et du poison.

9. - J'ai le moyen d'y remédier:
Passez ici à travers le ruisseau.

10. - Oh, mon frère chéri, si vous m'aimez,
Ne me tuez pas avec votre grand couteau,

11. Laissez la vie à votre frère,
Et il vous donnera une part dans sept manoirs. -
***
12. - Mon fils le plus jeune,dites-le moi:
L'avez-vous tué ou ne l'avez-vous pas tué?

13. - Non ma mère, je ne l'ai pas tué:
Car mon pauvre coeur ne me l'a pas permis.

14. Car mon pauvre coeur ne me l'a pas permis.
Nous sommes issus du même sang.

15. - Voyez donc ce que sont les enfants
Quand ils ne font ce qu'on leur commande. -

16. Et elle de saisir un coutelas
Et d'aller tuer son fils aîné.

17. - Mon fils chéri, dites-le moi:
Où est le mal dont vous vous plaignez?

18. - Entre ma tête, entre mon coeur,
Il y a un mal terrible et du poison.

19. - J'ai le moyen de le guérir:
Passez ici à travers le ruisseau.

20. - Oh! ma chère mère, si vous m'aimez,
Sur le plancher de votre chambre ne me tuez pas.

21. J'ai un sang rouge et brillant
Qui salira le plancher de votre chambre;

22. - J'ai de bons chiens, des lévriers
Qui lècheront ton sang quand tu le verseras. -
***
23. - Mon fils cadet, dite-le moi,
Vous irez chercher du vin à votre frère aîné.

24. Allez au bourg de Meslan vite et vite,
Chercher du vin pour votre frère resté fort malade. -
***
25. - Marquis de Pontcallec, dites-le moi,
Où allez-vous si promptement?

26. - Je vais au bourg de Meslan au plus vite
Chercher du vin à mon frère tombé malade.

27. - Marquis de Pontcallec, vous mentez,
Il n'y a pas trois jours que vous l'avez caché. -

6° La Villemarqué (LV): "Ann Itron Ponker", "Carnet de Keransquer N°2", p. 161-165, Annette Le Moine, avant 1845 à Nizon.
auxquelles on peut ajouter 2 versions collectée récemment:

7° Yann-Fañch Kemener (KE): "Aliet Roland", "Carnets de route,1996", p. 306-307, Françoise Méhat, 12.11.1982 à Laniscat, Vannetais.

"Aliet Roland" chanté par Françoise Méhat de Laniscat, le 12.11.1982

1. Kri'at er mammoù a lah o bugale!
Aliet Roland a lah hi re. (bis)

2. Aliet Roland a lah hi mab kossañ
Wit lakaat ôtraoù an diwezhañ,

3. Wit lakaat ôtraoù hi mab kade;
Marvet he-deus ha n'he-deus ket groêt.

4. Pa 'n ê Aliet gant ar viñs da grec'h,
Ar gontelasenn war goupl he brec'h:

5. "Na skoet c'hwi, ma mab, an tôl kentañ,
, Me a rey an eil, an diwezhañ,
Hag eñ en echuo mar gallan.

6. - Biken n'am-bo ar galon da skeiñ ma breur
Ken c'hwek hag evel eman kousket !

7. - Ma mamm, lesk c'hwi ganin ma buhe',
Kentoc'h me a guitey ar c'hontre.

8. Kentoc'h me a guito ma bro
Ha lezo ganac'h ma holl vadoù !"

9. Pa dê Aliet gant ar vi fis d'an traou
A choke ar gwed en hi boetoù.

10. "0! pachig, pachig, pachig bihan.
Kerzh da glask gwin d'ho mestr zo chomet klañiv.
Met eafi 'nivo takenn anezhañ."

11. Na pa oe gant an hent avañset.
Tri denchentil an neus rafikontret:

12. "0! pachig bihan, din a lâret,
Na deus menn e teuet, na menn eh et?

13. - 'H an da glask gwin d'am mestr zo chomet klañv,
Met eafi 'nivo takenn anezhañ.

14. - Petra zo gantañ erruet ?
Nihour diwezhat 'moemp-añ gwelet!

15. - Tudchentil. eme. na ma diskuilhet ket,
Lahet e' 'vit an noz tremenet.

16. - Bonjour dac'h. c'hwi holl dud an ti-mañ
'N ôtroù Boajelin, 'menn 'mañ dre-mañ?

17. - Tudchentil. eme'i, na huchet ket.
Chomet e' gwall glañv 'vit an noz tremenet.

18. - Petra a neve' zo en ti-mañ
Pane' ar gwad deus ar boetoù-mañ?

19. - Bet on e tispleuñvat klujeri
Na da rein dezhañ da dejuniñ.

20. - 0 ! be't kontant an hani 'garo,
'N ôtroù Boajelin nimp a welo!

21. - Tudchentil, eme'i, ma' ma c'hrouget,
Na digant kerdad 'ma c'hrouget ket,

22. Ma c'hrouget kentoc'h digant sei' gwenn,
Na pa 'n 'efe pe'r skoed ar walenn.

23. - Digant kerdad sur a vihet krouget,
Na pa 'n 'efe dek skoed ar gourhed !"

1. Que les mères qui tuent leurs enfants sont cruelles !
Aliette Roland tue le sien. (bis)

2. Aliette Roland tue son fils aîné
Pour faire du dernier un seigneur,

3. Pour faire du cadet un seigneur;
Elle est morte et ne l'a pas fait.

4. Quand Aliette montait l'escalier,
Le couteau à la saignée de son bras:

5. "Frappez, mon fils, le premier coup,
Je donnerai le second, le dernier,
Qui l'achèvera, si je peux.

6. - Jamais je n'aurai le cœur de frapper mon frère
Si doux, et d'ailleurs il dort!

7. - Ma mère, laissez-moi la vie,
Je quitterai plutôt la contrée,

8. Je quitterai plutôt mon pays
Et vous laisserai tous mes biens!"

9. Quand Aliette descendait l'escalier,
Le sang bruissait dans ses souliers.

10. "Oh ! page, page, petit page !
Allez chercher du vin à votre maître,
Mais lui, il n'en boira goutte."

11. Quand il eut fait un bout de chemin,
Trois gentilhommes il a rencontrés:

12. "Oh! petit page, dites-moi,
D'où venez-vous, où allez-vous?

13. - Je vais chercher du vin à mon maître qui est malade,
Mais lui, il n'en boira goutte.

14. - Que lui est-il arrivé?
Hier soir, tard. nous l'avons vu !

15. - Gentilshommes. dit-il, ne me dénoncez pas.
Il a été tué la nuit dernière.

16. - Bonjour à vous tous. gens de la maison,
Le seigneur de Boisgelin où est-il?

17. - Gentilshommes, ne criez pas.
Il est tombé bien malade, la nuit dernière.

18. - Qu'y a-t-il de neuf dans cette maison
Pour que le sang coule de ces souliers?

19. - Je suis allée plumer des perdrix
Pour lui donner à déjeuner.

20. - Oh ! que cela plaise ou pas,
Le seigneur de Boisgelin, nous le verrons !

21. - Gentilshommes, dit-elle, si vous me pendez,
Ne me pendez pas avec des cordes,

22. Pendez-moi plutôt avec de la soie blanche,
Même s'il en coûtait quatre écus l'aune.

23. - Avec des cordes vous serez pendue,
Même s'il en coûtait dix écus la brassée!"

8° Ifig Le Troadec (TR): "Añriet Rolland", "Carnets de route 2005", p. 57, Léonie Lintanf, mai 1980 à Plestin-les-Grèves, Trégor.

La table B des chanteurs du Barzhaz
On savait que La Villemarqué avait collecté un chant de ce type, car il est mentionné par son fils Pierre, dans la biographie de son père qu'il publia tout d'abord en 1908, "La Villemarqué sa vie et ses oeuvres". On lit à la p.66 de l'édition de 1926:
" Le .'Marquis de Pont-calech et M. de Pontquer' qui tue son fils aîné pour·rendre son mineur aîné, chanté par Annette Le Moine, de la paroisse de Beusi (Bieuzy?), près Berné, en Vannes".
Ce passage est assorti d'une note:
( 1) "Contrefaçon évidente de la ''Mort du marquis de Pontcalec', chantée par une chanteuse ambulante qui avait probabllement mêlé deux chants ensemble, sans comprendre elle-même ce qu'elle chantait."
Il s'agit d'un extrait de la "table B" établie par la mère de La Villemarqué, une liste de chanteurs à citer dans la 2ème édition du Barzhaz, celle de 1845. Cette Annette Le Moine dont on ne sait rien (Il existe 2 Bieuzy dans la région, mais ils sont très éloignés de Berné), n'est créditée d'aucun autre chant.
Le texte ressemble effectivement beaucoup à celui publié par l"Abbé Cadic en août 1906, collecté à Melrand (juste à côté de Bieuzy, à une douzaine de km au SE de Pontivy) qui est en dialecte de Vannes.

Quelques déductions possibles
Du fait que Mme de La Villemarqué connaissait cette chanteuse, on peut peut-être déduire:

que 'Marquis de Pont-calech et M. de Pontquer..' doit se lire "Marquis de Pontcallec" et "Madame de Pontquer..."

qu'il s'agit de 2 chants distincts et non d'une "contrefaçon" ou d'un mélange involontaire comme l'affirme Pierre de La Villemarqué;

que ce pourrait être cette même Annette Le Moine qui enseigna à La Villemarqué l'"Elégie de Pontcallec" qui encadre l'autre chant:
- l'élégie commence page 158 / 87,et se poursuit sur les 2 pages suivantes.
- page 161 / 92 débute, le 2ème chant, signalé par un nouveau titre, "An Itron Ponker" (Mme de Pontquer) qui occupe les pages 161 à 164 (moitié supérieure de la feuille);
- page 164, un trait marque la fin de ce 2ème chant, suivi de 8 vers qui constituent la fin de l'Elégie. Cependant, du fait que la moitié de ces vers comprennent de nombreuses ratures et surcharges, on peut douter qu'il s'agisse de la dernière partie du chant noté au vol et voir dans cet ajout une création du collecteur;

que l'auteur de la gwerz "Madame de Pontquer" pensait certainement à la famille issue de Charles de Guer dont la châtellenie de Pont-Calleck fut érigée en marquisat en 1657 et resta en sa possession jusqu'en 1790. Le membre le plus illustre en est Clément Chrysogone exécuté en 1720. Le château de Pont-Calleck avait été assiégé par Mercoeur en 1591, il ne survécut pas à la révolution et dût être reconstruit dans les années 1880;

que les versions vannetaises parlent de "Pontcallec", alors que les versions du Léon et du Trégor nomment le jeune homme sacrifé par sa mère Boisgélin. Or la Noë Verte, à côté de Boisgelin en Pléhédel, appartenait aux Guer de Pontcallec. Y-F Kemener signale que "dans les ' Avanturio' de Jean Conan, il est question d'un marquis de Boisgelin (v. 6596): C'est lui qui ordonne d'épargner la vie du "citoyen sergent" capturé par les chouans, du côté de Saint-Nicolas du Pélem. en reconnaissance d'un service rendu par Conan; jadis celui-ci aurait sauvé la vie du marquis au passage de Frynaudour (Plourivo)...";

que La Villemarqué n'était plus dans les Montagnes Noires, mais avait rejoint Nizon, lorsqu'il nota ce chant.

1° "Tour an Arvor" publiée dans "Barzhaz Breizh de 1845" de La Villemarqué
2° "La dame de Pontcallec" publiée dans "Paroisse Bretonne " de l'Abbé François Cadic
3° "Alliet ar Rolland (Trégor)" publiée dans "Musiques bretonnes de M. Duhamel"
4° "Alliet ar Rolland (Hte Cornouaille)" publiée dans "Musiques bretonnes de M. Duhamel"
5° "Aliet Rolland" publiée dans "Carnets de Y-F. Kemener"
6° "Añriet Rolland" publiée dans "Carnets de route d' Ifig Le Troadec

An Itron Ponker

Madame de Pontquer

The Lady Pontquer