Le clerc de Rohan

The Clerk of Rohan

Dialecte de Cornouaille



  • Première publication, sous le titre de "Jeanne de Rohan" dans "La Bretagne ancienne et moderne" de Pitre-Chevalier (1844), puis dans l'édition du Barzhaz de 1845.
  • "...La mère de celui qui écrit ces lignes entendit chanter il y a 64 ans plusieurs couplets de la ballade... à une vieille femme de Névez appelée Marie Tanguy..."
    Cette indication tirée du Barzhaz, édition 1845, tome I, page 285 est évidemment reprise de la "Table B" rédigée par Mme de La Villemarqué où l'on peut lire: "Le Marquis de Rohan qui jette sa femme par la fenêtre: chanté par Marie Tangui de Kerlan en Névez, il y a 64 ans". Marie Tanguy était alors la bonne de la jeune Mme de La Villemarqué. On peut en déduire, puisqu'il est probable que la table B, la plus ancienne, date de 1844, que c'était en 1780 et que la petite fille, née en 1776, avait alors 4 ans.
    Dans la table A la ligne "Le Marquis de Rohan qui jette sa femme par" est rayée. Mais les lignes qui précèdent indiquent qu'un autre chant, "Les miroirs d'argent" lui fut chanté par la même Marie Tanguy en 1780.
    La chanteuse dont il s'agit est Marie Tanguy, épouse Le Bourhis (1725 - 1803), de Kerlan en Névez, ou Lustuminy en Nizon. (Cf. aussi Les miroirs d'argent).
    On ne sait trop pourquoi, Francis Gourvil considère comme impossible qu'une enfant de quatre ans éprouve une émotion musicale si vive qu'elle s'en souvienne 60 ans plus tard. Il feint de comprendre que c'est dès cet âge qu'elle fit une copie de la ballade et ajoute: "Il serait cruel d'insister sur un tel point..."
  • Noté deux fois dans le 1er carnet de Keransquer: pages 49 à 51, "Gwerz Markiz Kanjé" et pages 225-226, 229-230 et 247-252, "Kloarek Rohan".
  • Souvent collecté:
    - par Mme de La Villemarqué, sur son "cahier de recettes" , "Merc'hig koantig deus-a Vrehan" (Nizon, 1834?);
    - par De Penguern, t. 111, p. 227, "Markizez Du Gange";
    - dans la collection Lédan IV: "Gwerz ar Varkizez De Gange";
    - par Luzel, sous forme manuscrite: MS 16 (Q) "Markizez Degange" (Plouaret, 1849); MS 1021 (R) "Markizez Degangé" (Duault); MS 1022 (R) "Markizez Deganger"; MS 1023 (R) Markizez Ducange (Ploulec'h, 1849), et , publié dans ses "Gwerzioù", t. 1, "Markizez Degangé" (Plouaret, 1855, Île de Batz, 1854);
    - dans la collection Lamer, Ms 1024 (R): "Markizez Degange" (Ploumiliau, 1854);
    - par Laborderie, Ms 43680 (R), "Gwerz Markizez Ducangé";
    - par Milin dans la revue "Gwerin" 1, "Gwerz Radegond, Penn-herez Roc'han"
  • De g. à d.: Armes des Beauvau et des Rohan

    De g. à d.: Armes des Beauvau et des Rohan
  • First published, as "Jeanne de Rohan" in "La Bretagne ancienne et moderne" by Pitre-Chevalier (1844), then in the 1845 edition of the Barzhaz.
  • "...The mother of the author of these lines heard several stanzas of this ballad sung, 64 years ago, by an old woman from Névez whose name was Marie Tanguy..."
    This is an excerpt from the 1845 edition of the Barzhaz, Book 1, page 285 which was evidently derived from the "Table B" set up by Mme de La Villemarqué who stated: "The Marquis de Rohan who threw his wife out of the window: sung by Marie Tangui from Kerlan near Névez, 64 years ago." Marie Tanguy was then maid to young Mme de La Villemarqué. We may infer that Table B, the older one, dates from 1844; that it was in 1780 and that the little girl, born in 1776, was 4 years old at the time. In table A the line "The Marquis de Rohan who throws his wife" is crossed out, but the previous lines state that Marie Tanguy sung to her the "Silver mirrors" in 1780.
    The singer in question is Marie Tanguy wife of Le Bourhis, (1725 - 1803), from Kerlan near Névez or Lustiminy near Nizon. (See also The Silver Mirrors).
    For some reason or other, Francis Gourvil considers it impossible that a four year girl should experience so keen a musical emotion that she remembers it 60 years later. He pretends to understand that it was back then that she made a copy of the ballad and adds: "It would be cruel to lay stress on this point..."
  • Noted twice in the first Keransquer collecting book: on pages 49 to 51, "Gwerz Markiz Kanjé" and pages 225-226, 229-230 and 247-252, "Kloarek Rohan".
  • Often collected:
    - by Mme de La Villemarqué, in her "recipe book" , "Merc'hig koantig deus-a Vrehan" (Nizon, 1834?);
    - by De Penguern, t. 111, p. 227, "Markizez Du Gange";
    - in the Lédan collection IV: "Gwerz ar Varkizez De Gange";
    - by Luzel, as MSs: MS 16 (Q) "Markizez Degange" (Plouaret, 1849); MS 1021 (R) "Markizez Degangé" (Duault); MS 1022 (R) "Markizez Deganger"; MS 1023 (R) Markizez Ducange (Ploulec'h, 1849), and , published in his "Gwerzioù", t. 1, "Markizez Degangé" (Plouaret, 1855, Island Batz, 1854);
    - in the Lamer collection, Ms 1024 (R): "Markizez Degange" (Ploumiliau, 1854);
    - by Laborderie, Ms 43680 (R), "Gwerz Markizez Ducangé";
    - by Milin in the periodical "Gwerin" 1, "Gwerz Radegond, Penn-herez Roc'han"


  • Ton
    (Mode Hypodorien)

    Français English

    1. Seule héritière des Rohan, hélas!
    Seule héritière des Rohan,
    C'était une charmante enfant.

    2. A douze ou treize ans, consentit
    Que l'on lui propose un mari.

    3. N'en voulut choisir, si ce n'est
    Parmi barons et chevaliers.

    4. Parmi chevaliers et barons
    Qui défilaient en sa maison.

    5. Nul ne trouva grâce à ses yeux
    Si ce n'est le baron Mathieu

    6. De la famille de Beauvau
    Dont l'Italie est le berceau.

    7. Celui-là sut gagner son cœur
    Epris de droiture et d'honneur.

    8. Elle était heureuse avec lui,
    Et depuis trois ans et demi,

    9. Quand il reçut commandement
    D'aller guerroyer en Orient.

    10. - Moi qui suis du plus noble sang
    Je dois partir au premier rang.

    11. Et c'est pourquoi, gentil cousin,
    Je confie ma femme à tes soins,

    12. Mon épouse et mon fils si cher.
    Aie donc bien soin d'eux, mon bon clerc! -

    13. Dès le lendemain, il partait
    Sur son cheval, tout équipé,

    14. Quand soudain, vient à lui la dame
    Qui descend l'escalier en larmes.

    15. Elle vient avec son enfant
    Et pousse des gémissements,

    16. S'approche de son cher époux
    Et le saisit par le genou

    17. Qu'avec son bras elle retient,
    Laissant éclater son chagrin.

    18. - Mon cher seigneur, écoutez-moi,
    Si vous m'aimez, ne partez pas! -

    19. Prenant en pitié son chagrin,
    Le voilà qu'il lui tend la main,

    20. L'enlève de terre et la fait
    Asseoir sur le cou du coursier;

    21. Sur son cheval l'a fait asseoir
    L'embrassant pour lui rendre espoir.

    22. - Jeannette, il ne faut pas pleurer,
    Car dans un an je reviendrai. -

    23. Puis il prit son fils de dessus
    Les genoux de sa femme, ému.

    24. Il le prit entre ses deux bras
    Avec amour le regarda:

    25. - Quand tu seras grand, tu viendras
    Mon fils, à la guerre avec moi! -

    26. Lorsque de la cour il sortit,
    Grands et petits poussaient des cris.

    27. Si tous pleuraient, petits et grands,
    Le clerc ne pleurait nullement.

    II
    28. Le clerc malhonnête s'en vint
    Trouver la dame un beau matin:

    29. - L'année bientôt touche à sa fin
    La guerre à présent est bien loin.

    30. Qu'est devenu votre mari?
    Il ne fait plus parler de lui?

    31. Répondez-moi, dame ma sœur,
    Que vous conseille votre cœur?

    32. Serait-ce la mode à présent
    Qu'on restât veuve d'un vivant?

    33. - Tais-toi, clerc maudit, clerc damné!
    Ton cœur déborde de péché.

    34. Mon époux serait au château,
    Qu'il viendrait te briser les os!

    35. Le clerc qui se le tint pour dit,
    S'en fut, en secret, au chenil.

    36. Il se saisit du lévrier
    De son seigneur pour l'égorger.

    37. Une fois son crime commis,
    Avec le sang il écrivit

    38. Une lettre, au maître adressée,
    Qu'il lui fit tenir à l'armée.

    39. Dans cette lettre il lui disait:
    "Votre femme a l'air bien navré.

    40. "C'est qu'un grand malheur s'est produit
    Qui nous attriste tous ici.

    41. "Chassant la biche, elle a crevé
    Votre lévrier préféré."

    42. Mathieu prit la lettre et la lut,
    Et aussitôt a répondu:

    43. " Dites-lui que cela n'est rien;
    Que je possède assez de bien;

    44. " Qu'un autre chien sera là pour
    Le remplacer, dès mon retour;

    45. " Et dites-lui de moins chasser:
    Pour que les chasseurs aient la paix. "

    III
    46. Le méchant clerc s'en vint bientôt
    Trouver sa pupille à nouveau:

    47. - A quoi bon perdre sa beauté
    A, nuit et jour, ainsi pleurer?

    48. - Ma beauté n'est pas mon souci
    En l'absence de mon mari.

    49. - Il ne viendra plus, je crains fort.
    Il est, soit remarié, soit mort.

    50. Il est des filles en orient,
    Belles et bien pourvues d'argent.

    51. De ces guerres d'orient, hélas,
    Plus d'un, souvent, ne revient pas.

    52. S'il s'est marié, qu'il soit maudit!
    Mais mort, il mérite l'oubli!

    53. - S'il s'est marié, je veux la mort!
    S'il est mort, je la veux encor!

    54. - Pour en avoir perdu la clef,
    Qui voudrait son coffre brûler?

    55. Mieux vaut clef neuve, à mon avis,
    Qu'une vieille, je vous le dis.

    56. Va-t-en, clerc! Chargée de luxure,
    Ta langue impudique suppure! -

    57. Le clerc, courroucé par ces mots,
    A l'écurie court aussitôt,

    58. Et il y trouve le cheval,
    Du seigneur. Superbe animal,

    59. Blanc comme un œuf. Au doux pelage.
    Vif, mais léger comme un nuage.

    60. Point de fourrage, si ce n'est:
    Seigle vert et ajonc pilé!

    61. L'ayant considéré, le clerc
    Enfonce sa lame en son cœur.

    62. Puis, quand il est mort, le félon
    Adresse une lettre au baron:

    63. "Un nouveau malheur ici vient
    D'arriver, ne vous fâchez point!

    64. Votre cheval hier est rentré
    D'une fête, tibias brisés. "

    65. Et le baron lui répondit:
    "Mon cheval est mort? Se peut-il?

    66. "Mon cheval tué! Crevé mon chien!
    Il faut la conseiller, cousin!

    67. Ne la grondez pas, cependant!
    Mais plus de fêtes à présent!

    68. Enrichissant les maquignons,
    Elles menacent les unions."

    IV
    69. Peu de temps après cet orage,
    Notre clerc revient à la charge.

    70. - Dame, vous allez m'obéir,
    Sinon je vous ferai mourir!

    71. - J'aime mieux mourir mille fois,
    Que de mon Dieu braver la loi. -

    72. A ces mots, l'impudique clerc
    De colère devient tout vert,

    73. Dégaine son poignard qu'il jette
    A la tête de la pauvrette.

    74. L'ange blanc qui veillait sur elle,
    A détourné l'arme mortelle.

    75. Elle, tremblant de tous ses membres,
    Fuit et s'enferme dans sa chambre.

    76. Du mur détachant le poignard,
    Voilà que le forcené part,

    77. Descend l'escalier jusqu'en bas,
    Deux ou trois marches à la fois,

    78. Et chez la nourrice, voici
    Qu'il entre, où dans son petit lit,

    79. Dans la pénombre l'enfant dort
    Seul, un bras pendant au dehors

    80. Du lit, tandis que l'autre reste
    Sous sa tête, en un gracieux geste

    81. Et que son cœur est découvert...
    L'heure est venue des pleurs amers!

    82. Le clerc remonte en son logis.
    En rouge et en noir il écrit

    83. Tout d'une traite à son seigneur:
    "Il arrive un nouveau malheur!

    84. "Au château veuillez revenir
    Pour l'ordre en ces lieux rétablir!

    85. "Qu'un chien, qu'un coursier blanc soient morts,
    C'est bien triste, mais passe encor!

    86. "Mais il y a pire, pourtant:
    La mort de votre propre enfant!

    87. "La grande truie l'a dévoré
    Alors que votre femme était

    88. Au bal avec un meunier blanc,
    Planteur de rosiers, son amant!"

    V
    89. Quand le baron reçut la lettre,
    Il avait pris, campagne faite,

    90. Déjà le chemin du retour
    Au son des fifres, des tambours.

    91. Il eut bien du mal à la lire,
    Et rester maître de son ire.

    92. Et lorsque enfin il y parvient
    Il l'a froisse entre ses deux mains

    93. Et pour exorciser son mal
    La piétine avec son cheval.

    94. - Vite, écuyer! Plus vite encor,
    Ou je te transperce le corps! -

    95. Et il parvient enfin au terme,
    Frappe trois coups à la poterne,

    96. A la poterne trois grands coups
    Dont tressaillent toutes et tous.

    97. Et notre clerc qui les entend,
    Vient ouvrir la porte en courant:

    98. - N'est-tu pas, maudit clerc, l'infâme
    A qui j'avais confié ma femme? -

    99. Entré par la bouche du clerc,
    Par la nuque ressort le fer!

    100. Mathieu monte les escaliers,
    Et dans la chambre il s'est jeté,

    101. Avant que sa femme ait parlé,
    Son pauvre cœur est transpercé!

    VI
    102. - Seigneur prêtre, dites, tantôt,
    Que vîtes-vous donc au château?

    103. - Un deuil, une douleur amère,
    Comme il n'en fut jamais sur terre.

    104. J'ai vu mourir une martyre
    Et son bourreau, contrit, expire.

    105. - Et, Seigneur prêtre, au carrefour,
    Qu'avez-vous vu, dites, ce jour?

    106. - Des chiens, des corbeaux sans vergogne
    Se disputer une charogne.

    107. - Au cimetière, au clair de lune,
    N'avez-vous vu merveille aucune?

    108. - Si. Sur une tombe nouvelle,
    Une dame en blanc, toute belle.

    109. Sur ses genoux un tendre enfant,
    Le cœur percé cruellement,

    110. A sa droite un brun lévrier,
    Et à sa gauche un blanc coursier.

    111. Le premier, la gorge tranchée,
    Le second, poitrine percée.

    112. L'un et l'autre la tête penchent
    Afin de lécher sa main blanche.

    113. Elle les caresse longtemps,
    L'un après l'autre, en souriant.

    114. L'enfant, avide de tendresse,
    Couvre sa mère de caresses.

    115. Lorsque la lune se coucha
    Je ne vis plus rien ce soir-là,

    116. Mais j'ouïs le rossignol de nuit
    Chanter le chant du paradis.

    Traduction Christian Souchon (c) 2011

    1. There was to the house of Rohan, alas,
    There was to the house of Rohan
    No daughter left but she alone.

    2. When she was twelve or thirteen years,
    To choose a husband she agreed.

    3. She agreed to become the bride
    Of a baron or of a knight,

    4. To choose among knights and barons,
    Who came on visits to her home.

    5. No one pleased her among these few,
    Except the bold Baron Matthew,

    6. The squire of Beauvau only,
    A mighty man from Italy.

    7. Won her heart by his loyalty
    His righteousness and courtesy.

    8. The happiness of the two has
    Lasted for three years and a half,

    9. A call to join in a crusade
    In the Orient to all was made.

    10. "Since I am of highest degree,
    The first to go I must needs be.

    11. And therefore, my cousin, I must
    Now my dear wife to you entrust.

    12. To you my wife and son entrust:
    Good clerk. take good care of them both! "

    13. Early next morning, when he left
    Well mounted, well equipped and deft,

    14. The lady, suddenly, in tears
    Was seen, as she rushed down the stairs.

    15. Sobbing, the lady good and mild
    And bearing in her arms their child.

    16. She came, as everyone could see,
    Near her husband and hugged his knee.

    17. How she grasped and held on fast
    His knee that in her tears she bathed!

    18. - O my dear lord, O my own one,
    In God's name, don't leave me alone! -

    19. The lord looked at her tenderly
    And he reached her his hand fairly.

    20. He lifted her up off the ground
    In his arms and sat her in front.

    21. On his horse and he endeavoured,
    Kissing her fondly, to cheer her.

    22. - Do stop crying, my Jenny dear,
    You know I'll be back in a year.

    23. Then he lifted the baby up
    That sat upon its mother's lap.

    24. He hold it tight in his strong arm,
    Was held by it, under a charm!

    25. - My son, you shall, when you're of age,
    Follow your father and war wage. -

    26. And when he rode out of the yard,
    Everybody was crying hard.

    27. Young and old alike cried a lot
    All, except the clerk who did not.

    II
    28. The perfidious clerk was saying
    To the young lady, one morning.

    29. - The year now has come to an end.
    So has the war, I understand.

    30. The war must to an end have come
    Yet your husband does not come home.

    31. Answer me, my lady sister,
    How the odds are, did you ponder?

    32. Is it in fashion for women
    To widow their living husbands?

    33. - Be silent, be silent wretched clerk!
    Full of abject sin is your heart!

    34. You would, if he were in this house,
    Get a good thrashing from my spouse. -

    35. The nasty clerk when he heard it
    Went to the kennel in secret,

    36 Where he found his master's greyhound:
    And with his knife he cut its throat.

    37. And once the poor greyhound was killed
    Into its blood he dipped his quill,

    38. And wrote a letter right away
    To his master in the army.

    39. And the letter read as follows:
    "Your wife, dear lord, is in sorrows,

    40. " Such deep sorrows did your dear wife
    Never experience in her life.

    41. " While doe-hunting her horse has run
    Over and killed your fawn greyhound."

    42. The baron read through the letter
    And he gave at once this answer:

    43. "Tell my wife she should not worry
    Since we still have enough money,

    44. " What does it matter if my fawn
    Greyhound died? I'll buy a new one.

    45. " Yet she should avoid doe-hunting
    That's for stag-hunters confusing. "

    III
    46. Nefarious as he was, again
    The clerk returned to woo the dame.

    47. - What is the use of your wasting
    Your good looks with ceaseless crying?

    48. - For my good looks I do not care.
    As long as my lord is not there.

    49. - I think it's time to plan ahead:
    Again he's married or he's dead.

    50. The Orient is a country which
    Has girls that are both nice and rich.

    51. They know there nothing but warfare.
    That's why so many will die there.

    52. If he's remarried, let's him curse!
    If dead, forget him. No remorse!

    53. - I'll die, if he marries again.
    If he dies I shall die in pain.

    54. - No one burns a chiselled chest just
    Because the key to it is lost.

    55. And I consider a new key
    Better than one old and rusty.

    56. - Be gone, be gone, immodest clerk!
    Wrong lust with your tongue is at work!

    57. When with that rebuff he had met,
    The clerk stole to the stable yet.

    58. And he found his master's horse there,
    In all the land beyond compare.

    59. Its hide, like an egg white and smooth,
    With bird-like gait and fiery foot,

    60. It never ate another food
    Than crushed gorse or barley stewed.

    61. He pondered on it for a while
    And then he stabbed it with his knife.

    62. When the unhappy horse was dead
    He wrote a new letter that read:

    63. "A new misfortune befell us,
    Here in the castle, (don't be cross!)

    64. "As she came from a night party,
    Your horse broke its legs suddenly."

    65. The baron wrote: "How can it be
    That my horse died so abruptly?

    66. " My horse is dead! My hound is dead!
    Earnest word to her must be said!

    67. " Yet, don't scold her, cousin, for it
    But she must give up such frolics

    68. " As make not only horses' legs,
    But marital unions need pegs."

    IV
    69. Soon afterwards it happened that
    The bad clerk resumed the combat:

    70. - Now you are going to comply
    With my wish, Madam, or you die!

    71. - I prefer, aye, a thousand times,
    To die, rather than commit crimes. -

    72. Hearing these words the lustful snake
    Feels a wrath that him overtakes:

    73. He unsheathes his dirk and flings
    It at the head of the poor being.

    74. But the white angel of the dame
    Dodged the knife that hit a glass pane.

    75. The poor woman took to her heels
    And locked the door behind her well.

    76. He picked up his dirk at one bound,
    Furious like a rabid hound.

    77. He rushed downstairs for a new crime,
    Two steps or three steps at a time.

    78. And to the nurse's room went straight
    Where the child in its cradle slept.

    79. In it the child by its lone slept
    Its arm hanging out of the bed.

    80. With one small arm out of the bed,
    The other bent under its head,

    81. Its little heart uncovered laid...
    Alas! Sour tears, mother, you'll shed!

    82. Upstairs, in black and red he wrote
    For his master, straightway, a note.

    83. Yes, he wrote, the dastardly loon,
    "Hurry up, lord, and return soon!

    84. " Come to the manor hastily
    To put here things straight and tidy!

    85. " Your hound was killed, so was your horse,
    Now I complain of something worse,

    86. "You will, too, when this note you've read:
    Your little boy, alas!, is dead!

    87. "The big sow has devoured it all
    While your wife was gone to a ball,

    88. "With her sweet-heart, the miller who
    Acts here as her rose gardener, too. "

    V
    89. The note was handed to the knight
    Who had fought the ultimate fight.

    90. And was merrily coming home
    With beating drums and sounding horns.

    91. As he went along the letter
    The knight he flared up with anger.

    92. When he had read it to the end,
    He has screwed it up in his hands,

    93. Then with his teeth to pieces torn,
    And thrown for his horse to tread on.

    94. - Hurry up, squire! To Brittany!
    Or I shall stab you presently! -

    95. When to his home he came, the lord
    Knocked three times at the yard door.

    96. Three hits he made with the knocker.
    All were upset in the manor

    97. The clerk heard the knocks on the floor
    And rushed down at once for the door:

    98.- Accursed clerk! You pledged your life!
    I entrusted to you my wife! -

    99. He drives his lance into his throat,
    Down to his neck, all the way through.

    100. He rushes up the flight of stairs
    Into his wife's room he repairs.

    101. Before she could utter a word
    He had slain her with vengeful sword.

    VI
    102. - Reverend priest, will you tell me,
    In the manor, what did you see?

    103. - I saw... I saw a distress such
    As may be found nowhere on earth:

    104. I saw, a poor martyr who died.
    Her rueful slayer nearly expired.

    105. - Reverend priest, of things so sore
    At the crossroads did you see more?

    106. - I saw some putrid carrion
    That by dogs and ravens was torn.

    107. - What did you see in the churchyard,
    When it was lit by moon and stars?

    108. - I saw a lady clad in white,
    Sitting on a new grave, that night,

    109. With a fair child upon her lap
    Whose heart was pierced by a stab.

    110. To her right stood a fawn greyhound.
    To her left a charger was bound.

    111. The throat of the former was cut.
    From the latter's chest sagged the guts.

    112. Both of them held forward their heads
    To lick her hands and to be fed.

    113. She did stroke them alternately
    And she smiled to them so mildly.

    114. And her son, jealous, as it were,
    With his little hand did stroke her.

    115. And when the full moon came to set,
    There was to be seen nothing left,

    116. But I heard the bird of the nights
    Singing the song of paradise.


    Transl. Christian Souchon (c) 2008
    brezhoneg
    Cliquer ici pour lire les textes bretons (versions imprimée et manuscrite).
    For Breton texts (printed and ms), click here.


    Résumé
    Le clerc de Rohan profite de l'absence de Mathieu de Beauvau pour faire des avances à sa femme Jeanne qui le repousse.
    Pour se venger, il tue le lévrier du seigneur et dans une lettre qu'il lui adresse en impute la faute à son épouse.
    Il renouvelle, avec le même insuccès, ses tentatives de séduction puis poignarde le cheval blanc du seigneur, perte dont il rend à nouveau la dame responsable.
    Troisième tentative, troisième refus: le clerc essaye de frapper la dame de son poignard mais celle-ci l'évite et s'enfuit. Alors le criminel immole l'enfant dans son berceau et à nouveau annonce
    au père cette mort dont il accuse la châtelaine.

    Le baron revient au château, commence par enfoncer sa lance dans la bouche ouverte du clerc pour le punir d'avoir si mal surveillé sa femme, puis transperce cette dernière de son épée.

    Au cimetière, à la clarté de la lune et des étoiles, on vit une dame vêtue de blanc, assise sur une tombe nouvelle, un bel enfant sur ses genoux, le cœur percé de part en part.
    A sa droite, un lévrier fauve, un coursier blanc, à sa gauche: le premier la gorge coupée, le second, le poitrail percé; et ils allongeaient la tête et ils léchaient ses mains douces, et elle les caressait l'un après l'autre en souriant, et l'enfant, comme s'il eût été jaloux, caressait lui-même sa mère.

    Puis la lune se couche, et l'on ne voit plus rien, mais, dit le narrateur:
    "J'entends le rossignol de nuit
    Chanter le chant du paradis."
    "M'am-eus klevet an eostig-noz
    O kana gwerz ar baradoz"

    Les éléments de départ
  • Bien qu'il n'apparaisse que dans la seconde édition du Barzhaz, en 1845, ce chant était connu de La Villemarqué bien avant 1839. Sa mère, Marie-Ursule Feydeau du Plessix-Nizon, l'avait appris, en 1780, de sa bonne, Marie Tanguy, de Kerlan en Névez. On le trouve transcrit de la main même de sa mère, annexé à un cahier de recettes (cf. Version A, texte breton).
  • A cette source, il faut en ajouter une autre (version B) tirée du 1er carnet de collecte (1834 - 1840).
    Cette version du chant est assez proche de la précédente où le nom du mari assassin n'est pas cité, si ce n'est qu'ici la demoiselle de Rohan refuse de se marier...
    "Ken a zeue Markiz Cangé,
    Un den reputet e kontré"
    (jusqu'à ce que paraisse le marquis de Cangé,
    Un homme réputé dans cette contrée.)
    Au bout de trois ans, celui-ci doit partir combattre et confie son épouse à son frère Ponce-Pilate. Indignée par les avances que lui fait celui-ci, la dame écrit à son mari, mais Ponce-Pilate la devance et écrit qu'il s'est passé quelque chose à l'écurie. Cangé revient et massacre ses enfants et tous les gens de sa maison, en commençant par le garçon d'écurie. La dame écrit avec son sang à sa belle-mère, implorant son intervention. Le forcené ne l'écoute pas, commande à sa femme de monter dans la chambre blanche où il l'immole à son tour. La malheureuse monte au ciel et le marquis de Cangé ainsi que Ponce-Pilate savent qu'ils sont damnés.

    Le texte de La Villemarqué
    Outre ces deux manuscrits, sur un groupe de feuillets rajouté au cahier postérieurement à 1839, on trouve une troisième version (version C) qui n'est autre que celle publiée dans la deuxième édition du Barzhaz, celle de 1845, à quelques variations près. Il manque en particulier les huit premières strophes et une douzaine d'autres couplets (52 à 63).
    M. Donatien Laurent qui s'est attentivement penché sur ce texte, conclut qu'il ne s'agit pas d'une notation de terrain, mais d'une version, encore provisoire, d'un texte élaboré par La Villemarqué à partir de l'histoire de la Marquise de Cangé. "Il y a là", écrit-il (page 310 des "Sources"), "toute une imagerie "moyenâgeuse, des attitudes, des gestes, qui sont trop accordés avec l'esthétique des années 1830, pour ne pas nous mettre en éveil". Ce sont ensuite des arguments d'ordre graphique, linguistique et stylistique qui emportent sa conviction:
  • la graphie est calme et posée, la ponctuation et les majuscules bien en place, les ratures et surcharges laissent l'original bien lisible comme pour permettre un choix final entre deux formulations.
  • on observe un manque de cohérence dans le dialecte utilisé, par exemple l'emploi du mot vannetais "alken" dans un texte principalement cornouaillais, mais parfois trégorrois.
  • certaines tournures sont des barbarismes, quel que soit le dialecte auquel on se réfère, ou signifient le contraire de ce que veut dire l'auteur, comme ce "Ne ket, va map, pa vit en oad/ A zit d'ar brezel gant da dad?", strophe 25. De même, ce "ha ganti oa bannet", formulation de la strophe 73 dans le manuscrit, qui signifierait que c'est par la femme (ganti) qu'est lancé le poignard.
  • enfin, pour un bretonnant, la langue "manque étonnamment de vigueur et de consistance: les rimes sont faciles, les constructions banales... Rien à voir avec l'aisance nerveuse de l'expression, si sensible dans les textes manuscrits du 'Faucon' ou du 'Vassal de Du Guesclin'".
  • dernier indice: on n'observe aucune différence notable, ni dans l'expression, ni dans le récit avec la traduction française publiée en 1844 dans "La Bretagne ancienne et moderne" de l'historien Pitre-Chevalier, sous le titre "Jeanne de Rohan", puis, un an plus tard, dans la deuxième édition du Barzhaz, si ce n'est que le nom, "Ponce-Pilate" a été remplacé par l'expression "mauvais clerc".

    Erreur ou supercherie?
    Dans l'"argument" qui précède ce chant dans l'édition de 1867, La Villemarqué écrit: "[Ma] mère entendit chanter au siècle dernier plusieurs couplets...à une vieille femme de la paroisse de Nevez et...elle en fit une copie à l'aide de laquelle a été retrouvé le chant tout entier". Il faut donner au mot "retrouvé" un sens bien large pour accepter cette présentation des faits. "Inventé" serait en l'occurrence plus exact.
  • Le Barde commit l'erreur de ne pas se pencher sur le nom de "Cangé" qui apparaît dans la deuxième version du chant qu'il détenait. Il existe en effet quelque dix-huit versions de ce chant, recueillies dans la tradition orale, par Lédan, Penguern, Milin, Luzel, La Borderie, etc. où ce nom apparaît sous des formes différentes: Markizez du Gange, de Gange, Degangé, Ducange, Ducangé... Dans le Trégor, la chanson parle de deux mariages de l'héritière de Rohan, le premier avec un marquis Ani ou Kastelleni, le second avec le marquis Degangé. Ce dernier revient de guerre à deux reprises, pour le baptême de ses jumeaux, puis à la demande du "falz kulator", du faux curateur, expression changée en "Ponce-Pilate" (lequel était, comme on le sait, 'procurateur' de Judée). En Cornouaille et dans le Vannetais, c'est la version simplifiée qui prévaut, avec un mariage et un seul retour du marquis, lorsque celui-ci apprend par son frère la prétendue inconduite de sa femme. Mais il s'agit sans aucun doute de la même histoire.
  • C'est à Anatole Le Braz, dans une étude publiée dans "Les Mélanges d'Arbois de Jubainville" (pages 111-127) en 1906 que revient le mérite d'avoir montré que ces chants sont inspirés par l'assassinat, le 17 mai 1667 de Marie de Châteaublanc, fille unique du Marquis de Rossan (et non "Rohan") née en 1635, marquise de Ganges, près de Montpellier, par ses deux beaux-frères avec la complicité de son second mari, une des "Causes célèbres et intéressantes" consignée dans l'un des vingt volumes de la collection de ce nom composée par François Gayot de Pitaval (1673 - 1743) entre 1734 et 1743. Le Braz suppose que la transmission du fait divers jusqu'en Bretagne a peut-être été assurée par les journaux de colportage.
    La malheureuse victime du drame avait été mariée une première fois à treize ans à un Marquis de Castellane, puis en secondes noces au Marquis de Ganges, seigneur de Lanide qui habitait avec ses deux frères un château au pied des Cévennes, près de Montpellier. Elle bénéficia de l'éducation soignée évoquée dans les versions authentiques de la ballade et parut à la cour du roi Louis XIV qui fit danser plusieurs fois "la Belle Provençale". On possède d'elle un portrait de Pierre Mignard.
    Si cette histoire eut tant de retentissement, c'est en raison de la personnalité de la victime, qui, comme le suggère la version A de la ballade bretonne, avait vécu à la Cour jusqu'à la mort de son premier mari, le Marquis de Castellane, officier des galères, qu'elle fut appréciée du roi et amie de Mme de Sévigné qui parle d'elle dans une de ses lettres. C'est aussi parce que la famille de son second mari, Charles de Vissec de Latude, comte puis marquis de Ganges, était l'une des plus anciennes du Languedoc.

    Génèse du chant du Barzhaz
    La Villemarqué s'est engagé dans une fausse voie, pour avoir concentré son attention sur deux noms qui lui étaient fournis par ses manuscrits: Rohan et Tronjoly.
  • Chez un historien parfois sujet à caution, Dom Morice (1693 - 1750), il découvre l'existence d'une fille d'Alain de Rohan, 5ème vicomte de ce nom et d'Aliénor de Porhoët . Cette Jeanne avait épousé Macé (Mazé ou Mathieu) de Beauvau, fils du connétable de Naples, en 1236. Ce dernier avait accompagné le duc de Bretagne Pierre Mauclerc en Orient en 1240, en était revenu en 1241. Les "Preuves" annexées à l'ouvrage de Dom Morice contiennent une citation émise contre lui par l'évêque de Nantes, à comparaître, la même année, devant l'archevêque de Bourges pour répondre d'un "excès" (super inquisitione "excessuum") dont il s'était rendu coupable.
    Dans son "La Villemarqué" (1960), page 437, Francis Gourvil prend un malin plaisir à essayer, sans être absolument convaincant, de démontrer la fragilité de cette construction:
    "Alain V de Rohan, mort en 1232, eut bien une fille Jeanne, mais elle épousa un Mathieu "de Preuilly" et non "de Beauvau". L'édition de 1845 (t.1, p. 285) donnait pour père à Jeanne de Rohan Alain VI, époux d'Isabelle de Léon, mort en 1304.
    Le "Dictionnaire de la Noblesse" (t. II, 1776), à l'article "Beauvau" mentionne bien un Mathieu époux d'une Jeanne de Rohan dont on ne donne pas l'ascendance...Ce Mathieu vivait encore en 1281; il eut de sa femme trois enfants et fut enterré auprès d'elle...Or le drame relaté dans le "Clerc de Rohan" se serait déroulé en 1241."
  • Par ailleurs "Tronjoli" ou "Traoñyoli" - D. Laurent a recensé neuf lieux-dits portant ce nom en Bretagne, dont 5 en Cornouaille, 3 en Léon, 1 en Trégor - pourrait se traduire par "Beauvau" ou "Val joli" (même si le mot "yoli" n'est certainement pas un mot breton que le français aurait emprunté, comme l'assure La Villemarqué).
    Dès lors le Barde était fondé à "restaurer" le chant historique en introduisant les prénoms de Jeanne et de Mazé, ainsi que l'allusion à l'origine italienne de ce dernier. Puis à dater leur mariage de 1236, trois ans et demi avant le départ à la Croisade de 1239, sous la bannière de Pierre Mauclerc...
  • La progression fatale dans la vengeance du clerc qui tue successivement lévrier, cheval et enfant est une structure ternaire qu'il a pu emprunter aux contes populaires. Luzel a recueilli en Trégor en 1869, et publié dans "Légendes chrétiennes" en 1881, l'histoire de "La Fille aux bras coupés" dont le déroulement est identique à celui de la gwerz. Une femme jalouse tue successivement le plus beau cheval de son mari, son chien et son propre enfant et en accuser sa belle-sœur. Une autre chanson sur le même thème que celle de la marquise Decangé peut très bien avoir utilisé ce motif. D'ailleurs, en dépit du luxe de précisions historiques qu'il invoque, La Villemarqué lui-même, (qu'on ne saurait donc, en l'occurrence, taxer de chauvinisme breton), signale qu'un chant collecté en Serbie et publié à Vienne en 1845 par l'écrivain Vuk Stefanovic Karadzic, raconte la même histoire, à quelques (horribles) détails près. Il s'agit de "Dieu ne laisse jamais rien impuni". Gourvil, quant à lui, considère que La Villemarqué n'a fait qu'indiquer où il a trouvé le modèle lui permettant de donner à cette ballade une fin romantique inconnue dans la tradition orale locale.

    Postérité littéraire de la tragédie de Montpellier
    Cette histoire n'a pas intéressé que les poètes populaires.
  • Elle inspira au Marquis de Sade son dernier roman paru de son vivant, en 1813 et sans nom d'auteur, "La Marquise de Gange". Une victime innocente, un climat d’érotisme, un meurtre : il y avait dans cette épouvantable affaire de quoi faire un roman terrifiant où le Ciel, invoqué par la malheureuse, tarde fort à intervenir. Dans le roman de Sade du moins, car dans la réalité les trois scélérats, bien que condamnés par la justice, échappèrent à leur châtiment.
  • De même, le 18 novembre 1815, le Théâtre de la Gaîté, sur le fameux Boulevard du Crime, mit à l’affiche La Marquise de Ganges ou les trois frères, un mélodrame de Jean-Bernard Boirie et Léopold.
  • Puis Alexandre Dumas fait une place (60 pages) à cette lamentable histoire en 1839 dans ses "Crimes célèbres", mais en y apportant d'importantes modifications (c'est ainsi que le marquis de Ganges devient le sire de Lenide, on y voit la pauvre marquise consulter un astrologue qui prophétise ses malheurs...)
  • Enfin, 15 ans après la deuxième édition du Barzhaz, l'histoire de la Marquise devait retenir l'attention de Charles Hugo (le fils de Victor et le grand traducteur de Shakespeare) qui publie en 1860 dans "La Presse" un volumineux roman intitulé "Une famille tragique", dans lequel il prétend donner à son récit "une dimension eschyléenne": passions irrépressibles, meurtre horrible, fatalité maléfique. Bien que son célèbre père lui ait écrit: "Telle page de la 'Famille tragique' a la splendeur complète du beau", le livre fut bien vite éclipsé par les dernières parties des 'Misérables'.

    Si Sade a trouvé dans cette histoire un sujet qui réveillait ses fantasmes, vertu bafouée, multiplication de situations terrifiantes, "sadisme" des criminels, pied de nez aux belles âmes, comme l'écrit Raymond Trousson, le 10 février 1996, dans une présentation à l'Académie royale de langue et littérature française de Belgique "Ni l'un ni l'autre des deux derniers auteurs n'ont conféré profondeur ou authenticité à des personnages qui demeurent des marionnettes sans existence propre".
    Peut-être, l'émouvant poème de La Villemarqué, avec sa scène des adieux avant le départ pour la croisade, sa progression dramatique dans la vengeance du clerc et sa transfiguration finale dans le cimetière, comble-t-il, à l'insu de son auteur, cette regrettable carence!
  • Résumé
    The clerk of Rohan takes advantage of Matthew de Beauvau's absence to make advances to his wife Jean who repels them.
    To take vengeance, he kills the Lord's greyhound and ascribes the fault to his wife in a letter he sends him.
    He repeats his attempt of seduction with the same result and consequently stabs the Lord's white horse, a lost for which again he makes the lady responsible.
    Third attempt, third refusal: the clerk tries to hit the lady with his dagger but she dodges the hit and runs away.
    Now the criminal slays the child in its cradle and again informs the father of this death with which he charges the lady.

    The baron returns to the castle and plunges at first his lance into the open mouth of the clerk to punish him for having so badly looked after his wife whom he then stabs with his sword.

    In the graveyard, in the dim light of the moon and the stars, a lady was seen, clad in white, sitting on a new grave, with a charming child on her knee, whose heart was pierced right through.
    To her right a red greyhound, a white charger to her left: the former had its throat slit, the latter its breast pierced; and they stretched their necks to lick her soft hands and she stroked them, smiling. And the child, as if it had been jealous, was fondling its mother.

    When the moon set, all vanished, but, says the narrator:
    "I heard the warbler of the night
    Singing the chant of paradise."
    "M'am-eus klevet an eostig-noz
    O kana gwerz ar baradoz"

    The sources
  • Though it was first published in the 2nd edition of the Barzhaz in 1845, the matter of this song was known of La Villemarqué long before 1839. His mother Marie-Ursule Feydeau du Plessix-Nizon had learnt it in 1780 from the singing of her nanny, Marie Tanguy from the parish Névez. She made a handwritten transcription which was found attached to her recipe notebook (see Version A in Breton text).
  • We find another version (version B) in the Bard's first collecting notebook (1834 - 1840).
    It is rather similar to the foregoing which does not name the criminal husband. Here, on the contrary, the young Lady de Rohan was reluctant to marriage...
    "Ken a zeue Markiz Cangé,
    Un den reputet e kontré"
    (Till marquis Cangé came forth,
    Who was a man of high repute."
    Three years later, the marquis must go to war and entrusts his wife to his brother Pontius Pilatus' care. Revolted by the latter's advances, the lady writes a letter to her husband, but Pontius Pilatus has anticipated that she would and written of a horrible incident that took place in the stable. Cangé comes back and slaughters his children and all those living in his house, starting from the stable lad. The lady writes with her own blood a letter to her mother-in-law, imploring her intervention. But the fiend turns a deaf ear to her entreaties. He orders his wife to go upstairs and stabs her in the white chamber. The unfortunate lady goes to heaven. Hell awaits the marquis and Pontius Pilatus.

    La Villemarqué's composition
    In addition to those two MS, on a leaflet attached after 1833 to the notebook we find a third version (version C) which is no other than the one published in the second edition of the Barzhaz in 1845 with some minor differences. The first eight stanzas, in particular, are missing, as well as stanzas 52 to 63.

    M. Donatien Laurent who thoroughly sctrutinized this text has concluded that it was not a record of investigation, but the nearly final draft of a text elaborated by La Villemarqué, using the story of the Marchioness Cangé as a starting point. "We find here" so he writes on page 310 of his book, "a series of medieval clichés, attitudes and proceedings so well attuned to 1830 aestheticism, that we cannot but be defiant". A close examination of the handwriting, the dialect and the style convinced him completely:
  • the handwriting is regular and steady, mostly respectful of punctuation signs and capital letters, and crossings-out or alterations leave the original text readable, providing for a choice between two possibilities.
  • the dialect used is incoherent: e.g. the Vannes dialect word "alken" is found within a text chiefly written in Cornouaille dialect, with Tregor words dotted about it.
  • the phrasing is sometimes clearly faulty, in whatever dialect it is supposed to be written, or it usually means exactly the contrary of what the author intends to say, like this "Ne ket, va map, pa vit en oad/ A zit d'ar brezel gant da dad?", in stanza 25. Similarily, "ha ganti oa bannet", in the draft for stanza 73, would mean that the dagger was thrown "by her" (ganti).
  • to a genuine Breton speaker's ears these lyrics sound astonishingly wishy-washy, with their commonplace phrases and rhymes... They are far away from the fluent and easy speech that strikes us in the "Hawk" or "Du Guesclin's vassal" MSS.
  • there is no significant difference in wording or narration with the French translation of La Villemarqué's song published in 1844 in "La Bretagne ancienne et moderne" by the historian Pitre-Chevalier, under the title "Jeanne de Rohan", or with the bilingual version issued a year later in the 2nd edition of the "Barzhaz", but for the name "Pontius-Pilatus" being replaced by "the Bad Clerk".

    Error or forgery?
    In the "Argument" preceding this song in the 1867 edition, La Villemarqué states; "[My] mother heard in the past century several verses sung...by an old woman from the parish Nevez and...made a copy of it which was of help in restoring the whole ballad". "Restoring" must be understood in a very comprehensive way. In the present instance, "inventing" would be more accurate.
  • The "Bard of Nizon" ought to have focussed on the name "Cangé" appearing in the second MS of the song in his possession. About eighteen versions of the same lament are known, collected from oral tradition by Lédan, Penguern, Milin, Luzel, La Borderie, etc. where this name appears in various forms: Markizez (marchioness) du Gange, de Gange, Degangé, Ducange, Ducangé... In Tregor the song records two marriages of the Rohan heiress, first with a marquis Ani or Kastelleni, then with marquis Degangé. The latter comes home from war twice: first to attend his twins' christening, then on request of the "false curator" (falz kurator), an appellative changed for "Pontius Pilatus" (who was, as every body knows, "procurator" of Judea). In Cornouaille and Vannetais, a simplified version prevails with one wedding and the marquis returning once, alarmed by the news of his wife's alleged misconduct. But it is undoubtedly the same story in both cases.
  • We are indebted to Anatole Le Braz for having, in an study published in "Les Mélanges d'Arbois de Jubainville" (pages 111-127) in 1906, clearly shown that all these songs refer to the murder, on 17th May 1667, of Marie de Châteaublanc, born in 1635 to Marquis de Rossan (not Rohan), marchioness of Ganges, near Montpellier, by her two brothers-in-law acting in complicity with her second husband , a case recorded in one of the twenty volumes of the "Causes célèbres et intéressantes", collected by François Gayot de Pitaval (1673 - 1743) between 1734 and 1743. Le Braz assumes that the news of this horrible event was spread afar, throughout the kingdom, by broadsides sold by hawkers.
    The unfortunate victim of the tragedy had been married, at first, at the age of thirteen years to a Marquis de Castellane, then to Marquis de Gange, Lord of Lanide who lived with his two brothers in a castle at the foot of the Cévennes Mounts, near Montpellier. She enjoyed the excellent education mentioned in the genuine versions of the ballad and was known at the court of King Louis XIV who danced several times with her as "la Belle Provençale". The painter Pierre Mignard made her portrait.
    If this story created such considerable stir, it was on account of the victim's personality, who, as evoked in version A of the Breton ballad, had lived at court until the death of her first husband, a galley officer drowned in a shipwreck, the marquis de Castellane. This lady was appreciated by the king and a friend of Mme de Sévigné's who mentions her in one of her "Letters". It also was because the family of her second husband, Charles de Vissec de Latude, Count then Marquis de Gange, was one of the oldest and noblest in Languedoc.

    How the Barzhaz song was composed
    La Villemarqué was misled chiefly because he was hypnotized by two names he had found in his MSS: Rohan and Tronjoly.
  • In a not always reliable source, a history book by Dom Morice (1693 - 1750), he discovered the existence of a daughter to Alan, 5th Viscount of Rohan and Eleanor of Porhoët. This Jean of Rohan had married Macé (Mazé or Matthew) of Beauvau in 1236, before he joined the Duke of Brittany, Peter Mauclerc, on his Orient expedition, in 1240. He was to return the following year. The "Proofs" attached to Dom Morice's book quote a summons to appear in the Archiepiscopal court in Bourges served on him by the Bishop of Nantes, that he might answer a charge of "excess" (super inquisitione "excessuum") committed by him.
    In his "La Villemarqué" (1960), page 437, Francis Gourvil takes a malicious pleasure in attempting, but he is not very convincing, to highlight how shaky this construction is:
    "Alan V of Rohan, who died in 1232, did have a daughter Jean, but she married a Matthew "of Preuilly", not "of Beauvau". The 1845 edition (book 1, p. 285) ascribed to Jean another father, Alan VI of Rohan, husband to Isabel of Léon, dead in 1304.
    The "Dictionnaire de la Noblesse" (B. II, 1776), under item "Beauvau", mentions a Matthew who married a Jean of Rohan whose parents are not known...This Matthew was still alive in 1281; he had by his wife three children and was buried by her side...Now, the tragedy hinted at in "Clerk of Rohan" was supposed to take place in 1241."
  • Furthermore, "Tronjoly" or "Traoñyoli", - D. Laurent found no less than 9 such place names in Brittany, 5 of them in Cornouaille, 3 in Léon, 1 in Trégor - may translate into Breton as "Beauvau" ("Fair Dale"), even if "yoli" is not a Breton word borrowed into the French word "joli", as assumed by La Villemarqué.
    So that the Bard felt justified in "restoring" the historical song the way he did: he introduced the first names Jeanne (Jean) and Mazé (Matthew) with a hint at the latter's Italian origin, dated their wedding from 1236, three years and a half before he took part in the 1239 crusade, under the command of Pierre Mauclerc...
  • The fatal progress of the clerk's revenge who kills, in succession greyhound, steed and child is a classical three stage pattern that La Villemarqué may have picked up from folk tales. Luzel collected in Trégor in 1869 and published in "Légendes chrétiennes" in 1881, the tale of "The Girl with the cut Arms" where the three steps are identical: a jealous woman kills successively the most beautiful horse, the favourite dog of her husband and their own child and accuses his sister with this triple crime. Another "Decangé-song" possibly may have adopted the same pattern. In spite of the abundant historical particulars given in connection with this ballad, as mentioned by La Villemarqué himself, (who in the present case cannot be suspected of uncontrolled Breton Jingoism), a song collected in Serbia and published in Vienna, in 1845, by the poet and linguist Vuk Stefanovic Karadzic recounts about the same story, but for some horrific details. The song is titled "God never leaves anything unpunished". But Gourvil considers that La Villemarqué herewith only tells us where he found a model for a romantic ending that he did not find in the oral tradition of Brittany.


    Literary aftermath of the Montpellier tragedy
    This dismal story did not solely interest the authors of folk ditties.
  • It inspired the Marquis de Sade with the last novel published anonymously in his lifetime, "The Marchioness de Gange". An innocent victim, an erotic background, a horrible murder were three welcome ingredients for a terrifying novel, provided to him by this horrific case where heavenly justice puts things straight only after a long delay. In the novel written by Sade at least, for, in reality, none of the three culprits, though condemned at court, ever served their punishment.
  • On 18th November 1815, the Théâtre de la Gaité on the ill-famed Boulevard du Crime, displayed the playbill "La Marquise de Ganges"ou "Les Trois frères" ("Marchioness of Ganges" or "The three Brothers")
  • Then Alexandre Dumas dedicated 60 pages of his "Crimes célèbres" to this horrific story, which he, however, greatly misrepresented: the marquis de Ganges becomes a Master Lenide, the unfortunate marchioness is shown on a visit by an astrologer who foretells the impending calamities...
  • The last author who dealt with the case of the unfortunate marchioness was Charles Hugo, the son of Victor Hugo, who, 15 years after the second edition of the Barzhaz, published in "La Presse" a stately novel titled "A tragic family", with the ambition of making of it an "Aeschylean tragedy" combining uncontrollable passions with horrible crime and fateful predestination. In spite of his notorious father's cheers ("Page x of this 'Tragic Family' of yours is utterly splendid"), the book was quickly outshone by the success of the last volumes of a best selling book:"Les Misérables".

    Only Sade may be credited with having deservedly worked out this story in his old own way: virtue held up to ridicule, piling up of terrifying situations, "sadistic" behaviours, cocking a snook at those of fierce virtue...
    As stated by Raymond Trousson, on 10th February 1996 , in a speech to the Royal Belgian Academy of French literature, "Neither of the last named authors has depicted the protagonists of this story in a convincing way. They remain puppets without souls of their owns".
    Maybe the moving poem by La Villemarqué, with its departure for the crusade scene, the clerk's dramatic vengeance in three acts and the final transfiguration, in spite of its other faults, atones for this regrettable shortcoming, even if its author was unaware thereof!


  • Version A du Cahier de recettes de Mme de La Villemarqué

    Version A in Mme de La Villemarqué's recipe book

    Français Français English English

    A: Le Marquis de Rohan

    qui jette sa femme par la fenêtre

    Titre donné par Mme de La Villemarqué dans les "Tables" où elle précise que ce chant lui fut chanté en 1780 par Marie Tanguy de Kerlan en Névez. La plupart des vers sont retranscrits par son fils dans une orthographe plus "orthodoxe".

    1. Fillette jolie de Bréhan
    - Il n'y avait d'autre fille qu'elle
    A être l'héritière de tous leurs "moyens"..

    2. Son père vint à comprendre,
    (L'intérêt de) l'envoyer à Paris
    Etudier convenablement les sciences académiques.

    3. Les sciences académiques et la cadence,
    Et les beaux discours qui ont cours dans la noblesse.

    4. Lorsqu'elle eut douze ou treize ans
    Elle consentit à prendre époux:
    Son choix se porta sur un jeune gentilhomme,
    Un homme vaillant, s'il en fût.

    5. Et pendant trois mois durant
    Les sonneurs de la noce,
    Firent place à ceux des bals et des danses,
    Et aux beaux discours de la noblesse.

    6. Quand trois années eurent passé
    Sans que rien ne soit venu troubler leur bonheur,
    Quand trois années eurent passé,
    Le marquis reçut une lettre.

    7. Dans cette lettre il lui était demandé
    De partir loin du pays,
    Pour rejoindre l'armée,
    Sauf à désobéir au roi.

    8. Et quand le marquis partit,
    Il embrassa tous les gens de la maison.
    Son épouse et ses enfants,
    Il les confia à Ponce-Pilate.

    9. Il n'avait pas fait deux pas hors de chez lui
    Que Ponce-Pilate l'entreprenait.

    10. - Hors d'ici, maudit Ponce-Pilate!
    Ton coeur est chargé de péché!
    Si le marquis était ici
    Il te briserait les membres!

    11. Ponce-Pilate proclame partout
    Que le marquis est déshonoré...

    12. Sa mère écrivit de son sang
    Pour briser la colère de son fils.
    - Ma pauvre mère, retirez-vous!
    Je n'ai pas le droit de vous frapper.

    13. Mais des lettres circulent partout
    Disant que je suis déshonoré...-

    14. Et quand le marquis arriva,
    Il massacra tous les gens de sa maison,
    Sa femme et ses enfants.

    15. - Retirez-vous dans la chambre blanche!
    Je vous y rejoindrai tout à l'heure. -
    Quand il entra dans la chambre blanche
    Il lui donna sept coups d'épée.

    16. Il lui donna sept coups d'épée.
    Et la jeta par la fenêtre.
    Aussitôt le ciel s'ouvrit
    Et les anges descendirent.

    (En français:
    17. "De suite, les anges descendent du ciel
    et la portent sur leurs ailes en paradis
    Le diable emporte le marquis
    ...
    mais j'ai oublié les paroles...")
    ..."


    18. Au manoir de Tronjoli il y eut du chagrin,
    S'il y en eut jamais sur terre
    En voyant la dame aller vers la félicité
    Et le seigneur aller chez les diables.

    La Quenouille

    Prêtez-moi votre quenouille, ma commère, (bis)
    Pour savoir si je saurais filer.
    Filer, défiler! Sur sa pelote elle dévide. (bis)
    Sur sa pelote, elle va dévidant.

    Lai breton: Jannedic

  • cf: Janedig

  • A: The Marquis de Rohan

    who threw his wife out of the window par la fenêtre

    Title given by Mme de La Villemarqué in her "Tables of songs" where she claims to have learnt it in 1780 from the singing of Marie Tanguy of Kerlan near Névez. Most of the poem is rewritten between the lines by his son in a more "usual" spelling.

    1. Pretty little girl of Bréhan
    - There was except her
    No heiress of all their riches..

    2. Her father happened to understand,
    (That he had to) send her to Paris
    To properly learn at the academy.

    3. Academic knowledge and dancing,
    And the clever speeches of the nobility.

    4. When she was twelve or thirteen
    She accepted to choose a husband:
    She chose a young gentleman,
    A most gallant man, for sure .

    5. And during three months
    The tunes of the wedding pipers
    Were prolonged by balls and dances,
    And clever speeches of the noblemen.

    6. After three years had gone by
    Without anything to spoil their happiness,
    After three years had gone by,
    The marquis received a letter.

    7. In this letter he was requested
    To go far away,
    And join the army,
    Or he would disobey the king's orders.

    8. And when the marquis left,
    He kissed goodbye everybody:
    His wife and his children
    And entrusted them to Pontius-Pilatus.

    9. Hardly had he taken two steps from home
    When Pontius-Pilatus came to woo her.

    10. - Off with you, accursed Ponce-Pilate!
    Whose heart is brimming with sin!
    If the marquis were here
    He would break your limbs!

    11. Pontius-Pilatus proclaims everywhere
    That the marquis is dishonoured...

    12. The marquis' mother wrote with her blood
    A letter to soothe her son's anger.
    - My mother , please, get out of it,
    Since I have no right to slap you.

    13. But letters circulate all around
    Maintaining that I am dishonoured...-

    14. And when the marquis turned up,
    He slaughtered all the household,
    His wife and children inclusively:

    15. - Go up to the white room!
    I'll follow you there presently. -
    When he entered the white room,
    He stabbed her seven times with his sword.

    16. He stabbed her seven times
    And threw her out of the window.
    Immediately the heavens opened
    And angels drew near.

    (In French:
    17. "Presently angels drew near
    And bore her on their wings to paradise.
    But the devil carried away the marquis.
    ...
    I have forgotten here the lyrics...")
    ..."


    18. At Tronjoli manor was such grief,
    As never was upon the earth,
    When the lady was on her way to heavenly bliss
    And the lord to the devils.

    The distaff

    Lend me your distaff, my neighbour, (twice)
    That I may try to spin.
    To spin, to unthread! Unto the wool ball she unthreads. (twice)
    Unto the ball she is unthreading.

    Breton lay: Jannedic

  • cf: Janedig



  • Version B du carnet N°1 de Keransquer

    Version B in the Keransquer collecting book N°1

    Français Français English English
    1. Je n'étais qu'une petite enfant
    Quand je fus abandonnée toute seule
    Dans le grand manoir de Rohan.

    2. Jusqu'à ce que mes parents en viennent à consentir
    ...études
    ...académie
    ...cadence,
    Apprendre à parler avec tout gentilhomme.

    3. Le père alors fut approché
    Par des gentilhommes et des barons,
    Mais il les refusait tous.
    Jusqu'à ce qu'arrive le marquis de Cangé,
    Homme réputé de la région.

    4. Celui-là, il n'osa l'éconduire
    De crainte qu'il ne soit fâché.

    5. Trois ans et demie dura
    Le bonheur des deux époux.

    6. Quand il plut à sa majesté
    De lui écrire de venir à l'armée.

    7. Il lui fallut partir le premier
    Puisqu'il était du sang le plus noble -
    - Ah, hola! mon frère Ponce-Pilate,
    Je te donne la charge de mon épouse
    De mon épouse et de mes enfants
    Au nom de Dieu aie soin d'eux! -

    8. Ponce-Pilate...

    9. - Dites-moi, madame ma soeur,
    Que vous inspire votre coeur?

    10. La dame écrivit une lettre
    Pour dire au marquis de revenir
    Mettre de l'ordre dans son manoir.

    11. Ponce-Pilate écrivit avant elle
    Pour dire qu'elle avait () à l'écurie.

    12. Quand la lettre lui arriva
    Il y avait un très grand combat.
    Tandis qu'il lisait la lettre,
    Sa colère devenait de plus en plus grande.

    13. Quand le Marquis de Cangé arriva chez lui,
    Il massacra tous les gens de la maison,
    Son épouse et ses enfants
    Il massacra tous les gens de la maison,
    A commencer par le garçon d'écurie.

    14. La dame écrivit de son sang
    Pour dire à sa belle-mère de venir vite
    Pour calmer la colère de son fils.
    - Je t'ai porté pendant neuf mois,
    Je t'ai nourri de mon sein;

    15. Et tu me fais encore l'honneur
    D'insulter tous les gens de ta maison!

    16. - Ma pauvre mère, retirez-vous!
    Je n'ai pas le coeur de vous frapper
    Je n'ai pas le coeur de ().

    17. Et vous, madame, retirez-vous
    Dans la chambre blanche ce soir pour coucher! -
    Dans la chambre quand il arriva
    Il lui donna sept coups (d'épée?).

    18. Quand la dame allait "aux joies"
    Le marquis de Cangé allait aux diables:
    - Malédiction sur toi, Ponce-Pilate!
    Tu es la cause de mon péché
    En écrivant de fausses lettres.
    Et nous voilà damnés tous deux! -


    Version C

    On la trouve dans le carnet de collectes, sur un groupe de feuillets rajouté postérieurement à la publication du premier Barzhaz en 1839 (pages 229-230, 247-252 et 225-226). Il s'agit non pas d'un relevé de collecte, mais d'une ébauche presque définitive du texte qui sera finalement publié.
    1. I was but a little child
    When I was left all alone
    In the big manor Rohan.

    2. Until my parents were made to accept
    ...studies
    ...academy
    ...cadence,
    Learn to discuss with high noblemen.

    3. Her father was the approached
    By noblemen and barons,
    But they were all of them turned down.
    Until the marquis de Cangé came,
    A man who was famous in the country.

    4. This suitor he durst not turn down
    Lest he would feel his anger.

    5. For three years and a half lasted
    The couple's happiness.

    6. But it pleased His Majesty
    To write him he might join the army.

    7. He had to go first
    Because he was highest ranking in the family -
    - Ah, hello! my brother Pontius-Pilatus,
    I entrust you my wife
    My wife and my two children
    In God's name take care of them! -

    8. Pontius-Pilatus...

    9. - Tell me, my lady sister-in-law,
    What is your heart up to?

    10. The lady wrote a letter
    Urging the marquis to come back home
    And put things straight in his manor.

    11. Pontius-Pilatus wrote before she did
    Stating thet she had () in the stable.
    12. When the letter was handed out to him
    There was a big fight.
    While he was reading the letter,
    He became angrier and angrier.

    13. When Marquis de Cangé arrived at home,
    He slaughtered everybody in the house,
    His wife and his children
    He slaughtered everyone in the house,
    Beginning from the stable lad.

    14. The lady wrote with her blood
    To her mother-in-law that she might come quickly
    And soothe his anger.
    - I bore you for nine months,
    And you suckled at my breast;

    15. And nevertheless you make so bold
    As to insult the people in my household!

    16. - Mother I beg you to withdraw!
    It would break my heart to strike you
    It would break my heart to ().

    17. As to you, my lady, repair
    To the white room where you will sleep tonight! -
    He entered the white room
    And he stabbed her seven times (with his sword?).

    18. When the lady went to heaven's bliss
    The Marquis de Cangé went to the devils:
    - Curse on you, Pontius-Pilatus!
    You are the reason why I sinned
    When you wrote untrue letters.
    And we are damned, the both of us! -


    Version C

    Is to be found in the collecting book, on a ream of sheets appended to it, after the first Barzhaz was published in 1839 (pages 229-230, 247-252 and 225-226). This is not the record of a collected song, but the almost final draft of the text that will be published eventually.





    The Foster-Brother The three manac'h ruz